« J’ai œuvré pour l’autoédition car cela me rend libre. J’ai la possibilité de dire ce que je veux sans toute fois heurter les lecteurs. En plus, cela me permet d’avoir un large revenu sur les ventes car je perçois  plus de soixante pourcent. En dehors de cela, je ne partage mes droits moraux avec personne », PABLOEMMA.

BL : Nous sommes heureux de vous recevoir sur notre blog. Voudrez-vous bien vous présenter, s’il vous plait ?

PE : Je suis  Ngon à Ngon Emmanuel écrivain camerounais ;  beaucoup plus populaire sous le pseudonyme de « PABLOEMMA ». Je suis né le 27 avril 1986 et l’auteur d’une quarantaine de livres parmi lesquels «  Comment rencontrer l’âme sœur ? » lauréat du prix littéraire Edilivre (France) en 2015. Par ailleurs je suis également promoteur culturel.

BL : Vous êtes un homme de lettres. Voudrez-vous bien nous parler de l’origine de cette passion pour les lettres ?

PE : Bien évidemment je dirai que ma passion pour les lettres date de 2004.  A  cette époque, à l’âge de dix neuf ans, je m’y étais déjà trempé. Je me rappel que j’écrivais pas mal de poèmes par jour vu que c’est par cela que j’ai débuté avant de me lancer dans le roman et autres. J’étais timide et je n’avais que pour amis mes feuilles de papiers qui me permettaient de me sentir bien en rédigeant quelque chose. Je dirais simplement que l’origine de ma passion pour l’écriture vient de ma souffrance d’enfance.

BL : Que représente pour vous la littérature ?

PE : Pour moi la littérature représente une thérapie en vers soi-même. Un moyen d’échange et une envie d’avancer. Aujourd’hui, il m’ais très difficile de rester une journée sans écrire et je puis vous dire que j’en suis fier.

BL : Quand avez-vous senti ce besoin de vous épancher à travers l’écriture ?

PE : J’ai eu l’envie de me pencher dans l’écriture lorsqu’en 2005 mes études scolaires prennent fin par défaut de finance. Mes parents avaient très peu de moyen et je ne pouvais donc plus continuer les cours. Alors, c’est en ce moment-là que je me suis dis qu’il était temps que je me lance véritablement dans ce que j’aime le plus au monde notamment écrire des livres.

BL : Voyez-vous en la littérature, un moteur de développement ? Si oui, comment ?

PE : Je vois la littérature depuis des décennies comme étant un moyen de développement surtout en ce qui est de sa promotion  en Afrique puisque j’y réside. J’ai toujours dit que cela passera par une véritable politique autour du livre notamment en mettant sur pied des centaines librairies tel qu’on le voit  chez les occidentaux et une société chargée d’aider les éditeurs à référencer les livres de leurs auteurs dans ces librairies. A  cela s’ajoute la communication et la promotion qui  feront en sorte que la culture du livre et de la lecture prennent de l’ampleur.

BL : Vous êtes un écrivain prolifique. Selon vous, quel doit être le rôle d’un écrivain africain de nos jours ?

PE : Je pense que le rôle d’un écrivain africain serait de s’inspirer des maux qui minent la société. Et lorsque je dis cela il ne s’agit pas seulement de parler de la misère ou encore de la guerre. Il y a d’autres sujets qui font tabou, auxquels on n’en parle pas. Et bien c’est de ça qu’il faut  parler. Je pourrais par exemple parler des violences conjugales ou encore de la maltraitance infantile. Toujours est-il dit qu’il serait important de parler de quelque chose ; que ce soit en l’écrivant sous forme d’un roman, de poésie ou encore d’un essai.

BL : Vous êtes l’auteur du recueil de poèmes Le temps d’un poème. Comment concevez-vous la Poésie ?

PE : Comme je le dis souvent, la poésie est tout d’abord un moyen d’échange envers soi-même et un dialogue avec son esprit sur le plan spirituel. Ecrire un poème c’est se découvrir et en même temps découvrir son imaginaire. Je conçois la poésie comme étant un médicament pour l’âme.

BL : Dans ce livre, l’élégie et le lyrisme s’entrechoquent. Ils mettent à nu l’intérieur du Poète. Dans quel postulat ce livre a-t-il été commis ?

PE : Ce livre a été commis dans le but de célébrer la vie et aussi l’amour. Je me suis dis qu’il serait important que par dessus les difficultés de l’homme, que celui-ci ait un temps pour se réjouir de tout ce qui lui est agréable et dont il peut être fier.

BL : Quelle mission assignez-vous au poète de ce siècle ?

PE : Je dirai un dévouement au travail intellectuel, à plus d’inspiration et même à une envie à chaque fois de se surpasser afin de d’atteindre ses objectifs.

BL : Beaucoup s’intéressent moins à la poésie aujourd’hui. D’aucuns trouvent les poèmes dépourvus de poésie, d’autres attaquent le côté hermétique. Votre avis sur le sujet ?

PE : Selon moi,  je pense que chacun perçoit la poésie aujourd’hui selon son entourage et sa culture. J’y ajouterai même le mode de vie. Si certains la voient comme étant dépourvu de poésie ou hermétique, c’est peut-être parce qu’ils ne s’y retrouvent pas. A  mon avis je pense qu’il faudrait s’adapter à tous les styles même si on a une autre perception de ce qu’on lie. C’est bien pour cela qu’on dit  que la poésie à plusieurs langues parce que  chacun l’exprime en sa manière.

BL : Vous êtes également l’auteur de plusieurs romans dont Harcelée par mon mari femme battue. Quel message avez-vous voulu véhiculer via ce livre ?

PE : Le message que j’ai voulu véhiculer à travers ce roman est celui de savoir que : « vous aurez beau maltraiter une femme en silence, quelque soit les procédures que vous aurez pris pour couvrir cela, vous  finirez  par être mis à nu aux yeux de tout le monde. »

BL : Pensez-vous que les femmes, en partie, sont à l’origine de ce fléau qu’est le harcèlement ? Surtout à travers l’art vestimentaire un peu indiscret ?  

PE : Oui bien évidemment  que j’y pense parce que dans le mot « Harcèlement » il y a bien cet aspect auquel les femmes se livrent de fois sans faire attention à ce qui leurs aient réservées.

BL : Vous avez un style à la fois engagé et féministe. Quel contraste ! défenseur de la cause féminine ! Quelle est votre perception du féminisme ?

PE : Je pense que sur le plan humain, le féminisme doit être quelque chose à protéger car  cela contribue à l’émancipation du monde et de même à l’admiration des hommes envers les femmes.

BL : Le 15 Mai prochain, votre nouveau roman paraitra. Violée à 12 ans. Comment votre lectorat accueille-t-il généralement vos œuvres ?

PE : Je dirai que mes lecteurs sont toujours aussi curieux lorsqu’il s’agit de découvrir l’un de mes livres.  Tout d’abord sur le plan du titre qu’ils trouvent généralement provocateur. Mais cela ne les empêchent pas de faire en sorte qu’une fois s’être familiariser avec celui-ci y compris la couverture, qu’ils foncent en ligne pour s’en acheter et par la suite me donner leur avis de lecture.

BL : Pourquoi votre préférence pour l’auto édition en ligne ?

PE : J’ai œuvré pour l’autoédition car cela me rend libre. J’ai la possibilité de dire ce que je veux sans toute fois heurter les lecteurs. En plus, cela me permet d’avoir un large revenu sur les ventes car je perçois  plus de soixante pourcent. En dehors de cela, je ne partage mes droits moraux avec personne.

BL : Rencontrez-vous souvent de difficultés dans le processus d’édition de vos livres ?

PE : Oui bien sûr que je rencontre généralement des difficultés  comme par exemple le fait de pouvoir référencer un livre en ligne afin que cela rencontre la grande partie des lecteurs ou encore trouver des images correspond que je devrais associer à la couverture du livre.

BL : Vous avez lancé le prix littéraire PABLOEMMA. Pourquoi ce pseudonyme apposé comme seing sur vos livres ? Et en quoi consiste ce prix ?

PE : Par rapport à ce pseudonyme lié au prix littéraire, je voulais créer quelque chose de symbolique qui serait en rapport avec mon métier d’écrivain. Quelque chose qui incarnera mon image et fera en sorte que les gens voient non pas moi mais l’énergie que je dégage à travers la promotion du livre et surtout l’autoédition. Notons que le prix consiste à donner aux écrivains la possibilité de se prendre en charge en publiant et en vendant leur livre par eux-mêmes via internet  sous la coordination de ce concours

BL : Comment participe-t-on à ce concours ?

PE : Pour participer à ce concours, il faut  être  de nationalité africaine. Etre titulaire d’un recueil de poème ou  avoir un roman non publié par une maison d’édition. Pour plus d’informations supplémentaires, il faudra s’abonner sur la page Facebook du prix : « prix littéraire pabloemma ».

BL : Un regard critique et analytique sur la littérature africaine, en général, et celle camerounaise, en particulier ?

PE : Je ne m’attarderai pas sur mon regard critique de la littérature au Cameroun en particulier  car ce qui se vit dans ce pays n’est presque pas différent de ce qui se vit dans les autres pays africains. Je le redis et je le répète que  la littérature africaine à plus que jamais besoin d’une véritable politique  autour du livre et cela  passe d’abord par la prise de conscience des gouvernements et par la suite des éditeurs. On ne peut pas parler d’une véritable promotion de livre sans référencement en librairie et plan marketing autour du livre.

BL : Pensez-vous que les jeunes africains de nos jours ne lisent pas ?

PE : Je dirai le contraire et j’y ajouterai que pour cela s’intensifie, ils ont besoin d’une véritable communication autour des livres qui les encourageraient à les découvrir davantage

BL :  Quelques conseils à l’endroit de ces jeunes qui aspirent à l’écriture ?

PE : Je leur dirais premièrement de ne pas se lancer bêtement.  Il est important que lorsqu’on se lance dans l’écriture qu’on se fasse également un avenir. C’est  aussi contribuer à la promotion de la littérature. Il est important que cela soit une passion pour devenir plus tard une raison. Cela passe par la persévérance et l’endurance.

BL : Quelques livres lus et que vous pourriez leur proposer ?

PE : Comme livre que je pourrais leur recommander je parlerai par exemple du livre   Le ventre de l’atlantique  de Fatou Diome, Mémoire de porc-épic   d’Alain Mabanckou et certainement  Rouge impératrice  de Leonora Miano

BL : Vous fêtez cette année le quinzième anniversaire de carrière littéraire. Quels sentiments vous animent ? Quel bilan faites-vous de tout ce temps de sacrifices, d’insomnie, de nuits blanches, de ce colloque intime avec la muse ?

PE : Le sentiment qui m’anime dans ces quinze ans de carrières littéraire est le fait que j’ai fait de la littérature mon porte flambeau à travers tous les livres que j’ai déjà publiés jusqu’ici et j’en suis fier. En termes de bilan, je suis heureux que cela ait contribué à mon succès aujourd’hui en tant qu’écrivain et donc tout ce que je souhaite c’est que cela me donne encore la possibilité d’aller plus loin car j’estime que le chemin n’est pas terminé.

BL :  Quel héros africain auriez-vous voulu être ?

PE : J’aurais voulu être Martin Paul samba ou encore Thomas Sankara pour lutter contre l’injustice et promouvoir le bien-être

BL : Vos jeux de distraction ? 

PE : Comme jeu de distraction, je dirai  que j’aime pratiquer le football.

BL : Votre dernier livre lu ?

PE : Comme dernier livre lu, je parlerai du dernier roman de Yasmina khadra intitulé :  Pour l’amour d’Helena 

BL :  Votre plat préféré ?

PE : En parlant de plat préféré je dirai : «  le Ndolè » c’est une recette camerounaise.

BL : Votre mot de la fin

PE : J’ai été ravi de votre interview. Je vous souhaite du bonheur et vous dis sincèrement merci.