Nouvelle année, nouvelles résolutions. Je n’y échappe pas. J’ai décidé de lire des auteurs que je ne connaissais pas, bien sûr sans délaisser ceux que j’affectionne. Et c’est dans cette perspective que surfant sur les réseaux sociaux, je suis tombée sur des commentaires de lecteurs de Les oubliés du dimanche.
Un roman distillant savamment son suspense sans qu’on ne s’en rende compte. Un récit qui au début semble banal. À quelques reprises, j’ai voulu abandonner la lecture. Mais les commentaires encore présents à l’esprit, j’ai résisté à la tentation. Je dois également avouer que la patience n’étant guère mon fort, j’en ai fait une résolution cette année. Alors, je me suis pliée à l’exercice. Et puis, il n’y avait que sur la lenteur que j’en avais à redire. L’histoire écrite en toute simplicité offre une fluidité de style rendant la lecture très aisée, alors j’ai persisté.
À travers le personnage de Justine, Valérie Perrin nous entraîne dans le passé d’une résidente d’une maison de retraite, Hélène. Une histoire d’amour se déroulant pendant et après la deuxième guerre. On plonge dans la France des années quarante. Les évènements se déroulent dans un petit village de Saône-et-Loire. Scènes de vie quotidienne. Quelques petites intrigues ça et là, mais rien de bien méchant, sauf l’arrestation d’un juif et de son hôte. Leur unique tort, celui d’être humain. La scène fait mal. Elle bouleverse, comme tous les récits d’horreur où l’homme se transforme en loup pour son prochain. Génocide. Juif. Arménien. Rwandais. Etc. Esclavage. Des noirs. Des enfants. Moderne. Etc. On revisite sa propre humanité. Quelle horreur que la guerre ! Quel désastre que ses conséquences !
Mais je m’égare. Ah, c’est peut-être un des buts de l’auteur ! Si c’est le cas, elle ménage tout de même ses lecteurs et y va avec modération. Dans l’intrigue d’Hélène, elle intègre celle de Justine. Un peu comme pour souffler, sortir la tête de l’eau, s’aérer l’esprit. On est donc souvent ramené dans le présent, notre époque. Véritable décalage avec celle de la guerre. Autre temps, autres mœurs. Un drame familial qui en cache un autre. Ainsi, on vogue entre les deux mondes de Justine, celui de l’histoire d’amour de sa patiente et son propre univers à elle, qu’elle croit connaître mais qu’elle découvre plutôt au gré des événements. Le suspense est désormais présent, guère insolent, mais tout de même exaltant. Que va découvrir Justine en fouillant les mémoires du passé ? Un secret familial aux imbrications incroyables. On comprend tout finalement, comme dans tout roman à intrigue. Toutefois, Valérie Perrin réussit un tour de force, celui de nous laisser avec une question non élucidée, et ce, en toute bonne foi.
Ecrivaine béninoise vivant au Canada. Auteur de « Transformée«