LE ROYAUME DES DAMNÉS: Des uns seraient-ils condamnés à la damnation éternelle dans un royaume ? Sont-ils punis des peines de l’enfer? Descendu dans un système corrompu, un monde pourri, où le peuple dominé ne sait pas ce qu’il veut et donc n’obtient rien. Dans un monde rempli de corruption, de souffrances, de misère, d’une pauvreté paupérisante, du népotisme en grand, de pillage, d’oppression, d’injustice, où tout va à la dégringolade, qui accuser ou défendre? Les damnés ou leurs rois? Le Royaume des Damnés est-il une œuvre qui parle de la vie politique de nos sociétés? Les rois font ils vivre de maints maux aux damnés ? Est ce l’enfer ? Savent-ils même ? Et que font ces peuples face à ce mode de fonctionnement ? Sont-ils muets, aveugles, ou sourds face aux peines qu’ils subissent? Ou dites-moi chers lecteurs, sont ils des co-auteurs ou complices du royaume des damnés?

En effet, paru aux éditions Savanes du continent, Cotonou-Bénin, en 2020, le Royaume des Damnés, est un roman de 133 pages qui s’articule autour des rapports entre les dirigeants et les dirigés, de la gouvernance de l’État et de la gestion de la cité. C’est une œuvre originale, spéciale, amusée qui vous conduit tout droit au festival du rire. Niyi Mayowa de son nom de plume, fait surgir les différents maux dont souffrent les peuples de ces États. Ce jeune auteur à la plume prometteuse pose un regard amusé, voire comique sur les ambiances autour des élections organisées dans ce royaume notamment les présidentielles. C’est avec humour qu’il lève le voile de façon triste sur une société perturbée par la vie politique et donc encline à ses incidences. Vous aimez rire, lire, ce livre est fait pour vous. Nul doute! Allons, alors venez!


Olola Olaidé, Directeur de Cabinet de la Présidence de la République, se fait décharger du jour au lendemain de ses fonctions. Limogé sans motif, sa douleur était grande. Incompréhensions, désolation, mécontentement, chagrin, pleurs l’assaillirent. Très rapidement, Olola plonge dans un océan de déboires et s’y noie complètement. Alcool, virées nocturnes, découchages, fréquentation douteuse, relation extraconjugale, violence conjugale devinrent ses qualifications. Il croyait sa vie s’écrouler. Il se mit à accuser son épouse, Sènan Akuèvi. En effet, issue d’une famille aisée, réputée, elle n’avait pas hésité à mettre son mari en relation avec son oncle Enayon. Enayon Akuèvi, ami fidèle du président, son bras droit d’ailleurs, fit de son gendre le directeur adjoint de campagne électorale puis le directeur de cabinet de la présidence de la république. Mais si son époux est remercié aujourd’hui, est ce de sa faute? En tout cas, pour Olola c’était sa femme. D’ailleurs, il se disait : 《 il aurait pu entreprendre s’il ne s’était pas mêlé à cette histoire de campagne présidentielle. Et tout ça, c’était Sènan, sa femme qui en était la cause! Il ne serait jamais mêlé volontairement à la politique.》Alors, Olola en plus d’accuser sa femme la méprisait tout simplement. Mais un bien tard, il avait repris goût à la vie et compris que sa femme n’y était pour rien. En effet, il découvrit un matin dans les journaux, qu’une embrouille éclata entre Énayon et le président Olokiki. Conclusion, ce fut un règlement de comptes et Olola avait été limogé injustement.
Et quand il se réconcilie avec sa belle Sènan, un nouveau chapitre de leur vie s’ouvre. Mais leur vie de couple sera a nouveau ébranlé par un certain Junior. Tous deux infirmiers, il était un collège de Sènan. Il n’arrivait pas à résister à ses charmes.《 Chaque fois, qu’elle passait devant lui, Junior la détaillait du regard et appréciait la forme de ses atours mis en valeur par sa blouse: poitrine admirablement rebondie, bassin large et fessier rebondi, le tout dans une démarche féline.》Il était absorbé par la beauté de la femme d’autrui. Il semblait se dire 《Cette femme a tous les atours que cherchent les hommes chez une femme. Elle marche si gracieusement qu’il me prend l’envie folle de me jeter sur elle. Ah, ses fesses sont rondes et adorables. Qui est son mari? Cet homme doit être chanceux. Goûter aux délices de cette femme, c’est goûter en avance à ceux du paradis!》 Mais deux personnes vraiment amoureuses supportent, luttent et résistent aux agitations. Uni, le couple surmonta à nouveau cette épreuve. Olola avait retrouvé son ancien boulot avant de parler de politique. Ainsi, il décida de ne plus jamais en parler. Mais, elle semblait intéresser les hommes du Royaume. C’étaient les élections présidentielles, l’une des seules périodes où les gouvernants se rapprochaient de leurs administrés pour gagner leur confiance. Et ça, Niyi Mayowa le déplore. C’est pourquoi, il affirme: 《En cette période, on ne distinguait plus les pauvres des riches. Tous se côtoyaient pour l’argent et le pouvoir, dans une remarquable hypocrisie.》Sans gêne aucun, ils osaient faire des promesses et prétendaient vouloir tout un coup leur bien-être.《 Nous sommes vraiment heureux de nous revoir. Nous construirons une école pour nos enfants. Un hôpital vous sera érigé. Les voies seront toutes pavées et bitumées. Je ne pourrai pas réaliser tout ce projet si je ne reçois pas votre soutien inconditionnel. Vous devez me soutenir et me porter à la tête du pays!》Triste réalité. Les populations, elles-mêmes conscientes de l’intérêt que suscitent ces soudains visites et messages circonstanciés, n’attendent que leur maudite pitance. Somme d’argent qu’elles attendent ironiquement. Décidément, ces damnés sont cyniques. Eux même l’appellent 《 l’argent de l’enfer》. C’est pour celà qu’ils ont fini par choisir un certain Akomola comme nouveau président. Il était perçu comme le messie qui délivrerait le peuple, enfin le Royaume des Damnés de sa damnation. Olola et son épouse eux, étaient de plus en plus heureux. Concentrés sur eux et sur leur amour, un nouveau livre s’ouvrait dans leur vie.

A quel siècle sommes-nous? Telle est la question que nous devrions nous poser. Est ce là le développement que nous cherchions tous? Pour notre part, nous ne pensons pas qu’un État puisse se développer ainsi. Le peuple lui même est complice de sa pauvreté et de son sous-développement. L’avenir et le destin de ce peuple sont entre ses mains. Il a et aura ce qu’il désire. Et c’est parce qu’il ne veut que de l’argent, qu’on le lui en donne au lieu de son bien-être. Les peuples ne sont pas condamnés dans ce royaume. Ce sont juste des plaisantins. Ils ont le pouvoir de changer l’ordre des choses. Mais s’ils ne se décident pas, ils  seront toujours malades des mêmes maux et des damnés donc. C’est à dire que le niveau intellectuel de ces peuples est trop bas pour ne pas dire médiocre. Les citoyens de ce royaume sont peut être des « intellectuels tarés ». Ils vivent dans un pays de pagaille puisque la pagaille est devenue leur devise. Devise ou hymne national, le Royaume des Damnés est un État voyou pour ne pas dire une République bananière.

A la jeunesse, elle ferait mieux de laisser la politique à sa place et d’aller se construire. Les jeunes doivent se faire former au lieu de chercher à faire la politique. La politique d’accord, mais la formation d’abord.

Quelle est la place du peuple dans la gestion de la cité? Le Royaume des Damnés s’en désole mais s’en console par le message qu’il a adressé.

 

Jospin YEDJENOU