Bonjour les amis. Nous recevons pour vous aujourd’hui, une jeune écrivaine française. Allons à sa rencontre: » Je crois qu’il est aussi surtout urgent d’éduquer nos enfants différemment. Nos garçons comme nos filles. Apprendre aux uns et aux autres que l’un n’est pas supérieur à l’autre… Nos garçons doivent apprendre et comprendre que les tâches ménagères incombent à tous ceux et celles qui salissent la maison ! « , Christine DIAZ.
BL : Bonjour Madame. Nous sommes heureux de vous recevoir sur notre blog. Nos lecteurs sont curieux de vous connaître. Vous voudrez bien vous présenter, s’il vous plait !
CD : Bonjour à vous les Biscottes Littéraires ! Je vous remercie pour votre accueil. Je m’appelle Christine Diaz, j’ai 54 ans et 2 enfants. Je suis française. Il y a 2 ans je me suis installée en Bretagne, non loin de Nantes. J’en ai profité pour organiser ma vie professionnelle autrement afin d’avoir du temps pour ma passion : l’écriture.
BL : Nous vous recevons sous votre manteau de femme de lettres. Pourriez-vous nous dire le socle de votre passion pour les lettres ?
CD : Je suis une modeste et discrète écrivaine. J’ai toujours aimé lire et écrire. J’aime faire le geste d’écrire, de coucher sur du papier, des belles lettres avec un beau stylo, de préférence un stylo plume ! Je me suis orientée vers des études littéraires avec une licence en langue, littérature et civilisation étrangère, en grec moderne. Ma préférence pour cette matière qu’est l’histoire m’a amenée à lire des romans historiques et autres d’auteurs grecs mais aussi européens. Aujourd’hui par curiosité je me tourne vers une littérature d’auteurs russes ou russophones, coréens, japonais et surtout chinois. J’espère à travers votre blog découvrir aussi des auteurs et autrices béninois.
BL : Vous écrivez depuis l’âge de 6ans. Cette passion précoce pour l’écriture serait-elle due à l’environnement ? Ou au cercle familial qui mettait à votre disposition tous les rudiments littéraires possibles ?
CD : Mon père n’est pas un grand lecteur, par contre ma mère lisait des romans. Je les avais donc à ma disposition. J’ai surtout eu des institutrices et par la suite des professeurs de français qui aimaient leur matière et savaient l’enseigner avec beaucoup d’intérêt. Dès l’enfance j’ai été sensible aux mots, aux histoires qu’ils permettent de créer et par la même occasion à ce pouvoir de s’échapper qu’ils procurent. J’aimais m’enfermer dans ma chambre pour fabriquer des petits livres en papier sur lesquels j’écrivais des mini histoires pour mes poupées ! Le fait de changer aussi régulièrement d’espaces de vie, d’école, de villes et du coup d’environnement peut aussi expliquer ma curiosité pour des littératures plus régionales entre autres. Dans tous les cas, lire et écrire me rassurent, c’est comme un état méditatif.
BL : Vous êtes une écrivaine prolifique. Vous aimez concocter de petits poèmes. Que représente pour vous la Poésie ?
CD : Lorsque j’étais enfant et jeune adolescente, j’aimais écrire des poèmes parce qu’ils me semblaient donner plus de liberté à mon écriture, plus de mystère aussi. Pour moi un poème ne s’explique pas, il se ressent, il se vit, il s’apprécie, il émeut ou pas. Qu’on soit lecteur ou poète, le poème nous transporte dans une émotion qui est personnelle et individuelle. Vous lisez un poème avec la personnalité qui est la vôtre, votre vécu, votre histoire, votre sensibilité, il en découlera des émotions qui vous seront propres. Vous écrivez un poème avec cette même substance : personnalité, vécu, histoire, sensibilité et surtout l’instantanéité de vos émotions. Derrière chaque poésie, il y a un individu, Unique. C’est sans doute là, la beauté de cet art.
Aujourd’hui j’écris peu de poèmes, je préfère les nouvelles, le roman. Pour autant je reste émue par tous les grands poètes que j’ai abordé dans ma scolarité ou découvert par moi-même.
BL : Ce qui frappe le plus aujourd’hui comme constat, c’est le faible engouement du lectorat pour la poésie. D’aucuns accusent son hermétisme, d’autres pensent qu’elle est écrite et réservée à une certaine catégorie de lecteurs. Que diriez-vous à ce propos ?
CD : Je ne sais pas s’il y a vraiment un hermétisme du lectorat face à la poésie. S’il y a hermétisme c’est vers la poésie et la littérature classique, peut-être parce qu’elle est d’une époque radicalement différente de celle que nous traversons. Une majorité de jeunes, il me semble, n’est plus sensibles aux auteurs des siècles précédents. Cette littérature-là ne leur parle pas. Nous vivons dans une époque où la technologie a pris une place prédominante. Tout est vitesse, écran, machine… Comment expliquer aux jeunes et à une population hyper connectée, que les poèmes de Ronsard, de Baudelaire, de Lamartine, que les textes de Victor Hugo, de Maupassant, de Balzac… sont les fondements de notre culture française voire européenne, qu’ils sont d’une essence essentielle alors que ce qui fait sens aujourd’hui pour beaucoup de ces jeunes, c’est un écran, un clavier… Pour autant, je ne pense pas qu’il y ait un lectorat en baisse. Simplement ce lectorat se tourne vers d’autres courants et d’autres formes d’écriture comme le slam, le rapp, ce qu’on appelle plus généralement la poésie urbaine. Elle leur permet de « crier » leur contestation, leur violence, de se démarquer et de trouver une certaine forme de valorisation. C’est une autre façon de manier la langue, de la faire évoluer, de lui donner vie.
BL : Pensez-vous que la poésie, à travers son sens suave, romantique, exquis, a encore son crédit, sa vertu, son mérite, sa valeur, dans ce monde d’aujourd’hui qui est de plus en plus obnubilé par l’interminable course de la pécune ?
CD : Il est vrai qu’on peut se demander quel est l’avenir plus globalement du romantisme et donc de la poésie romantique au regard de la société hyper connectée et si paradoxale dans laquelle nous vivons. Nous pouvons nous connecter à l’autre bout du monde tout en ignorant ce que devient notre proche voisin…C’est parce que nous sommes connectés qu’aujourd’hui je peux répondre à votre interview ! Mais c’est aussi parce que je suis connectée qu’aujourd’hui j’écris mes romans avec un ordinateur et non plus à la plume, alors que j’aime toujours autant faire ce geste de l’écriture ! Aujourd’hui la poésie tend vers une autre forme, un autre aspect, plus direct sans doute, plus « trash » peut-être aussi. Mais elle n’en demeure pas moins accessible à chacun. La poésie classique ravira toujours les romantiques classiques, les puristes et les amoureux de la langue, quant aux autres il leur est permis de donner d’autres formes à la poésie en 2021, avec ou sans cette « rigidité » classique qu’on lui connaît. L’essentiel me semble-t-il est pour chacun et chacune de trouver un sens à ce qu’il écrit, aux émotions qu’il a besoin de partager. Tant qu’il y aura un humain sur cette terre, j’ai envie de croire qu’il y aura une place pour la poésie…
BL : Quel rôle assignez-vous à la femme écrivaine de cette époque ?
CD : Je ne lui assigne pas de rôle particulier si ce n’est de ne pas avoir peur d’être elle-même, d’écrire ce qui fait sens pour elle, sans trop se poser de questions, sans se demander si elle est légitime ou pas. Je trouve que depuis quelques années maintenant, sous l’impulsion de courants féministes et autres, dont je ne nie pas la nécessité et l’utilité pour réveiller certaines consciences, on enferme finalement les femmes plus qu’on ne les libère, si tenté qu’elles aient besoin d’être libérées et surtout on les oppose aux hommes. Nous devrions marcher main dans la main avec nos spécificités personnelles, nos entités uniques. En littérature, qu’elle soit écrite ou orale, l’écrivaine comme l’écrivain sont des témoins formidables et indispensables des époques que traverse notre humanité, dans tous les coins du globe, dans toutes les cultures. La femme, n’a pas plus ni moins de choses à dire, elle a simplement, parce qu’elle a un vécu différent, un autre regard, une manière d’appréhender le monde autrement, avec peut-être plus de douceur, et d’empathie, sans pour autant que ce regard soit opposé à celui de l’homme. Nous ne devons pas en tant que femme être timorée et craindre de nous exprimer. Mais j’ai bien conscience que ce pouvoir d’expression fait encore défaut dans un bon nombre de pays. En France, même s’il y a énormément à faire pour la condition féminine, nous sommes des privilégiées. Et il m’est très facile de m’exprimer à ma guise, y compris à travers mes romans.Je ne peux qu’avoir envie d’encourager toutes les citoyennes du monde à prendre la parole à travers l’écriture.
BL : Vous êtes l’auteure du livre Mauser C96. Quand on entend Mauser, sans même penser à Paul Mauser, on voit directement l’image du pistolet semi-automatique allemand qui nous effleure l’esprit. Pourquoi ce titre ?
CD : Il est arrivé spontanément alors que je cherchais depuis des mois comment j’allais appeler mon roman. J’avais essayé plusieurs titres qui sur le moment semblaient parfaitement me convenir et puis le lendemain, ça ne me parlait plus. Mauser C96 est arrivé alors que j’étais en train de réaliser que mon personnage Yaroslav Werner reste hanté toute sa vie par ce que ce Mauser a fait de lui. Son père lui offre cette arme comme cadeau d’anniversaire pour ses dix ans, avec pour injonction de tirer sur des hommes et des femmes. A partir de cet instant précis où il tire pour la première fois, comme on peut l’imaginer, sa vie bascule et tout ce qu’il a vécu avant n’est plus rien. Ce pistolet semi-automatique devient un prolongement de lui-même, comme s’il avait envahi son ADN. Et finalement Mauser C96 est peut-être le personnage principal du roman…
BL : Voudriez-vous bien nous dire le postulat d’écriture de ce roman ?
CD : J’avais envie d’évoquer à travers mes personnages le phénomène de résilience. Qu’est-ce que peut provoquer sur un humain, ses expériences de l’enfance, ses blessures, ses joies, ce qu’il traverse tout au long de sa vie. Comment ou que faisons-nous de ce qui nous est donné enfant, de ce qui nous est imposé… Mon personnage Yaroslav est contraint dans son enfance de tuer des hommes et des femmes. Il arrive à l’âge adulte avec ce « vêtement » de meurtrier. Quel homme peut-il être ? Face à lui, une femme Elpiza qui a aussi beaucoup souffert, qu’a-t-elle fait de cette souffrance ? Pourquoi certains d’entre nous arrivent à mettre en place ce processus de résilience pour transformer leurs blessures, les violences dont ils ont été victimes, en faire une force ? Pourquoi et comment d’autres, à l’inverse traînent leur passé comme un fardeau malgré les mains qui se tendent, et resteront toute leur vie enlisés, empêtrés dans un costume choisi par d’autres … J’avais envie de travailler sur un parallèle de deux destins, d’horizons très différents mais que les aléas de la vie ont maltraité violemment. Ces deux personnages n’avaient à priori aucune raison de se rencontrer et pourtant …
BL: L’intrigue du livre est assez intéressante et suscite une certaine curiosité littéraire, une envie indicible de dévorer ce chef-d’œuvre. Pourquoi avoir préféré le roman quand on sait que l’histoire est assez riche pour prendre par le laminoir du théâtre, lequel est beaucoup plus direct, expressif, pénétrant et poignant ?
CD: J’adore lire des pièces de théâtre. J’adore aller au théâtre aussi, à l’opéra et plus généralement à toutes sortes de spectacles. J’ai d’ailleurs fait partie d’une troupe d’amateurs pendant plusieurs années. Pour autant je ne me sens pas à l’aise pour écrire en version théâtre. J’aime cet espace d’écriture que procure le roman, oscillant ou pas entre dialogues, description, narration… Par contre, plusieurs lecteurs m’ont fait remarquer que MAUSER C96 serait un bon script pour le cinéma. Quant à affirmer que le théâtre est plus expressif, pénétrant et poignant que le roman, je ne m’y risque pas car de nombreux romans sont terriblement émouvants et bouleversants. Le roman permet aussi de fabriquer son propre visuel et du coup des émotions plus personnelles. Ceci est un point de vue qui m’appartient bien sur. Mais il est vrai que mon roman pourrait faire l’objet également d’une adaptation au théâtre. J’y songerai peut-être un jour prochain. Vous m’en donnez l’idée !!
BL : Après Mauser C96, à quel autre joyau littéraire devons-nous nous attendre ?
CD : Pour l’instant, j’ai plusieurs histoires en cours, laquelle aboutira avant l’autre, je ne sais pas encore !! Ce sont des romans très différents et je me plonge dans leur univers au gré de mes émotions du moment. L’idée de reprendre des poèmes écrits à l’adolescence, de les remanier pourraient me titiller.
BL : Vous avez étudié le grec et enseigné le Français en Grèce. Vos voyages, vos découvertes vous inspirent-ils dans votre projet d’écriture ?
CD : Complètement ! Mon père était militaire, je me suis habituée très tôt à déménager. Tous les 4 ou 5 ans nous changions de ville. Incontestablement, ce « nomadisme » m’a inspirée et m’inspire encore. Une fois adulte, j’ai continué à déménager, à voyager à travers l’Europe principalement, avec une petite incursion en terre Africaine, du côté de Djibouti. D’ailleurs mon personnage principal, marin pendant plusieurs années, se retrouve confronter à l’Afrique. La Grèce, où j’ai vécu quelques temps est évidement une formidable source d’inspiration. Je ne pouvais pas dans ce roman, ne pas la mêler d’une manière ou d’une autre, car j’y ai vécu de magnifiques et bouleversants moments, et rencontré des personnalités hors du commun. Dans le camp de Mauthausen, qui sert de toile de fond à mon histoire, il y a eu 557 prisonniers. Le dernier prisonnier, Andréas, que mon personnage doit tuer de sang froid sous l’injonction de son père, est grec. Ce crime révèle à lui toute l’horreur de sa condition. C’est ce qui lui donnera l’audace complètement folle, et irraisonnée de retrouver la femme de cet homme. Pour cela il s’installe en Grèce et tente de se fondre dans cette culture à l’opposé de la sienne. J’ai expérimenté la vie à l’étranger. Cette expérience a été formidable car c’était mon choix personnel, un choix que j’ai assumé et préparé. La préparation a consisté à ne rien attendre d’extraordinaire, à ne rien projeter de ce qu’aller être ma vie mais simplement et justement à être ouverte à cet inconnu. J’en ai tiré des instants inoubliables et enrichissants, qui aujourd’hui nourrissent mes récits. Pour autant je précise que le voyage peut être formidable aussi depuis le fauteuil du salon, ou aux portes de notre maison… « Le bout du monde et le fond du jardin contiennent la même quantité de merveilles » (Christian Bobin.)
BL : Beaucoup pensent que le monde est toujours régi par les forces masculines qui sont, à la limite, sexistes. Le mouvement ‘’féminisme’’ depuis des décennies est créé pour un monde plus équilibré, où l’homme et la femme seront traités sur le même pied d’égalité. Quelle définition, ce mot ‘’féminisme’’, trouve-t-il sous votre plume ?
CD : Vaste question pour un concept tout aussi vaste ! Il est vrai que depuis quelques années, les mouvements féministes, tels que « me too », « femen », «balance ton porc », que l’on soit en accord ou pas avec leurs contenus, leur militantisme, nous invite à nous interroger sur la place et la condition de la femme à travers le monde. Du chemin a été parcouru mais il reste encore tant à faire. En France par exemple, à compétences et diplômes équivalents, les femmes restent sous payées. Dans certains pays en guerre, elles demeurent une monnaie d’échange et pire encore, une arme de guerre… Nous avons encore à travers le monde beaucoup de chemin à parcourir pour que femmes et hommes soient traités d’égal à égal. Quelle définition je donne à ce mot « féminisme » ? Plus que l’égalité il me semble important d’aller vers l’équité. Hommes et femmes ne sont pas physiologiquement égaux, ils n’ont donc pas les mêmes besoins. Il faut que chacun trouve et puisse jouir de ce dont il a besoin. En tant que femme je veux ma place dans la société à l’égal de celle qu’occupe l’homme, mais je ne veux pas cette place en combattant les hommes. Nous ne sommes pas deux camps qui s’affrontent. Nous devons comme je l’ai dit plus haut, trouver un moyen de marcher main dans la main, de nous respecter les uns les autres, de regarder devant car nous ne pouvons avancer qu’ensemble. Pour autant je remercie chaque jour des femmes comme Simone Veil, Gisèle Halimi, Françoise Lhéritier, Olympe de Gouges, Simone de Beauvoir, Clara Zetkin… et tant d’autres encore, qui se sont battues et pour certaines se battent encore pour que notre parole soit entendue, qu’elle ait un sens et du crédit dans ce monde effectivement plutôt masculinisé. Ces femmes, à travers les mouvements féministes sont parfois excessives mais cette excessivité est ce qui nous permet de prendre la mesure de l’utilité du changement, des besoins ; cette excessivité nous ouvre les yeux sur ce qui se passe partout dans le monde où dans bien des endroits, les femmes sont et demeurent encore opprimées. Il est difficile de juger quel contenu intégrer dans ce mot « féminisme » quand on ne veut pas opposer les uns aux les autres…
BL : Le phénomène du viol revient récurrent ces dernières années. Tandis que d’aucuns militent pour des lois punitives, d’autres accusent les victimes qu’ils trouvent provocantes de par leur tenue vestimentaire. Que pensez-vous à ce sujet ?
CD : Je ne suis pas certaine que le viol soit plus présent aujourd’hui qu’il ne l’était hier. En revanche, comme l’information circule plus librement, plus rapidement et donc plus efficacement, nous pouvons avoir l’impression d’une recrudescence. Faut-il des lois punitives ?Ce qui est sûr c’est qu’aujourd’hui, vous pouvez en France en tout cas, rentrer dans un commissariat pour porter plainte pour viol. Vous serez entendu, votre plainte sera enregistrée et suivie d’une enquête. C’est ainsi qu’un certain nombre d’affaires ressortent aujourd’hui au grand jour, y compris lorsqu’elles mettent en cause des politiques, des artistes, des cinéastes… Il y a un certain élan de la population, hommes femmes confondus pour s’accorder à dire que cela suffit.
Je crois qu’il est aussi surtout urgent d’éduquer nos enfants différemment. Nos garçons comme nos filles. Apprendre aux uns et aux autres que l’un n’est pas supérieur à l’autre… Nos garçons doivent apprendre et comprendre que les tâches ménagères incombent à tous ceux et celles qui salissent la maison ! Que la voiture neuve achetée par papa et maman peut être conduite indifféremment par papa ou maman ! Que maman peut gagner un salaire plus élevé que celui de papa sans que cela ne crée d’animosité. Qu’une jeune fille a le droit de dire non, ou bien oui dans un premier temps et de se raviser au dernier moment si finalement elle n’est plus très sûre. Nos garçons doivent comprendre qu’il n’y a pas à être contre mais avec. Nos filles doivent aussi apprendre et comprendre cela. Nos filles doivent aussi apprendre et comprendre que même si elles ont le droit de se rétracter alors qu’elles ont dit oui précédemment, il est préférable d’avoir une parole réfléchie et tranchée. Pour autant, cela ne suffit pas j’en ai bien conscience. Le sexe, la pornographie ont envahi les espaces. Et la femme y demeure un objet de désir dont on peut jouir et s’emparer sans limite. Cela ne contribue pas à créer un climat de respect, d’écoute et de bienveillance l’égard des femmes. Certains avec beaucoup de facilité et de prétention, pour excuser le comportement des violeurs, ont tôt fait d’accuser la tenue vestimentaire des femmes. Une femme avec une jupe courte, un décolleté plongeant, une robe un peu transparente est une allumeuse, une provocatrice, et j’en passe. Un homme torse nu ou avec un short un peu court, n’est rien d’autre qu’un homme… Chercher l’erreur…
BL : Un regard analytique et comparatif de la littérature d’expression française de nos jours par rapport à celle d’il y a 20, 30 ans ?
CD : Je ne suis pas certaine d’être la mieux placée ni suffisamment formée pour cette analyse. Il me semble qu’aujourd’hui la littérature, française en tout cas, est de moins en moins rigide. La langue de l’écrit ressemble de plus en plus à celle de la rue. Moins de formalisme, plus d’accessibilité. L’expansion du numérique a permis « l’explosion » de récits, romans et autres. Il suffit de répertorier le nombre de maisons d’édition qui se créent chaque année, de sites d’impression… Chacun peut s’auto éditer ou trouver plus facilement qu’il y a quelques années, un éditeur. Chaque année, ce sont plus de 70 000 livres qui paraissent. Tous ne sont pas de même qualité, c’est le risque mais en tout cas cet état de fait permet la désacralisation de l’écrivain et « la démocratisation » de la littérature. Plus de personnes ont accès à la lecture. Le moindre village met à disposition de ses habitants une bibliothèque. La vulgarisation de la littérature est en route, et je ne peux que m’en réjouir !
BL : Quelques conseils à l’endroit des jeunes passionnés de la littérature et qui désirent embrasser l’écriture ?
CD : Ne rien s’interdire. Si écrire est votre besoin, votre envie, votre passion, alors foncez. Ne doutez pas, ne vous auto censurez pas, soyez et sentez-vous libre autant que faire se peut. Sans oublier une des nourritures à mon sens essentielles pour un écrivain : lire.
BL : Voudriez-vous bien partager avec nous le titre de quelques livres lus, qui vous ont marquée et que vous pourriez proposer aux fanatiques de la lecture ?
CD :
- Poussière d’Hommes de David Lelait-Helo. Un récit magnifique et bouleversant sur la disparition et l’absence d’un être cher
- Le Christ Recrucifié de Nikos Kazantzakis parce qu’il parle d’honneur
- Ce que le jour doit à la nuit de Yasmina Khadra, parce qu’il raconte l’Algérie de mon père
- La carte et le territoire de Michel Houellebecq pour son style.
…
BL : Quels sont vos jeux de distraction ?
CD : Je ne suis pas une grande joueuse de jeux ! En revanche, j’ai la chance de vivre dans un écrin de nature, au bord d’un fleuve La Vilaine, qui contrairement à son nom est très beau, très reposant et nourrissant. Je suis également entourée d’animaux, chevaux, chèvres, chiens, chats… Voilà ma distraction quotidienne, naviguer dans cette nature…
BL : Votre plat préféré ?
CD : Le couscous que faisait l’une de mes Grand-Mère ! Et que je tente de cuisiner aussi bien qu’elle ! Mais comme je suis gourmande, j’aime aussi une quantité d’autres plats. En fait j’adore la plupart des cuisines du monde : japonaise, grecque, nord africaine…
BL : Ce plat est de quelle région de la France ?
CD : Afrique du Nord !!
BL : Votre mot de la fin
CD : Merci à vous les biscottes littéraires pour l’intérêt que vous portez à la langue et à la littérature française. Votre blog m’invite à faire connaissance avec vos écrivains et écrivaines béninois et plus globalement africains. J’espère que mon roman voyagera jusqu’à vous et que vous prendrez plaisir à le lire.