Category Archives: lupourvous

Quelque part dans les mers, des petites bandes de terre où des hommes naissent, vivent et meurent. Mais surtout vivent. Car au bout du compte, les îles sont ces espaces que la mer concède généreusement à la terre et qui pour des millions d’hommes est le cadre de vie. Seulement, le lieu de l’île est surtout Solitude. Cette impression d’être coupé de l’immense, de ne participer qu’à une fraction de la vie universelle. Car encore, vivre c’est aussi parler à voix haute et d’être entendu. Recevoir des réponses. Vivre, c’est le contraire du monologue. Les vagues de la mer n’apportent jamais de réponses. Elles ne transportent que l’écho de leur valse houleuse. Cet écho certes perceptible demeure ineffable à moins que« sur le remous du vin mal déposé de la mer/planant ce rapt/ ce sac/ ce vrac/ cette terre[1] »d’être « un animal marin de la poésie[2]»et d’avoir pour nom de baptême René Depestre.Et…

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«Afrique mon Afrique Afrique des fiers guerriers dans les savanes ancestrales Afrique que chante ma grand-mère Au bord de son fleuve lointain Je ne t’ai jamais connue Mais mon regard est plein de ton sang (…) » Poème Afrique, P. 23,  » Coups de pilon« , Présence Africaine, 5e Edition. Bedonnant de la mimique des grands gestes, nombreux avions nous été à dé clamer à tue-tête ce poème-symbole sur nos bancs d’écoliers au Sénégal et un peu partout en Afrique subsaharienne. Et on ne sait par quelle magie, l’esprit du poème habitait chaque voix qui s’y prêtait, fût-elle celle de l’élève à qui, moins d’en célébrer l’illustre auteur, il importait d’enchanter son maître d’école puis accessoirement ses camarades afin de décrocher une note gratifiante. Plus qu’un poème, il s’agit là d’un hymne continental. Quant à son compositeur David Diop, du moins David Léon Mandessi Diop –voudrais-je dire puisque c’est de lui qu’il s’agit–,…

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PRÉLUDE « C’est donc quel burin magique Qui sculpta ce chef d’œuvre De grâce et de volupté ? » (Tsylla – poème éponyme, P.34) TSYLLA DE CHEIKH DIOP : UNE VIRTUOSITÉ DE LA DÉMESURE ENTRE TRANSCENDANCE DE L’ÊTRE ET TRANSGRESSION DU LANGAGE  Artiste plasticien, romancier, biologiste, physicien, mathématicien, philosophe, biochimiste, chimiste, Cheikh Diop est tout à la fois certes mais substantiellement par-dessus il est poète d’une sensibilité en perpétuel mouvement et d’une intelligibilité indisciplinée. C’est à supposer que de la discipline, Cheikh n’en a cure. Quand bien même en serait-il autrement, elle réside moins dans les domaines de connaissance respectifs que dans l’universalité de la connaissance elle-même. En outre, celle-là qui prédestine à l’épanouissement de soi-même donc par essence de dimension ontologique. Dès lors, tel le preux chevalier en quête du Graal, l’auteur de Tsylla est à l’affût de l’état premier de l’être et du langage. À ce titre,on peut aisément comprendre dans…

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« Silence du chœur«  Il était une fois, Les étrangers. Plutôt les ragazzi, pour les siciliens. Il était une fois, Un récit humain raconté par un poète déchu. Un long poème de la misère humaine. Le grand poème au chœur d’Altino, cette petite ville « accueillante » de la vieille Sicile. Il était une fois. Sabrina, Santa Marta, l’association ; L’hospitalité. Maurizio, les calcagno, le droit de s’opposer à l’hospitalité. Il était une fois, Et surtout… Un silence bruissant de chœurs : les échantillons de la misère humaine. Alors, « Silence du chœur », deuxième Roman de M. Mbougar Sarr n’est pas une tragédie humaine. C’est une illusion humaine. Ces hommes (étrangers et siciliens) au destin (désormais) commun, pourtant aux corps si différents, condamnés à faire un petit bout de chemin ensemble. Ces hommes, ensemble, marchent dans “un même espace…(en horizon se dessine la perspective d’un avenir commun, quel qu’il dût être…peu de choses…peut-être déjà…

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Un groupe de six personnes décide de publier un journal clandestin dénommé “Rambaaj” pour lutter contre la Fraternité, la police islamique de la ville de  Kalep dont le chef n’est autre que Abdel Karim Konaté. Personnage fascinant, il règne par la terreur et l’intimidation. Entre lapidation, exécution publique, ce justicier entend laver la ville de toutes les impuretés des œuvres des impies et des mécréants. Silence coupable, lâcheté, désespoir, le silence du peuple face à la folie du régime n’a d’égale que cette scène finale magistrale d’un roman couronné prix Ahmadou Kourouma en 2015… « Terre Ceinte » de M. Mbougar Sarr entre discours rhétorique Le Discours et la rhétorique précèdent et rendent solennels tout pouvoir. Le Capitaine Abdel Karim Konaté est le discours incarné, la précision de la rhétorique, lui qui est présenté comme un homme et “moins que cela et plus que cela.” (P.211). Comment ne pas alors être fasciné,…

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“De purs hommes”, est le troisième roman de Mbougar Sarr (après Terre Ceinte (2015) ; Silence du Chœur (2017). Il m’a plu de commencer mes analyses littéraires pour le compte du blog www.biscotteslitteraires.com/2021 pour faire entrer le lecteur dans l’horizon interne de la pensée de cet auteur sénégalais qui sait confronter le réel et les apparences en laissant à chacun l’heur de tirer les conclusions qui lui conviennent. Que recèle le roman “De purs hommes” de Mbougar Sarr? Synopsis  “Ndéné : je ne sais toujours pas vraiment pourquoi tu es venu et revenu. Je ne sais pas pourquoi tu t’es tellement attaché à mon fils. Ou à moi. Tu cherches quelque chose. Je ne sais pas non plus si la réponse est ici. Ici, il n’y a rien. Mais j’espère que tu trouveras ce que tu cherches. J’espère sincèrement.” Ce sont les mots de la maman du “présumé” homosexuel exhumé…

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Khalil Diallo a commis un roman d’une densité insoupçonnable. Il me plait de l’aborder dans la présente analyse littéraire, sous l’angle l’intertextualité et de la néotragédie lyrique… Synopsis Un violent attentat terroriste abat un avion. A bord, il y avait la belle Amina, la bien-aimée d’Ismaïla. Cet acte odieux plonge le héros dans un tourment de plus après la mort de sa mère. Ira-t-il rejoindre les rangs des jihadistes pour se venger ? Analyse I- Vaine citation ou intertextualité ? Citer les autres. Les marquer en Italique. Khalil Diallo de « À l’orée du trépas » a choisi : faire de l’intertextualité la technique de base de son roman. Est-ce entreprise facile si l’on sait que le plagiat, la tricherie, la pastiche, la parodie ne sont pas loin. Et pourtant, certains ont suggéré n’avoir lu qu’un simple étalage de lectures, d’autres, plus radicaux auraient nié l’existence même de la technique (l’intertextualité) dans…

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Ricardo AKPO, jeune poète béninois a commis un recueil : « Brin d’hysope » que j’ai eu l’heur et le plaisir de lire. Et c’est avec joie que je partage avec vous, dans le cadre de la présente analyse littéraire, ce que m’inspire ce recueil et ce que j’en retiens. Il est des esprits voyant dans la nature les secrets et l’essence des  mystères de la vie de l’humain parmi les siens, de l’homme et de sa foi, du vivant et de tout ce qui concerne son âme et son cœur. Ces esprits-là voient dans le plein ciel ouvert, sans télescope, la Vérité aveuglante, tendre ou dure, souriant auprès des étoiles à chaque fois que sur terre leur regard se pose sur les corolles d’une jonquille ou sur les pétales d’une rose, sur les bourgeons printaniers ou sur les brins d’hysope. Ricardo AKPO fait indubitablement partie de ceux-là, lui qui écrit tranquillement en…

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Mamadou Socrate Diop et « Les étoiles de la destinée« : Voilà un binôme de étrange qu’on ne saurait scruter sans arborer les lunettes du métaphysicien qui se questionne en interrogeant son moi intérieur et en renvoyant le monde à une introspection profonde. Ce binôme, à l’allure parfois fataliste, se veut d’entrée de jeu, non une ode à l’optimisme voltairien, mais une concrétisation du réalisme existentiel qui sait tenir la place qui est la sienne tout en élargissant les dimensions de sa tente vers les horizons d’un mieux être. Il faut le reconnaître, il est en effet des auteurs dont les mots sont un univers de sentiments, de sensibilité et d’intelligence ; univers qui fait toujours corps avec l’âme du lecteur ; des auteurs dont chaque phrase est une expérience de vie plongeant l’esprit, l’âme de l’homme dans le plein-vide d’une vérité agréable à connaître mais qui, toutefois, blesse, saigne l’homme dans le dessein de…

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Hamidou Dia, voilà un nom qui ne saurait laisser indifférent quiconque s’aventure dans les dédales de la poésie négro-africaine.  A la vérité, dire, avec le recul, que « Les Remparts de la mémoire » est une poésie des souvenirs imagés, c’est redéfinir la poésie et l’arrimer à la fois aux images et aux souvenirs qui surgissent de l’inconscient de l’auteur et peuplent tout son univers psychique. Qu’on le définisse comme anamnèse, la poésie a cette capacité de réunir en un seul instant tous les instants de la vie de l’homme. Écoutons Hamidou Dia se replonger dans la plaise originelle de son enfance : « Je me rappelle les rires cadencés de tes perles d’abandon la tendre complicité des vagues abreuvant la nostalgie des rivages l’arpège du fleuve l’écho des falaises » (p.13) Telle est la couleur du verbe de cette verve poétique qui sait que la noblesse d’un esprit gît dans sa capacité à…

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