Bonjour les amis. L’auteure que nous vous présentons aujourd’hui s’appelle Mariette Amani  Mendes. Elle est ivoirienne. « Factotum » est le mot qui la définit le mieux. Elle a fait de la résilience son leitmotiv et après ses diplômes académiques, elle s’accroche à ce qui a toujours été sa passion: la mode. Dans la présente interview, elle nous explique comment elle a pu, grâce à l’écriture et la foi en ses talents, se tracer le chemin dont elle toujours rêvé pour son épanouissement.

 

BL : Bonjour madame Mariette Amani  Mendes. Nous vous remercions d’avoir accepté prêter votre ombre à notre blog via cette interview. D’entrée, vous voudrez bien vous présenter à nos lecteurs.

MM : Je suis Mariette Amani  Mendes, styliste, entrepreneure, et, si je peux le dire, écrivaine.

BL : Vous êtes l’auteure du livre ‘’De la compassion à la passion’’. Notre entretien d’ailleurs tournera autour de ce dernier. Pourriez-vous nous dire ce qui vous a réellement poussé à écrire ce livre ?

MM : J’ai écrit ce livre d’abord par reconnaissance, parce qu’étant au plus bas, j’avais perdu tout espoir de m’en sortir. Pouvoir respirer un nouvel air, revivre des expériences positives et retrouver le sourire après des moments pénibles, ont été une expérience unique, extraordinaire qui m’a poussée à écrire. J’ai voulu aussi à ma manière participer au développement personnel de l’individu en partageant des astuces qui m’ont permis de sortir la tête de l’eau.

BL : On sent que le livre a une allure autobiographique. Est-ce vraiment votre histoire ? Si oui, pourquoi avoir voulu la partager avec le monde ? Parce qu’elle est pétrie d’expériences tant mauvaises que bonnes ?

MM : Oui, ce livre relate mon histoire. Elle est pétrie d’expériences bonnes et mauvaises, parce que la vie elle-même est faite de hauts et de bas. Le plus important, c’est de pouvoir se relever quand on tombe et ne jamais abandonner. J’ai voulu, par mon expérience, aider des personnes qui traversent des moments difficiles et qui ont perdu tout espoir. Pour moi, il n’y a pas plus authentique que le vécu pour passer un message.

BL : Quel message voudriez-vous, Madame Mariette Amani  Mendes, transmettre à votre lectorat en écrivant ce livre ?

MM : Montrer à la jeune génération qu’en travaillant passionnément sur nos talents, on peut changer notre destin et vivre une vie meilleure.

BL : Dans le livre, on voit une jeune fille qui, juste après le Bac, devra affronter la vie estudiantine dans une ville aussi mouvementée qu’est Abidjan. Le premier problème auquel elle fut confrontée fut le manque de l’amour ou de l’affection parentale notamment maternelle. Pour vous, qu’est-ce que l’amour parental et en quoi l’affection maternelle peut avoir d’influence sur la vie d’une jeune fille ou de n’importe quel enfant ?

MM : Oui j’ai souffert de l’absence de mes parents après l’obtention du BAC. Pour moi l’amour parental, c’est cette présence des parents à travers les conseils, les gestes affectifs, les paroles d’encouragement et aussi l’appui financier. C’est tout cet ensemble qui nous donne la confiance nécessaire pour affronter les réalités de la vie.

La mère est le miroir de l’enfant, c’est grâce à l’amour maternel que l’enfant a conscience de sa valeur. L’affection maternelle développe la confiance en soi qui est indispensable pour réussir dans la vie. Si cet amour est absent, l’enfant le recherchera par tous les moyens et c’est ce qui est la cause de tous les maux de la société.

BL : Le fil liant le cœur d’une mère à celui de sa fille serait alors mystérieux ? Ou pourrait-on dire qu’il est divin ?

MM : Oui, depuis le sein de la mère, un lien se fait entre l’enfant et sa génitrice. Cet attachement qui se crée dès les premières années de la vie entre l’enfant et sa mère va façonner ses relations à autrui tout au long de sa vie. On peut donc dire que le fil liant le cœur d’une mère à celui de la fille est mystérieux, voire divin.

BL : Outre ce manque d’affection parentale, la jeune fille était encline à des tentations obscènes comme la prostitution, la drogue, l’alcool, la fréquentation masculine pour avoir de quoi subvenir à ses besoins. Essayez-vous de mettre sur la sellette les réalités tapies dans l’ombre et auxquelles sont confrontées nos jeunes sœurs une fois à l’université ?

MM : Une fois à l’université, la jeune fille est victime du regard des autres. Elle envie ses amies qui sont plus dans le luxe, plus attractives et plus nanties. Elle a besoin aussi de paraître pour être acceptée dans son environnement : elle est donc tentée de faire comme elles. Il y a aussi les mauvaises fréquentations ; si on n’a pas reçu une bonne éducation à la base, on est toute suite engloutie par les vices (drogue, alcool, etc.). Il y a le manque de moyens financiers pour subvenir à ses besoins les plus élémentaires qui conduit aussi à la prostitution.

BL : Que pensez-vous concrètement, Madame Mariette Amani  Mendes, aujourd’hui, de ces jeunes filles qui s’adonnent à ces pratiques pour pouvoir survivre ? Sont-elles à blâmer?

MM : Je pense que ces jeunes filles sont victimes de leur environnement. Il y a aussi une part de responsabilité des parents qui sont souvent absents ou qui n’ont pas apporté l’éducation de base nécessaire pour que la jeune fille s’adapte et évite de tomber dans les pièges de son milieu. Ces jeunes filles ne sont donc pas à répugner. Les parents non plus ne sont pas à blâmer, parce qu’eux-mêmes souvent n’ont pas reçu de riches enseignements de la part de leurs parents. Pour moi, tous ont besoin d’un meilleur encadrement.

BL : Que proposeriez-vous pour réduire ces pratiques au niveau des jeunes filles ?

MM : Je pense qu’il faut sensibiliser les parents par le coaching. Il serait aussi intéressant pour la jeune fille d’apprendre un métier ou de développer un talent parallèlement à ses études. La monétisation de ce talent pendant le weekend ou pendant les vacances va permettre à la jeune fille d’avoir de quoi subvenir à ses besoins et de retrouver sa confiance en elle. Malheureusement, les métiers ou les activités manuelles telles que la coiffure, le tricotage ou la coiffure, la pâtisserie, ne sont pas toujours bien valorisés. Les jeunes filles peuvent dès le bas âge apprendre à faire quelque chose de leur main. Cela peut les permettre de se prendre en charge une fois à l’université et même après les études dans l’attente d’obtenir un emploi. Dans mon cas, le tricotage a été un vrai tremplin, même si je l’ai découvert un peu tard.

BL : Dans le livre ‘’De la compassion à la passion’’, chère Mariette Amani  Mendes, on voit cette jeune fille qui, malgré tout, réussit à obtenir son diplôme. Mais elle n’eut pas la chance de trouver d’emploi en dépit de tous ses multiples stages parfois non rémunérés. Essaieriez-vous de jeter une pique au système éducatif africain qui forme plusieurs diplômés et peine à les employer ?

MM : Malheureusement l’Afrique est remplie de jeunes diplômés qui peinent à trouver de l’emploi. Le système éducatif n’est certes pas adapté aux réalités, mais il y a également le fait que les colonisés que nous sommes ne connaissent que la culture de l’office. Tout le monde veut travailler dans un bureau. Les jeunes devraient savoir qu’il y a d’autres moyens de gagner son pain. On peut y parvenir par l’entreprenariat. Par ailleurs, l’on doit faire confiance en ses talents, travailler à les développer et à les monétiser. Il faut travailler sur son leadership.

BL : Pour avoir fait une demande de renouvellement d’un stage mais qui resta sans suite favorable, on lit ceci à la page 23 : « J’approchai certains responsables pour plaider en ma faveur, mais on me répondit que mon nom posait problème. En effet, avec la crise politique, chacun privilégiait les ressortissants de sa région et je ne faisais pas partie du groupe qui avait la direction de cette entreprise ». Essayez-vous de démontrer combien nos administrations notamment africaines sont bondées de favoritisme et du régionalisme où on n’a jamais la personne qu’il faut à la place propice ?

MM : C’est dommage que ce soit cela le constat. Pour des raisons politiques et financières, le favoritisme et le régionalisme ont toujours eu pignon sur rue en Afrique.

BL : Beaucoup de jeunes pensent aujourd’hui que les diplômes ne valent plus grand-chose. Que tu auras le diplôme et servir un non diplômé. Que l’urgence aujourd’hui est d’entreprendre. Quelle est votre conception par rapport à ce sujet ?

MM : C’est vrai que les diplômes ne nous permettent pas toujours de trouver un bon emploi, mais je pense que le diplôme demeure toujours important dans la mesure où il nous donne plus de confiance en nous et surtout une ouverture d’esprit qui peut nous être utile lorsque nous entreprenons. Je suis moi-même diplômée et je sais combien les connaissances acquises m’ont aidée dans mes prises de décisions. Je pense qu’en plus du diplôme, il faut travailler sur son leadership. Souvent après les études, nous arrêtons d’être curieux, nous ne lisons pas et arrêtons de nous former dans notre domaine mais aussi dans des domaines importants comme le leadership, la gestion des ressources humaines et la gestion du temps.

Donc en plus du diplôme, il faut avoir des qualités de leader, il faut aller à l’école de la vie, qui est l’école de l’expérience. Les non diplômés ont la chance d’aller à cette école, ce qui leur permet de forger leur caractère et d’être doués dans leur domaine.

C’est pour cela que je préconise d’apprendre un métier ou développer un talent parallèlement à ses études, de s’adonner à une activité. Cela va permettre de renforcer notre caractère. Le diplôme est important, mais l’attitude et le caractère sont déterminants dans la réussite. Même quand on décide d’entreprendre, tout est dans l’attitude. Avec ou sans diplôme nous pouvons échouer. Le diplôme n’est donc pas le problème. Il faut être curieux et travailler sur son caractère.

BL : La jeune fille du livre, malgré ses difficultés à trouver un emploi ne désespéra pas. Elle décida de renouer avec une ancienne activité. Crocheter des napperons et des nappes de tables. Cette activité la conduira à la découverte d’un autre talent. Mais avant, elle s’inspira d’une autre personnalité. Pensez-vous qu’on ne peut jamais réussir seul quelque chose sans s’inspirer d’un ancien ou de quelqu’un ?

MM : Il est important pour tout jeune d’avoir un modèle, quelqu’un qui l’inspire, c’est pour cela que l’environnement dans lequel l’enfant grandit est déterminant pour son succès. C’est pour cela qu’il est aussi important de s’adonner à la lecture parce que dans les livres nous trouvons des histoires de personnes qui peuvent nous inspirer. Tous les coaches de développent personnel aujourd’hui conseillent à chacun d’avoir un mentor, c’est dans cette même optique. Le mentor est le reflet de ce que nous voulons devenir et donc en s’approchant de lui et travaillant avec lui, nous gagnons du temps et pouvons réaliser nos rêves plus tôt que prévu. C’est cette image que nous ramène notre mentor qui nous pousse à agir, qui nous emmène à exceller et ne pas abandonner.

BL : La jeune fille se fera une place dans l’industrie de la mode, même si elle a connu des échecs. Et si elle a pu atteindre ce niveau, c’est grâce à sa foi, sa bravoure, sa confiance. Mais surtout parce qu’elle avait au chevet de son lit sur un papier, son rêve et ce qu’elle voudra devenir dans cinq ans. Lequel papier elle lit chaque matin avant de se lever du lit, et chaque nuit avant de dormir. Est-ce un moyen de se donner confiance et de toujours croire en soi-même ?

MM : Quand nous poursuivons un rêve, il nous arrive parfois de vouloir abandonner. Quand l’on a grandi dans un milieu peu favorisé, l’on a souvent peu de confiance en soi. Ecrire ses objectifs et les lire chaque jour, c’est une façon de lutter contre les pensées négatives qui peuvent entraîner vers le bas et empêcher de concrétiser son rêve. La parole comme la foi est une force qu’il ne faut pas négliger. Elle peut déplacer des montagnes.

BL : Vous donnez deux titres qui paraissent profonds à deux chapitres du livre. Le chapitre 3 : L’amour parental et la prière dans l’épreuve. Le chapitre 7 : Les secrets d’un esprit riche dans un environnement pauvre. Quelle place occupe la prière en particulier Dieu dans votre vie ? Et pourriez-vous nous donner deux ou trois secrets pour avoir un esprit riche malgré qu’on soit d’un milieu indigent ?

MM : Dieu est celui qui a créé toute chose. Il est important de pouvoir chaque jour lui dire merci pour tous les miracles qu’il fait (respirer, manger, se vêtir, se loger, etc.), avant de pouvoir ensuite lui soumettre nos préoccupations, nos inquiétudes, mais aussi nos désirs les plus profonds comme à un père aimant. Enfin, il faut supplier sa miséricorde parce que nous sommes tous humains et pécheurs. Voilà !

Pour moi avoir un esprit riche dans un milieu indigent c’est :

1- Se fixer des objectifs clairs et travailler avec acharnement pour les réaliser en évitant toutes distractions de notre environnement.

2- Cultiver l’excellence en toute chose, parce que c’est l’excellence qui nous fait sortir du lot, c’est-à-dire qui nous fait faire  la différence et qui nous permet d’intégrer des milieux plus avantageux que le nôtre.

3- Booster sa confiance en soi en s’adonnant à des activités telles que le sport et la lecture et en développant passionnément un talent.

BL : Ce qui est sublime dans le livre, c’est le début où on voit une jeune fille malade psychologiquement. Mais qui recouvra sa santé grâce à la lecture. Pourriez-vous nous dire ce que représente la lecture à vos yeux ? Et pourquoi n’avoir pas soufflé au lecteur la cause de ce mal en le laissant dans un suspense infini ?

MM : Pour moi la lecture est le moyen par lequel nous pouvons développer notre connaissance et avoir une ouverture d’esprit en s’inspirant des expériences des autres. Joe Dispenza disait : «  Quand nous modifions  notre esprit, nous modifions notre vie ».

Je n’ai pas soufflé au lecteur la cause du mal dont j’ai souffert parce que jusqu’à ce jour comme le dit le titre du  premier chapitre du livre, la cause de ce mal demeure un mystère. Le plus important c’est que ce mal m’a permis de réorienter ma vie et lui donner un sens. Pour moi, c’est ce qu’il faut retenir. Cette citation du psychiatre Carl Gustav Jung serait mieux appropriée pour répondre à cette question : « Les crises, les bouleversements et la maladie ne surgissent pas par hasard. Ils nous servent d’indicateurs pour rectifier une trajectoire, explorer de nouvelles orientations, expérimenter un autre chemin de vie ».

BL : Comme dans un film, vous faites heureuse la fin du livre avec deux cœurs qui se rencontrent dans des circonstances douteuses. L’amour sur le net. Au départ, la jeune fille était sceptique, mais elle finira par lâcher et ainsi verra son rêve se concrétiser. Peut-on dire que la fin de votre livre illustre cette assertion de Jean de la Fontaine qui pense qu’ « on rencontre sa destinée souvent par les chemins qu’on prend pour l’éviter » ?

MM : Je dirai que la vie elle-même est un film. Il y a un début, un milieu et une fin. Et le vœu de chaque être humain est de vivre une fin heureuse. C’est pour cela que nous nous levons tôt le matin, nous nous battons pour trouver le bonheur. C’est ça la quête de l’homme. Il fallait que je montre au lecteur qu’après la nuit il ya la lumière et qu’il est possible de trouver le bonheur dans l’effort, mais aussi dans le risque c’est-à -dire l’inconnu et même dans les voies que nous ne voulons pas emprunter. Je suis donc d’accord avec Jean de la Fontaine qui pense qu’on rencontre la destinée souvent par les chemins qu’on prend pour l’éviter ».

BL : Peut-on affirmer, Madame Mariette Amani  Mendes, que la dernière phrase du livre « Tout est possible à celui qui croit et qui n’abandonne pas » est un message à la jeunesse ou à tout homme qui doute encore de la concrétisation de ses rêves ?

MM : Quand on est dans un milieu indigent, il y a beaucoup de raisons pour abandonner, le manque d’argent, le manque de soutien, le manque de conseils etc. Ce message, c’est pour donner de l’espoir à ceux qui ont des rêves et qui ont perdu la foi à cause des difficultés qu’ils rencontrent. Ils doivent continuer d’y croire, pas de façon vaine mais en travaillant chaque jour et surtout en suivant les conseils que j’ai donnés à travers mon expérience.

BL : Comment peut-on se procurer ‘’ De la compassion à la passion’’ ?

MM : « De la Compassion à la Passion » est disponible sur amazon.fr et sur Edilivre.com

BL : A quoi devons-nous attendre après ‘’De la compassion à la passion’’ ?

MM : Actuellement je travaille beaucoup plus dans le domaine de la mode. J’ai d’autres projets littéraires mais cela  va  dépendre du développement de mes activités dans ce cadre.

BL : Qui sont ceux qui vous inspirent dans vos projets artistiques ?

MM : Je suis inspirée par de grands talentueux des temps anciens comme le musicien Mozart et le peintre Léonard de Vinci mais qui sont pour moi des masters.

BL : Quel est votre plus grand échec ?

MM : Mon plus grand échec, c’est lorsque j’ai raté l’organisation de mon premier évènement.

BL : Votre plus belle réussite ?

MM : Ma plus grande réussite, c’est d’avoir participé pour la première fois en septembre 2017 à un défilé à New York : « le Vanny Fashion WEEK ».

BL : Votre plat préféré ?

MM : Mon plat préféré, c’est le foufou à la sauce claire

BL : Vos jeux de divertissement ?

MM : J’adore le sport particulièrement la natation que je pratique souvent.

BL : Votre mot de fin, chère Mariette Amani  Mendes.

MM : Je vous remercie pour cette interview, pour l’occasion que vous me donnez de me faire connaitre et de faire connaître mon œuvre «  De la Compassion à la Passion ». Je demande à tous ceux qui ont perdu espoir de ne pas abandonner, de croire en leurs talents et de les développer passionnément.