Nous recevons pour vous Mme Joanita BOCOSSA. Elle est une éditrice béninoise, Directrice des Éditions Village Lettré.

BL : Bonjour Mme Joanita. Les lecteurs de Biscottes Littéraires seraient contents de savoir qui vous êtes ? Pouvez-vous vous présenter ?

JB : Bonjour à tout le monde. Moi c’est Joanita BOCOSSA, diplômée en Communication, en Gestion des VBGs et en Community Management. Je suis la Présidente de DODJI, une structure qui se bat pour le respect des droits des personnes vulnérables et je suis la Promotrice des Editions Village Lettré.

BL : Après vos premières années d’animation de la vie littéraire du Bénin entant que Diffuseur de Livres, vous décidez d’entrer dans le cercle restreint des Editeurs de Livres au travers de la création de votre maison d’éditions Village Lettré. Pourquoi ce choix ?

JB : J’ai fait ce choix parce que je voudrais désormais façonner les premières étapes de la vie des livres. Le Village Lettré était, justement, au départ une plateforme de diffusion de livres mais nous devenons progressivement une structure qui touchera tous les maillons de la chaîne du livre béninois.

BL :  Vous êtes à priori un personnage fin qui a du goût et qui recherche de façon perpétuelle la perfection des choses. Quelles sont peut-être vos autres qualités que nous ignorons et qui  seront suffisamment profitables pour les auteurs que vous publierez ?

JB :Je suis très pragmatique et j’aime faire les choses de façon consciencieuse pour qu’on n’ait pas à redire sur mon travail.

BL : Faites-nous un portrait-robot des auteurs qui ont des chances de se faire publier aux Editions Village Lettré.

JB :Il n’y a pas de profil-type d’auteurs qui se feront publier au Village Lettré. Le  plus important est que les impétrants nous proposent des manuscrits qui effleurent notre sensibilité et apportent un plus à la littérature béninoise.

BL :Le Benin connait déjà l’existence d’un certain nombre de maisons d’éditions qui font leurs preuves sur le terrain. Dites-nous, qu’est-ce qui distingue les Editions Village Lettré des autres maisons d’éditions béninoises ?

JB :Allez en profondeur de cette question reviendrait à livrer des informations, pour l’instant, internes au Village Lettré. Je tiens juste à faire comprendre qu’une structure comme le Village Lettré n’existe pas encore au Bénin. La maison d’éditions n’est qu’une unité de l’industrie livresque que nous comptons offrir à notre pays.

BL : Quels sont déjà les avis des premiers auteurs, avec qui vous collaborez, par rapport à votre manière personnelle de diriger les travaux d’éditions de livres ?

 JB : Pour un début, l’engouement des auteurs autour des Editions Village Lettré m’émeut personnellement. Nous avons eu des messages de félicitation et d’encouragement de différents auteurs expérimentés qui sont prêts à soutenir l’initiative. Aussi, avons-nous reçu déjà plusieurs manuscrits. Franchement, on ne s’y attendait pas.

BL : Pouvons-nous avoir une idée des projets de publication sur lesquels les Éditions Village Lettré travaillent actuellement ?

JB : Nous travaillons actuellement sur plusieurs projets de publication que nous préférons mettre en veilleuse pour le moment. Seulement, je voudrais vous souffler que l’imminente et la toute première publication des Editions Village Lettré révolutionnera la littérature béninoise. C’est une promesse.

BL :De nos jours, le mode de publication à compte d’éditeur est vraiment recherché par les auteurs. Que réservent les Éditions Village Lettré aux auteurs de son écurie à propos de ce besoin ?

JB : Aux Editions Village Lettré, la qualité du manuscrit est le passeport pour faire le voyage. Tout le reste n’est que de pures formalités.

BL :La distribution de livres reste et demeure le parent pauvre de la chaîne du livre au Bénin. Quelle solution envisagent les Éditions Village Lettré pour permettre aux auteurs de son label d’écouler massivement leurs livres ?

JB : Nous avons mis sur pieds plusieurs stratégies qui nous permettront de faire voir autrement la littérature béninoise aux auteurs en particulier et aux lecteurs en général. Au bilan de la première année d’existence des Editions Village Lettré, nous dégagerons aisément les preuves de la bonne fonctionnalité de notre plan de travail. A l’étape actuelle, il ne sert à rien de discourir.

BL :Le faible dynamisme des maisons d’Editions occasionne aujourd’hui la diminution de leurs activités et par ricochet la baisse de leur chiffre d’affaires. Que pensent faire les Éditions Village Lettré pour renverser la tendance ?

JB :La réussite d’une maison d’éditions est un défi qui demande une détermination acharnée. En travaillant de façon professionnelle et en faisant preuve de dynamisme et surtout d’audace, on y parvient toujours. Cela reste notre leitmotiv.

 BL : Êtes-vous membre de l’Association des Professionnels de l’Edition de Livres (APEL) du Bénin et quelle est aujourd’hui la qualité de vos relations avec les acteurs de la chaîne  du livre du Bénin ?

JB : J’avoue que je ne suis pas encore membre de l’APEL. Je prendrai le temps de connaitre cette association avant d’y adhérer. Néanmoins, il existe déjà une ambiance conviviale entre certains membres de l’APEL et moi. Je voudrais profiter de cette tribune pour les remercier très sincèrement pour cette chaleur dont ils m’entourent depuis un moment.

BL : Quelle image avez-vous de façon globale de la littérature béninoise ?

JB :Il reste beaucoup à faire pour que l’auteur béninois puisse vivre de son art.

BL :S’il vous était donné d’apporter une révolution à l’animation de la vie littéraire béninoise, que feriez-vous ?

JB :Il y a un travail immense à faire pour une meilleure diffusion des livres des auteurs béninois. Dès que ça va prendre à ce niveau, la distribution des livres va couler à flots. Comme on le dit souvent : « Il est rare de lire un auteur qu’on ne connaît pas ou dont on n’a jamais entendu parler ». Il faut donc impérativement faire connaitre, en amont, les auteurs pour susciter l’achat de leurs livres. C’est l’un des pans de la révolution de la littérature béninoise pour laquelle nous travaillons d’arrache-pied aux Editions Village Lettré.

BL : Quel livre d’auteurs béninois ou étrangers, rêvez-vous de rééditer pour le prestige des Éditions Village Lettré ?

JB : Par rapport aux auteurs béninois, ce sera un honneur pour nous de rééditer les livres : « Mo gbé, cri de mauvais augure » de Moudjib DJINADOU et « L’esprit du palmier » de Hugues LOKOSSA. Quant aux auteurs étrangers, je n’ai pas encore de préférence.

BL : Pour quel auteur béninois ou étranger pouvez-vous faire l’impossible pour publier ne serait-ce qu’un seul de ses livres ?

JB : Cet auteur est de la nouvelle génération et au regard du travail de qualité qu’il fait, ce serait un devoir patriotique que toute la communauté béninoise le suive et  l’aide à réussir sa carrière d’écrivain. Cet auteur, nous allons le/la révéler bientôt.

BL : Vous êtes par ailleurs un véritable activiste dans la promotion des droits des personnes vulnérables. Votre maison d’éditions n’aura-t-il  pas tendance à plus se consacrer à la publication des livres qui abordent cette thématique ?

JB : Non, pas du tout. Je ne vais pas faire ce caprice au Village Lettré et mieux, je n’ai pas le droit de véto sur la validation des manuscrits que nous devons publier. C’est tout une équipe qui prendra cette décision à chaque fois.

BL :Quels conseils pourriez-vous donner à une personne qui désire embrasser la carrière d’éditeur de livres ?

JB :Je lui dirai juste d’inscrire en lettres d’or au fronton de son bureau le message suivant à l’endroit de tous ceux qui voudraient publier un livre : ‘’Soyez juste vous dans vos écrits. Ecrivez votre âme’’.

BL :Pouvez-vous levez un coin de voile sur votre planning de vos jours de repos ?

JB : Joanita n’a pas de jours de repos si ce n’est quand elle est alitée et là encore…, la technologie fait des miracles si bien que même au lit on travaille.

BL :Votre mot de la fin.

JB : Je dirai en tant que béninoise qu’il est temps de permettre aux auteurs de ce pays de vivre de leur art. Et je ne finirai pas sans dire merci, un grand merci à tous ceux qui apportent un quelconque soutien au Village Lettré. Je voudrais remercier particulièrement Messieurs André GBENOU auteur de ‘’Achou, l’amour empoisonné’’ et Hugues LOKOSSA auteur de « L’esprit du palmier ».  Merci à tout le monde. Ensemble, nous allons donner au livre béninois une place de choix dans le concert des nations.

 

Propos recueillis par Chédrack DEGBE