Category Archives: Nouvelles par épisode

Robert Lapoisse, le père de Thomas, sortit de sa voiture, empoigna son fils par la main droite et lui tira les oreilles par celle gauche et l’emmena à la maison, puis ferma le portail.

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Le vieillard aveugle qui entre est le dernier client, il reste une seule place, celle qui se trouve à côté de mon siège. Tout prêt de moi, je tiens sa main pour le guider. – Jeureujeuf ! (Merci, en wolof). Me dit-il. – Je vous en prie mon père. Lui réponds-je. -Je suis incapable de voir mais à t’entendre, je dirais que tu es un jeune assez fort pour dompter la vie. Ajoute-t-il avec un rire moqueur. Ah oui, disons que votre âge dépasse celui de mon père. Réponds-je. C’est comment votre nom ? Me demande-t-il. – C’est Ndiaye, je m’appelle Massamba Ndiaye. – Ah moi c’est Ndéné Diouf. Sinon Massamba, profitez-vous rationnellement de la vie, comme moi ? A cette question, je ne peux m’empêcher de réfléchir objectivement et honnêtement. Jusque-là, ma vision du monde est influencée par mon handicap et mon statut social inférieur. Le vieux m’a obligé à voir…

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Réponds-je avec un sourire forcé. – Oh désolé de t’avoir traité de mendiant. Le premier bus part dans moins d’une heure. Attendez un moment. Ajoute-t-il sans me rendre le salut en expulsant sa bouffée d’air. – Ce n’est pas grave. Merci beaucoup ! Il sait qu’il m’a vexé et a tout l’air désolé. Mais je lui tourne le dos sans montrer un signe de tristesse ou de mécontentement. Quoique je sois habitué à être traité de quémandeur, au plus profond de moi, cela m’attriste. Toute ma vie, c’est comme cela que ça s’est passé. Je suis victime d’une stigmatisation, depuis mon enfance. Une stigmatisation qui ne se fonde sur aucune raison concrètement valable. Elle a été créée et entretenue par des gens qui, ayant jugé leur vie plus utile que la mienne, se permettent injustement d’établir des barrages à mon bonheur, à ma joie de vivre. Les riches qui s’enrichissent en…

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*   *   *  * … Vers quatre heures, je me suis réveillé et levé brusquement. J’ai fait un cauchemar, comme toujours. Inutile d’essayer de me rendormir, aujourd’hui je dois discrètement partir, comme prévu, pour la quête d’une vie meilleure, sans que mon père le sache. Je dois donc déserter ce lieu le plus tôt possible, sans plus attendre que le soleil se lève, je ne veux pas que l’on me voit. Je sais que mon père sera inquiet si, à son réveil, il ne me voit pas. Mais je suis sûr qu’il se remettra de mon absence, comme il s’est remis du décès de ma mère,… enfin je crois. Je me suis donc lavé et j’ai fait mes ablutions pour anticiper la prière de l’aube. Après celle-ci, j’ai emporté un modeste sac à l’intérieur duquel j’ai mis quelques affaires nécessaires pour le voyage et pour le séjour dans la Cité…

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Je n’arrive ni à manger, ni à dormir, ni à empêcher mes mains de trembler. Dès que le soleil se lèvera, je quitterai cet endroit. Je quitterai ce lieu qui a vu ma vie carrément assujettie à la peine et à la souffrance. D’ailleurs ma vie, est-ce une vie ? Une vie où le bonheur ne se définit que par une brève euphorie « mondaine », qui m’aiderait tout simplement à oublier, quelquefois, ma condition d’homme souffrant et malheureux, en est-elle une ? Existe-t-il encore, dans ce monde de quelque part, une vie digne pour un pauvre handicapé ou, dirais-je, pour un handicapé pauvre ? Peut-être. Ce qui est sûr, c’est que ma vie ici est compliquée. L’envie d’y mettre fin traverse ma tête intermittemment. Mais je me console de temps à autre avec l’idée telle que les morts désirent encore revivre, même ceux qui ont vécu des millénaires. Les consolations ne suffisent point.…

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_Pas de pitié, se répétaient-ils tout bas. _ Merde ! Il n’y est pas. Revinrent-ils annoncer, à un troisième homme, posté en sentinelle au niveau de ce qui servait de portail à la maison, après une rapide intrusion dans la chambre vide. L’allure du troisième larron avait quelque chose de familier à Assénounkoun qui avait tôt fait de réaliser que ses hôtes impromptus n’étaient pas là pour une visite amicale. De dessus la dalle où il voyait tout, il cria : _Que personne ne bouge ou je lui explose la cervelle. Les assaillants pris de court détalèrent, la sentinelle en premier, sans chercher à savoir d’où venait la voix. Assénounkoun, armé d’un simple lance-pierre, la fameuse arme dont il voulait exploser la cervelle aux visiteurs nocturnes, envoya voler deux cailloux qui atteignirent à la tempe un des ravisseurs. Puis, descendant prestement de son perchoir, il se mit à leur poursuite. Ses Olé,…

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_Tiens, tiens, tiens. Les pieds qui touchaient terre. Je savais ! Je savais ! L’envie lui prit de retourner au commissariat, de reparler à Essèhoungbèssè, de lui soumettre quelques détails, de lui parler d’un certain James, son rival numéro un pour voler le cœur de la veuve, et de convaincre le commissaire d’ouvrir une enquête. Il se l’interdit. Ce serait jouer avec le feu alors qu’on garde encore des séquelles de brûlure. _Que faire ? Il me faut des preuves. Il me faut prouver que c’est lui qui a commis ce crime. Il voulait l’avoir. Ah ! Ses menaces, ses diaboliques menaces. Ça ne peut qu’être lui. Salopard de James.  Oui ! C’est un crime ! Suicide, mes fesses ! Des preuves, il me faut des preuves pour convaincre cet enfoiré d’Essèhoungbèssè. Assénounkoun entre soupçons, pistes, hypothèses et spéculations, se surprit à s’endormir. Il dormit mal cependant. Un sommeil cauchemardesque, agité. Réveillé à six heures, il se…

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Djoxodo, le bêchait-on. Tu as regardé trop de films, petit vieux, qu’on ajoutait. Ainsi refoulé, le cinquantenaire s’en allait de sa démarche de chien castré, ruminant sa déception et maugréant contre le sort qui n’a pas toujours été  gentil avec lui. _ Cette affaire de suicide est bien louche, monsieur le commissaire. _Ah bon ? _Je persiste et je signe. Ce n’est pas un suicide. Madame Akuevisson ne peut pas se tuer facilement comme ça. _Monsieur,  je comprends tout à fait votre tristesse et votre déception de perdre une connaissance. Je compatis. Mais il s’agit bien d’un suicide. Les témoignages recueillis et le rapport du légiste confirment le fait. _Rapport, mes fesses. Je vous dis qu’elle ne  s’est  pas  suicidée. _Vous semblez bien sûr de vous. Auriez-vous des indices, des preuves qui corroborent ce que vous avancez ? _Ah ! Épargnez-moi vos gros mots. Que « corroborent ». C’est à…

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    Osinoutin, avant cette date du treize Mars, n’avait de curieux que son sobre petit nom de quartier-abreuvoir. La vie ici se boit à grandes gorgées de monotone et d’ordinaire. Quelques décès d’octogénaires morts de vieillesse de temps en temps, quelques cérémonies de mariage, des baptêmes, parfois, venaient secouer le lourd drap d’ennui étalé sur ce quartier, l’un des plus vieux de Cotonou. Rien de bien grave ne s’était jamais passé ici. En tout cas, rien qui ait mis en émoi l’ensemble des quatre-vingt foyers éparpillés dans Osinoutin, rien qui mérite que les journaux nationaux y consacrent des manchettes enflammées. En termes de faits divers, les quartiers voisins de Zongo et d’Agla se chargeaient de cristalliser les curiosités et les indiscrétions les plus poussées. Agla alias Agla-Les- Bains, ainsi ironiquement appelé à cause des inondations qui, pendant la saison pluvieuse, transforment tout l’arrondissement en Venise tropicale, est connu pour les…

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        La question obsédait Sévérin. C’était là pour lui l’ultime aubaine à mesure que le temps passait, la pensée de se rendre chez Tanti Bojou pour y saisir la chance que lui offrait le ciel pour mener une vie décente. La préoccupation grandissait dans son cœur si bien qu’il s’en ouvrit à Macaire, son compagnon de course. Macaire lui conseilla de se méfier d’abord de l’intérêt subit que cette dame lui accorde et ensuite cette offre altruiste venant d’une négociante aussi mercantile et avide de gain. « Discerne bien et tu décèleras l’aspect insidieux de ce qu’elle te propose. Elle est commerçante et doit chercher un intérêt dans tout ce qu’elle entreprend. Ouvre les yeux et ne sois pas naïf. Demande-toi pourquoi elle n’a ni mari, ni enfant ou du moins pourquoi ils sont morts aussi prématurément. Tous ceux qui la côtoient et qui la connaissent bien nourrissent…

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