Djanglanmè : comme un air de Noël!

Djanglanmè : comme un air de Noël!

Le 25 Décembre n’est pas pour demain. C’était avant-hier, 16 Octobre 2021, à Djanglanmè, entre les murs du collège catholique. Tout y sentait la fête et le café… littéraire.

8h45 minutes, la foule des élèves de Sainte Thérèse attendait le Père…( Pas Noël) Destin Akpo. C’était le messie annoncé dont l’Avent était espéré par ces paires d’yeux curieux et ces gosiers, impatients que fût servi le café… littéraire.

9h pétantes, le Christ du jour arriva, flanqué d’une horde d’écrivains, 4 au total, trois à sa gauche et un à sa droite. Que ne furent-ils pas surpris de voir, non pas des gaillards et des intellectuels aux lunettes, mais des enfants alignés sur les premiers bancs et de jeunes pubères, qui se partageaient les dernières rangées ! Seules quelques têtes de personnes adultes dont toutes ne comprenaient pas forcément la langue de Molière vinrent donner un léger coup de vieux à l’assemblée. Qu’importe ? Le café se boirait quand même!

9h et poussières. La séance commença par le mot de bienvenue de l’amphitryon, le révérend Père Denis HOUNSA, curé de la paroisse. L’homme de Dieu accueillit, salua, introduit puis installa ses hôtes, dont l’écrivain invité à la bonne place.

La modératrice de l’événement, Myrtille HAHO, salua à son tour et laissa le crachoir au présentateur de l’ouvrage du jour. Le présentateur, déconcerté, cacha son long discours de présentation fait d’accrobaties langagières et d’envolées stylistiques.

La pile de papiers A4 noircie d’encre était bonne pour être rangée. Le moment ni la jeune assistance ne se prêtaient guère au verbe, dose adulte.

Timidement et cherchant presque les mots, Gilles GBETO troqua le soutenu de son mot de présentation contre le courant le plus léger, pour monnayer et distribuer sa compréhension et son analyse de “À toi qui t’en vas” La meilleure présentation n’était-elle pas aussi celle qui parvient à toucher toutes les couches et tous les niveaux?

L’assistance, pieusement l’écouta résumer la première nouvelle. Celle-ci relate l’histoire de la petite Awajijè et de l’instituteur Ouistiti dans “La blague qui ne fait pas rire”. Il enchaîna avec “Faut pas ça va dormir dans tes oreilles et mourir dedans”, récit du périple migratoire de Adama Traoré. Il évoqua “Polygame impuissant”, la troisième nouvelle dont le titre en fit murmurer plus d’un.

Petite pause-questions. Myrtille HAHO revint sur scène, pour jauger le degré d’attention et de compréhension des jeunes participants. Quelques timides, amenés à parler, bredouillèrent des réponses approximatives. D’autres, plus débridés, pour avoir lu quelques nouvelles du recueil, répondirent tant bien que mal aux questions posées par la modératrice et se reconnurent dans quelques personnages attachants et querelleurs.

Le témoin fut passé au présentateur qui décortiqua les quatre dernières nouvelles de “À toi qui t’en vas”. Place à nouveau aux questions, venant cette fois-ci du public. Certains voulurent savoir comment un polygame pouvait être impuissant, pourquoi l’auteur avait écrit le livre. D’autres quémandèrent l’aide de l’homme de Dieu et de Lettres pour comprendre un ou deux « gros » mots qu’il avait employés.

L’écrivain à l’honneur entra enfin dans l’arène. Il prit tout son temps pour répondre aux questions, même les moins pertinentes, glissant çà et là des recommandations et des conseils. On passa à la lecture de quelques extraits maladroitement lus. Sans méchanceté, Destin Akpo corrigeait l’affront fait à certains pans de sa creation en faisant répéter les mots saccagés.

Les élèves, entre deux pleurs d’une bambine capricieuse des rangées du devant, écoutèrent, acquiesçèrent, répondirent à leur tour aux questions de l’auteur puis applaudirent. Enfin, ils pouvaient s’autoriser à lire ou à continuer la lecture du recueil qu’une bonne partie de l’assistance feuilletait. Ils comprenaient mieux chaque nouvelle à la lumière des explications des uns et des autres.

11h et quelques grains. Les voix se turent et la séance fut close. Les élèves se dispersèrent, pressés d’aller casser la croûte, mais visiblement heureux d’étrenner leur premier livre ( en dehors des ouvrages au programme) et d’avoir siroté leur premier café littéraire. Leur journée était…fête.

Cette rencontre littéraire, reconnaissons-le, n’était pas des plus animées ni des plus interactives. On excusera la réserve et la timidité des jeunes participants, sans doute impressionnés et timorés de voir débarquer un écrivain, vivant, jeune et prêtre. Mais nul doute, elle n’aura pas été vaine. Il n’y avait qu’à voir le visage des uns et des autres pour lire leur joie d’être témoins d’un pareil événement. Et pour une rencontre littéraire, ce café littéraire aura rassemblé un monde comme on n’en voit que très peu autour d’initiatives autour du livre. En voilà donc de quoi s’enorgueillir et vibrer d’espoir, convaincu que le livre a encore de beaux jours devant chez nous.

Gilles Junior GBETO

1 comment

Un reportage à la René Bêwa,naguère sur Dimanche et Sport.
Une association de mots et d’expressions journalistiques d’ une fonction poétique avérée. L’ événement mérite ce décor paradisiaque, ce cocktail de message fait d’ images et de re- création du message littéraire. Et j’en bus à satiété.

Comments are closed.

×

Aimez notre page Facebook