L’apparition du Coronavirus a mis le monde dans une situation critique. Des quatre coins du globe, s’élèvent moult interrogations. Chacun essaie de comprendre et d’expliquer le phénomène, sans vraiment y arriver. Sous la coordination de Adélaïde FASSINOU, vingt auteurs originaires de treize pays se joignent et écrivent « Regards croisés sur le coronavirus« , un ouvrage collectif de 253 pages, paru aux éditions Vénus d’ébène. Ces auteurs d’Afrique, d’Europe et du Québec y exposent leurs expériences personnelles de la covid19. Ils abordent dans cet ouvrage, dramatique, tragique, tantôt comique divers thèmes dont, le racisme, la marginalisation, le féminisme, les violences conjugales, les valeurs sociétales, le confinement, les gestes barrières, la morosité, l’Etat d’urgence, le deuil, les fausses informations, la peur, le coronabusiness …

I-« Réflexions d’une femme ghanéenne à l’ère de la pandémie« , par Dr Abena Asomaning ANTWI, Économiste de la santé, défenseure des droits de l’homme et analyste des politiques

L’auteure parle de l’ignorance des gestes barrières par les ghanéens ayant cru que la maladie n’infecterait que ceux qui voyagent à l’étranger et que les pauvres en sont exemptés. Les fausses nouvelles ont également amplifié la peur des citoyens. Les populations ont cru que la consommation des «  aliments tels que l’ail, le poivre et le gingembre consommés crus peuvent prévenir et guérir la maladie » Les mères étaient devenues des enseignantes à domicile suite à la fermeture des écoles et les enfants pauvres ne disposent pas des dispositifs appropriés pour suivre les cours en ligne. Comment donc la femme ghanéenne survivrait-elle en tant qu’enseignante à domicile, source de revenus et dispensatrice de soins à tous? Une question sans réponse .

II-« Une longue journée morose « , par Mamadou AMAT, Directeur de la communication de la commission électorale nationale autonome (CENA) du Sénégal depuis 2015

Soulèye le personnage principal de cette nouvelle se trouve dans une situation nouvelle. Son patron ayant confiné la quasi-totalité de son personnel, Soulèye télétravaille désormais sur des textes reçus par courriel de son patron Mr Faye. Assis un samedi matin au salon, il fut plongé dans ses questionnements, se demandant s’il a bien fait d’avoir acquitté totalement les frais de scolarité de ses quatre enfants dès l’inscription devant l’incertitude entourant le sort de l’année scolaire, puisque tous les établissements, églises, mosquées… avaient fermé.

III-« La covid19, diatribe sous l’arbre à palabres« , par Anna Baï DANGNIVO, Professeur certifié admise à la retraite

Covid-19 à la une des rencontres. Réunis sous l’arbre à palabres, jouant leur Awalé « jeu de Bonduc », les vieux discutent autour de la tragédie qu’a semée le virus dans les pays occidentaux et expriment leur foi en Dieu pour être épargnés. Ils estiment que « Ce truc bizarre aurait été fabriqué sur instruction des grands chefs blancs qui manquaient d’air pour respirer leur aise » .

IV-« Le monde va mal » par Armand M.ESSO », Ingénieur culturel, communicateur journaliste

L’auteur exprime sous forme d’un poème ce qu’il ressent en voyant le désastre de la Covid. Il espère que la vie reprendra son cours normal. Il adresse une prière de pénitence à Dieu pour qu’il prenne pitié de sa créature et  vienne purifier la terre.

V-. »Apocalypse now« 

D’après l’auteur, les rues donnent un aspect de fin du monde. « Vous n’osez plus répondre à un sourire ni avoir un échange avec vos voisins qui n’hésitent pas à appeler la police pour vous dénoncer » .La vie sociale a été réduite à la famille et aux écrans.

Vl- « Nous, témoins de Corona » par Dénis AVIMADJESSI, Fonctionnaire de la présidence de la République du Bénin à la retraite

Le coronavirus notre ennemi, celui qu’on a jamais vu, est ici accusé devant une juridiction. Covid-19 pour les scientifiques et Corona pour les populations, il est accusé d’être né et d’avoir un visage inconnu. Églises, mosquées et d’autres structures ont mis la clé sous le paillasson, bref le diable a réussi à fermer les endroits où on parle mal de lui. On entend Corona répondre avec arrogance : « Mesdames Mesdemoiselles et Messieurs les humains, les créatures de mon genre n’existeront plus quand vous finirez par savoir en réalité ce que vous voulez. Quand vous donnerez des limites éthiques à votre science et à votre progrès. Je n’en dis pas plus. Bandes d’hypocrites, vous n’avez encore rien vu! »

VII – « Ô, FLÉAU! QUI ES-TU ? MAIS QUI ES-TU DONC ?«  par Georgette DICKSON, Professeur de français et de littérature en lycée et collège

L’auteure, une enseignante, se trouve confinée. Toutes les écoles sont fermées. Abuja et Lagos sont aussi confinés, plusieurs personnes se plaignent parce qu’elles ne s’étaient pas préparées. Elles ont peur de la famine. Dans certains quartiers, des jeunes délinquants profitent de la nuit pour terroriser, semer la peur et l’insécurité. Heureusement d’autres jeunes ont formé des groupes d’autodéfense pour protéger leurs familles. La Covid-19 a permis de renouer les liens familiaux et a réuni enfants et parents. La technologie a également redoré son blason durant cette période, car l’on s’échangeait les informations, les mesures de prévention contre la maladie à travers les réseaux sociaux.

VIII- « LE CONFINEMENT ET LES ANGES » Hermas GBAGUIDI Metteur en scène

Partis au Cameroun pour réaliser un travail artistique le metteur en scène et son comédien sont bloqués par le confinement loin de leur pays sans savoir quand ils pourront rentrer chez eux. Comment gérer les coûts d’hébergement, de restauration et autres ? Il appelle le secours des anges qui écoutent sa prière. Une femme généreuse l’aide à payer son loyer et la nuitée d’un mois. Il rendit hommage à la Vierge Marie en publiant chaque jour dans sa story Facebook une photo d’une femme battante. Le Corona aura permis au metteur en scène d’expérimenter la solidarité africaine.

IX- « Covid19 et violence conjugale » par Isabelle OTCHOUMARE, Journaliste

Ayélé, une jeune coiffeuse, mère d’un enfant de deux ans est victime de violences conjugales. Elle est battue par Sèdjro son concubin, temporairement au chômage. Il est conducteur de taxi bus et toute circulation de taxi bus a été interdite pour limiter la propagation du coronavirus sur le territoire béninois. Sèdjro a souvent des sautes d’humeur et bat sa femme à bout de champ.

X- » Ma vie pendant l’épidémie » par Elysé DJELY

Un jeune étudiant en Allemagne est confiné. La bibliothèque universitaire est hermétiquement fermée et la circulation interdite. Les NTIC ont permis des cours en vidéo conférences avec la plateforme zoom, de la première année jusqu’au Master. Les doctorants ont reçu des instructions fermes et doivent régulièrement envoyer leur bout de travail à leur directeur de recherches. Les citadins ont déserté les lieux publics et des oiseaux ont amplement envahi les espaces urbains. Ce fut un plaisir d’entendre des chants d’oiseaux au lieu des bruits de circulation urbaine. Respirer un air purifié de la pollution habituelle.

XI- « CORONASOLILOQUES » par Adélaïde FASSINOU ALLAGBADA

Les réalités familiales en Afrique et en Occident ne sont pas identiques. En Afrique, la vie est fraternelle : « Autrefois parents comme enfants mangeaient sur des feuilles puis dans les vases en argile cuite, les parents pouvaient alors contrôler si les enfants ont bien mangé ou pas. » D’après Cette réalité continue toujours puisqu’elle l’a vécue lors de ses vacances au Sénégal. Mais les choses ont changé avec l’arrivée de la covid19.

XII-LES  MAQUISARDS CONFINÉS, par Jean DIVASSA NYAMA, Enseignant

La situation critique au plan mondial rend tout le monde craintif. Moussavou, sans travail depuis un mois, est fatigué de rester confiné. Il sort  pour boire et chercher les aliments de l’âme pouvant apaiser ses émotions parce qu’il avait des problèmes avec Eugénie sa femme et n’ayant plus vu son deuxième bureau à cause du confinement. Omballo, son ami, le conduit dans une buvette clandestine. Moussavou retrouve tous ses voisins dans une ambiance musicale. Il commande donc sa première bouteille et conte sa situation à l’une des femmes dans la buvette. Un brigadier de police vient les surprendre et les arrête pour viol du couvre feu.

VIII-« LE VIDE » par Lhys DEGLA

La vie flirte avec covid19 et la mort sans vergogne. Chez ceux qui vivaient seuls, étaient au rendez-vous la déprime, mal bouffe, l’ennui ou réorganisation du temps et des priorités. Covid19 considérée par certaines personnes comme un complot n’a pas été tendre envers « ses créateurs » qui en sont devenus victimes.

XIV-  » AU-DELÀ DU COVID19, UNE OPPORTUNITÉ POUR DE NOUVEAUX PARADIGMES  » par Dénise Sidoine NEBIE ZOMA

Les impacts du covid19 donnent un aspect de fin du monde. L’auteur nous raconte le cas particulier du Burkina Faso. Les Burkinabè, comme plusieurs africains, ont douté de son existence et minimisé sa virulence et sa survie sous le soleil brûlant et la chaleur étouffante de la terre des noirs. L’auteure, en tant que femme, mère de famille et responsable d’une organisation féministe, a mal dans sa peau et sent qu’il faut agir.

XV-« À PROPOS DU LIBERTICIDE CORONAVIRUS » par Dr.N’golo Aboudou SORO

Un jeune frère est en pleine conversation avec son aîné confiné. Covid19 lui a interdit toute sortie pour éviter qu’il ne soit contaminé ou qu’il contamine d’autres. Le frère aîné a coupé toute relation avec sa famille et son entourage. Il s’enferme dans sa chambre et se limite aux discussions sur réseaux sociaux. Celui-ci passe tout son temps dans sa chambre. Son jeune frère le convaincu qu’il s’agit de la distanciation physique et non sociale.

XVI-« Maman, raconte-moi une histoire… » par Prisca OGOUMA

L’auteure, une femme enceinte, prévoit raconter un conte à sa fille, si elle lui demandait un jour l’histoire de coronavirus en 2020. Une année qui parlera longtemps à l’humanité. Elle devait rentrer au Bénin auprès de sa mère.

XVII-  » Covid19 : LES ERRANCES DE L’INÉNARRABLE » par Sandra ELONG

Sélectionnée, l’auteur a le bonheur de faire partir des convives et voyager vers le pays de ses ambitions. Mais malheureusement, à la une des nouvelles pages de l’information, figure la montée en puissance du coronavirus en Afrique ! Le premier cas de la maladie confirmé au Bénin le 16 Mars 2020. Il s’agit d’un sujet burkinabè. Sur tous les réseaux sociaux, on crie coronavirus. « Sitôt né, sitôt gradé et déjà élevé au rang de sacré ? Qui a couronné sa tête ? Elle même ! En mettant tout le monde en accord sur l’urgence de la situation« . L’auteur se demande comment réussir à s’évader…

XVIII-« L’APPRENTISSAGE« , par Cécile AVOUGNLANKOU, Professeur de français

Depuis l’arrivée de covid19, l’auteure a des insomnies, frottant les coins et recoins de la maison. Un samedi de la deuxième semaine après le confinement, la vie à Porto-Novo s’est évanouie. C’était incroyable de voir Porto-Novo sans bruit. La covid19 a réuni le couple de l’auteur et a forcé son mari Vincent et elle à se regarder dans les yeux. Elle était inquiète en apprenant que la maladie était originaire de Chine car une grande partie de son business se fait avec les chinois de Cotonou.

XIX- « Covid-19 au Mali« , par Klessigué Abdoulaye SANOGO

L’auteur nous fait part de la situation de la covid19 au Mali. Le couvre-feu est instauré, ce qui a été bénéfique pour certaines femmes mariées. En effet, ces dernières pouvaient avoir leur époux noctambules près des leurs toute la nuit. Les mesures barrières ressenties comme des consignes anti-sociabilité ont suscité parfois l’angoisse.

XX-« CECI N’EST PAS DE LA LITTÉRATURE« , par Carmen Fifamè TOUDONOU

Carmen met l’accent sur le fait que sa nouvelle n’est pas une littérature. Un de ses proches est mort du coronavirus et enterré dans des conditions pas dignes de l’enterrement d’un être humain. Voir une personne aimée être inhumée dans des conditions qui blessent l’âme, n’est pas une expérience joyeuse.

Au terme de ce parcours, force est de constater que « Regards croisés sur le coronavirus » est un livre truculent et protéiforme. L’on en tire une multitude de leçons. Plus que jamais est nécessaire la prise de conscience de la valeur inestimable de la fraternité et  des valeurs  sociétales de l’Afrique. Un auteur parlé évoqué le racisme, affirmant que le coronavirus a relevé la poussée raciste et qu’on devait avoir plus peur du virus »Racisme » que du coronavirus puisque ce virus guette les noirs à chaque coin de rue. J’ai personnellement aimé qu’elle ait mit l’accent sur ce phénomène. C’est malheureux de voir que la covid19 a aussi soulevé les cas de violences faites aux femmes précisément le cas de Ayélé qui a été battue par son mari. De toute évidence, la face du monde a changé, avec ce virus. Mais le plus important sera de rester humains et soudés pour lutter contre l’ennemi.

Stella AMOUSSOU

  1. Riche et attrayante chronique. Je vois ce travail comme une invitation à embrasser cette œuvre littéraire apparemment musclée en vécus de grandes personnes à l’ère COVID-19 superviser par Adélaïde FASSINOU.. Félicitation à toi, Stella AMOUSSOU et bon parcours à toi dans le monde des livres