Même si on ne le savait pas amoureux de Georges Brassens, en se plongeant dans « PV Salle 6″, l’on peut déjà flairer l’attrait irrésistible qu’exerce le musicien français sur l’écrivain béninois Habib Dakpogan. Que « PV Salle 6« , paru aux Éditions Star en 2013 à Cotonou, soit un plaidoyer en faveur des personnes vivant avec le VIH SIDA, l’œuvre demeure l’histoire tragique de Zaki. Dans un mélange de rires et de pleurs, de joie et de tristesse, Habib DAKPOGAN crée une histoire flippante où la mort et la vie se disputent l’espoir de guérison des patients rassemblés dans une salle commune où « le temps se compte en nuits. Ici le temps se compte à reculons. » Réunis dans la Salle 6 des personnes vivant avec le virus du SIDA, une salle où chaque seconde, chaque minutes, chaque heure et plus encore chaque jour qui se lève est une victoire sur la mort, Zaki et ses compagnons : Coffi, Policier, Lébra et Pasteur, racontent leurs vies pour tromper l’ennui et résister à la mort qui pouvait frapper à tout moment surtout que Soudé, le guérisseur traditionnel tant espéré n’avait pas encore fait son apparition. Alors, dans cette salle d’hôpital où il semble n’avoir plus rien à perdre et attendant un miracle qui ne viendra peut-être jamais, Zaki décide d’écrire son histoire et celle de ses amis d’infortune dont les destins étaient désormais liés par le VIH SIDA. Il le fait en 63 nuits : « Écrire, c’est pouvoir mourir en paix. Mourir seul, on meurt toujours seul. Toutes les personnes s’affrontent dans un combat solitaire. » Zaki raconte son amour pour Fao devenue Zoubé, sa mère qui s’est battue pour elle, la révolution, la mort de Tom, sa maladie, son espoir de se faire soigner par Soudé. Les cinq occupants de la Salle 6, des personnes malades du VIH SIDA, (chacun dans le style qui lui est propre), immortalisent dans le cahier de Nagazaki ce qui les a amenés dans cet hôpital. Mais au-delà de l’histoire racontée, c’est l’adresse de l’auteur à pouvoir faire cohabiter la souffrance morale et physique et l’humour le plus décapant. Il faut le dire, « PV Salle 6« , c’est aussi le livre du rire à vil prix. Que Habib DAKPOGAN se penche sur la situation des personnes vivant avec le VIH SIDA et qu’il fustige les agissements des autorités commises à la prise en charge de ces derniers. Il faut aussi remarquer que l’auteur met à nu les tensions entre la médecine moderne et la médecine traditionnelle africaine. Au même moment, il dézingue les écrivains trop gonflés. « PV Salle 6″ est une fresque vivante de notre société malade des bassesses de ses propres fils. « PV Salle 6« , c’est aussi le livre de l’amour. Ce livre est plein de rebondissements et de suspens. On ne peut le saisir qu’en le lisant. Mais il est interdit de s’en approcher sans son mouchoir. PV salle 6 est un roman qu’on lit et relit sans jamais s’en lasser.
Camelle ADONON