« Les frasques d’Ébinto » est un roman écrit par l’écrivain ivoirien Amadou Koné à l’âge de dix-huit ans… Ébinto est un jeune brillant élève au Collège Moderne de Grand-Bassam. Il est confiant en son avenir. Mais c’est l’adolescence, l’âge de la découverte de l’amour, de la passion. La fille de son tuteur est éperdument amoureuse de lui mais Ébinto ne la considère que comme une bonne amie, une sœur. « Je suis sincère avec toi, Monique. Je ne peux pas me permettre de te mentir puisque tu es ma petite sœur »… Mais évidemment Monique ne l’entendait pas de cette oreille. Il faut dire que notre héros est plutôt amoureux de Muriel, fille de parents aisés. Après maintes hésitations, il aborde cette Muriel et tisse avec elle les bases d’une relation sentimentale. À partir de ce moment, Monique sera complètement oubliée dans le cœur d’Ébinto. Muriel voulait juste qu’ils soient amis alors que notre héros en était amoureux ! « Elle voulait qu’elle et moi nous nous en tenions à l’amitié. Mais moi je l’aimais d’amour et j’en souffrais ». Une nuit, l’inévitable arriva. Monique et Ébinto ont un rapport sexuel. « Nuit silencieuse, nuit du péché, je ne pourrai jamais t’oublier, ni oublier le plaisir que tu m’as procuré, ni les souffrances qui en ont résulté. » Le plaisir sera en effet passager. Cette nuit, le destin de cet homme promis à un bel avenir s’effondre. Il ne sera plus jamais le même. Muriel qui commençait à accepter ses avances doit aller poursuivre ses études en France: Désolation. Mais ce sera en fait le cadet des soucis d’Ébinto. De la nuit passée avec Monique, une grossesse survint. Monique est renvoyée de la maison par son père. Ébinto est obligé d’abandonner ses études et de trouver un travail afin de prendre ses responsabilités. Il épouse Monique, malgré lui. Il la voit alors comme celle qui a tout fait pour briser ses rêves. « J’en ai après ma femme. Elle a détruit mes rêves. (…) Une chose est certaine, je n’aime pas cette fille, je ne peux donc pas vivre avec elle. Elle devra partir. Comment m’y prendre ? Je ne sais pas encore mais son père regrettera de m’avoir forcé à épousé sa fille et à gâcher ma vie. » Le ton est donné ! La vie conjugale de ce couple est un enfer. Ébinto ne manquait aucune occasion de faire du mal à sa femme, de la punir en quelque sorte. Malgré tout, la douce Monique supportait tout. Par amour. (Infidélité conjugale, insultes ; coups, humiliations… Voilà son quotidien. En lisant le livre, vous aurez pitié de cette pauvre femme obligée de vivre avec un homme qui la maltraite et l’accuse d’être la cause de tous ses malheurs. Vous en voudrez surtout à Ébinto tant il en a trop fait. Tenez par exemple, son indifférence, quand leur bébé décède à l’accouchement. On aurait attendu de lui quelques paroles de consolation pour sa femme. Mais non. « Mon Ébin, je veux voir notre enfant. Il te ressemble, n’est-ce pas ?
Tu ne le verras jamais Monique. Il est mort. »
Après maints torts causés à sa femme, Ébinto se réveille enfin. Il se rend compte de ses erreurs et décide de changer. Mais Monique aussi a changé. Elle a longtemps été marquée négativement. Ses sourires n’ont plus la même vivacité. Son visage n’a plus le même éclat. Elle est dépressive. Mais tant bien que mal, le couple commence une vie normale. Mais la joie retrouvée d’Ébinto sera très brève. Alors qu’ils se rendent par bateau chez la mère d’Ébinto Monique est précipitée dans la lagune par les bourrasques… Les efforts d’Ébinto pour la sauver seront vains… Pour Ébinto, c’est le temps des regrets et du remords. Il doit aussi faire face à l’incompréhension des siens. « J’aimais beaucoup ma femme dira-t-il à sa mère. Mais personne ne peut me comprendre ». Ce roman montre à quel point de petits détails peuvent changer le cours d’une vie. Il ne s’agit pas seulement des aventures d’un jeune homme doux que des évènements de la vie ont transformé en bourreau. Il montre aussi qu’il peut être très difficile d’assumer les conséquences de ses décisions. Une histoire d’amour pas comme les autres, qui intéressera les adolescents, les jeunes mais aussi les adultes en couple. Le récit est raconté à la première personne du singulier. C’est donc Ébinto qui raconte son expérience. Il le fait dans un très beau style à la hauteur du brillant élève qu’il fut. Bref un livre qui se laisse lire. Un récit émouvant, révoltant et plein d’enseignements. À lire et surtout à relire. Une citation :« On ne découvre dans son cœur l’importance d’une personne que quand on l’a perdue ».
Alexis AKPO