« Se mouvoir d’un domaine à un autre n’est pas synonyme d’échec.  » Bonjour les amis. Votre blog est heureux de recevoir pour vous Damienne HOUEHOUGBE, jeune auteure béninoise, polyvalente et ambitieuse.

BL : Bonjour Madame Damienne Houéhougbé. Nous sommes honorés de vous avoir sur ce lieu d’échange, le blog « Biscottes littéraires ». Présentez-vous à nos lecteurs.

DH : Bonjour à vous. C’est un plaisir pour moi d’être sur cet espace d’échanges. On m’appelle int. Je suis entrepreneure, Présidente du Comité d’Organisation des Oscars de la Mode Béninoise et maintenant romancière.

BL : D’où vous vient votre passion pour la mode et comment êtes-vous arrivée à l’écriture

romanesque ?

DH : Ma mère est couturière donc j’ai été plongée dans cet univers depuis toute petite. Ensuite, nous nous sommes séparées pour des raisons familiales, mais après mes études universitaires, j’ai découvert que mon intérêt pour la mode ne s’est pas émoussé. Après des mois de visites assidues des médias internationaux de mode, j’ai compris que j’avais une passion dans ce domaine, qu’il fallait développer. J’ai ensuite créé un média de mode www.africafashioncode.com en 2014, puis les Oscars de la Mode Béninoise l’année suivante, parce que j’ai senti qu’il y avait un vide dans ce registre. J’ai un fort intérêt pour l’industrie de la mode, c’est-à-dire les métiers qui la composent.

En ce qui concerne l’écriture, je dois cette aptitude à mon père, qui a suscité en moi l’intérêt pour la lecture, dès le bas-âge.

BL : Comment vous est venue l’idée d’écrire  » À moitié coupable »? Est-ce une histoire vécue ou une inspiration d’autres vies ?

DH : J’ai failli être violée par mon petit ami de l’époque. Heureusement pour moi, il y avait une personne, un témoin, qui m’a secourue. C’est après ce choc émotionnel que j’ai décidé d’écrire un roman sur cette thématique. L’histoire du roman « A moitié coupable » relève de la fiction.

BL : « À moitié coupable« , votre roman paru en Mai 2019 décrit avec véhémence lors d’un procès un acte de viol perpétré sur une jeune fille. Vous décrirez-vous comme une auteure engagée dans des causes sociales ?

DH : Pas encore comme je l’aurais souhaité. Mais je compte bien devenir une auteure engagée pour les causes sociales.

BL : Quelle est la place réelle des jumeaux dans votre vie et pourquoi les avoir choisis pour peindre les personnages de votre œuvre ?

DH : Globalement, j’ai une appréciation positive des jumeaux, d’autant plus qu’il y en a dans ma famille et je souhaite aussi en avoir (Rires). D’après mes observations, il y a toujours un décalage comportemental entre eux, mais leur synergie est tellement forte. Si j’ai opté pour des jumeaux dans ce cas précis, c’est surtout pour renforcer le dilemme du narrateur.

BL : Promotrice des Oscars de la Mode béninoise, en quoi consiste votre journée-type ?

DH : En dehors des Oscars de la Mode Béninoise, je gère d’autres activités. Je passe beaucoup de temps sur Internet, que ce soit pour être au contact permanent de ce que font les acteurs de la mode ou pour mes autres missions quotidiennes. Je ne manque pas de dormir, manger et de m’amuser quand l’occasion le permet.

BL : Quel est votre regard sur la mode africaine?

DH : La mode africaine se porte bien, surtout que ces dernières années ont été marquées par la qualité des Fashion Weeks, et l’engagement des célébrités internationales dans la promotion de la mode africaine. L’essentiel maintenant, est de maintenir une bonne dynamique dans l’exécution des différentes initiatives.  Aussi, il faut avoir le courage d’avouer que les pays anglophones ont une longueur d’avance sur les francophones. Par ailleurs, il est important que tous les métiers de la mode soient reconnus et valorisés à leur juste valeur. C’est d’ailleurs à cette fin que les Oscars de la Mode Béninoise ont été initiées pour servir de plateforme à la reconnaissance des talents béninois.

BL : Écrivaine, que pensez-vous de la parité prônée par les femmes ? Serait-ce une réalité un jour ?

DH : Je crois en la parité professionnelle et intellectuelle entre hommes et femmes, en espérant qu’elles deviennent une réalité tangible un jour.

BL : Avez-vous des projets littéraires? Si oui lesquels?

DH : Oui, j’en ai. Peut-être bien un nouveau roman d’ici là. On verra

BL : Que voulez-vous exprimer à travers le personnage de Béatrice ?

DH : Béatrice est une victime de viol ; le genre qui n’est pas assez abordé à mon avis. Beaucoup de femmes sont violées impunément, parce que cela se passe sous couvert d’une relation. Et comme on le constate à travers le roman « A Moitié Coupable« , ce n’est pas aisé de justifier un tel acte. Je souhaite que le plus grand nombre prenne conscience de ce phénomène, afin qu’ensemble nous trouvions des solutions idoines pour une meilleure sensibilisation.

BL : « A moitié coupable », en définitive un décryptage du vrai visage de la justice sous les tropiques ?

DH : Je n’ai pas cette prétention, mais je pense que le procès est assez réaliste concernant ce cas précis.

BL : De l’ENAM à la plume en passant par la mode, qu’est-ce qui n’a pas fonctionné à un moment donné ?

DH : Se mouvoir d’un domaine à un autre n’est pas synonyme d’échec. Je laisse libre cours à mes passions dès que j’en ai l’opportunité. Mais forcément, il y a des choses qui ne marchent pas comme on l’aurait souhaité. Mais n’est-ce pas là le chemin vers l’accomplissement de soi?

 

BL : Dans la présentation qu’elle fait de votre livre, voici ce que dit une chroniqueuse littéraire : « Les qualités principales de ce roman sont le suspense garanti jusqu’à la dernière virgule et l’art de dessin en gris d’un bassin féminin sur la couverture du roman  où le mont de venus est un verre à moitié plein d’un liquide rougeâtre. C’est aussi ça le talent de l’écrivain qui jusqu’à la dernière goûte sait nous faire voir l’étendue de sa plume.  » Qu’est-ce que cela vous inspire?

DH : J’apprécie beaucoup ce commentaire. Ça fait plaisir de savoir que le roman est perçu et analysé à sa juste valeur.

BL : Vous avez certainement un mot sur les femmes sexuellement abusées et qui savent leur cause d’avance perdue avant même d’être introduite…

DH : Même si une cause semble perdue d’avance, je pense qu’il faut se battre pour se faire entendre, surtout lorsque sa dignité est en jeu. En se taisant, ces femmes encouragent les criminels à continuer leur sale besogne. Il faut se faire aider si nécessaire, mais se taire est une mauvaise option. Au-delà du fait d’obtenir justice, il y a un message à faire passer.

BL : Le dessin de la couverture de ce roman a été fait par vous-même. Qu’est-ce qui vous a inspiré cela et pourquoi cette image?

DH : Je ne m’approprierai pas le crédit de la couverture du roman « A Moitié Coupable« , parce qu’elle m’a été proposée par un très bon ami créatif, que je remercie au passage. J’ai tout de suite été impressionnée, parce qu’elle est énigmatique et expressive de la thématique à la fois.

BL : Votre mot de fin

DH : J’invite tout le monde à découvrir cet ouvrage parce que la thématique du viol au sein d’un couple est une réalité dissimulée. Comment arrive-t-on à le prouver? Je nous exhorte tous à trouver des éléments de réponse. Enfin, je remercie beaucoup Biscottes littéraires pour cette tribune. J’apprécie votre travail. Du courage.