Toute vie a une histoire et toute histoire est une vie. L’être humain est une fibre tissée le long de son chemin par des faits sans nombre qui constituent son passé, sa vie antérieure. Devant parfois l’infinie itération des aspérités de la vie, certains s’offrent le choix d’ouvrir les volets intérieurs, de laisser l’air leur pénétrer les poumons en s’épanchant. Ils aiment prêter au miroir toute leur vie, afin que le reflet inspire ou instruise d’autres. C’est sur ce sentier que secoue ses pas Mariette Mendes à travers son livre.
‘’De la compassion à la passion’’ est un livre autobiographique de l’Ivoirienne Amani Mariette Mendes et paru aux éditions ‘’EdiLivre’’ en 2019. L’auteure met en exergue l’histoire d’une jeune fille que la lecture a guérie de la dépression. Ce peut paraitre surprenant, mais à travers l’héroïne, l’auteure nourrit une estime laudative pour la lecture qui arbore ici un onguent thérapeutique. Une simple lecture qui sort quelqu’un d’un ‘’burn out’’ ? En tout cas, avec son baccalauréat à 17 ans, l’héroïne devrait affronter les dures réalités de la vie universitaire. Et pour une adolescente de son âge, et n’ayant pas une main salvatrice assez forte derrière, c’était éprouvant de survivre dans la capitale en tant qu’étudiante, car il « fallait faire face à la prostitution, aux mauvaises fréquentations, à l’envie et à certains vices tels que la drogue et l’alcool »p.18. Elle avait l’essentiel pour réussir ses études, l’intelligence, et était animée d’une ardeur folle d’atteindre ses objectifs, mais les conditions sociales et financières trahissaient sa force et sa confiance. Ce fut ainsi qu’elle arrêta ses cours et se mit « à fréquenter les hommes qui » lui « faisaient la cour ». L’idée derrière un tel acte était de « noyer » ses « soucis, mais au bout du compte aussi, pour avoir des sous pour subvenir à » ses « besoins »p.18. L’auteure ainsi met une lumière sur les moyens obscurs que sont astreintes parfois les jeunes étudiantes d’usiter pour satisfaire leur quotidien. Mais elle n’en reste par seulement là. Après avoir obtenu malgré les conditions son diplôme d’ingénieur en markéting, -l’héroïne-il lui fallait trouver un emploi. Elle accepta un stage non rémunéré et juste pour tuer l’ennui, elle demanda un renouvellement à la fin. Sa demande n’eût « pas de suite favorable »p.23, et quand elle approcha les responsables pour mieux comprendre, on lui expliqua que son « nom posait problème ». Eh oui ! « Chacun privilégiait les ressortissants de sa région et je ne faisais pas partie du groupe qui avait la direction de cette entreprise. C’était dommage pour moi »p.23. L’auteure sabre ces comportements népotiques qui tuent les talents des méritants au profit des connaissances ou du ‘’lien du sang’’. Mais le livre devient plus intéressant quand l’héroïne découvrit ce qu’elle avait en elle comme talent et décida de l’exploiter. « Je me mis au crochet d’art…une activité qui m’éloignait des pensées négatives et surtout qui me redonnait de l’espoir ». Abandonnant ce pourquoi elle était formée à l’université, elle se tourna vers l’entreprenariat qui lui permit de vendre et son nom et ses œuvres à l’international. Au fond, la pensée de Mariette affirme l’urgence de la jeunesse africaine à se tourner vers l’entreprenariat. A bien analyser le parcours de l’héroïne, on peut se targuer d’avouer que de nos jours, le diplôme importe peu. Le système Shakespearien est mis sur la sellette. ‘’What do you know how to do ?’’ Oui ‘’Qu’est-ce que tu sais faire ?’’. Et non plus trop chercher à soulever les pas derrière les papiers, car même après le travail, le bureaucrate se tourne vers le pain et non le papier. Elle sollicite donc les jeunes à avoir plus d’un tour dans leur sac. C’est un livre osé vu les thématiques abordées. Le style est exempt de tout gongorisme et donne facilement matière à compréhension. L’auteure a su rendre l’intrigue vivante par le biais des obstacles qui se dressent à la fin de chaque chapitre. Ce qui incite le lecteur à vite tourner la page suivante pour découvrir le fond du suspense. Tout comme dans un conte de fée, où souvent l’héroïne voit son cœur se faire voler à la fin par un prince charmant, l’héroïne de ce livre connaitra le même sort. Mais laissera-t-elle facilement son cœur suivre le cours de ses désirs ? Encore qu’il s’agit d’une rencontre via les réseaux sociaux ? C’est un livre que je recommande, car il force la réflexion individuelle et pousse à l’option de nouveaux paradigmes pour mieux réussir et atteindre ses objectifs. ‘’De la compassion à la passion’’, c’est l’image de notre société africaine et un essaim de moyens pour l’autonomie –surtout financière- de notre jeunesse. Oui ! « Tout est possible pour celui qui croit et n’abandonne pas »p.40
Ricardo AKPO