AMOUR GLACÉ, Bill Fabroni YOCLOUNON (1/5)

AMOUR GLACÉ, Bill Fabroni YOCLOUNON (1/5)

 

 

 

 

Chérie, c’est bientôt la Saint-Valentin. Et tu sais que quand Saint-Valentin approche, mon cœur bat comme le moulin à maïs. Je sais que tu n’ignores pas que mon amour pour toi est toujours chaud. Rassurant. Je viens récapituler ici ce que le Verbe a fait, ou n’a pas pu faire, malgré le grand secours de notre grand ami Internet. Je t’envoie ce courriel qui,  sans aile, court vers toi comme mon amour vers ton cœur que tu as du mal à ouvrir pour sentir comment mon cœur bat pour toi. Tu y verras nos mails, messages via les autres médias.

1- Email

Chérie, je t’aime mais tu ne le sais du tout pas. L’amour que j’ai pour toi t’a rendue aveugle au lieu de me rendre moi aveugle. Je ne sais pas comment c’est arrivé mais tu ne vois plus mon amour pour toi. C’est bien bizarre que cela puisse arriver de la sorte. Je vois mon amour pour toi mais toi tu ne le vois pas. Aujourd’hui j’ai voulu aller prendre conseils chez le cardiologue mais je me suis rendu compte que ce n’était pas un problème de cœur que tu avais mais plutôt un problème de vision. Tu ne vois pas tout ce que je fais pour te garder et te conserver dans ma boîte à sentiments. Mon sentir ne ment pas. Mon sang ne ment pas non plus. Tu peux en être sûre. Je te l’ai prouvé par 1+1=1. J’ai essayé de te présenter à mes collègues de service, mais tu en avais souri juste pour cette soirée de distraction à la plage où tu m’avais séché toutes tes dents pour un pot de yaourt que je t’avais acheté avec une tiède viennoiserie traînée par un vendeur ambulant depuis le lever du jour. Tu ne faisais que sourire à toutes mes questions.

 

 

  • Chérie, tu es ravissante ce soir tu sais ?
  • … (sourire) Or je jouais au poète inspiré par la plage.
  • Regarde la beauté de la mer, tu es plus belle la grande bleue, toi ma petite Da-yovo aux pieds noirs.
  • … (sourire large) Or je venais de défier la nature pour toi.
  • Bébé, tu es très belle quand tu souris.
  • … (sourire avec dents à découvert)
  • Tu prêtes ta beauté au paysage, à la mer et à la nature.
  • … (sourire avec clignement d’yeux) Or je venais de citer une phrase retenue d’un morceau de musique.
  • Chérie, tu es mon favori, ma préférée…
  • … (sourire brillant)
  • Chérie, je t’aime.
  • … (sourire sorcier) ok !

Cette réponse sorcière m’avait étonné. Je ne comprenais pas qu’on puisse dire simplement « okay » à son chéri qui dit « je t’aime ». Malgré cette sorcellerie, je t’aimais, et je t’aime encore, mais tu ne le sais pas. L’amour pardonnant tout, je t’avais pardonné cette sorcellerie, et j’ai appris avec toi que l’amour ne rendait pas uniquement aveugle mais parfois aussi muet.

Chérie je t’aime, mais tu ne parles pas. Je me suis efforcé pour que tu rencontres mes parents, mais tu as préféré que je te montre juste leurs photos sur mon téléphone portable. Je me suis donc calmé puisque l’amour patiente. Tu m’avais rassuré que tu les verrais quand tu aurais jugé cela bon. Jusqu’aujourd’hui tu cherches à me convaincre que tu continues à regarder leurs photos pour mieux t’habituer à eux avant de t’aventurer à les rencontrer. Je me suis contenu car l’amour comprend tout. Mais l’amour ne comprend pas que malgré tout ce que j’encaisse pour un « Nous » épanoui et heureux, tu ne puisses pas réaliser tout cet amour que j’entretiens pour toi.

Chérie, je t’aime mais mon amour est trop chaud déjà. D’ailleurs ta plus proche voisine à l’Est de ta maison me l’a dit encore hier. Elle m’a dit que mon amour pour toi était trop chaud. Je lui ai servi comme argutie que les bons plats se mangent à chaud. Si je t’aime à chaud, c’est pour que tu puisses consommer mon amour à chaud avec appétit. Elle est repartie en me disant que les repas chauds sont parfois laissés se refroidir avant consommation.

Chérie, maintenant que j’y pense, ta plus proche voisine de l’Est a raison. Mon amour est trop chaud. Il va falloir que je le refroidisse un peu pour que tu ne te brûles pas ou plus la gorge. J’ai réalisé que c’est le caractère chaud de mon amour qui te brûlait la gorge pour que tu sois incapable de parler.

Chérie, je t’aime mais mon amour a besoin de glace. Je vais le mettre au frais pour toi au réfrigérateur, non au congélateur. Mais serait-ce pour toi seul ? Je ne sais vraiment pas car ta plus proche voisine de l’Est me propose son frigo qui, paraît-il d’après ses dires, refroidit plus vite. C’est un réfrigérateur qui glace vite les choses, m’a-t-elle dit, avec son sourire glaçant et rafraîchissante. Un réfrigérateur qui joue le rôle d’un congélateur ? C’est une découverte de l’amour glacé.

 

Bill  Fabroni  YOCLOUNON

 

 

15 comments

C’est vrai que l’amour , quand il n’est exprimé que dans un sens unique , ennuie et saoule .

Waooohhh….non Bill, faut pas le refroidir stp. Moi j’aime bien quand c’est chaud comme ça…hihihi…vive le mois court qui fait courir plus d’une chose. Merci BL

Voici mon coup de cœur. Chérie, tu es ravissante ce soir tu sais ?
« … (sourire) Or je jouais au poète inspiré par la plage.
Regarde la beauté de la mer, tu es plus belle la grande bleue, toi ma petite Da-yovo aux pieds noirs.
… (sourire large) Or je venais de défier la nature pour toi.
Bébé, tu es très belle quand tu souris.
… (sourire avec dents à découvert)
Tu prêtes ta beauté au paysage, à la mer et à la nature.
… (sourire avec clignement d’yeux) Or je venais de citer une phrase retenue d’un morceau de musique.
Chérie, tu es mon favori, ma préférée…
… (sourire brillant)
Chérie, je t’aime.
… (sourire sorcier) ok ! »
Mais entre nous, dis-nous, Bill ce que tu as fumé avant de te mettre à écrire ce texte. Bien rigolo! merci de m’avoir fait rire. Vivement la suite

J’ai fumé une bonne discussion avec les amis inbox… Comme pour dire que l’écrivain doit être attentif à tout. Même à la fourmi au plafond noir dans sa chambre ! Merci pour votre intérêt ! Vive BL

J’ai lu, Bill, ton « Amour glacé » et je l’ai kiffé. Surtout à cause des images qui s’y coulent doucereusement comme un géant bar de glace qui sans tambour se liquefie…à cause aussi du style que tu a monnayé à l’aune de l’hôte qu’il célèbre: l’amour devrait être simpliste. Tant pis si nous le peignons complice souvent.
J’admire ton emprise humoristique sur les mots pour malmener nos maux.
Bravo mon cher!

Quand, on aime, on tombe dans une fièvre délirante, et on voit avec béatitude l’oasis dans le désert…à la vitesse de l’année lumière, on passe d’une galaxie à une autre…. Les pieds ne sont plus sur terre….

L’amour est une armoire sans fermeture. Tous les cœurs ont leur place.

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