BL : Recevez nos civilités M. Robert ASDE. Merci à vous pour avoir accepté cette interview. Veuillez bien vous présenter à nos amis lecteurs s’il vous plait ?

RA : Je me nomme Robert ASDE, Administrateur d’action culturelle en service au Ministère du Travail de la Fonction Publique, Président de l’association AIYE Culture et promoteur des rencontres littéraire, théâtrale et culturelle à l’Institut Français de Cotonou et dans les lycées et collèges du Bénin.

 

BL : Votre passion pour l’écriture a certainement une histoire…

RA : Oui, ma passion pour l’écriture découle de ce que j’aime beaucoup lire, dénote de l’intérêt que j’accorde à la lecture. Mieux, de l’énorme trésor que je découvre dans la lecture.

BL : Pourquoi le genre théâtral comme premier ouvrage livresque ?

RA : Pour moi le théâtre c’est la vie et la vie c’est le théâtre. Et le genre qui permet mieux de mettre la vie en scène est le genre théâtral. Voilà pourquoi j’ai voulu rendre hommage à ce grand Art vivant par une pièce de théâtre.

BL : Avec « Le dernier mot des dieux » suivi de «Elle est trop belle pour mourir », théâtre publié en 2016,  vous avez fait votre entrée dans la ligue des dramaturges béninois. Que retenir de cette œuvre ?

RA : « Le Dernier mot des dieux suivi de Tu es trop belle pour mourir » (théâtre), est une œuvre dans laquelle j’ai eu à montrer les couloirs sombres de la politique et les coulisses glissants et pervers du monde du show-business. On retiendra tout simplement que c’est une satire socio-politique.

BL : Comment le public a-t-il accueilli vos œuvres ? En êtes-vous satisfait ?

RA : A mon humble avis, par rapport au retour que j’ai eu des lecteurs je peux dire que le public a bien accueilli mes œuvres. Maintenant, à savoir si j’en suis satisfait, je dirai non parce que je n’ai pas encore donné le meilleur et le maximum de moi-même comme je le souhaite.

BL : En septembre 2017, vous avez soutenu votre mémoire de master sur le thème-projet : « théâtre et développement : implantation d’une infrastructure théâtrale à Kansounkpa ». Qu’est ce qui aurait motivé ce thème et quelle conclusion retenir ?

RA : « Théâtre et développement : implantation d’une infrastructure théâtrale à Kansounkpa ». Ce qui a motivé mon sujet-projet de master qui porte sur le théâtre, c’est le constat amer du manque criard des infrastructures théâtrales et culturelles au Bénin. Mais ce qui a véritablement milité en faveur de cette préoccupation, c’est d’abord ma passion pour le théâtre, ensuite mon respect profond pour le théâtre et enfin, les leçons et les enseignements que le théâtre donne à ses amoureux. En conclusion on retiendra de ce travail que l’implantation des infrastructures théâtrales dans nos localités contribuerait au développement culturel et économique du Bénin.

BL : Avez-vous pu mettre en place le projet soutenu ? Si oui, quel est le bilan à mi-parcours ? Sinon, pourquoi ? Quels sont les obstacles ?

RA : Non, hélas ! Je n’ai pas pu mettre en place ce grand projet de développement que j’ai soutenu publiquement parce que les moyens financiers à l’endroit de la culture en général, et du théâtre en particulier, comme nous le savons au Bénin font grand défaut. Les richissimes béninois préfèrent construire des morgues, des églises et des mosquées que d’investir dans l’érection d’un théâtre.

BL : En tant qu’homme de culture, quel diagnostic faites-vous de la culture béninoise ?

RA : La culture béninoise est grabataire depuis des lustres. Mais aujourd’hui, elle est déjà cadavre parce qu’humiliée, bafouée, banalisée à tous égards. La preuve en est que, depuis 1960 à ce jour, le Bénin ne dispose ni d’un théâtre national ni d’un centre culturel béninois. Les infrastructures devant faire vivre la culture font défaut dans tous les départements. Le plus grave est que de nos jours, le ministère en charge de la culture est systématiquement dissout, noyé, perdu dans celui des sports : c’est là même l’humiliation dont il est question.

BL : Force est de constater une acculturation accrue de la jeunesse africaine influencée par le clinquant de  l’Occident.  Qu’en pensez-vous?

RA :  « Le fer brut qui tient à briller doit se rendre à la forge ». Si la jeunesse africaine renie son africanité, ses racines, sa tradition, sa civilisation, cela fait son problème. Elle sera exactement comme la chauve-souris, c’est-à-dire qu’elle ne sera nulle part. Personne aujourd’hui, ne demande à la jeunesse avant qu’elle ne s’octroie un Android haut de gamme. Or pour mieux se connaître, mieux connaître son histoire, son passé et la vie, la jeunesse doit forcément lire dans les livres parce que ce que nous sommes et qui révèle notre identité vraie, se trouve déjà consigné dans les livres. En clair, que la jeunesse africaine développe désormais des relations très poussées avec les livres et divorce d’avec les Android et les Télénovelas.

BL : Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées à l’édition de vos ouvrages ? Comment les aviez-vous surmontées ?

RA : Le livre est un Art et tout art à un coût. Les difficultés sont d’ordre financier. Je les ai surmontées par de grands sacrifices.

BL : Quelle appréciation faites-vous de la littérature béninoise ?

RA : La littérature béninoise se porte bien parce que chaque jour, de nouveaux auteurs publient et font accroître la fontaine littéraire du théâtre, du roman, de la nouvelle, de la poésie et d’essai.

BL : Dans votre roman « lettre à Dieu » publié en 2016 aux éditions Savane, pourquoi avoir choisi le mélange des genres littéraires?

RA : J’ai fait le choix de mélange des genres littéraires sous la conduite de l’inspiration.

BL : L’homme est un loup pour l’homme, dit Hobbes. Pourquoi envoyer une lettre à Dieu alors que ce sont les hommes qui sont à la base du malheur de leurs semblables? Pourquoi pas « lettres aux hommes »?

RA :  « Lettre à Dieu » est un grain de folie adressé à Dieu le Créateur, le Tout Puissant parce que c’est lui le Père des hommes. Si les hommes arrivent à mal se comporter, c’est à lui qu’on devrait s’adresser. Voilà pourquoi Il est le destinataire premier de cette lettre.

BL : Vous avez peint en majorité les mésaventures des étudiants dans votre roman. Quelles solutions préconisez-vous face à tous ces faits insolites ?

RA : Face aux mésaventures des étudiants dans mon roman, je n’ai pas de solutions à proposer. Seules les autorités universitaires détiennent les meilleures solutions qui pourront soulager les étudiants dans leurs souffrances.

BL : Auriez-vous été victime une fois de l’une des situations que vous abordées dans votre ouvrage ? Xomèvo, votre personnage principal a-t-il une part de vous ?

RA : Tout bon étudiant de la Flash, d’une manière ou d’une autre, vit souvent ces moments de turbulence au cours de son cursus, surtout au moment des délibérations. En tout cas, en tant qu’étudiant régulier, j’ai eu à vivre des temps très difficiles lors de l’affichage de certains résultats de fin d’année. Homêvo, le personnage principal de l’œuvre a-t-il une part de moi, je ne saurais le dire, excepté des amis qui m’ont pratiqué et qui ont lu l’ouvrage.

BL : Comment arrivez-vous à concilier le travail de chroniqueur littéraire, de journaliste et d’écrivain ?

RA : Pour moi, le travail de chroniqueur littéraire, de journaliste culturel et d’écrivain constituent un seul travail, et exigent de moi une seule passion, un seul amour et un seul sacrifice.

BL : Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui voudraient suivre vos pas dans le monde de la culture et de la littérature ?

RA : Comme conseils aux jeunes, je voudrais leur demander très humblement d’aimer le beau, le bien et le grand ; de vénérer la culture et d’être des passionnés de la littérature afin de cultiver le plus grand des vices impunis, qu’est la lecture du livre et de la nature.

BL : Vos prochains projets littéraires ?

RA : Pour mes prochains projets, il y aura la publication de trois (03) pièces de théâtre pour animer les planches.

BL : Un mot de fin

RA : Mon mot de fin est de remercier toute l’équipe de biscottes littéraires et de saluer l’intérêt qu’elle   accorde aux belles lettres. Bon courage, foi, confiance, abnégation et paix de Dieu vivant autour d’elle et que les bénédictions soient !