« Comme un avant d’apocalypse » de Adélaïde Fassinou

« Comme un avant d’apocalypse » de Adélaïde Fassinou

Adélaïde Fassinou, l’auteure de Yèmi ou le miracle de l’amour, entre en scène dans le genre théâtral avec sa pièce Comme un avant d’apocalypse. Un support de texte unique de 57 pages. Cette plume de récit qui s’affirme dans le paysage littéraire béninois aux côtés d’autres dont Florent Couao-Zotti, Agbazahou Appolinaire depuis plus de deux décennies, trempe désormais dans le genre vivant.

L’ouvrage, Comme un avant d’apocalypse publié aux Editions Béninlivres à Porto-Novo au début de l’été dernier, est accompagné de l’index générique « Théâtre ». C’est une première pour l’auteure habituellement reconnue comme poétesse, nouvelliste et romancière. Dans cette sorte de  format de poche, le texte dramatique intégral est subdivisé en six tableaux inégalement répartis dont le plus court est le « Tableau 3 » (2p.) et le plus volumineux, le « Tableau 6 » (9p.).

Pour l’intrigue, dans la grisaille ambiante de Gbodjo à Abomey-Calavi, la plus grande banlieue de la mégalopole Cotonou, un homme et une femme, adultes et conscients, amis et compères, saoulés de « désespérance », racontent la Covid-19 comme un vieux conte des Mille et une nuits. A tour de rôle, les deux observateurs de leur temps peignent ce cauchemar comme dans un rêve : le mythe entourant la Covid-19 malgré la précision du jour, du mois, de l’année et du lieu de sa naissance, sa folie dévastatrice, sa capacité de nuisance, la réaction des humains, ses implications scientifiques et cliniques, ainsi que la récupération politique et géopolitique, sans occulter ses répercussions financières. La maladie virale muée en mal absolu, étouffe et tue les humains partout où ils se trouvent. Elle fait des victimes sans distinction de classes sociales, de races et de genres. Extrait :

« Tony : (baissant la voix) On dit qu’il a tué plus de sept millions de personnes. Tania : Plus de sept millions de victimes ! Sans distinction de couleur de peau, de nationalité, de genre encore moins d’âge… Tony : Ce fut un virus qui broyait tout sur son chemin. », p. 33.

La Covid-19 est un ennemi du genre humain et constitue une menace pour l’espèce humaine.

A l’heure où circule la rumeur troublante et déprimante d’une maladie virale hyper contagieuse désignée de Mpox, le sordide souvenir de la Covid-19 renaît de la fumante et gigantesque cendre de l’histoire récente de l’humanité. Ce que nous donne à lire la plume d’Adélaïde Fassinou dans le genre dramatique.

Ce premier essai du théâtre fassinouïen naissant, allie le conte, la mimique, les ombres chinoises, l’interaction entre les acteurs et le public spectateur, bref une sorte de concert-party.

Lire Comme un avant d’apocalypse, c’est entrer dans la nouvelle aventure scripturale de Fassinou et suivre le second souffle de cette plume.

            Dr Joseph SOHOUE

Critique littéraire, enseignant chercheur en lettres, communication et de journalisme à l’université.

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