« Les nations ne se construisent pas par le fait du hasard, mais par la probité, l’effort et le travail assidus et collectifs de ses fils et de ses filles. Nos nations africaines ne deviendront que ce que nous voulons qu’elles soient. » Tony ELEBE ma Ekonzo

BL : Bonjour M. Tony Elebe ma Ekonzo. Merci de nous accorder cette interview. Veuillez-vous présenter.

TE : Bonjour. Je suis Tony ELEBE ma Ekonzo. Nom que je porte avec fierté et responsabilité, car il a plu à feu Philippe ELEBE ma Ekonzo, mon père, de me le faire porter. J’aime à me définir comme un libre penseur non affilié. Je suis écrivain.

BL : Vous êtes gestionnaire d’entreprise et de projet, développeur d’applications informatique et écrivain. Comment arrive-t-on à combiner toutes ces occupations? Aucun risque d’amalgame?

TE : Fondamentalement, il n’y a aucun amalgame. L’être humain, complexe par nature, est capable de conduire deux à trois carrières simultanées ; sans compter ses divertissements. Cependant, au quotidien, il est confronté à des limitations de temps et d’énergies … Ce qui le conduit à faire des choix intelligents qui privilégient une carrière ou des activités au détriment des autres.

Pour ma part, vous l’avez dit, je ne suis pas écrivain à temps plein. L’écriture de mon roman, de mes nouvelles et de mes citations ne suscite pas, ou pas encore, un intérêt tel que mes cartes bancaires seraient suffisamment alimentées pour justifier d’une carrière exclusive d’écrivain. L’écriture est donc pour moi une intime nécessité. En effet, quand les pensées se bousculent dans mon esprit, la pression est telle qu’il me faut les cristalliser en un propos cohérent qui − je l’espère − sera utile à mes contemporains. Partant de là, les priorités entre mes différentes occupations se précisent, les énergies convergent et du temps se dégage.

BL : Pour un manieur de mots, vous avez un parcours assez atypique. Aucune formation en Lettres, rien dans votre cursus qui fasse directement penser au monde littéraire. Pourtant vous êtes aujourd’hui écrivain. On est bien curieux de savoir comment est né votre attrait pour la plume.

TE : Tout d’abord, il y a l’éducation parentale. Notre père nous a beaucoup incités à l’écriture. J’insiste sur ce « nous » car dans la famille, nous sommes aujourd’hui plusieurs à écrire. Dès l’âge de 8 ans, mes frères, sœurs et moi étions tenus de suivre le journal télévisé, de prendre des notes et de faire un résumé à notre père.

Autant que je m’en souvienne, ma première expérience avec les lettres ne fut pas des plus agréables. C’était durant les vacances scolaires, probablement celles de 1981. Je devais avoir neuf ans. Mon frère aîné nous réunit autour d’une table, mes frères, sœurs et moi. Là, il donna un livre à chacun, nous ordonna de le lire et de lui en rédiger un résumé. La corvée… A cet âge-là, durant les vacances, on préfère regarder la télévision ou aller jouer au parc public ! Voulait-il nous instruire ou simplement nous tenir au calme ? Je ne saurais le dire. Est-il que, tandis que mes frères et sœurs semblaient s’en sortir, moi je peinais à rendre mon devoir. Le souvenir qui me reste de cette expérience, c’est le nom d’un des personnages, « Jean-Val Jean ». Eh oui ! Mon frère aîné m’avait demandé de lire « Les misérables » de Victor Hugo. Ah ça ! pour un classique de la littérature française, on ne pouvait être mieux servi ! Je ne le réaliserai que bien plus tard, et me sentirai bien moins honteux de ne pas avoir pu rendre un devoir appréciable ce jour-là.

BL : Vous êtes auteur de « Au-delà des étoiles, la part d’ombre des héros ». Qu’est-ce qui vous l’a inspiré ?

TE : La raison qui conduit à l’écriture est le fait d’avoir quelque chose à dire. J’avais manifestement plusieurs choses à dire puisque le roman aborde des sujets variés : Féminisme, excision, métissage culturel, maladies, rites nuptiaux, contradiction des élites et des masses, parentalité, mouvements philosophico-spirituels, rivalités professionnelles, etc.

Je n’ai pas fait de plan de rédaction, tracé les grandes lignes, ou recensé les personnages et leurs rôles respectifs, comme cela est souvent recommandé dans la méthodologie d’écriture d’un roman. Les sujets venaient au fur et à mesure, selon l’évolution de l’intrigue. Je me suis contenté d’écrire une idée après l’autre, puisant dans ma culture générale. Cette méthode d’écriture, un peu atypique, a déterminé la structure « multiple » de l’ouvrage.

En fait, j’ai commencé à écrire sur un coup de tête, en me disant « Pourquoi pas ? ». C’était un jeu, un premier jet, pour me faire la main, me disais-je, en attendant d’avoir suffisamment de bagage culturel et intellectuel pour écrire quelque chose de plus consistant. Je n’avais ni pression ni de délai.

BL : Pourquoi ce titre ?

TE : Le titre du roman est : « Au-delà des étoiles, la part d’ombre des héros ». Vu de l’extérieur, tout héros est perçu comme une étoile, un être à part, exceptionnel. Mais en vérité, tout être humain, quel qu’il soit, a ses ombres, ses contradictions et ses incohérences. On le découvre chez plusieurs des personnages du livre. Une phrase du livre résume bien l’idée à la page 221 : « Il en était d’eux comme de certaines célébrités que l’on déifie de loin, avant de déchanter, lorsqu’on a l’opportunité de les côtoyer et de réaliser qu’ils ne sont ni plus ni moins que des hommes et des femmes ceints de gloires et de déboires. » 

BL : Les héros, ce sont des exemples, des lumières. Ils sont la voie, des guides. Ont-ils des parts d’ombre?

TE : Oui, tout à fait. Les héros ne le sont à nos yeux que parce qu’ils ont prononcé des paroles, posé des actes − souvent au péril de leur vie − qui ont impacté positivement une communauté toute entière.  Mais, en dépit de leurs paroles et actes historiques, les héros ne sont pas moins des hommes capables d’erreurs et coupables d’écarts.

BL : Pourquoi avez-vous jugé bon de révéler ces parts d’ombre ?

TE : Sur cent personnes susceptibles de louer les hauts faits d’un héros, on en trouvera une poignée qui le hait à juste titre… Je pense que le héros ne doit pas être une figure inattaquable. Il nous faut sortir du piège politique du culte de la personnalité qui, plutôt que de nous hisser vers un civisme démocratique, sous-entend que nos héros sont des surhommes. Nous inscrire dans cette rupture de pensée permet de rendre plus accessible le statut ou la fonction du héros. Chacun pour sa part est un héros en puissance.

BL : « Au-delà des étoiles, la part d’ombre des héros » est un roman aux allures philosophiques. Selon vos propres dires, vous y accordez plus de temps à la réflexion et à l’analyse qu’au récit. Et on n’a qu’à lire les premières pages pour s’en rendre compte. Pourquoi alors un roman plutôt qu’un essai si tant est que votre désir est de réfléchir et d’analyser ?

TE : Les premiers mots de ce roman ont été écrit en 2003, sur un coup de tête, sans prétention ni bien grand bagage intellectuel. En mai 2018, l’ouvrage sort aux éditions L’Harmattan, mettant ainsi fin à mon premier projet d’écriture. Il n’est pas impossible qu’une publication prochaine s’inscrive dans le cadre d’un essai.

BL : Le Sangoali imaginaire du roman peut ressembler à votre Congo natal et plus généralement à la plupart des États africains avec les vices qui les déchirent, les magouilles qui les entravent et tout le saint-frusquin. Est-ce votre méthode à vous, de décrier tout ce qui s’y passe de pas reluisant ?

TE : Oui, tout à fait. Mais l’objectif n’est pas seulement de décrier, mais de permettre au lecteur africain de se révéler à lui-même en tant qu’individu dans sa société − comme face à un miroir − dans son rôle constructif ou destructif au sein de la communauté. Il s’agit d’amener le citoyen, en dépit de ses contraintes, faiblesses et échecs, à opter pour la lumière. Les nations ne se construisent pas par le fait du hasard, mais par la probité, l’effort et le travail assidus et collectifs de ses fils et de ses filles. Nos nations africaines ne deviendront que ce que nous voulons qu’elles soient.

BL : Avez-vous d’autres projets littéraires ? Que nous offrez-vous prochainement ?

TE : Depuis l’achèvement du manuscrit de mon premier roman, je me suis exprimé à travers des citations ou des micro-nouvelles à chaque fois que j’ai eu quelque chose à dire. Je suis à la recherche d’un éditeur pour la publication de ces micro-nouvelles. Ceci, en attendant l’inspiration et l’écriture d’un essai ou d’un nouveau roman.

BL : À part le roman, d’autres genres littéraires draguent-ils votre plume ?

TE : Ecrire des histoires fictives et vraisemblables est un moyen idéal pour amener le lecteur à interroger sa responsabilité et sa capacité à œuvrer pour une société plus équitable et heureuse. Dans cette perspective, en ce qui me concerne, le roman et la nouvelle sont les formes de littératures les plus accessibles, directes et abouties, car elles permettent plus aisément au lecteur de se reconnaître et de s’identifier à sa communauté.

BL : Vous vous décrivez comme « libre penseur non affilié». Est-ce à dire que vous ne vous réclamez d’aucun des courants de pensée ni antiques ni contemporains ?

TE : Je me réclame de tout et de tous, car je suis la résultante de tous mes apprentissages théoriques et empiriques ; lesquelles, selon mes expositions successives, sont puisées dans la rencontre de pensées antiques et contemporaines. Rien n’est vraiment nouveau sous le soleil. De façon pragmatique, les pensées − abordées, associées et redites autrement − sont fondamentalement similaires. Cependant, aujourd’hui, mon parcours m’a amené à ne m’enfermer dans aucun courant de pensée exclusif.

BL :  Ceci dit, nous serions bien intéressés par votre avis à la fois d’écrivain et d’économiste sur le FCFA, un sujet qui agite bien des esprits par les temps qui courent.

TE : Tout d’abord, précisons que je suis davantage gestionnaire qu’économiste. Néanmoins, j’ai mon avis sur la question. Pour rappel, « le franc CFA est la monnaie qu’utilisent en commun huit pays d’Afrique de l’Ouest, d’une part, et six pays d’Afrique Centrale, d’autre part. En considération de ces deux regroupements, on peut même parler de deux monnaies (…) dont la particularité est d’être, depuis leur création en 1958, un héritage de la colonisation française du XIXe siècle et XXe siècle.

Pour répondre à votre question, il faut se poser la question de savoir en quoi le franc CFA sert ou dessert le développement des nations qui en font l’usage. A mon avis, seule la capacité de cette monnaie à concourir au développement de ceux qui l’ont en partage doit être jaugée. En fait, aucune monnaie ne peut à elle seule ou par elle-même induire le développement d’une nation ou d’un regroupement de nations. Seules de bonnes règles de gestion, adoptées ou convenues, le peuvent. De ce point de vue, il appartient aux économistes et aux gouvernants africains de garantir ces règles de gestion, au bénéfice d’un mécanisme global et efficient de développement local. Ceci, le cas échéant, à travers la négociation ou la renégociation des accords signés avec le trésor français notamment.

Cependant, il faut bien noter que, d’un point de vue psychologique et donc politique, l’affirmation d’une maîtrise des enjeux, leviers et efficiences des monnaies africaines par les africains eux-mêmes – quelle que soit la forme ou les accords liés à ces monnaies – est une condition indispensable à la mobilisation des masses populaires et au dynamisme des synergies ainsi crée.

BL : En tant qu’économiste, gestionnaire de projet, quel regard portez-vous sur la jeunesse africaine contemporaine ?

TE : Pour avoir parcouru quelques provinces de la RDC et plusieurs villes africaines, j’en viens à penser qu’il faut parler « des jeunesses » plutôt que de « la jeunesse » africaine, tant les différences sont criantes. Parmi nos jeunes, il y a les ruraux, les citadins, les cultivés, les peu lettrés, les fils de nantis, les gosses de pauvres, les garçons, les filles… Vous l’aurez compris, les enjeux sont nombreux. Ils touchent au développement rural, à la démocratisation de l’éducation publique, à la non-discrimination des sexes, etc. Aussi, répondre à votre question est assez complexe. Néanmoins, ce que je vois de manière certaine, c’est une jeunesse pleine de potentiel, qui, de ce point de vue, n’a rien à envier aux jeunesses d’Europe, d’Asie ou d’Amérique. Cela est d’autant plus vrai, que les jeunes de la diaspora rivalisent bien avec les jeunes qu’ils côtoient hors de nos frontières. Cela prouve à suffisance, que si les mêmes conditions et infrastructures d’éducation lui étaient offertes chez eux, ils excelleraient tout autant et apporteraient leurs contributions directes aux besoins et défis locaux. En somme, notre jeunesse ne demande qu’à être bien encadrée et guidée.

BL : Quelles seraient, à votre avis, les armes pour que cette jeunesse émerge des profondeurs de chômage, d’oisiveté et de délinquance dans lesquelles l’enfonce la racaille des oligarques qui coiffent les États, racaille contre laquelle votre plume s’insurge d’ailleurs ?

TE : Comme je viens de le dire, notre jeunesse a besoin d’être encadrée et guidée. Qui dit encadrement dit éducation. Et la première éducation à faire est celle d’amener nos jeunes à s’aimer eux-mêmes. Aimer leur famille, leur ville, leur province, leur pays. Mais comment cette jeunesse aimera-t-elle son pays et son continent quand elle ne le connait pas ? Combien de nos jeunes rêvent d’aller en Europe ou aux Etats-Unis d’Amérique, qu’on leur a vendu comme un eldorado, quand dans leur propre pays ils n’ont jamais mis les pieds ailleurs que dans la ville qui les a vu naitre ? Connaitre nos langues, nos arts, nos savoirs, nos textiles, notre nourriture, notre environnement, être à nouveau encré dans nos origines et notre être, est un passage obligé pour fonder le rêve de la jeunesse africaine pour l’Afrique. Tout programme d’éducation nationale ; de l’école élémentaire à l’université, en passant par l’école professionnelle, concernant aussi bien les sciences que les arts et les métiers, doit être axé sur l’homme africain et ses besoins actuels et futures.

L’éducation est la meilleure arme contre le chômage, l’oisiveté, la délinquance et la racaille décriés, car elle donne à nos enfants les outils d’une prise en charge créative, autonome et responsable. Elle est au centre de notre développement.

BL : « De retour à Bikambo, Diabi souhaitait mettre toute sa science au service de la mère patrie». Comme lui, de nombreux diplômés formés en Occident rêvent de revenir au bercail pour en contribuer au développement. Mais l’acharnement des gouvernements, les mauvais traitements et les conditions désastreuses de vie et de travail les en dissuadent. Peut-on selon vous condamner ceux qui font le choix de partir pour ne jamais revenir, profitant ainsi à un Occident déjà bourré de talents ?

TE : Non, on ne peut les condamner. Car chaque être humain est mû par l’instinct de survie et par le désir de se réaliser. Les migrations, qui historiquement ne sont pas l’apanage des jeunes africains, s’expliquent essentiellement par cela. Par ailleurs, quand on sait les discriminations et les rejets auxquels font face les diplômés africains en occident, on comprend que plusieurs d’entre eux veuillent opérer un retour au pays natal.

Les nations africaines ont désespérément besoin d’une génération d’hommes préparés − chez eux ou à l’étranger − qui, dans un concours de circonstances favorables, feront corps pour impulser un mode de gouvernance intelligent, axé sur le développement de l’homme africain. Rome ne s’est pas construite en un jour, dit-on. C’est bien vrai. De même, le Japon ou Singapour se sont transformé en trente ans. Les facteurs temps, hommes et travail sont donc déterminants. Il va donc bien falloir poursuivre les efforts enclenchés ici et là. Des compétences professionnelles sont indispensables. Ainsi, sans résignation, d’une manière ou d’une autre, à grande ou petite échelle, chaque africain-formé de la diaspora à le devoir de participer, de près ou de loin, à l’effort d’une meilleure gouvernance et de meilleurs conditions de vie et de travail en Afrique. Ne pas le faire, c’est condamner l’Afrique, car personne ne le fera à notre place.

BL : Vous avez passé le clair de votre enfance en Belgique. Vous n’êtes rentré dans votre Congo natal qu’à l’âge de 11ans. Comment s’est faite la réadaptation ? Ne fut-ce pas un choc de renouer avec ce bouillant peuple auquel vous n’étiez pas très habitué?

TE : Un choc ?, non. Une réadaptation ?, oui. Une langue à réapprendre, des sons à se réapproprier, une nourriture à redécouvrir, une mentalité à comprendre, un rapport avec l’autre à établir ; avec curiosité d’abord, puis avec enthousiasme. Mais, voyez-vous, le lien à une terre foulée, par vous-même et par votre ascendance, ne vous abandonne jamais. Vous êtes de cette terre et vous êtes cette terre. Au sens propre comme au figuré. Africain un jour, Africain toujours.

BL : En dehors de « Au-delà des étoiles, la part d’ombre des héros », vous avez écrit beaucoup d’autres textes, une bonne vingtaine de micro-nouvelles notamment. Pourquoi s’acharner à écrire autant quand la société se désintéresse de plus en plus du livre et de la lecture ?

TE : Tant de choses ont été écrites et le sont encore sur l’Afrique par des non africains ; et pas toujours avec bienveillance. Parfois, la perception que nous avons de nous-mêmes, à l’ère d’Internet, des organes de presses et des médias et internationaux, nous est subtilement insufflée par l’occident. Et, crédules, nous nous surprenons à répéter des assertions qui nous maintiennent dans un enferment psychologique impropice à notre propre développement moral, cognitif et tangible. Oui, je m’acharne à écrire… Et, par effet de contamination, mes amis écrivains et moi espérons que bientôt nous serons mille, un millier et des millions à concevoir et écrire une autre Afrique, telle qu’elle est et telle que nous la voulons.

BL : Face à la persistance des conflits, de la corruption, de la mauvaise gouvernance, des vices liés à la politique, peut-on dire à raison que les écrivains contemporains ont échoué dans leur mission de guide et d’éveilleur de conscience ?

TE : Comparaison n’est pas raison, dit-on. Mais objectivement, plus de cinquante ans après nos indépendances, au regard de la disparité de l’état des hôpitaux, de voies de communication terrestre, maritime, ferroviaire ou aérienne, des écoles primaires, secondaires, universitaires et professionnelles, des moyens de communication et de télécommunication, de la production, de l’industrialisation et de la commercialisation agropastorale, ou du niveau d’autosuffisance alimentaire de nos pays, etc., peut-on objectivement dire que nous avons réussi ? Manifestement non. Et si échec il y a, c’est bien l’échec de tous ; des gouvernants, des politiques, des religieux, des animistes, des patronats, des syndicats, des professions libérales, chacun dans ses prérogatives et responsabilités individuelles et corporatives.

Cependant, oui, historiquement, les artistes et les écrivains en particulier, ont toujours été les guides de leurs sociétés. En ce sens, sur les cinq à six dernières décennies, les écrivains contemporains n’ont pas su maintenir et faire évoluer l’influence de grands noms africains de la littérature et des sciences humaines, tels que Abdoulaye Ly, Aimé Césaire, Cheik Anta Diop, Frantz Fanon, Joseph Ki-Zerbo, Mongo Beti, que je cite d’ailleurs dans mon roman. Mais, il n’y a aucune fatalité. Par tous les moyens possibles et imaginables, il nous faut reprendre le flambeau et continuer à influencer les jeunes générations qui demain seront en position d’agir positivement en leurs rangs et pouvoirs respectifs.

BL : Merci M. Tony Elebe ma Ekonzo de vous êtes prêté à nos questions. Votre mot de la fin.

TE : C’est moi qui vous remercie, notamment pour votre contribution à la promotion de littérature africaine.