Conte: La vengeance de Bonou

Conte: La vengeance de Bonou

Mon conte roule, roule et tombe sur Bonou. Bonou était chasseur professionnel au pays de Houélèko. Sa femme s’appelait Yèbèyèbè. Elle ne l’aimait guère.

Un jour, après une longue chasse, comme il rentrait bredouille, il découvrit successivement un rat, une tortureet un pangolin qui lui dirent, chacun à son tour: « ne me tue pas, emporte-moi et tu verras ce dont je suis capable. » Le chasseur satisfit au désir des animaux. A deux kilomètres de la maison, le rat lui dit : « Je suis capable, la nuit, de te faire entrer, sans être vu par personne, dans n’importe quelle maison« . La torture continua:  » Je peux porter pour toi, sur ma bosse, une charge du poids de trois montagnes. » Et le pangolin termina par ces mots:  » Je te donnerai l’herbe qui guérit de toutes les morsures de serpent« .

La nuit suivante, Bonou mit les animaux à l’épreuve. Comme dans un rêve, il s’introduisit dans la maison du roi. Il vola toutes ses richesses, qu’il entassa sur le dos de la torture. Revenu chez lui, il organisa une grande fête. Mais il avait commis l’erreur de tout raconter à sa femme qui courut, pendant la fête, informer le roi de son forfait. Celui-ci fit arrêter le chasseur, le fit rouer de coups et décréta qu’il serait pendu sur la place publique, quand le dernier soleil du mois se serait couché. En attendant, il fut enfermé dans la cellule la plus surveillée de la prison. Quant à Yèbèyèbè, pour la remercier pour le service rendu, le roi la combla de richesses. Elle partit directement se remarier avec un autre homme, dans l’espoir de refaire sa vie. Or durant la dernière nuit du mois, la plus belle des femmes du roi fut mordue par une vipère. Herboristes, médecins, charlatans, magiciens, sorciers, tous essayèrent, en vain, de la sauver. Alors de sa prison, Bonou annonça qu’il pouvait guérir la femme du roi, mais à une et une seule condition : il lui fallait la tête du dénonciateur. Les gardes du roi n’eurent pas à chercher longtemps. La femme du chasseur qui s’était déjà remariée et qui faisait la belle vie, était là. Elle fut décapitée sans pitié, l’essentiel pour le roi étant la guérison de sa femme. Bonou prononça quelques incantations, appliqua les herbes de son pangolin et la malade fut guérie. Le roi, ému, garda alors le chasseur dans son palais, comme  son médecin particulier. Depuis lors, les rapporteurs, les menteurs, « adigban-non » ont disparu du royaume de Houélèko.

Claude K. OBOE

4 comments

Avec ce dénouement là, Oh mon Dieu! Adieu les commérages

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