La littérature féminine continue de s’écrire. Des voix de femmes continuent de se lever pour montrer la voie à suivre, pour emplir les déserts de leurs cris de détresse mais aussi de leur soif de liberté. L’on est donc pas surpris que Liberté et Féminité soient les maîtres mots qui gouvernent désormais les œstrogènes, des hormones féminines qui entraînent le développement et le maintien des caractères sexuels secondaires chez la femme. Ce sont aussi les mots qui résument l’ouvrage collectif Œstrogènes né de la créativité de huit poétesses du monde sous la coordination de Carmen Toudonou. Chaque auteure de ce livre avait à cœur une envie de découverte, de partage et d’expression de leurs émois, de leurs réflexions concernant le genre féminin. Toutes viennent du Togo, du Bénin, de la France et de la Suisse. Toutes, elles ont donné le ton avec entre autres « Heureuse et libre« , un poème d’Eliane Chegnimonhan qui est libellé comme suit en page 53:
« Qu’il est doux de sortir d’une histoire condamnée
Que les mystères ont engloutie dans un désert abandonné
D’une idylle sans issue
Inutile de faire le deuil
Se débarrasser d’une sangsue
Ne saurait être un acte d’orgueil… »
Ces lignes veulent rendre heureux et libre chaque être humain qui se délecte et se retrouve dans cet ouvrage. Paru aux Éditions Venus d’ébène en Mars 2021, ce recueil de poèmes de 100 pages de la collection Prométhée est un chemin vers la complémentarité qui existe entre chaque maillon de l’humanité, c’est un appel de générosité et un don de soi. La chaleur qui émane de chaque ligne est bien distillée par Judith-Bernice Adivignon qui écrit en page 71 « Ivresse »:
« Ton parfum mélangé à ton odeur de fauve m’éconduisent…
Et mon cœur se mit à galvauder ton corps…
Qui immense soudain,
Se fait petit de par la multiplicité des prémices.
Mes yeux pleurent d’étincelles fumantes de bonheur… »
Ici tout est bonheur, joie, tribulations féminines, engagement et espoir. La valeur littéraire de chaque poème est aussi une révolution de la technique d’écriture et de créativité. Ces poétesses usent de la prose et de la versification. Elles innovent et manient la langue française pour suggérer chaque idée contenue dans leurs textes. Le lecteur qui fait ce voyage traverse tous les âges, souffle puis se remet en route sans s’épuiser de tant de ressources mises à sa disposition. Des « jupes turquoises, pieds nus » au « discours sauvage » en passant par l’amour, on ne dira pas que Ella Bonin, Sophie Adonon, Angélique Leroy, Caroline Despont, Myrtille Akofa HAHO, Carmen Toudonou n’ont pas vaillamment accompagné les poèmes de celles citées ci-dessus pour produira ce travail qui donnera enfin de la matière à la postérité. Comme le disait si bien Carmen Toudonou dans l’avant-propos d’œstrogènes « Personne n’a été capable de citer une poétesse célèbre« . Il en existe aujourd’hui et s’étale sous vos yeux.
Myrtille Akofa HAHO