« Ab imo pectore » Lorinda GNACADJA

« Ab imo pectore » Lorinda GNACADJA

C’est une lapalissade que la littérature béninoise, ces dernières années, entre dans une nouvelle dynamique. Elle connaît en effet une révolution dans tous les genres littéraires. Une nouvelle manière d’écrire voit le jour et  enrichit heureusement le courant classique. Par exemple, il n’est plus d’une grande obligation d’être grandiloquent ou hermétique pour s’investir en poésie. Dans cette optique, il est plaisant de lire « Ab imo pectore« , un recueil de poèmes, écrit par Lorinda GNACADJA, auteure béninoise, et publié aux Editions du NET en 2017. L’œuvre  compte 26 poèmes et est subdivisée en quatre chapitres. Le premier chapitre constitué de 7 titres, exprime la douleur de la perte d’un bien, compare la maturité à la croissance, révèle l’avis de l’auteur sur la maternité et la vie. Pour elle, il importe de « vivere, vivere, ab imo pectore »*(page 19) en se satisfaisant mais en servant l’autre aussi dans le temps car « à la vie, on n’apporte rien ; de la vie, on n’emporte rien » (page 17). Et comprendre cela, c’est adhérer à la maturité qui « prend son temps, elle met la qualité en avant, laisser le temps au temps, patienter pour savourer le moment » (page 12) contrairement à la croissance « qui prend peu de temps » (page 12). Le deuxième chapitre nous plonge dans l’émotionnel, la tristesse et la beauté de l’amour. Comment l’amour, source de perfection peut-il être imparfait ? Comment une idylle parfaite peut-elle être entachée d’imperfection? De toute façon, dans un tel cas « il vaut mieux laisser avant se faire délaisser », préconise Lorinda. L’aurore de la vie conjugale couple est toujours un paradis où « on rentre un pour être moitié» (page 21), où pour polir les raisons du cœur « il faut s’offrir l’un à l’autre tel que le couple puisse s’incarner. Pour posséder, il faut se donner ; c’est ainsi qu’on crée le surnaturel» (page 23). Par ailleurs, écrit-elle ‘’Etre sans toi’’ me fait rêver la nuit où je t’entends « me dire que j’étais faite pour toi … que tu étais convaincu de ton choix » (page 26). Illusion:

La nuit est faite pour dire au cœur,
Ce dont le jour par fuite des heures
On n’a pu dévoiler la profondeur.
La nuit, on ne crie pas; on meurt. (page 27).

Avec de nouvelles thématiques au troisième chapitre, le voyage avec Lorinda s’effectue du bonheur au « Yin Yang » en passant par le changement du choix des opportunités, de l’importance de l’internet et d’un enfant, sel de nos vies.

 

 

Pour elle, « le bonheur en réalité n’est pas si haut perché. Il est dans les instants perdus où le temps est suspendu. C’est cette grâce du présent, passé et futur, fi faisant » (page 29) Et « ce n’est pas le monde qui a besoin de changement mais nous-mêmes et nos comportements… Vivre et ne pas seulement laisser l’autre vivre mais l’aider à vivre » (page 32). Amitié, confiance, cœur, le départ, philanthropie, reconnaissance sont enfin les six titres composant le dernier chapitre de ce recueil. Si « faire confiance est un devoir » (page 41) pour vivre, être reconnaissant l’est encore plus. Etre reconnaissant envers « tous ceux qui ont eu à suer pour que tu aies le plaisir d’essuyer ta belle médaille de la victoire et celui de sentir tienne ta gloire » (page 47). La position de l’auteure face à la confiance est fort louable. Le conseil est moral : « pour tout, il faut se fier au prochain, le laisser partager son quotidien quand bien même très souvent il trahit » (page 47).

 

L’œuvre est belle, poignantes les thématiques qui y sont abordées dans un style simple dépourvu de toute tendance au pédantisme. La première de couverture en couleur blanche témoigne de la beauté de la vie et aussi du talent pur de l’auteure qui se dévoile ab imo pectore (du fonds de son cœur) avec les mots et expressions imagées, des interrogations qui touchent le lecteur au plus profond de son cœur. Le noir renvoie aux vicissitudes inévitables de cette vie qui n’est en définitive qu’un combat sans fin. Comme coup du cœur, prenez du plaisir à lire ce titre du premier chapitre : Maternité (page 13) :

Il est des biens sans prix

Qu’on n’obtient pas sans cris

Il est le plus précieux

Celui qui vient de Dieu.

L’avoir est toujours une bénédiction

Même lorsqu’on n’en a pas pris la décision.

C’est tout un acte de foi

Qui aboutit à une réalisation de soi.

La spiritualité prend sens en entièreté

Lorsque dans la féminité s’accomplit la maternité.

Ab imo pectore, du fonds du cœur de Lorinda

Pour le tréfonds du cœur du lecteur qui sait apprécier l’art.

« Vivere, vivere, ab imo pectore » : vivre, vivre, du fonds du cœur.

 

BACHOLA Amoni

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