« L’audace ne sélectionne pas le sexe pour habiter un Corps. Rien d’ailleurs ne sélectionne le sexe pour habiter un corps. Et je reste convaincue que devant DIEU nous sommes égaux. Un être humain doté d’un sexe féminin est un Homme tout simplement. Homme avec grand H bien sûr.  »
Elle s’appelle Mireille Assiba GANDEBAGNI, comédienne et auteure. Elle a à son actif un recueil de nouvelles « Loin vers mes treize ans » et a joué dans plusieurs créations artistiques. Son féminisme est bien étonnant. Nous la remercions pour cette interview qu’elle nous a accordée et vous en savons gré, vous nos fidèles lecteurs pour l’attention que vous portez à nos publications.

BL : Recevez respectueusement nos salutations. C’est une grande joie de vous savoir avec nous sur ce blog. Veuillez bien vous présenter à nos lecteurs, s’il vous plaît.

MAG : Je m’appelle Mireille Assiba GANDEBAGNI. Je suis comédienne écrivaine.

BL : Comment avez-vous trouvé le chemin de la littérature et des planchers ?

MAG : En rêvant. Oui je suis une grande rêveuse. Certains amis m’appellent même : Mireille de la lune. Depuis toute petite, je rêvais de rendre le monde beau et bon. Je fabriquais toutes sortes d’histoires dans ma tête. Donc ce rêve m’a amenée vers la scène et la plume. Deux activités qui me permettent de donner vie à des personnages. De les faire vivre. Un rêve qui a pris corps avec mon adhésion dans la troupe théâtrale du CEG Houéyiho, j’étais en classe de 3ème. Le rêve a pris corps et continue son voyage jusqu’à présent.

BL : Dites-nous un mot sur le quotidien de la dramaturge que vous êtes.

MAG : Bof, il n’y a pas grandes choses à dire. Je suis une couche tard donc légitimement une lève tard. Je ne rate aucune occasion de faire la grasse matinée. J’écris mes textes la nuit quand tout le monde dors. Mon intimité avec mes personnages m’est chère. Après, je vais à la répétition les périodes ou je suis distribuée sur une création ou quand je décroche un rôle pour tourner dans un film. Je vends également des friperies pour femmes et enfants. Je n’ai pas de boutique donc, je fais du mobile, je me déplace vers le client. Donc si vous me voyez en circulation avec un gros sac de voyage sur ma moto, eh Ben ce n’est pas pour un voyage mais je vais juste vendre à quelqu’un avec qui j’ai au préalable pris rendez vous. Et quand le temps me le permet, je me promène. J’adore ça. Je rends visite à ma maman, mes frères et mes amis. Oui, je suis très famille et ami. Donc pour récapituler, j’écris la nuit, je fais la grasse matinée, je répète parfois, je joue dans des films parfois, je vais vendre mes friperies, je me promène, je rends visite à ma famille et à mes amis. Voilà mon quotidien. Ah, je suis assez Watsapp, je Facebook et Messenger aussi.

BL : De la nouvelle au théâtre. Qu’est-ce qui change ?

MAG : Comment vous sentez-vous quand vous êtes sur  scène ? 1) de la nouvelle au théâtre, pour moi rien ne change. Bien qu’étant des genres différents, le principe reste le même. Donner vie à des personnages, les nourrir, les faire vivre.

BL : Comment vous sentez-vous sur scène ?

MAG : Sur scène je me sens heureuse, libre, forte, invincible. Comme Jaime à le dire : heureusement que j’ai rencontré la scène et qu’on s’est aimées.

BL : L’écriture et la planche nourrissent certainement l’auteure que vous êtes? Sinon, pourquoi continuez-vous à vous y adonner?

MAG : L’écriture et la planche ne nourrissent pas L’artiste que je suis. Voilà pourquoi je vends friperies. Je continue par amour, par passion et par foi.

BL : Quand l’artiste, sous nos cieux, se nourrira-t-il de son art?

MAG : Quand la méchanceté, la médiocrité  la gourmandise et compagnie disparaitront du dictionnaire.

BL : « Loin, vers mes treize ans » est votre denier recueil de poèmes. Pourquoi ce titre?

MAG : « LOIN VERS MES TREIZE ANS » est mon premier recueil de nouvelles individuel. Avant ça je participais à des ouvrages collectifs. Ce recueil comporte neuf nouvelles donc neuf titres. De concert avec l’éditeur nous avons choisi loin vers mes treize ans comme nouvelle éponyme parce que cette nouvelle porte en elle la philosophie de tout l’ouvrage.

BL : Ce recueil est-il une « descente aux enfers » ou une résurrection de cette enfance qui vous hante pratiquement vu la charge doloriste et sacrificielle qui se dégage des différentes nouvelles qui y figurent?

MAG : Les deux. Une descente Aux enfers dans un monde qui m’attriste et me désole. La résurrection d’une enfance qui me hante, d’un rêve d’enfant qui voulait juste changer le monde en beauté et en bonté mais qui vire au cauchemar chaque jour un peu plus devant tant de misères morales, tant de malheurs et de laideurs dans ce monde. Quelle tristesse! Quelle désolation pour l’enfant en éveil en moi!

BL : La nouvelle intitulée « Une pétasse pas comme les autres » est d’une sensibilité tellement profonde qu’elle ne laisse personne indifférent. Est-ce une histoire vrai ou de la pure fiction?

MAG : De la pure fiction avec des sentiments vrais, des analyses vraies, des constats vrais et des émotions vraies. Là, réside tout son charme je crois.

BL : Que vous inspirent ces mots de Florent Eustache COUAO-ZOTTI, dans la préface de votre recueil de nouvelle:  » Les nouvelles de Mireille GANDEBAGNI sont sombres, violentes et tragiques. Ses personnages que la vie a usés et confinés au rang de bêtes froides ou de monstres délirants, se révèlent comme des avatars ou des êtres décalés d’une société africaine postmoderne complètement désarticulée, comme promise à la désintégration. »

MAG : Ça m’effraie et je m’interroge : »Où va-t-on à ce rythme »?

BL : Quelles sont les difficultés rencontrées lors de l’écriture de ce beau recueil, et comment les avez-vous surmontées ?

MAG : Je ne pense pas avoir rencontré de difficultés majeures. J’ai écris les premières nouvelles de ce recueil quand jetais au collège. Et j’ai continué. Un matin je me suis retrouvé avec un recueil de nouvelles qui ne demandait qu’ ‘à être édité.

BL : Pour vous, qu’est-ce que : « écrire »?

MAG : Cette question me déstabilise et me déstabilisera toujours. Je la trouve bizarre. En fait, écrire c’est tellement énorme qu’on ne saurais même lui donner une signification. Je vais quand même essayer. Ecrire pour moi, c’est tellement de choses. Écrire pour moi, c’est donner un peu de soi aux autres et au monde. C’est changer le monde. C’est donner vie. C’est libérer les autres et se libérer. Écrire est mon exutoire.

BL : Actuellement, le monde combat pour l’émancipation totale des femmes et l’importance de la femme dans la société n’est plus à prouver. Mais pensez-vous qu’un jour la parité pourra devenir une totale réalité ?

MAG : C’est vraiment complexe comme question. Je pense que la parité ne sera jamais une réalité. Non pas parce que je suis pessimiste mais parce que je suis bien réaliste. Car en en observant le comportement des femmes dans la Société, je me dis quelle ne sont pas prêtes. L’émancipation, personne n’en veut je crois

BL : Si vous devriez définir le féminisme aujourd’hui, que diriez-vous?

MAG : Je ne saurais définir une notion que je comprends de moins en moins. Le féminisme aujourd’hui, je ne sais pas ce que c’est.

BL : Quelle est votre opinion sur la littérature Béninoise ? Quels sont les mérites et surtout les manquements ?

MAG : S’il y a une chose que j’ai compris avec le temps, c’est que si tu veux avancer dans ce pays et faire quelque chose de ta vie, il y a des choses qu’il ne faut pas analyser au risque de ruiner sa santé inutilement. Actuellement, je n’ai aucune opinion sur la littérature béninoise. Si demain je change d’avis et décide d’opiner la dessus, je vous le ferai savoir. Promis Craché. Pour l’heure, Je me contente de faire ma part.

BL : Quel est votre avis sur la question de la baisse du niveau dans nos écoles et lycées ?

MAG : Il y a baisse de niveau dans tous les secteurs d’activités, baisse de niveau moral et autres valeurs. Il parait que c’est mondial. Je ne comprends pas les humains il y a baisse de niveau dans tous les secteurs et on s’étonne qu’’il y ait baisse de niveau dans nos écoles et lycées. Tout le monde écarquille les narines pour se demander ce qui se passe. Eh Ben, il se passe que tout va mal. Bref, Face à la baisse de niveau dans nos écoles et lycées, je dirai fatalement que la fin du monde approche.

BL : Les écrivains auraient-ils une responsabilité dans ce problème ?

MAG : Que pourraient-ils faire alors pour aider à la résolution du problème ? Que les écrivains fassent tout pour ne pas avoir bon dos dans cette histoire rocambolesque de baisse se niveau en servant de la bonne littéraire Aux enfants.

BL : Quels conseils donneriez-vous aux jeunes littéraires voulant suivre vos pas surtout aux jeunes filles ?

MAG : Je leur parlerai de l’Etre Suprême, de celui qui a crée toute chose sur cette terre. Moi je l’appelle DIEU. Qu’’ils mettent DIEU au devant de leur vie, qu’ils aient la crainte de DIEU car ils sont là, nombreux pour leur dire que pour faire carrière en littérature il faut s’avilir, se laisser humilier, exploiter, Jeter sa dignité par la fenêtre. C’est en étant à l’écoute du seigneur qu’ ‘ils pourront discerner si c’est leur voie ou pas. Discerner quoi écrire. A part ça, le reste se trouve dans les livres et dans les recherches. Ils doivent aussi beaucoup lire.

BL : Que vous inspire cette assertion de Simone de Beauvoir: « On ne naît pas femme, on le devient »?

MAG : De quel genre est-donc un être humain né doté d’un sexe féminin? Ça veut dire selon moi que c’est ce que nous faisons de notre vie qui détermine qui on est. L’audace ne sélectionne pas le sexe pour habiter un Corps. Rien d’ailleurs ne sélectionne le sexe pour habiter un corps. Et je reste convaincue que devant DIEU nous sommes égaux. Un être humain doté d’un sexe féminin est un Homme tout simplement. Homme avec grand H bien sûr.

BL : Quels sont les livres qui vous ont le plus marquée ou édifiée?

MAG :« Les Misérables » de Victor HUGO. « Le monde s’effondre » de Chinua ACHEBE, « Rouge est le sang des noirs » de Peter Abraham. « Rue case nègre » de Joseph ZOBEL. « Germinal » d’Emile Zola. « La secrétaire particulière «de Jean PLIYA. J’adore ces livres.

BL : Quels sont selon vous les défis que la jeunesse béninoise doit s’atteler à relever aujourd’hui? Retour aux valeurs.  Les défis sont énormes et il faut aide les jeunes à devenir les piliers du monde qui vient. Et ces défis ont pour nom amour du travail bien fait, respect et patriotisme.

BL : L’ »Affaire Mireille et jeux littéraires francophonie Abidjan 2017″. Que s’était-il réellement passé. Et comment l’avez-vous vécu ?

MAG : Il s’est passé que, ayant été sélectionnée dans la catégorie littérature pour représenter le Bénin aux jeux de la francophonie en Côte-d’Ivoire, je me suis retrouvée du jour au lendemain retirée de la liste. Avec Laide de gens biens, j’ai pu finalement effectuer le voyage dans des conditions que chacun sait. Je lai très mal vécu. Aujourd’hui encore j’ai du mal à en parler. Je fais un coucou a Eskil AGBO, Ramane ALEDJI et Eric AZANNEY.

BL : Nous allons nous intéresser à présent à votre portrait chinois si vous n’y trouvez aucun inconvénient. Vous répondrez en un seul mot ; et c’est parti. Si vous étiez :

Une lutte: justice

Un métal: fer

Un appareil électroménager: aspirateur.

Un moyen de déplacement: fusée

Un rayon de bibliothèque: romantique

Un rythme traditionnel africain: Gogohoun

Un personnage de roman: Jean Valjean

Un auteur classique: Victor Hugo.

BL : Vous avez sûrement des projets en cours…

MAG : Shuut !Il parait qu’au Bénin on ne parle pas de ses projets. Ils risquent de ne jamais voir le jour.

BL : Votre mot de fin.

MAG : Je remercie toute l’équipe de biscottes littéraires. Je dirai à tout le monde pour finir : mettez DIEU au cœur de votre vie. Il est grand, il même très grand. Merci seigneur.