« Colorant Felix »: Un retour aux sources ?

« Colorant Felix »: Un retour aux sources ?

                                  Résumé

 Au village de Kpétékpa, là-bas, les anciens rassemblés sous l’arbre à palabres autour du vin de palme, l’eau-de-vie, se racontent à tour de rôle leurs diverses aventures bonnes ou mauvaises. Ils pouvaient sous l’effet de l’alcool livrer leurs secrets les plus intimes obéissant ainsi à la règle du dicton << c’est sur ce qui est dans son ventre que l’on boit >>. Exécutant le  » culte sotonique  » par des chants, les anciens maintenaient la tradition du village. Ils préfèrent ce maintien plutôt que de passer du temps avec leurs épouses ; ces dernières seront quand même admises sous le sacré arbre.

Cependant, sous l’arbre à palabres, ne viennent que ceux qui y sont invités par les anciens et pour des raisons bien précises. Mais cette loi sera quelque peu banalisée par le jeune étudiant, qui, retourné de la ville de Hanlan-City, venait leur annoncer la nouvelle situation sanitaire à laquelle fait face le monde entier : le Colorant Felix ou Coovi does not. Ainsi, le jeune leur ayant exposé un tel fait, aura-t-il du mal à se faire comprendre en donnant l’origine de la maladie et relevant des causes biologiques et biologiques. Un peu comme pour venir à son secours donc, le vieux et sage Somahuhwéviɖotomé fit toute une autre analyse du fait. Lui, trouva pour ce vilain mal qui frappe l’univers entier, des causes morales et spirituelles. Il mena de fait, sans voiler ses mots, sur des jours, un raisonnement rigoureux, savant afin de faire percevoir aux autres anciens la triste réalité. Après quoi, le jeune étudiant revenu à la charge, donna les dispositions à prendre pour éradiquer ce mal funeste. Mais celle prônant la distanciation sociale fut balayée des mains par les habitants de Kpétékpa surtout les anciens. Ces derniers faisaient tout de même respecter les autres par les villageois et ne délaissaient aucunement  » Son Excellence, l’Honorabilissime Adjago  » avec lequel il mélangeaient des écorces d’arbres. Alors, à l’instar des anciens du village de Kpétékpa, les autres habitants du monde comprendront-ils que cet ennemi invisible a une cause morale et spirituelle comme l’a su démontrer le vieux Somahuhwéviɖotomé ? Et maintenant, hormis les mesures idoines prises pour pallier ce Coovi does not, les habitants de la planète terre sauront-ils respecter le Gbɛsu, le sens interdit de la nature ? Sauront-ils se rappeler des règles morales existantes depuis les temps immémoriaux ? Sauront-ils remettre Dieu au centre de toute leur vie ?

                                   Personnages

Au risque de ne pas donner exactement les noms des principaux personnages, nous ne ferons pas une telle distinction. Ainsi avons-nous :

Le Narrateur : il est un ancien combattant de guerre. Il a eu à raconter lui-même certains de ses exploits.

Alikpa, Emouvi-Lekosto, Akotoé, Klako, Vieux Zèguèzougou : ils sont des anciens du village. Ils auront eux aussi à raconter leurs exploits.

Vieux Somahuhwéviɖotomé : de tous les anciens du village de Kpétékpa, il est le plus sage et le plus vieux. Lui aussi était un ancien combattant qui a fait des merveilles au pays des blancs. Il est celui qui exposera les causes morales et spirituelles du Colorant Felix.

Le jeune étudiant : il est, dans le roman, l’élément perturbateur. Il est venu troubler la quiétude des anciens. C’est lui qui vint annoncer la nouvelle du Colorant Felix.

Les femmes : ce sont les épouses des anciens du village de Kpétékpa. Elles commenceront par assister aux palabres de ceux-ci grâce à l’épouse du narrateur.

                                             Quelques citations

<< Celui qui a créé le Soɖabi ne mourra jamais ; même s’ il meurt, il vivra. >> p.12

<< …… à chaque jour suffit sa scène. >> p.23

<< La vie n’est pas longue. Chaque jour est un don du Sɛgbo et il nous faut en profiter. >> p.38

<< Il est des choses qui vous énervent, mais vous n’y pouvez rien. >> p.45

<< La vie est dans le jouir et le réjouir mais ne pas savoir se réjouir en jouissant de la vie, c’est ce qui crée de AVC, des tensions, et même des arthroses et des rhumatismes. >> p.74

<< (…) La solitude tué plus vite que la mort. >> p.79

<< (…) les gens, en vous voyant de l’extérieur, ne savent pas toutes les gymnastiques que vous faites afin de paraître heureux.>> p.83

<< Il est des lois de la nature qu’on ne viole pas impunément ! >> p.99

<< Ce n’est pas toujours le plus intelligent qui réussit dans la vie, mais le plus souple et le plus ouvert à la vie et à ses injonctions. >> p.107

<< La nature est toujours toujours juste. >> p.118

<< (…) chacun se fait une idée de Dieu… >> p.124

<< Chaque parole que nous émettons nous fait renaître. >> p.130

<< Aller contre la vie, c’est se hâter vers la mort. >> p.130

<< C’est du va-et-vient que jaillit la vie. >> p.137

<< Chacun supporte ce qu’il a créé. >> p.144

<< Rien n’arrive par hasard. >> p.160

<< Nous aimons indexer les autres comme source de nos malheurs. >> p.162

<< Dieu sait faire les choses. >> p.174

<< Une seule parole lâchée suffit pour remplir une case de déductions. >> p.176

<< Ce qu’on peut changer, c’est son comportement, pas sa nature. >> p.178

<< La parole qui a mûri est celle qui soigne. >> p.187

<< On ne mange pas tout le repas de sa vie en une journée. >> p.193

<< Il est des choses chez nous qui défient l’intelligence. >> p.200

<< Tant qu’on est pas encore mort, on ne peut dire qu’on a fini de tout voir.>> p.205

<< La vie est un choix. >> p.219

<< Généraliser, c’est juger à l’aveuglette. >> p.234

<< Celui qui a bu aura encore soif. >> p.236

<< … nous apprendrons désormais la morale chez les animaux. >> p.245

                                    Thèmes  

Ce n’est pas une liste exhaustive.

 L’abandon des bonnes mœurs au profit de mauvaises

Le relativisme inquiétant

La désacralisation de la vie humaine

Les limites scientifiques

L’amour obstiné de l’avoir et du pouvoir

etc…

                            Thème principal : La régression de la mentalité humaine.

   L’Homme pense avoir fait progresser l’humanité par ses nombreuses inventions et découvertes. Il pense être en train de guider, aujourd’hui, l’univers mais elle lui échappe, sa gestion. La mentalité ( psychologie ) humaine régresse. C’est au vu d’une telle constatation que nous avons osé choisir de le développer un temps soit peu, ce thème qui est vif et dont l’observation est actuelle.

Ainsi pouvons-nous dire sans peur de contredire l’auteur que tous les autres thèmes relevés dans son livre, trouvent leur raison d’être dans celui que nous avons voulu développer.

De fait, ces temps qui courent, l’humanité «  commence à nous faire peur  » en se livrant à d’immoraux et ignobles actes. L’Homme, en effet, tombe facilement dans le piège du modernisme excédant. Certes, l’avènement du modernisme a permis à l’Homme de réaliser assez de choses mais il a causé des dégâts pas moins dommageables. Nous percevons nettement à la lecture de l’ouvrage tous les faits qu’à dénoncés l’auteur. Comme exemples : des hommes ou femmes qui se marient avec des animaux ; des personnes du même sexe qui décident de « se marier »; certaines personnes se pensant puissantes qui décident du sort de l’humanité de par leur pouvoir ou avoir… Ce sont là des illustrations qui justifient le choix de notre thème principal. La mentalité humaine est venue à délaisser les bonnes mœurs, à tout relativiser, à désacraliser la vie humaine, à oublier Dieu, à blesser la nature. Tous ces faits prouvent la régression de la mentalité humaine. Ce passage du roman nous le signifie clairement : << ( … ) nous apprendrons désormais la morale chez les animaux. >> ( cf p.245 ) C’est dire que dans les temps immémoriaux, les ancêtres vivaient bien, du moins, ils prenaient soin de la vie et de la nature ; ils craignaient Dieu. C’est ce que l’auteur veut nous rappeler.

Ainsi, devons-nous revenir à ses anciennes habitudes afin de jouir et nous réjouir pleinement de la vie.

                                                        Critique

L’auteur, de par son livre, a su nous communiquer sa désolation face aux diverses exactions que commet le monde. Il a su adopter un style clair et ironique pour nous dévoiler certains actes malheureux auxquels se livrent les Hommes. Destin AKPO a fait longuement usage des expressions de certaines langues béninoises. Par des proverbes, chants, contes au sens profond, motivant, édifiant, il a su nous faire part de ses plus intimes sentiments. Le livre favorise une introspection  et une rétrospection de sa vie. Son ouvrage, plus qu’une richesse est un grand trésor.

Par contre, Destin AKPO ne nous a pas mis en suspense comme le font certains auteurs romanciers. Il ne nous a pas fait promener dans le monde imaginaire. Son roman est une pure analyse d’événements réels pour en appeler à la prise de conscience de tout le monde. Son roman est de type réaliste.

A chacun donc de savoir, à la lecture du livre, ce qu’il doit corriger à son niveau.

Géraud Yoclounon

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