« Oui, les mots ne suffisent pas. Le plus aberrant dans la lutte pour les droits et les libertés civiles, c’est de voir des gens faire des discours en se cachant derrière un écran, en appelant à la rébellion, au boycott mais ne jamais se faire voir sur le terrain »:   Max Axel BOUNDA:

BL : Bonjour Monsieur. Merci de nous accorder cette interview. Nos lecteurs sont curieux de connaitre l’auteur de l’Opération Forêt des Abeilles. Voudrez-vous bien vous présenter, s’il vous plait ?

MB : Je ne saurais ouvrir cette interview sans dire merci à Biscottes littéraires d’avoir bien voulu me permettre de parler de l’Opération Forêt des Abeilles car il n’existe pas beaucoup de Webzines qui s’intéressent au noble art. Et j’en suis d’autant plus flatté que vous vous intéressiez à mon premier roman paru en 2019 et réédité il y a deux mois.

Pour les lecteurs qui ne me connaissent pas, je suis Max Axel BOUNDA, écrivain poète, romancier et scénariste. Mon premier recueil de poésie a été publié aux Éditions Edilivre en 2013, et depuis j’ai auto-publié un deuxième recueil intitulé « Au-delà des mots ». Dans quelques mois sortira officiellement mon deuxième roman chez MAB Éditions.

BL :   Le lectorat aimerait savoir le socle de votre passion pour les lettres.

MB : Alors, j’écris depuis mon plus jeune âge. J’ai commencé à écrire aux environs de 9 ans, depuis l’école primaire. Je ne sais pas comment l’alchimie s’est faite. Je me suis surpris à écrire et à remplir des pages blanches, et à aimer cela. Écrire m’a toujours procuré un certain sentiment de liberté et de quiétude que je n’ai jamais trouvé ailleurs. Cela, peut peut-être s’expliquer par le fait que j’ai grandi dans un environnement lettré et je dévorais déjà des livres à cette époque-là. Mais il y a un jour que je garderai toujours en mémoire, c’est celui où j’ai pris la pleine mesure de mon rôle d’écrivain et de me battre pour l’être. Ce fut le jour du décès de Léopold Sédar Senghor, un auteur de la Négritude qui m’a beaucoup apporté en tant qu’auteur. Cela explique pourquoi je suis fortement attaché aux auteurs de la négro-renaissance et de la négritude qui sont de véritables mentors pour moi.

BL : Vous êtes titulaire d’un Bachelor en Relations publiques, Stratégie Internationale et Intelligence.  On voit bien que vous êtes du côté de la science. Pourquoi cette préférence pour l’écriture ?

MB : Disons qu’en vérité, je fais une véritable distinction entre ma passion pour l’écriture et mon parcours académique. Même si de temps en temps je me sers de l’un pour enrichir l’autre et inversement. Et ce que j’aime le plus avec l’écriture c’est la liberté de ton et la créativité sans borne que cela me procure. Quand j’écris, je suis libre. Pas libre de ce que je fais mais libre de ce que je pense. Et il n’y a rien de plus important que ça.

Par contre en science, il y a des canevas préétablis, des moules et une méthodologie qu’il faut absolument suivre pour conforter la scientificité d’un article ou d’un travail de recherche. C’est vrai que je m’y retrouve aussi mais ce n’est pas comparable au plaisir que me procure l’écriture.

BL :  A qui pensez-vous écrire chaque fois que vous empoignez votre plume ?

MB : L’écrivain Bernard Weber disait dans une master pour auteur, il faut écrire ce que vous aimeriez en tant que lecteur. Et non pas ce que vous voulez en tant qu’auteur. Alors quand j’écris je pense principalement à l’Afrique, aux Africains. C’est que l’on trouve mon style Européen mais en réalité pour l’Afrique et par l’Afrique que j’écris en première intention. Les thèmes que j’aborde dans mes livres sont tirés de l’histoire du continent noir, du vécu de sa population principalement de sa jeunesse et des souffrances et des mésaventures qu’elle rencontre sur le long chemin de son émancipation.

BL : Vous êtes auteur de deux recueils de poèmes. Que représente pour vous la poésie ?

MB : La poésie dans mon parcours a été comme un déclencheur. Je suis né poète. J’ai grandi nouvelliste, j’ai fini romancier et scénariste. J’ai fait mes premiers pas dans l’écriture en rédigeant des vers dont certains se trouvent dans mon premier recueil « L’Anatolie ». Et plus tard, j’ai intégré le club des poètes du Gabon où j’ai raffermi ma plume et mon style. Cette époque est lointaine aujourd’hui mais elle a été très importante dans mon parcours.

Aussi, la poésie s’est présentée à moi comme le plus de communication et de dénonciation le plus abouti que j’ai trouvé. Je dis souvent que dans mes vers j’écris la beauté avec les mots du mal. En écrivant des vers satyriques pour dénoncer un phénomène le but n’est pas juste la critique mais au delà de la critique il y’a une volonté de faire évoluer la situation vers quelque chose de meilleur.

BL :  Que doit être selon vous, le rôle d’un poète dans la société ?

MB : Le rôle du poète dans la société est de la décrire, de la rêver et de la façonner comme l’ont fait nos maîtres : Senghor, Césaire, Hugo, Voltaire, etc.

Le poète a cette capacité comme le faisait Charles Baudelaire, de décrire la situation la plus horrible, de la plus belle façon qui soit et avec les mots les plus beaux.

BL : Pensez-vous que la poésie a toujours son éclat, son honneur, sa  vertu, son crédit dans ce monde de plus en plus submergé par l’intérêt, et la course effrénée derrière la pécune ?

MB : La poésie n’a naturellement plus son éclat mais je crois qu’elle le retrouve peu à peu car avec la poésie moderne le slam, elle s’offre une sorte de renaissance. Bien sûr on lit moins de recueils de poèmes que romans. La poésie se vend moins bien. Mais j’estime que la poésie n’a rien perdu de son honneur et de sa vertu. J’estime que très peu d’auteurs font de la poésie pour vendre. Généralement c’est par passion que l’on devient poète. Et à travers le monde les poètes ont su gardé l’esthétique et la vertu de la poésie afin qu’elle reste cet art noble et immortel que ce soit à travers les thèmes ou la forme.

BL :  Quelle est votre perception de la poésie africaine depuis les années de Négritude jusqu’à aujourd’hui ?

MB : Une perception assez mitigé. Je ne lis pas beaucoup de mes contemporains mais pour le peu que j’ai lu, je trouve que sur le plan du contenu, du message et des revendications, il y’a une certaine continuité. Un certain héritage de la négritude.

Les poètes de nos jours dénoncent les maux de leur époque : La mauvaise gouvernance, la corruption, la souffrance, la misère, bref une pléthore de maux que l’on trouve un peu partout à travers le continent.

Cependant, quand vous avez des maîtres comme Césaire, Diop, Senghor, et autres qui ont mis la barre assez haute sur le plan de la forme, il est difficile de faire mieux. Beaucoup de poètes contemporains font des vers libres que j’apprécie nettement moins ou abordent des thèmes qui magnifiquement la beauté et priorisent la rime sans message poignant.

BL :  On lit assez de poèmes sans poésie de nos jours. Pensez-vous que c’est parce que les jeunes ne veulent plus prendre leur temps pour se cultiver, afin d’avoir les rudiments nécessaires à la création poétique ?

MB : Je pense que la modernité avec toute la technologie qu’il y’a autour de nous, participe pour beaucoup à cette situation. Quand j’apprenais la versification au lycée c’était entre les lignes de Baudelaire, de Verlaine, de Hugo, de Senghor, de Pierre Edgar Moundjengou, de Ndouna Dépenaud, etc. Quand le prof disait « Rime embrassée » ou « Rime Croisée » c’est entre les lignes de ces poètes que j’apprenais à les reconnaître et à les reproduire.

De nos jours, avec le tout numérique, même les auteurs sont plus porté vers le multimédia que le livre. J’en connais des romanciers qui ne lisent pas beaucoup. Qui écrivent beaucoup plus qu’ils ne lisent et cela se ressent dans leur écriture car il y’a un faible niveau d’esthétique et de qualité.

Nous avons dû lire et étudier la poésie pour pouvoir en faire. Je me souviens avoir rédigé des poèmes qui m’ont pris du temps à les versifier car il fallait que chaque mot trouve sa phrase et chaque phrase trouve sa rime. Et tout cela, sans dénaturer le contenu de ce texte. C’est un travail difficile quand cela ne vient pas naturellement mais pour faire un poème il faut de la poésie et ça les jeunes doivent le comprendre et l’apprendre.

BL : L’Anatolie, l’heure sombre qui précède l’Aube, est votre premier recueil de poèmes. Tout une phrase forme le titre. Voudrez-vous bien nous expliquer le choix d’un titre pareil ?

MB : Je ne sais plus comment ce titre m’est venu. Mais je pense que j’ai voulu par celui-ci consacrer l’Aube. Ce moment magique pour les poètes. Car au cours de cet instant entre le jour et la nuit que me visitait la muse. Comme dirait Souleymane Diamanka, les poètes se cachent pour écrire, et il important pour moi le faire. Aussi, L’Anatolie qui signifie lever de soleil était pour moi, une façon d’annoncer au monde mon entrée dans la grande famille des poètes. Je voulais par ce recueil extirper mes vers de l’obscurité dans laquelle ils avaient émergé et avaient été polis.

BL : On sait que l’obscurité précède l’aube. Autrement dit, le jour nait de la nuit. Quel est alors le postulat d’écriture de ce livre ?

MB :  L’Anatolie, est un recueil intimiste. Il contient mes premiers textes, mes premiers poèmes. Du moins ceux dont la qualité était assez bonne pour être publiée.

BL :  Que diriez-vous, si vous devriez le résumer en quelques lignes ?

MB : L’Anatolie, est un recueil dans lequel je parle de l’amour, de la famille, des études mais aussi de l’Afrique et toujours l’Afrique. Je magnifie son histoire, le combat de ses fils, etc. C’est en cela que se résume ce recueil de poèmes.

BL : Au-delà des mots est le second recueil de poèmes. Le poète redoute une certaine faiblesse des mots ?

MB : Au-delà des mots, est un recueil qui s’inscrit dans la continuité du premier mais avec plus de maturité et d’engagement. Au-delà des mots représente à la fois des mots mais aussi des actes. Car en plus d’être écrivain je suis un homme engagé pour la défense des droits de l’homme, des droits des jeunes et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et de leurs ressources.

BL :  Après l’écriture, la parole, il faut l’action. Serait-ce l’idée éponyme de ce recueil ?

MB : Oui, les mots ne suffisent pas. Le plus aberrant dans la lutte pour les droits et les libertés civiles, c’est de voir des gens faire des discours en se cachant derrière un écran, en appelant à la rébellion, au boycott mais ne jamais se faire voir sur le terrain. « Un j’aime » sur une publication c’est bien, rédiger un texte sur une situation c’est aussi bien mais s’engager, donner de son temps et de son énergie pour défendre une cause, c’est encore mieux. Par exemple, comment réclamer la démocratie si on n’est même pas inscrit sur une liste électorale ? Il y a tant d’incohérences comme ceci qui demandent que l’on aille au-delà des mots.

Le candidat à la présidentielle américaine, Barrack Obama disait en 2008 à l’Université de Columbia : « Tout jeune à mon moment de sa vie doit pouvoir consacrer une partie de son temps à cause qui le dépasse. À une causé plus grande que lui. » Pour moi, c’est cela va au-delà des mots.

BL : Le titre du livre arbore un ton engagé. Pensez-vous l’engagement littéraire comme un vecteur pouvant conduire à d’acquisition d’un bien réclamé ?

MB : Je pense qu’à travers l’histoire l’engagement littéraire a joué un grand rôle dans la lutte pour l’émancipation des peuples, le droit des femmes, etc. Et de nos jours, cela est encore plus important car les maux auxquels la société est confrontée sont bien forts et plus visibles.

Les inégalités sociales, la dictature, les violences basées sur le genre, la corruption, le népotisme, l’impunité ne doivent pas nous laisser indifférent. Donc, en tant que miroir de la société l’écrivain a le devoir d’accompagner les populations, qui sont nos lecteurs, dans l’accomplissement de leurs revendications légitimes.

BL : Opération Forêt des Abeilles est votre premier roman. Il s’agit d’un polar à l’allure thriller. L’intrigue est bien mystérieuse. Que diriez-vous en guise de résumé ?

MB : Opération Forêt des Abeilles, est un roman policier aux teintes de thriller dont l’intrigue tourne au tour du crash d’un hélicoptère militaire dans une forêt interdite du Gabon. Cet hélicoptère transporte une arme qui ne doit pas être exposée à une température ambiante plus de 72 heures durant, sinon elle explose en détruisant toute vie dans un rayon de 50 km.

Au cours du roman, les agents qui s’écrasent dans la mystique forêt des abeilles, donnent signe de vie pendant deux heures après le crash et plus rien, silence total… C’est le Black-out complet. Et il se pose alors un sérieux problème. Il faut retrouver l’arme et la désamorcer avant qu’elle n’explose.

Un commando de cinq agents des forces spéciales de l’armée est envoyé en mission de sauvetage. Déposés dans un camp forestier à 20 km au sud du signalement de l’appareil accidenté, ils doivent atteindre l’objectif à pieds en pleine forêt vierge, afin de refroidir l’arme, récupérer les soldats qui se sont crashés et rentrer sur Libreville. Mais cela ne se fera pas sans compter sur les esprits de la légendaire forêt des abeilles qui n’aiment pas trop accueillir des intrus dans leur antre. Très vite, les membres de l’unité spéciale se rendent compte qu’ils ne sont pas seuls dans cet endroit. Mais surtout que leurs adversaires ne sont pas comme eux !

En même temps, à Libreville, un tueur professionnel, engagé pour éliminer le chef de l’opération, ne cesse de laisser des cadavres sur son passage. Un chargé de mission du président de la république est tué, ainsi qu’un ancien directeur des services de renseignements du Gabon. Les choses vont trop loin, au point que l’on confie l’affaire à l’inspectrice Axelle-Marthe Koumba, une jeune profileuse, analyste comportementale de la police judiciaire.

Trois jours, soit 72 heures, c’est exactement le temps qu’a l’inspectrice pour résoudre l’affaire et l’unité spéciale pour désamorcer et rapporter l’arme à la capitale. Trois jours, c’est court, réussiront-ils à le faire ? Là est toute la question.

BL :  Votre regard (analytique) sur la littérature africaine  de nos jours.

MB : La littérature africaine a encore de très beaux jours devant elle. Il y a énormément de talent sur le continent et des auteurs de très haute facture.

Quand on voit le niveau des auteurs comme la Nigériane Chimamanda, comme le Camerounais Elnathan Jhon ou encore les gabonais Muetse Destiné Mboga et Janis Otsiemi, on ne peut que s’en réjouir. Le seul problème auquel elle se heurte c’est l’industrie du livre. Pas assez d’éditeurs compétitifs, presque pas de distributeurs, très peu d’imprimeurs liant qualité et prix, presque pas de chroniqueurs, bref tout le circuit du livre est à polir afin d’améliorer la visibilité et l’accessibilité des livres africains auprès des lecteurs africains déjà avant de viser l’international.

18- Deux de vos œuvres ont été éditées à l’extérieur. Pourquoi cette préférence pour l’édition non locale ?

Alors, ça c’était il y a quelques années. Aujourd’hui, je suis de ceux qui pensent qu’il y’a matière à développer un circuit du livre en Afrique et à partir de l’Afrique. Depuis le Cameroun où je vis j’ai fait depuis deux ans un travail colossal qui a consisté à repérer et travailler avec des acteurs du livre à travers le continent.

Mes graphistes, mes imprimeurs et même les distributeurs du livre physique sont africains. Cela m’a permis de rencontrer pas mal de personnes passionnées qui partagent le même rêve que moi de démystifier la littérature africaine et la rendre plus accessible à nos lecteurs africains.

BL :  Vous  avez certainement donc rencontré de difficultés lors de l’édition de vos œuvres. Veuillez bien les partager avec nous.

MB : Disons que pour L’Anatolie, mon premier recueil de poèmes, tout c’est assez bien passé. Il a été édité chez un éditeur alternatif qui en vérité est un imprimeur sans plus. Mais comme beaucoup d’écrivains africains qui éditent en Europe, la réalité m’a vite rattrapé.

Quand vous éditez en Europe, les prix des livres sont généralement définis sur le standard européen. Il n’y a aucune adéquation entre le prix du livre et la réalité socioéconomique du continent où se trouvent nos principaux lecteurs.

Par exemple, si vous publiez à ouvrage qui se vend à 15€ en Europe, avec les frais de transport et autres dépenses connexes, vous le vendrez en Afrique à 20€ environs. Mais qui en Afrique est prêt à payer 13.000 FCFA pour un livre sachant que celui-ci est même plus cher qu’un sac de riz parfumé ? Le niveau de niveau en Afrique est de loin inférieur à celui en Europe, donc il faut une adéquation entre le prix des livres et la réalité socioéconomique du continent. Surtout que nous n’avons pas encore atteint le niveau du livre loisir en Afrique. Le livre est encore considéré comme un luxe sur le continent.

 Au-delà des mots, je l’ai autoédité via la plateforme américaine Kindle Direct Publishing d’Amazon, et les choses se sont assez bien passées. J’ai pu expérimenter les réalités de l’autoédition que j’ai beaucoup appréciées. Le livre se vend assez bien et il y’a assez de projets encore autour de ce recueil.

Le livre qui, par contre, a eu beaucoup de péripéties, est Opération Forêt des Abeilles, pour lequel j’avais un projet bien établi. Je désirais un véritable travail éditorial autour de ce livre. J’ai reçu énormément de contrats d’édition pour ce roman qui a séduit plusieurs éditeurs dont les propositions ne m’ont pas convaincu. J’en ai même signé un que j’ai dû résilier justement parce que le projet final n’était conforme à ma vision.

Alors, comme « Au-delà des mots« , j’ai décidé de l’autoéditer. Une date de publication avait été arrêtée, une stratégie marketing bien ficelé au point qu’il a été l’un des romans les plus attendus au Gabon en 2019. Un réalisateur a même été intéressé par l’adaptation de l’œuvre au cinéma.

Mais deux semaines avant sa sortie, j’ai reçu un contrat intéressant et à compte d’éditeur. Une toute nouvelle maison d’édition a décidé de l’éditer et m’a proposé un projet intéressant avec un prix spécial Afrique que j’ai accepté. On n’a dû repousser la sortie du livre de quasiment plusieurs mois. Chose que naturellement les lecteurs n’ont pas apprécié.

Sauf que entre la signature du contrat et la sortie du roman, la ME a très vite évolué, elle a signé un contrat grand distributeur et cela a remis en cause une partie de notre contrat. Le prix spécial n’était plus d’actualité. Ce qui a complètement faussé toute notre stratégie de communication et de marketing.

De ce fait, j’ai arrêté la promotion et le projet de distribution en africain. Car j’estimais avoir fait une promesse à mes lecteurs et je devais à tout prix le respecter. On ne peut pas vouloir démystifier et proximiser le livre africain et le vendre à des prix qui ne cadrent pas avec la réalité.

Le livre s’est vendu en Europe plutôt bien, j’ai reçu de très bons retours mais je n’étais pas satisfait de ne point le voir dans les librairies en africaines. Voilà pourquoi, deux ans après sa sortie, mon équipe de MAB Éditions et moi-même avons décidé de le rééditer et bientôt il sera disponible plusieurs pays du continent.

BL : Que proposez-vous pour une édition locale qui sera aussi bien profitable à l’éditeur qu’à l’auteur ?

MB : Le problème de l’édition locale, est que beaucoup d’éditeurs sont des commerçants. Déjà la plupart des maisons d’éditions proposent des contrats à compte d’auteur. Qu’ils appellent un contrat à titre participatif. En échange de plusieurs centaines de milliers de francs ont vous édite quel que soit la qualité de votre livre. Ce n’est clairement pas professionnel. Car avec cet argent, ils ne font rien d’autre qu’imprimer vos livres. Chose que vous pouvez faire tout seul.

Après, il y’a un problème de qualité. Beaucoup d’éditeurs n’ont pas de comité éditorial, ne font aucun travail de relecture, aucune stratégie marketing autour des livres, aucune publicité, aucun circuit de distribution. Même les couvertures laissent à désirer. Et après vous vous retrouvez avec un livre de 96 pages vendu à 10.000 FCFA. Ce n’est rien que du commerce.

Bien sûr, il ne s’agit pas de tous les éditeurs mais il y’a encore du travail à faire à ce niveau et cela passe l’amélioration des aspects que j’ai évoqué plus haut.

BL :  Vous êtes un  admirateur d’Emile Zola. En plus de lui, quel (s) autre (s) auteur (s) vous inspire (nt) dans votre projet d’écriture ?

MB : J’ai été à l’école de la négro-renaissance donc mes premiers maîtres sont des auteurs tels que Césaire, Senghor, Langston Hugues et Franz Fanon. Mais j’ai aussi beaucoup aimé les textes des occidentaux à l’instar d’Hugo, Baudelaire, Balzac et Rimbaud. Plus proche de nous, j’aime bien le style de Dan Brown, de Stephen King et de John Grisham.

BL :  Quelques livres lus, qui vous ont marqué, et que vous pourriez proposer au lectorat.

MB : Des livres qui m’ont marqué, assurément il y’a en tête L’assommoir de Zola. Je maudis le jour où je l’ai lu. Car il a changé ma vie. Un texte touchant et marquant qui m’a enseigné les valeurs de dépassement de soi mais aussi les dangers de l’alcoolisme et de la vanité.

Si je ne bois ni ne fume, et que je ne consacre que très peu de temps à l’amusement, c’est justement parce que Zola m’y a complètement dégoûté.

Trois autres livres, qui m’ont marqué c’est Eugénie grandet de Balzac, La mare au diable de Georges Sand et Rue Case Nègre de Joseph Zobel.

BL : Quelques conseils à l’endroit des jeunes passionnés de lettres.

MB : Je dirais à ces jeunes qu’il faut toujours nourrir sa passion. Pour l’instant très peu d’auteurs vivent de leur art mais cela ne veut pas dire qu’il ne faille pas écrire. Lire c’est vivre. Écrire c’est exister. Pour être un bon auteur il faut beaucoup lire, et surtout faire en sorte que sa passion soit un tremplin pour votre réussite. Donc, ne jamais laisser tomber les études pour se consacrer à l’écriture mais plutôt de servir de ce dont pour avancer même dans le domaine scolaire. Et pourquoi ne pas s’orienter dans une carrière qui vous permettra de mettre vos qualités d’écrivain en avant. Exemple, journaliste, scénariste, etc.

BL : Comment peut-on se procurer vos œuvres ?

MB : Mes livres sont disponibles en ligne sur Amazon : https://cutt.ly/CcRoe7E, Kobo FNAC, VivioBarnes & Noble, et Vivlio.

Ils sont disponibles sur la plateforme de lecture en streaming, YouScribe : https://cutt.ly/Ex8owlm disponible en abonnement et gratuit pour les annoncés Canalbox.

En librairie, il est distribué par Yaoundé Livres, CamerBookStore et GVG Cameroun. Er bientôt il sera disponible en librairie au Gabon, en Côte d’Ivoire, au Togo et au Sénégal.

BL :  Voudrez-vous bien partager avec le lectorat vos prochains projets littéraires ?

MB : Mes projets littéraires, il y’en a deux. Deux romans. Le premier est Sombre Affaire, qui est en cours d’édition et dont la sortie est pour bientôt. Il s’agit d’un thriller juridique New Adult qui traite du harcèlement sexuel des étudiants dans les universités. En mêlant imaginaire, vécu et réalité africaine, j’ai essayé d’offrir à mes lecteurs un roman riche en émotions. J’y aussi la prostitution, les discriminations mais aussi la façon dont la société traite les victimes de viol et de harcèlement surtout les femmes.

Le second projet sur lequel je travaille est un roman noir qui traite d’un sujet qui défraie la chronique en Afrique, il s’agit des crimes rituels. Dans ce roman d’horreur j’essaie de transcrire au maximum l’horreur du phénomène et le sentiment des victimes. Dans ce roman, les lecteurs retrouveront l’inspectrice Axelle-Marthe Koumba qui est l’un des personnages principaux dans Opération Forêt des Abeilles.

BL :  Un héros que vous auriez voulu incarner ?

MB : Alors, je dirai Professeur Langdon. C’est le héros des romans de Dan Brown. Un professeur spécialiste en symbologie et histoire des confréries ésotériques. C’est un personnage que j’apprécie énormément.

BL : Vos jeux de distraction

MB : Difficile à croire mais je n’ai pas beaucoup de loisirs, les trois seuls qui me permettent de m’évader sont le cinéma et la lecture. Comme jeux, je n’en ai qu’un. Il s’agit de Club Soccer Director. Un jeu de foot de simulation dans lequel les joueurs incarne le directeur du foot d’un club. De ce fait, ils recrutent des entraîneurs, des joueurs, signe dès contrats de sponsoring, etc. On est en quelque sorte Directeur du Club. C’est un jeu génial un peu stressant mais assez relaxant pour moi. C’est le seul jeu que je possède.

BL :  Votre plat préféré

MB : Mon plat préféré, je dirais les feuilles de manioc aux écrevisses.

BL :  Ce plat est de quelle localité de Gabon ?

MB : J’en ai connais pas l’origine. Je crois que l’on retrouve ce plat dans toutes les régions du Gabon.

BL : Votre mot de la fin

MB : Je terminerai cette interview encore avec des remerciements. Merci encore à Biscottes littéraires, j’ai passé un bon moment avec vous et surtout merci pour le travail que vous abattez en faisant l’effort de mettre en lumière les auteurs du continent.

Je remercierai aussi mes partenaires Ange Mbelle du Grand Vide Grenier Cameroun. Une distributrice passionnée et à l’écoute. Merci à Ray the Prince de l’Association la Jeune Plume, à Nick des Lectures 2.0 qui assure la betalecture de mes livres, merci au Club de Lecture des Éditions Gho’tam particulièrement à Carmen, un merci spécial à Lo Syndicat, qui participe à mettre en avant les artistes gabonais et à redonner un sens à la littérature engagée.

Je ne saurais finir sans remercier mon équipe de MAB Éditions, ma famille et mes lecteurs. Ceux qui me suivent depuis mes débuts et me poussent à aller de l’avant. Grâce à eux, j’essaie d’être un meilleur auteur chaque jour. Merci à ma plus belle inspiration. Je l’aime tant.