Il trône une figurine en rouge sur fond jaune au recto du livre et uniquement le fond jaune sur le verso de la couverture noire du « pagne noir« , ouvrage dont il est question. L’image en rouge décrit aisément l’araignée Kacou Ananzé, personnage principal et protagoniste attitré de ce recueil de contes africains écrit par Bernard Binlin Dadié en Juillet 1953. C’est dire que l’œuvre a traversé des époques, bercé des adolescents dans leur quête du savoir. Ces 160 pages de contes continuent d’ailleurs d’accompagner les jeunes apprenants dans les lycées et collèges du Bénin à travers seize (16) contes élaborés avec humour, dynamisme et imagination dans l’univers invraisemblable de la narration. À la première de couverture, le nom de l’auteur trône en haut et plus bas après la figurine, il y a le titre du livre et de la maison d’édition, « Présence africaine ». On y précise en 3e page les différents ouvrages du même écrivain ainsi que la table des matières des seize contes en avant-dernière page. Le fond jaune en 4e de couverture abrite une note sur l’auteur et l’ISBN.
« Le pagne noir » est le deuxième conte du recueil qui donne son titre au livre. C’est l’histoire d’Aïwa, une très jolie petite orpheline de mère qui subissait la méchanceté de sa marâtre. Cette dernière mégère et acariâtre ne dormait que pour réfléchir à quelle punition infliger à Aïwa. Ainsi, son esprit ourdit d’ordonner à l’orpheline de laver un pagne noir jusqu’à ce qu’il devienne aussi blanc que le kaolin. Dans le « miroir de la disette » Kacou Ananzé se révèle comme un espiègle et un entêté qui n’a pas son pareil. Il a suffi qu’il se mire dans ce miroir interdit pour que la famine vînt à frapper toute la terre. L’écrivain dit de lui qu' » Il aime les situations difficiles, les obstacles qui accroissent ses facultés, décuplent son intelligence, fouettent son ingéniosité, Kacou Ananzé! » (page 8). Rien ne l’arrêtait dans ses élans de curiosité. Même dans « La bosse de l’araignée » où il incarnait un personnage très beau et sans imperfections -il disait de lui-même même dans ce conte : « En ce temps-là, j’étais un beau gars. Il n’y avait pas mon pareil dans le -monde. Ni chez les hommes, ni chez les animaux. Nulle part, l’on ne trouvait un être aussi beau, aussi charmant que moi... »- il avait trouvé l’audace d’aller exécuter la danse dédiée exclusivement aux nains et de coucher avec les femmes d’autrui. Dans le conte « La dot » toutes ses espiègleries ne l’ont pourtant pas aidé à trouver le bodoâh de mouche qui lui aurait permis d’épouser la fille aînée de dieu. Dans « La cruche« , Koffi maltraité par sa belle mère, pour avoir cassé une cruche est sonné d’en chercher une autre. Les génies l’aident et le rendent riche. Jalouse, la belle-mère demande aussi à ses enfants d’y aller: malheureusement, ils se feront punir. « L’enfant terrible » met en scène un enfant qui bat tous les animaux, sauf la tortue qui réussit l’épreuve en étant plus rusée, tout comme dans « L’Araignée et la tortue« , cette dernière l’emporte sur l’araignée, parce que la plus intelligente
Mais si dans « Le bœuf de l’araignée » il est puni pour avoir abattu un fromager sacré, Ananzé (battu en danse par son ami) révèle sa jalousie morbide dans « Les funérailles de la mère Iguane« . Si avec le conte étiologique « Le groin du porc« , nous savons désormais pourquoi le porc a le groin que nous lui connaissons aujourd’hui, « La vache de Dieu » explique pourquoi l’hyène a l’allure qui est la sienne aujourd’hui.
Avec « Le chasseur et le boa, nous voyons un pauvre qui vouant devenir riche, devra choisir entre la pauvreté et la vie, la richesse et la mort. Dans le conte « Les parents de la chauve souris« , celle-ci, à cause de sa soif de posséder, n’eut aucun ami à sa dernière heure. Pareillement, à cause de sa gourmandise et son avarice, Ananzé perd la vie (Cf. Le champ d’ignames« , tout comme dans « L’Araignée et son fils » il est abandonné par son fils, un monstre habillé, qui l’abandonne au moment où il avait besoin de lui. « L’homme qui voulait être roi » quant à lui comprend qu’il n’est pas facile de rendre justice quand on est sur le trône.
Le temps pour conter tant d’histoires et d’épopées, est le présent et l’imparfait de l’indicatif. Le présent rend alerte et précis le récit. L’imparfait et le passé simple de narration campent le lecteur dans le temps et l’espace.
« Le pagne noir » édifie et fait voyager chaque lecteur dans l’imaginaire invraisemblable de l’Afrique. Facile à lire, il offre une matière à étude aux plus jeunes et un outil de réflexion et de sagesse pour tout être qui le lit.
« Le pagne noir« , c’est un livre bon, rappelez-vous seulement Kakou Anazè, et déguste-le sans modération!
Myrtille Akofa
Ce sont des contes qui ont bercé mon enfance…
Tu as de la chance, toi, Claude
Excellente chronique qui me donne envie de relire ce fantastique livre. Je me souviens comme si c’était avant-hier de Kacou Ananzé ! C’est heureux que le livre soit toujours au programme scolaire. J’espère que nos jeunes frères et sœurs en apprécient la richesse .
C’est une grâce que d’avoir la nostalgie de Kakou Anazè. Puissent nos jeunes frères le lire pour en apprécier la richesse, comme vous le dites, Désy Ray
Merci pour la chronique. Après la lecture, j’ai bien envie de reprendre le livre et de dévorer avec plaisir les espiègleries de Kakou Anazè et la ruse de la torture..
Nous ne nous en offusquons pas, cher Comlan Midodji