Je voulais travailler pour oublier un peu ma douleur. Sans rien dire à mon mari, je cherchai du travail. J’eus un poste à la préfecture. Je devrai commencer le mois suivant. J’entrepris un soir de lui en parler. Je repris un peu confiance. Je fis revenir l’ambiance de l’aurore de notre vie commune. Nous rîmes ensemble. Les promenades reprirent. Les weekends étaient chargés : plage, restaurant, boîte de nuit, spectacles. Un soir, je lui fis un bon diner et mis un peu de couleurs sur mon visage souvent triste. A son retour, l’accueil était à la hauteur de la nouvelle à annoncer : grande et chaleureuse. Une douce musique qu’il aimait écouter les soirs et le parfum qu’il m’avait offert le week-end dernier pour me voir sourire un peu. Il flaira une nouveauté et dit :
-Hum ! tu serais donc prête pour un nouveau bébé ?
Je me tus un moment puis lui fit sa bise ordinaire. Il enchaîna :
-Ok. Nous fêtons quoi ?
– Dinons d’abord, Sètché. Je te dirai ensuite.
Je gardai ce sourire enjôleur et ce regard câlin qu’il aimait tant, juste pour maintenir son attention uniquement sur moi. Je savais qu’à ce moment-là il ne me refuserait rien. Nous finîmes de diner et je m’installai sur le canapé tout près de lui. Je me lovai dans ses bras. Les informations passaient ; et lui qui habituellement était très attentionné au journal télévisé, ne cessait de me regarder. Il était impatient de savoir. Je lui dis tout doucement, en tenant sa main, mon visage tourné vers le sien à présent :
-Sètché, je voudrais tellement que tu acceptes ce que j’ai à te dire
-Mais, dis-moi, chérie. Dis-moi ce qui te ferait plaisir. Il faudrait que tu recommences à vivre, que tu redeviennes heureuse comme avant.
J’eus un grand sourire. Ça s’annonçait bien. Il sourit aussi, et me fit une bise au front. Je la lui rendis.
– J’ai trouvé, chéri, de quoi renouer avec la vie, la bonne humeur.
Il était tout heureux de m’entendre. Avant qu’il ne se prononce, j’enchainai :
– Je sais que ma peine, ces derniers jours, a rejailli sur l’ambiance de la vie commune. Le fait d’avoir trop ruminé le décès de notre fils, m’a rendue invivable ; je le reconnais et je te rassure que je vais y remédier bientôt.
– Je savais que tu reviendrais à de meilleurs sentiments, et que tu te trouveras de nouvelles raisons pour vivre. La vie ne nous attend pas, tu sais.
– Oui, tu as raison.
– Et quand on ne saisit pas chance à temps, on ne finit jamais de le regretter.
– Exactement ! Et c’est ce que j’ai fait !
– A bon ?
– Oui ! Quand on a un compagnon comme Setché, on ne peut se laisser aller aux caprices du vent. Tu m’as appris que la vie est une occasion qu’il faut happer et que tant qu’on ne se bat pas pour ce qu’on aime faire le plus, on devient vite une épave.
– A la bonne heure, vive l’amour de ma vie. Qu’est-ce que tu me rends fier de toi! Tu es la meilleure. Tu sais quand me rendre joyeux.
– Toi aussi, surtout quand tu es si compréhensif et prévenant.
– Qu’est-ce qu’on peut te refuser, toi ?
– C’est pourquoi je suis heureuse de te dire que…
Je sentis son cœur battre plus fort. Il haletait presque ; mais fit l’effort de dominer son impatience.
– Tu sais, chéri, je suis….
– Mais, parle à la fin, et cesse de me torturer.
Il éclata de rire. Je l’accompagnai. Son cœur battait plus fort que jamais. Son cœur semblait plus chaud à présent, et son étreinte plus franche. Un nœud sembla se former au travers de sa gorge.
– Je suis…
– Enceinte? Youpii
Nous nous esclaffâmes de nouveau.
– Chéri, dis-je calmement, j’ai trouvé un boulot.
– Comment ?
Il dénoua son étreinte, me détacha de lui avec empressement, et plongea dans le mien, son regard gros de questionnements.
-Oui Sètché, j’ai été recrutée par la préfecture. Je commence le mois prochain. Je me suis dit que tu serais content pour moi. D’ailleurs, tu m’as toujours soutenue dans mes choix. Travailler, me changera les idées, et je pourrai enfin exercer ce que j’ai appris.
Il se renfrogna. Je ne comprenais rien et écarquillai de grands yeux. Il dit alors :
-Tu devrais m’en parler d’abord. Là tu as pris ta décision et tu fais tout un cinéma pour me mettre devant le fait accompli.
Je lui expliquai que je voudrais lui faire une surprise et qu’il devrait être content pour moi comme à son habitude.
La nuit s’arrêtait ainsi. C’était noir dans mon cœur. Il ne m’adressa plus la parole….
… A suivre.
AKOFA Myrtille.
Beau récit, compréhensif et intéressant. Mais je trouve que le thème autour duquel s’articule le récit est contraire à ce qui passe de nos jours…..en vouloir à sa femme parce qu’elle a trouvé un boulot.
certes Baptista .cependant ce récit ce veut être un regard rétrospectif sur les faits . Encore que le phénomène fustigé par Myrtille est fait encore des victimes en sourdine .c’est à cette minorité que ce message est adressé .nous verrons bien ce qui arrivera dans la suite .
Je crois, Baptista ADJAHLIN, que votre remarque est judicieuse, mais comme nous le savons, il y a encore sur la terre des hommes qui ne supportent pas que leurs épouses travaillent. Il estiment qu’en travaillant, elle ne gagne beaucoup d’argent et finissent par se montrer insoumises.
cool
ON attend le lendemain. Merci pour cette séquence.