« Né un mardi » de Elnathan John : Un roman gigantesque de description

« Né un mardi » de Elnathan John : Un roman gigantesque de description

« Né un mardi » est un roman écrit par le nigérian Elnathan John et a reçu le prix des Afriques en 2019.

C’est l’histoire de Dantala Hamad, Dantala qui signifie « né un mardi » en langue Haoussa. Très tôt, dans son enfance, il fût envoyé par son père à l’école coranique. Il y vécut pendant des années loin des siens. Le temps aidant, il devint enfant de rue et fût enrôlé pour commettre des barbaries au nom de la politique des adultes. À travers les lignes de cette œuvre, Dantala se raconte avec la narration du « je ». Il connaît à peine son âge, erre ça et là et perd en cours de route son protecteur Banda. Il vint alors se réfugier dans une mosquée où il devint le protégé du Malam Sheikh. Il n’avait de repère que la religion et dût apprendre l’anglais sur le tas avec Jibril un autre jeune adulte qui vivait avec lui dans les murs de la mosquée. Dantala décrit dans ce roman les exactions commises par le pouvoir central ou les forces religieuses au non du bien-être du peuple. Il se pose beaucoup de questions quant à l’existence et la mission de chacun sur terre. Dantala est comme un maillon solitaire et anonyme d’une longue chaîne d’injustices sur terre. Quand il décide de rejoindre sa mère à Dogon Ecce, une contrée oubliée par les dirigeants, sa mère était déjà sénile, vivait à peine, refusait de se nourrir et ne le reconnaissait pas. La providence lui avait enlevé ses enfants, certains comme Dantala parti loin pendant des années et d’autres emportés par les déluges de pluie torrentielle. Umma la mère de Dantala mourut ainsi comme beaucoup d’autres qui ne demandaient qu’à vivre…

Même les sentiments d’amour étaient étrangers à Dantala, on ne lui avait jamais parlé de femme et lorsqu’il devait s’en approcher, il ne savait pas comment s’y prendre. Là encore, ce sont les petites maisons closes qui vont l’aider mais il va vite y renoncer. La guérilla religieuse étant omni-présente, à la mort de son bienfaiteur Malam Sheikh, assassiné, il fut emprisonné pendant des mois pour enfin en sortir transformé. On l’appelait Black Spirit dans sa prison car il refusait de mourir ou (peut-être) la mort le rejetait. À sa sortie de prison, seul et perdu, il décide de raconter son histoire avec son âme d’enfant qui ne l’a jamais quitté. Son amour secret Aisha s’étant déjà mariée.

La particularité de ce roman réside dans le récit de faits graves, de délits et d’attentats religieux dans un ton innocent et dénué de tout jugement. La lectrice que je suis pense que ce roman est de la trempe des simples romans qui font les meilleurs quoique la fin m’ait laissée perplexe. Comme si le narrateur, las de raconter sa vie si « moche » veut enfin s’en débarrasser. C’est la nature de l’être humain d’entamer un projet avec entrain et de vouloir vers la fin autre chose carrément. Le profil psychologique de Dantala me fait penser qu’il cherche toujours sa voie en ce bas-monde où rien n’est acquis. Je recommande vivement la lecture de ce roman. Il est gigantesque de description.

Myrtille A. HAHO

 

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