Category Archives: Nouvelles par épisode

Le garçon se dirigea vers le fond de la boutique et se mit dare-dare à ligoter la montagne que Tanti Bojou avait dressée en guise de colis. Une fois le colis noué, il s’affaissa pour se charger le faix sur la tête mais en vain. Il décuplait ses forces, geignait, soupirait, haletait, gémissait sans pouvoir réussir à soulever le colis et à le poser sur la tête. Il se résolut alors à appeler Tanti Bojou au secours. Pourriez-vous m’aider ? fit-il à la dame. Mais, tu ne peux pas soulever ce petit colis seul ? Ah, voilà ce que je ne me lasse de te dire tous les jours. Tu t’émacies à force de mener toutes sortes de jobs dans le marché de Zè. Tu vas m’accompagner à la maison pour que je te donne quelques vitamines. Tu en profiteras d’ailleurs pour connaitre chez moi. Sévérin acquiesça à l’invitation de sa cliente.…

Read more

Il s’évertuait tous les soirs, après les travaux pénibles à l’atelier de soudure, à faire de petits jobs pour pouvoir s’offrir au moins le déjeuner du lendemain. Tantôt, il s’improvisait en porte-faix, tantôt en garçon de courses, tantôt en domestique ou encore en bricoleur de circonstance. Il ne lésinait pas à verser et dans l’overdose des substances opiacées pour être d’aplomb en vue de mener ses jobs. Son opiniâtreté au travail et la forte conscience de la probité qui le distinguaient de ses pairs âpres au gain facile avaient frappé l’attention d’El Hadja Bojou, une commerçante opulente de produits cosmétiques et de bijoux du marché qui le sollicitait presque tous les jours pour tel ou tel autre service. Elle lui donnait en guise de récompense, soit un plat, soit une pièce d’argent pour l’encourager. Sévérin offrait aussi sa disponibilité aux services d’entretien du marché après ses travaux diurnes passés sous…

Read more

« Ce qui doit arriver arrive toujours et nous autres humains sommes vainement précautionneux » Les scrupules d’une âme candide. Une nuée crépusculaire s’agglutinait perceptiblement dans la voûte céleste. Un doux alizée, relayé par un vent violent et impétueux, annonçait une pluie drue qui allait ruisseler sur toute la campagne de Zè. Les commerçants du grand marché de Zè avaient commencé à ranger leurs marchandises dans un va-et-vient tumultueux pour échapper à la ruse des chapardeurs qui saisissent toujours ces occurrences pour se précipiter sous les hangars, s’armant de violence et de hargne, pour dérober les propriétaires. Les marchands impuissants devant la véhémence des chapardeurs éructaient des imprécations et confiaient leur cause à Ogou ou à Sakpata, divinités ayant poussé sur la terre féconde de leur ignorance et à qui ils vouaient leur croyance. Ainsi, Ogou et Sakpata étaient conviés à la table de la vengeance pour éventrer et pourfendre les voleurs,…

Read more

– Tu as raison, tonton chéri, avais-je reconnu. Et, tête basse, j’avais rejoint mon lit où un sommeil consolateur m’attendait. *** Sortie de ce souvenir, je constatais que tous mes camarades dormaient depuis.  Je tentais de me caler pour mieux chercher le sommeil moi aussi quand, subitement, l’une des tatas frappa dans ses mains pour annoncer la fin du repos. Nous nous levâmes tous et, en file indienne, nous allâmes vers les salles d’eau, situées dans la galerie sous l’étage. La toilette demandée était sommaire : un petit bain de bouche, un léger débarbouillage  et un peu d’eau fraîche dans le ras du cou pour se réveiller totalement. A notre retour, la maîtresse nous attendait déjà. Une animation de quelques minutes nous met en train pour la soirée ; nous y apprenons notre premier chant. Il disait : ‘’L’heure est sonnée. Mettons-nous en rang pour aller en classe’’. Nous le chantons gaîment après…

Read more

– Mais ! que fais-tu ainsi ? m’étais-je étonnée presque folle de rage. *** – C’est l’heure de la pause, avait-il répondu. Viens manger. – Je n’ai pas faim. – Si, tu dois avoir faim, avait-il répliqué. Tu as faim, avait-il accentué en élevant un peu la voix. – Es-tu devenu maintenant le fétiche-guetteur, juché sur le toit de Karaba la sorcière, pour tout savoir et tout voir ! m’étais-je étonnée, dressée sur mes pieds, les poings fermés, toisant mon oncle comme dans les prémisses d’une bagarre. – Mero ! ton ventre a faim, voilà ! – Ma parole! avais-je dit ; je te ferai dévorer par le gragon cracheur de feu ; – On dit Dragon, Dra et non gragon, avait-il rectifié.  Je le tuerai, ton dragon. – Avec quoi ?  Tu n’as même pas une épée magique.  Seul son souffle chaud te réduira en cendres – Trêve de discussions ! Viens manger. – Je vais me plaindre…

Read more

Des amis peinaient à décliner leur identité tout seuls, et la maîtresse les y aidait par des questions. Quand vint mon tour, de ma plus belle voix, je dis : ***  Moi, je m’appelle Émeraude Tognidi, mon père s’appelle Jacques Tognidi, il est pilote et ma mère, Jocelyne, est professeure au collège. J’ai trois ans et demi. L’intérêt que prit ma maîtresse à mon élocution se voyait manifestement à la brillance de ses yeux et à ses lèvres qui libéraient progressivement un sourire amusé et bon enfant. – Es-tu née ici ? – Non, Maitresse! A Gozon, dans une ville située un peu loin d’ici, dis-je d’un air dépité, exprimé par mes deux mains ouvertes, paumes face au plafond. – Il paraît même que je suis un phénomène de naissance. Je suis née à la même heure, le même jour et dans le même mois que ma mère. Je lui ai…

Read more

Quant à moi, ce qui m’attirait dans l’école, c’était plutôt  les amis qu’on pouvait y avoir. Et j’en avais beaucoup : il y avait Fifamè et Ryane, il y avait Babatoundé, Malick Abdul sans oublier  Yanis et Kétia. Ils savent parler, ils savent jouer au toboggan, au trampoline, ils jouent bien au pneu. On s’était choisis dès le premier jour. En effet, ce premier jour-là, la maîtresse nous reçut gentiment et nous installa à nos places respectives avant de se présenter. Elle s’appelle  Amandine Boco, maîtresse pour nous autres, ses écoliers. Elle  se promenait dans la salle de classe, aidait des camarades qui s’embarrassaient avec leurs sacs, en consolait d’autres qui pleuraient encore.  Ma maîtresse est une  femme dont je ne peux  dire l’âge aujourd’hui, je ne le connais pas ;  en revanche, je pus attester qu’elle est jeune. Nous l’admirions tous à cause de ses différentes tenues, en tissus imprimés, cousues sur…

Read more

  D’une façon subtile, l’école s’était coulée  en  moi et m’avait soumise à ses règles. Au départ, mes parents m’ayant inscrite sous le régime de pension complète, je me rendais à l’école le matin et en revenais seulement le soir, de sorte que  tout mon entretien journalier incombait à l’institution. Elle m’offrait,  après mon bol de lait pris à la maison,  un goûter à dix heures, mon déjeuner et mon goûter de seize heures. Notre cantine, si l’on peut appeler de ce nom cette gargote,  ne variait guère les mets : c’était, la plupart du temps, de la saucisse de volaille, de l’aileron ou de l’omelette qu’accompagnaient, soit  des nouilles blancs assaisonnées ou trempées dans un bouillon de sauce-tomate, soit du riz accommodé des mêmes façons, ou du haricot blanc ou multicolore que nous mangions  avec de la friture. Mes camarades finissaient toujours goulûment leur assiette et en reprenaient, au contraire…

Read more

Une allée pavée de dallettes en béton relie les deux blocs. Elle se ramifie pour courir du portail au perron de la véranda du rez-de-chaussée qui s’étale comme une esplanade au sol revêtu de petits carreaux cinq-cinq noirs et blancs ; on peut y voir à gauche la première marche d’attaque d’escaliers qui conduisent au premier étage et, à droite, des portes de toilettes qui ne chômaient pas en visiteurs ce matin-là. Un rapide coup d’œil au premier étage fait découvrir un long préau protégé par une balustrade faite de trois rangées de tuyaux en fer qui traversent de petits poteaux en béton. L’ensemble est badigeonné en une peinture bleu-ciel que rehausse celle rouge-bordeaux de la balustrade. Beaucoup d’élèves plus âgés montaient là-bas. Quand vint notre tour, mes parents et moi entrâmes dans un bureau ; il était vaste et avait en son centre une table où était assis un…

Read more

Et, comme au galop, le jour de la rentrée vint. Tôt ce matin-là, toute la maisonnée était en branle-bas. Tandis que ma mère chauffait de l’eau pour nos bains, elle et moi, papa, de son côté, repassait des vêtements, les siens propres, ceux de sa femme et les miens. Bien que je fusse réveillée et suivisse tout, je restais à me prélasser dans le lit. – Sors du lit, Mero, dit ma mère. Ne nous mets pas en retard – Bonjour, maman. Où on va? – À l’école, répond-elle, occupée à préparer mon sac. – Ouai ! Et je vais porter mon pantalon? – Oui, Mero. – Ouai, super! Et je vais porter mon Lacoste?  – Oui, Mero. – Ouai, super! Et.. et je vais porter mon sac à dos? – Oui, mon amour. – Super, dis-je, en giclant du lit et, comme un bolide, je rejoins la chambre de…

Read more

20/134
×

Aimez notre page Facebook