« L’instinct militaire, ça ne s’achète pas avec de l’argent comme le pouvoir politique » Page 30, Opération forêt des abeilles, Max Axel Bounda

Max Axel Bounda plante sa trame littéraire en pleine période post-électorale au Gabon. La fameuse année 2016 qui fut une année de crise socio-politique entre méfiance, heurts, opposition, emprisonnement, grèves. Mais c’est dans l’illustre forêt gabonaise que l’auteur amorcera la bombe de sa trame. Située dans la jungle équatoriale du Gabon, la forêt des abeilles, est réputée pour sa grande histoire mystique. On a entendu dire que quelqu’un a dit à quelqu’un d’autre que l’équilibre de la forêt des abeilles serait maintenu par des êtres extraordinaires et des forces secrètes. Un contexte socio-historique et une rumeur avec une grande dose d’imagination et nous avons 207 pages d’aventures à découvrir en 27 battements de cœur. Avec des phrases courtes, un vocabulaire riche en termes et expressions militaires et des scènes dignes d’investigation policière, d’espionnage, l’auteur met dans son récit tout ce qu’il faut pour une bonne sauce polar, un peu trop même.

Quatre hommes, un paquet, une mission et le Nkussu one. L’illustre hélicoptère de l’armée gabonaise s’élancent dans les airs pour une mission toute simple, ramener à la base un paquet confidentiel : une fameuse grosse boîte métallique. Mais au beau milieu d’une forêt, le Nkussu One arrête de fonctionner, l’hélicoptère perd de l’altitude et se pare pour un crash. Après un dernier appel au secours, les quatre occupants sautent et avec eux la grosse boîte métallique. A Libreville, à la base, l’alerte est lancée et une séance extraordinaire organisée. Les instances militaires se jaugent du regard, l’atmosphère est lourde. La fameuse grosse boite métallique à bord du Nkussu One, le F3B, est une arme de destruction massive, réglée pour exploser sur une surface de 50km2 si on y entre pas un code différent toutes les 72heures. Oh là là. Un véritable feuilleton roman à la 72heures chrono.

Une élite de super soldats est déchargée illico presto pour ramener le F3B. Longue, tortueuse, on essaie de suivre la trame de l’histoire mais on s’y perd comme nos soldats de la forêt. Veineux cet auteur. Axel Bounda, nous a écrit un vrai polar et surcroît fantastique. Il y sème un suspens à double nature, les esprits et les crimes. Au beau milieu de nulle part les soldats, livrés à eux même devront se battre pour s’en sortir et sans compter sur l’aide de la nature mystique de la forêt des abeilles, là où les plantes saignent, où la panthère a les yeux d’un homme, où le gardien de la forêt rôde pour punir les non-initiés, où tout un régiment disparait sans laisser de trace, où il faut sacrifier deux hommes pour en sauver cinq.

Et on voyage encore et encore, sans cesse. Les lieux se déroulent aux yeux du lecteur, apparaissent et disparaissent en une fraction de seconde. Dans une voiture à l’abri des regards, une enveloppe est remise. Son contenu, deux photos et une mission: éliminer les cerveaux à la tête de l’armée. Dès lors une véritable course à la montre s’enclenche. Meurtres, complots, courses poursuites, espionnages, enquêtes. Et le fil conducteur digne du fil d’Ariane se noue quand l’inspectrice, Axelle Marthe Koumba, apparaît dans la trame. Belle, talentueuse, ne manquant pas d’audace, elle nous ouvrira les portes d’une vraie course poursuite à la Jack Bauer féminine. L’auteur décrit avec minutie les armes utilisées, mais plus tragique, il donne la parole aux personnages au bord de l’agonie. Grrr ! La chair de poule. On s’en prend plein la gueule à bord de notre roman. Politique, Pouvoir, ambition, science, spiritualité, des thèmes uniques, pleins de sens et révélateurs y sont  développés. On y lit aussi un sujet sensible, que je m’en serais voulu de ne pas aborder: les soldats morts au combat, en mission pour le pays. « A quoi servent les médailles à titre posthume? À blaser les anges au Paradis? « 

L’on a envie d’arracher toutes les pages de ce livre de Max Axel Bounda et de les coller une à une sur un grand tableau, afin de suivre l’histoire à la loupe, et ce jusqu’à la fin.

Epilogue, d’accord, prologue ? « Opération forêt des abeilles » se pare d’un dernier bijou que j’aurais souhaité inexistant parce que selon moi sans cet épilogue, le roman aurait fièrement remporté la médaille du ‘’complexe polar à suspens réussit’’, mais hélas.

Existant en version ebook et en version papier, « Opération forêt des abeilles » de Max Axel Bounda est un roman à lire absolument. Mais il faut y aller avec son afin de prendre des notes, parce qu’un tel voyage littéraire risque d’être long, envoûtant et compliqué.  Alors à bientôt.

Annette Bonou

 

  1. Très belle critique. J’ai lu le roman en question et je l’ai critiqué sur ma page Facebook LECTEUR 2.0, mais je dois avouer que votre Chronique est vraiment exceptionnelle et donne envie de lire le roman en question