Mon nom est Bécé. Je vis depuis quelques années à Gbato non loin du fleuve Tossissa. A ma naissance, la crue du fleuve a emporté mes frères et sœurs et je me suis réfugiée au sommet de la colline pour avoir la vie sauve. J’admire chaque matin les oiseaux migrateurs dans leurs courses périodiques, les mouettes paradant sur le fleuve et des tourterelles piaillant dans les arbres. Un tapis d’herbes vertes poussait à perte de vue derrière Osso la colline. Sur les plateaux de terrains, étaient cultivés des champs de maïs et d’haricot ainsi que du manioc et du taro. Le soleil avec sa forme oblong offrait force et vigueur pour la besogne quotidienne des paysans. J’observais souvent les femmes nubiles et joyeuses laver leur linge au bord du fleuve. Tout ceci illustrait mon quotidien et me rendait insouciant. Pour me nourrir, point besoin de me gêner. Les lieux humides, les flaques d’eaux boueuses et le bord du fleuve m’offraient ma pitance. Je suis une grenouille et mes mets sont faits d’insectes de tout genre. Le chant matinal d’un coq me rappela un fait dont la vérité n’est connue que de moi Bécé la grenouille et de quatre hommes du village.

 

Baba était le seul villageois à disposer d’un téléphone cellulaire . Il l’avait rapporté de la ville et prétendait à qui voulait le croire que c’était un petit homme vivant. Il disait aux femmes que ça le réveillait très tôt le matin. Il racontait aux vieux notables du village que son fils qui vivait en Lybie l’appelait régulièrement et qu’il n’avait plus besoin d’attendre Goudounon, l’instituteur de Gbato, pour écrire sa lettre et supporter avec impatience l’arrivée du bus hebdomadaire qui emporterait la lettre à la poste de la ville. Baba jubilait constamment dès que son joujou vibrait ou sonnait. Sa dernière fille, Badonan, curieuse comme une fouine, n’hésita pas à s’emparer du téléphone à l’heure de la sieste de son père. Baba ronflait d’un sommeil de pachyderme repu et se tournait lourdement sur sa couchette tandis que les mouches du midi tournoyaient autour de sa bouche entrouverte.

 

 

Le crépuscule tombait sur Gbato. La marmaille s’invitait sur la place publique. Place aux jeux jeux de tout genre dont raffolaient  ces enfants au ventre bedonnant et aux caleçons crasseux (cache-cache, saute-mouton, colin-maillard…). Des pilons tonnaient dans les mortiers pour annoncer le repas du soir. Fignonhou et Gbèvivi devisaient tranquillement sur leur journée terminée à côté d’un transistor acheté d’occasion chez Baba, le commerçant du village. L’horizon revêtait son manteau orange qui lui permettait le repos mérité de la nuit. Des ombres de retour des champs marchaient en cadence au loin pour rejoindre les concessions où se rassemblaient déjà les membres de chaque famille. Gbato respirait la tranquillité et la lune, tout doucement dessinait son quartier dans le ciel pour annoncer le voile opaque de la nuit.

 

Il était tard. Gbèvivi et sa famille avaient dîné et chacun se préparait à rejoindre sa couchette. Soudain, un cocorico fort et strident se fit entendre au loin. Tous les membres de la famille frissonnèrent. Le chant d’un coq était mauvais présage dans la tradition et l’on devait tuer le coq, porteur de mauvaise augure et répandre ses cendres dan chaque concession du village. Gbèvivi inquiet et furieux à la fois, noua vigoureusement son Ganlin à la taille et marcha sur la concession de son ami Fignonhou. Il ouvrit le portillon de la palissade et s’engagea directement dans le poulailler de ce dernier. N’ayant pas remarqué un coq parmi les poules, il se dirigea vers la porte et toqua : ….

 

 

Akofa M HAHO

  1. Houm! Que va-t-il se passer? Un coq qui chante la nuit, ce n’est vraiment pas bon signe. La suite svp!!!

  2. J’aime l’assiette de noms à nous proposée. Les choses ont un nom : Osso… Tossissa….