C’était un trentagénaire accompli. Il venait d’une famille aisée, avait eu tout ce qu’il voulait pendant sa jeunesse et avait fait de grandes études à l’étranger. Et pour combler le vide qui le séparait du parfait, la nature l’a doté d’une apparence angélique qui lui valut d’être apprécié aussi bien des hommes que des femmes. Venant d’une famille sans croyances, il vivait en toute logique et sans pensées religieuses. Bref, Codjo était « l’homme parfait ». « Mais pourquoi ? Pourquoi avoir sacrifié tant d’années pour se consacrer aux études, pourquoi avoir abandonné ses divertissements et ses loisirs pour vivre dans le chômage » se demandait Codjo. Eh oui ! Malgré ses études et ses diplômes, Codjo n’avait trouvé aucun emploi. Certes, il vivait décemment grâce à l’héritage de son père, mais il n’était pas dupe. Il savait que cet héritage ne durerait pas éternellement. Privé de tous moyens, il décida de se tourner vers la religion. D’abord l’islamisme, ensuite le christianisme, le judaïsme et même les pratiques occultes. Mais rien n’y fit. Il se plongea alors dans la boisson.
C’est alors qu’un jour, alors qu’il sortait d’un bar tout saoul, un charlatan l’interpella et lui demanda s’il ne voulait pas faire une « consultation ». Pour le charlatan, c’était une bonne occasion de gagner plein d’argent chez un client plein aux as, encore que ce client est le fameux « Codjo l’homme parfait ». Codjo qui était encore sous l’effet de la boisson accepta une consultation. Ensuite le charlatan l’emmena jusqu’à son « lieu de consultation » pour lui préparer une potion qui devrait, selon lui, attirer la chance vers Codjo.
Lui, sans trop comprendre parce que toujours saoul, pris la potion et donna une somme faramineuse au charlatan. Ensuite, il rentra, se parfuma avec la potion et le temps de se rendre compte de ce qu’il s’était passé, il décida de retourner voir le charlatan pour se faire dédommager. Mais alors qu’il allait se mettre en route, il reçut un appel. Il décrocha :
-Allô !! A qui ai-je l’honneur ?
– C’est bien monsieur Codjo ?
-Oui. Quelle est la raison de votre appel ?
-Je suis un agent de la loterie nationale. Je vous appelle pour vous annoncer que vous êtes notre heureux gagnant de la journée. Vous venez de gagner la somme de cinq cent millions de francs CFA !
-Quoi ? Vous plaisantez non ?
-Bien sûr que non ! Nous vous prions de venir récupérer votre argent au plus tard demain à notre siège.
-D’accord, c’est compris ! Je serai là sans faute demain.
Mais à peine cet appel terminé qu’il reçut un autre appel l’informant qu’il avait reçu le poste qu’il désirait depuis des années. Codjo dans un premier temps sauta de joie et cria comme un fou car heureux de ce ces bonnes nouvelles, au point de réveiller tous ses voisins. Dans son hérésie, il renversa tout le reste de la « potion » que lui avait concoctée le charlatan. C’est alors que Codjo se mit à réfléchir ! « Est-ce grâce à cette potion ? Non c’est impossible ! » se disait Codjo. Il décida d’aller rencontrer le charlatan en question. Aveuglé par les derniers évènements, il proposa au charlatan de se mettre à son service en lui promettant de gros revenus, ce qu’il accepta avec enthousiasme, étant très conscient de n’être pour rien dans la nouvelle situation de Codjo.
C’est ainsi que débuta la nouvelle vie de Codjo et de son « associé ». Le charlatan, disposant d’argent et de soutien, étendit son influence, si bien qu’il arrivait à réaliser à 90% tout ce que Codjo souhaitait. Il mettait en œuvre stratagèmes, mensonges, illusions, usage de faux et beaucoup d’autres pratiques frauduleuses pour faire croire à Codjo qu’il était vraiment ce qu’il prétendait être. Il s’est même débrouillé pour faire de Codjo le maire de la ville sur sa demande. En échange, il recevait argent, soutien et beaucoup d’autres paiements. « Que ne peut-on pas faire avec de l’argent » se disaient Codjo et le charlatan. Et c’est ainsi que pendant un an, tout se déroulait bien pour ces deux « associés ». Mais toute bonne chose à une fin….
Un jour, comme les autres, le charlatan reçut une visite de l’un de ses amis qui comme lui escroquait des personnes avant. Il lui demanda ses faveurs et la possibilité de travailler avec lui. Ce qu’il refusa d’ailleurs, car trop avare de ses biens, il ne désirait pas les partager avec un ancien ami. Ce dernier, chassé de la maison du charlatan à coup de pied aux fesses, se retourna avec cette pensée au cœur :« Tu le regretteras ».
Alors que Codjo venait de faire un gros investissement, il demanda l’aide de son « associé » pour que cet investissement fasse un gros rendement. « Soit ça passe, soit ça casse » avait-il dit. Le charlatan comme à son accoutumé, soudoya des personnes haut placées, utilisa son argent et plusieurs stratagèmes. Il ne lui restait qu’à engager quelqu’un pour s’assurer de la réussite de son plan car il avait un voyage de plusieurs semaines à l’étranger. Mais il était loin de se douter que c’était son camarade qu’il avait ignoré et rejeté qu’il avait choisi. En effet, ce dernier eut vent de sa toute dernière affaire, et il usa de tous les moyens possibles pour se faire choisir sous une fausse apparence pour s ‘assurer que tout se passe bien. Le charlatan partit alors pour son voyage laissant le contrôle à son ami. Ce dernier tout d’abord s’assura du bon déroulement du plan mis en œuvre. Mais au moment crucial, il fit tomber le plan à l’eau. C’est ainsi qu’il ruina le commerce de son ancien camarade. Ensuite, il s’empara de ses biens et mis le feu à sa demeure, à ses champs, à son grenier et beaucoup d’autres choses importantes puis il s’enfuit à l’autre bout du monde pour à son tour se mettre au service de quelqu’un. Quant au charlatan, il rentra dès qu’il apprit la nouvelle. Il fut dépouillé de ce qui lui restait par Codjo qui avait compris que c’était un menteur. Il recommença alors à vivre une vie de « charlatan » allant là où le vent le portait. Quant à Codjo, il fit faillite, perdit son poste et ses entreprises, mais fut, malgré la mauvaise réputation qu’il s’était attirée, recruté par une entreprise dans un bidonville. Son nouveau travail lui donnant à peine le nécessaire car il avait dépensé et vendu tous les bien reçus de son père. Il replongea dans la boisson et mourut quelques temps après. Quant au charlatan, il fut arrêté pour escroquerie et reçut dix ans de détention pendant lesquelles il mourut lui aussi parce que maltraité par les autres détenus. Quant à l’ami du charlatan, il prospéra , et créa sa propre entreprise, et vécut le bonheur qu’il souhaitait puisqu’il avait réussi à « escroquer l’escroc ».
Timothée ABADJI
Élève en classe de seconde au Complexe Scolaire La Plénitude.