Introduction

L’amour, bien qu’il soit bonheur et joie, peut être aussi désillusions et meurtrissures. Mais une déception amoureuse peut-elle réellement amener une personne à ne plus aimer ? Peut-elle vraiment suffire pour que la personne blessée ferme à jamais son cœur à l’amour ? D’ailleurs peut-on fermer son cœur à l’amour qui a l’art de surgir au moment où l’on l’attend le moins ? Thérèse Karoué-Atchall, dans « La Saison des amours », répond à ces questions par le personnage de Serena.

Résumé

      Serena, croyant avoir trouvé l’amour, se retrouve à la fin déçue. Le cœur froissé et meurtri, elle décide de ne plus laisser place à l’amour dans sa vie et jure ne plus se « jeter dans les filets des hommes ». Décidée, elle rabroue tous les courtisans avec rudesse. Mais un jour, elle rencontre un fou qui, à son grand désarroi, lui fera nourrir des sentiments qu’elle avait pourtant jurés ne plus jamais revivre. C’est ainsi que Serena décidera de se battre pour son amour.

Etude des personnages

Serena : personnage principal de l’ouvrage, elle jure ne plus aimer après sa déception, jusqu’au jour où elle rencontre le fou, qui lui démontre le contraire.

Armande: mère de Serena

Thierry : ex-amour de Serena

Kader : propriétaire du magasin dans lequel Serena est employée ; courtisan de Serena.

Kevin Sogba : nouvel amour de Serena qui plus tard, sera son époux.

Lucie : Sœur cadette de Kévin

Daniel Sogba : père de Kévin et de Lucie. Il oblige son fils à se marier pour lui donner de petits-enfants, car ses jours sont comptés.

Angèle Sogba : Epouse de Daniel, mère de Kevin et de Lucie.

Rita : domestique de la famille Sogba, nièce lointaine d’Angèle. Elle prétend attendre un enfant de Kevin.

Gauvin : Jardinier-chauffeur de la famille Sogba

Adjoua : nouvelle domestique de la famille Sogba

Naroisse : camarade et ami de Kévin

Stéphane : jeune chef d’entreprise, courtisan de Serena.

Rachad : vendeur de CD, courtisan de Serena.

Daniel et Marie-Ange : enfants de Kévin et Serena.

Etude des thèmes

Dans l’ouvrage, plusieurs thèmes sont abordés. Mais le noyau en est l’amour.

  • Amour

L’amour, ici, est le sentiment que nourrissent réciproquement deux personnes. Mais il connaît plusieurs étapes, que l’auteure aborde. D’abord, la déception par l’être aimé est une des phases les plus douloureuses de l’amour, surtout lorsqu’on se rend compte que ce dernier n’est pas réciproque ; que l’amour tant nourri « n’était pas partagé » p.88.

Ensuite vient la phase de la peur ; la peur de s’« engager une seconde fois et commettre les mêmes erreurs » p.74. Et lorsqu’on décide de s’ouvrir à nouveau, il faut enfin avoir suffisamment de courage et de force pour mener les batailles car « l’amour, de nos jours, est un combat » p.95.

  • La déscolarisation

C’est un thème abordé brièvement par l’auteure à travers le personnage de Serena : « Nous étions démunies complètement. Je décidai d’abandonner mes études » p.86.La déscolarisation ou l’abandon de l’école, est un phénomène récurrent dans les sociétés africaines et qui s’observe plus chez les filles que chez les garçons. Elle peut être causée par le défaut de moyens comme c’est le cas pour Serena ou parce que la personne concernée ne prend plus du plaisir à étudier et trouve les études inutiles ou encore parce que les parents en ont décidé ainsi au vu des résultats médiocres du concerné. Elle est l’un des fléaux que les générations actuelles doivent combattre par divers moyens.

  • L’intégration dans la belle-famille

En Afrique, fiançailles et mariage riment avec l’intégration dans la famille du futur conjoint ou de la future conjointe. Bien qu’elle revêt souvent un caractère difficile et paraît quelques fois une mission impossible, l’adoption par la belle-famille n’est pas toujours chose compliquée.La belle-famille redoute souvent, comme c’est le cas du père de Kévin, que la bru « ne rende pas leur fils heureux » p.155. Il peut arriver que cela fasse douter la bru qui est amenée à se demander : « Serais-je capable d’assumer le rôle d’épouse qui me sera peut-être assigné ? » p.75. Cependant, peu de choses suffisent parfois à convaincre la belle-famille et au final, Serena « savait à présent qu’elle avait conquis les parents de Kévin » p.156.

  • Les inégalités dans un couple

Les inégalités sociales (différence de classes sociales), économiques (pouvoir d’argent de l’un) ou quelles qu’elles soient, au sein d’un couple peuvent paraître comme un obstacle à l’amour des conjoints. Ici, c’est le niveau d’instruction de Serena qui dérange Thierry : « je l’entendis dire à un de ses amis que j’avais un niveau d’études bas » p.87. Toutes ces inégalités peuvent amener l’un ou l’autre des conjoints, à douter : « Et moi, quel niveau d’études j’ai ? Il est issu d’une famille riche ; est-ce que ses parents m’accepteront ? » p.75. Mais ne dit-on pas que l’amour, quand il est désintéressé et partagé, peut tout surmonter ? L’amour, le vrai, fait donc fi de ces menus détails : « Tu es plus intelligente que la plupart des filles. Je t’aime tel que tu es » p.87.

Conclusion

L’amour peut être caricaturé par un rosier dont les fleurs sont magnifiques ; mais qui a aussi des épines pouvant faire mal et très mal. Ainsi, l’amour se vit et s’épanouit non seulement dans le bonheur et la joie mais aussi dans les peines et les batailles à mener, où les femmes ont un grand rôle à jouer car « l’amour de nos jours est un combat. Une bataille pour nous les femmes. Si tu fuis chaque fois qu’il y a un obstacle, tu perdras à jamais l’homme de ta vie. Ne laisse personne te prendre ce qui est à toi »p.95. Par ces batailles, l’amour peut triompher de tout, d’autant plus que « le cœur a ses raisons que la raison ignore » comme le disait Blaise Pascal.

 

Ariel Migan

Ariel Migan étudiant en 1ère année de Sciences Juridiques à la Faculté de Droit et Sciences Politiques (FADESP) de l’Université d’Abomey-Calavi (UAC).