Nous connaissons tous Hugo, Ronsard en France, Shakespeare, Byron en Angleterre, Bukowski aux Etats-Unis, Senghor, Diop, U Tam’SI et Tati Loutard en Afrique, mais combien de noms de poétesses sont passées à la postérité ? Exprès en préparant ce projet, j’ai demandé à de nombreuses connaissances de me citer des poètes qu’ils connaissent. Evidemment, ils n’ont cité que des hommes. Je leur ai ensuite demandé de me citer une poétesse célèbre, une seule. Aucune de ces personnes n’en a été capable.
Pourtant, il existe tant de poétesses inspirées sur tous les continents. L’idée de ce projet est de fédérer les énergies de poétesses d’Afrique et d’Europe autour d’une anthologie, qui devra présenter comme un état de la poésie féminine contemporaine.
Le but ici est de présenter à un public varié de passionnés et de curieux, des poétesses des deux continents, de faire découvrir la sensibilité et l’inspiration des femmes quand elles décident de faire des poèmes.
Les œstrogènes sont des hormones féminines dont le rôle est d’induire le développement et le maintien des caractères sexuels secondaires chez la femme. Ce sont ces hormones qui permettent la croissance des seins, la pilosité pubienne, l’arrivée des règles et l’ovulation. Les trois œstrogènes naturels sont : l’œstradiol, l’estriol et l’estrone.
Les œstrogènes sont donc l’hormone féminine typique, et la testostérone, l’hormone masculine ; pourtant ces deux hormones sont présentes aussi bien chez l’homme que chez la femme. En gros, l’homme a un fort taux de testostérone dans le sang et un faible taux d’estrogènes, et c’est l’inverse chez la femme. Les œstrogènes sont donc les hormones qui font de nous des femmes .
Le titre du recueil reprend donc le nom de ces hormones, pour questionner la féminité, mais pas n’importe quelle féminité. Le dessein ici est de mettre en balance la féminité et la liberté, un peu comme l’évoque la citation de Rimbaud en épigramme. En effet, pour le poète, la femme que l’on peut appeler « poétesse », celle qui peut se prévaloir de ce titre, doit être avant tout libre, c’est-à-dire, vivre pour elle et par elle.
Les poèmes de l’anthologie questionnent cette problématique. Déjà, peut-on être femme et libre ? Existe-t-il vraiment des femmes libres ? Et si oui, quel est le prix à payer pour cette liberté ? La féminité et la liberté sont-elles antinomiques ? Les femmes peuvent-elles se prévaloir d’une certaine indépendance sans être taxées de tous les noms d’oiseaux ? Et d’ailleurs, qu’est-ce que être libre aujourd’hui ? Et qu’est-ce que être femme, qu’est-ce que ces deux réalités impliquent ?, etc.
À partir de ce point de réflexion, huit poétesses d’Europe et d’Afrique se disputent la muse pour enfanter ce recueil riche de rythmes et dont le souffle tout féminin ravira, je n’en doute pas, le palais poétique du lecteur sensible.

Carmen Fifamè TOUDONOU