Si vous savez bien mentir, dire la vérité seulement quand votre intérêt est en jeu et manipuler les gens, ne cherchez plus loin ce que vous pourriez faire de votre vie : lancez-vous dans la politique car « c’est cela même la politique, un mélange de tout et tout : le mensonge. » Page 53. Cependant, si cela peut vous faire changer d’avis, sachez que vous ne ferez pas de la vraie politique qui est l’art de bien gouverner, mais vous vous plairez dans de la politique politicienne. Et c’est exactement les caractéristiques de ce second mode de politique très développée en Afrique que nous livre Sourou MISSENHOUN dans son ouvrage « Orages Politiques« . « Orages politiques » est un roman de 87 pages paru en 2017 chez CHRISTON Editions. Il est signé Ferdinand Sourou MISSENHOUN. Sur la première de couverture de ce livre, peuvent être identifiés un ciel sombre et une foudre aux éclairs tonitruants couvrant la belle Etoile rouge du Bénin même si l’auteur avertit à la cinquième page que le «pays » dont il parle n’existe nulle part. Structurée en cinq petites parties, l’histoire ne s’emmanche réellement qu’à la page 13 après un poème intitulé « A ma terre précieuse » suivi d’une parodie du célèbre poème « ce qu’ambitionne un maitre » transformé en « ce qu’ambitionne un président ». Le thème servant de fil conducteur à cet ouvrage est la politique ainsi que le titre l’annonce déjà. La déception amoureuse de Francine la conduisant à la prostitution et le malheur du jeune Djonoussè Mègni, devenu orphelin très jeune et malade mental plus tard, sont autant de situations qui ont meublé la trame. Ferdinand MISSENHOUN dépeint les situations politiques d’un pays coincé et immobilisé dans une impasse dont le chef fait accroître le nombre de ses adversaires et les mauvaises pratiques. Il parle de l’Afrique. « Cette Afrique-là, perpétuellement en proie aux troubles politiques. Cette Afrique qui ne se retrouve pas toujours depuis son indépendance » page 5.

 

 

Il s’agit de ce pays d’Afrique dont « la conférence nationale souveraine inauguratrice des marches vers la démocratie était vieille d’une quinzaine d’années » après « les deux règnes successifs de Makéya» dont « le peuple désirait le départ » pour mauvaise gestion, décennie de règne précédée par le quinquennat de Gloso. Quinze ans donc après la conférence nationale, le peuple voulait du nouveau, le changement. Le peuple voulait d’un homme capable de redresser le pays sur la voie de la démocratie, une démocratie enfouie sous les intérêts personnels et égoïstes des hommes politiques. Et dans tout le pays, c’est le nom de Djidédéou, un fils du pays, financier de la diaspora qui était chanté à cor et à cri partout. Un homme sans grande expérience politique. Révolutionnaire des tendances et des logiques politiques du pays, il gagna les élections présidentielles dès le premier tour avec soixante-quinze pour cent des suffrages exprimés. Au début de son règne, il s’attela à redonner espoir au peuple qui le soutenait vivement. Mais, n’oublions pas qu’il est humain. Il avait des inclinaisons et le virus du pouvoir à un moment prit le dessus sur l’envie de bien faire : place aux cachoteries, aux pratiques peu présidentielles, à la corruption qu’il voulait cependant combattre, au machiavélisme. Elu pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois, la fin du premier quinquennat de Djidédéou connut de véritables secousses. Certains événements commencèrent à troubler la quiétude et la paix des populations dans tout le pays. L’espoir et le bonheur retrouvés se sont transformés en un enchaînement d’intempéries: Nougbodji qui détenait des informations secrètes devant être livrées aux média et culpabilisant le président est porté disparu après sa visite au palais, des forces de l’ordre qui légalisent le désordre et volent même l’essence frelatée des vendeurs informels jusqu’au jour où certaines d’entre elles servirent de cobaye au peuple qui leur prouva sa souveraineté, des collaborateurs proches du président dont l’honorable Adankanlin qui à l’approche des législatives va profiter de la désillusion du peuple pour insulter et se rebeller contre le président qui, en faisant campagne pour son parti, proclame pourtant être celui qu’il faut voir pour avoir l’eau, l’électricité, les centres de santé, les infrastructures routières, les écoles, les micro crédits, seulement lui, tel un dieu de la République. Comment le peuple va-t-il s’y prendre avec lui ? Les opposants trouveront-ils gain de cause? Comment le peuple a-t-il pu prouver sa souveraineté aux forces initiatrices de désordre? Tant de questions qui trouvent leurs réponses dans l’ouvrage.

L’auteur a une belle expression et un style qui vous maintient à la lecture. Malgré certaines impertinences et quelques fautes qui ont échappé à l’édition, « Orages politiques« , longue nouvelle, reste un ouvrage qui vous offre une histoire peut-être déjà connue mais écrite tout autrement pour vous plaire. N’hésitez surtout pas, faites comme moi. Dévorer ces pages en un trait !

BACHOLA Amoni.