« Dans les foyers, on laisse croire que la femme est l’esclave de l’homme » Frank William BATCHOU.

« Dans les foyers, on laisse croire que la femme est l’esclave de l’homme » Frank William BATCHOU.

« L’erreur de la nuit  est un roman qui parle, certes, d’un fait de la société mais de façon romancée avec toujours comme objectif : sensibiliser la masse sur un phénomène qui prend de plus en plus de l’ampleur dans notre société : l’irresponsabilité des hommes couplée à la maltraitance de la gent féminine dans les ménages. », Frank William BATCHOU

BL : Bonjour Monsieur Frank William BATCHOU. Et merci de vous prêter à notre jeu de questions-réponses. Pour commencer, vous voulez bien nous parler un peu de vous ? Et surtout, comment avez-vous commencé à écrire ?

FB : Je me nomme Frank William Batchou et je suis un homme à plusieurs casquettes. Mais pour faire simple, je travaille dans le secteur du digital depuis quelques années. Je suis actuellement Community Manager chez Bolloré Transport & Logistics région Golfe de Guinée. A mes heures perdues, j’arbore la casquette de blogueur parce que je fais partie de la vague des tous premiers au Cameroun. L’écriture à véritablement commencé quand j’ai débuté avec le blogging en 2008 bien que prêtant déjà ma plume pour quelques médias locaux.

BL : Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire des livres ou des chroniques sur internet ?

FB : J’ai commencé, comme je vous l’ai dit avec du blogging. Et l’objectif était de partager mon quotidien avec les autres ; surtout les camerounais de la diaspora qui, souhaitaient avoir les informations du pays. Internet n’était pas si développé comme aujourd’hui. C’était très difficile autant pour les internautes que pour nous les rédacteurs. L’idée d’écrire des livres est née en 2011. J’étais chroniqueur dans une émission culturelle dénommée « In Mag’ » diffusée sur radio Nostalgie Cameroun avec une déclinaison magazine papier. Lors de la refonte du programme, j’ai proposé une rubrique mensuelle dénommée « Le livre du mois ». L’idée était de présenter aux auditeurs, une note de lecture d’un livre que j’ai lu au courant du mois. A force de lire, je me suis rendu compte qu’il y a des choses que je vis ou observe au quotidien qui peuvent être partagées avec le grand public sous forme de livre. C’est ainsi que j’ai débuté la rédaction, en 2012, du roman  L’erreur de la nuit  qui avait comme titre de départ  Coup de massue. Puis Pourquoi c’est à moi que ceci arrive ?, suivi de Le bruit du silence avant d’aboutir au titre actuel. Normalement, c’est le premier ouvrage que je devais sortir. Les choses ne se sont pas passées comme espéré. Avec du recul aujourd’hui, je me rends compte que ce roman est en quelque sorte une suite logique de mon recueil de nouvelles  Mapanes : l’âme d’un aventurier.  

BL : Quelles différences percevez-vous entre les chroniques que vous publiez sur internet et « L’Erreur de la nuit » en format physique que vous venez de publier chez Élite d’Afrique Éditions ?

FB : Il y a une très grande différence. Les chroniques étaient mon ressenti et le partage de mon point de vue concernant un fait social vécu dans mon environnement pour attirer l’attention de mes semblables et des décideurs. Par contre,  L’erreur de la nuit  est un roman qui parle, certes, d’un fait de la société mais de façon romancée avec toujours comme objectif : sensibiliser la masse sur un phénomène qui prend de plus en plus de l’ampleur dans notre société : l’irresponsabilité des hommes couplée à la maltraitance de la gent féminine dans les ménages. Autour de ces deux thématiques gravitent des thèmes tels que : la prostitution, l’alcoolisme, les jeux de hasard, la magie noire, l’immigration, etc.

BL : Comment vous sentez-vous après la sortie de votre deuxième livre ?

FB : Très heureux de voir ce projet enfin disponible. Ceci pour deux raisons : La première est le mépris de plusieurs personnes vis-à-vis des démarches entreprises auprès d’elles pour la relecture de mon manuscrit. Un manuscrit que j’ai remis à des proches, des aînés et même des amis écrivains que j’avais eu à relire ou non leur projet par le passé pour avoir leur avis, mais je n’ai jamais eu de suite. Heureux aussi parce que ce livre regorge des enseignements qui pourront aider à comprendre certaines choses qu’on juge parfois tabou dans les maisons mais qui détruisent de nombreuses familles.

BL : Quel a été chez vous le parcours d’écriture de « L’Erreur de la nuit », entre l’idée du livre et sa mise sur la feuille ?

FB : Comme je l’ai dit précédemment, tout est parti d’une rubrique que j’animais dans une émission radio. J’ai commencé à griffonner les premières lignes sur des papiers format, puis dans un cahier de 288 pages que j’avais acheté. Comme le titre, j’ai dû modifier et remodifier le contenu à plusieurs reprises jusqu’en 2019 où j’ai décidé de ne plus le modifier sauf si un éditeur me le demandait. Et 2 ans après, je rencontre les responsables d’Elite d’Afrique Editions à Dschang et c’est au détour d’une discussion sur le livre que je me décide à proposer le manuscrit qui est accepté pour le résultat que vous connaissez aujourd’hui. Entre l’idée du départ et le résultat final, il y a eu trop de péripéties même si l’idée centrale n’a pas changé.

BL : L’histoire de Victoire, le personnage principal de votre roman, est-elle inspirée d’une histoire vraie ?

FB : A 40% oui. Le reste est de la romance.

BL : Quel message voulez-vous porter au monde avec ce roman ?

FB : C’est de prendre du temps, surtout les parents, et discuter avec leur progéniture. La vicissitude des femmes dans les foyers est en majorité due au manque d’éducation. Dans nos maisons, on fait croire, sans le dire officiellement, que le jeune garçon est le dieu suprême. Qu’il doit croiser les pieds et attendre au salon quand sa sœur ou ses sœurs se tuent seules aux tâches domestiques. Dans les foyers, on laisse croire que la femme est l’esclave de l’homme. Pourtant, ce n’est pas le cas. On est tous complémentaires. Notre jeunesse sombre dans la facilité (jeux de hasard pour le gain facile, la prostitution), l’alcoolisme, l’immigration…ça n’émeut personne. C’est même parfois encouragé par des parents qui te disent : « Ils se battent et m’aident aussi ». Ce roman, sans toutefois le dire ouvertement, est une sonnette d’alarme que je tire pour le devenir de mon pays, de mon continent…

BL : On pourrait considérer « L’Erreur de la nuit » comme une œuvre féministe. Êtes-vous féministe ?

FB : Je ne sais pas si ce roman est féministe ou non. Je laisse libre cours aux lecteurs et aux féministes d’en juger. Personnellement, je ne suis pas féministe mais je suis contre tout acte ou attitude qui peut nuire au droit de l’autre, en l’occurrence les femmes qui sont de plus en plus chosifiées. Je ne parlerai pas forcément de l’égalité de genre mais du respect de cet être précieux qui est en face ou à côté de vous et qui peut-être ta sœur, ta mère, ta femme…

BL : Est-ce difficile d’être un homme et d’écrire avec un personnage principal qui est féminin comme vous l’avez fait ? Et quelles seraient les difficultés ?

FB : Personnellement, je ne trouve pas de difficultés si ce qu’on souhaite transmettre comme message est préalablement bien défini au départ. Il faut apprendre à observer et se mettre à la place de l’autre. Même dans mon recueil de nouvelles, j’ai des personnages principaux femmes et hommes. Comme je l’ai dit et c’est mon avis qui est discutable : tout dépendra du message que l’auteur souhaite passer.

BL : Que pense l’auteur Frank William de la liberté du genre ?

FB : Je respecte la liberté du genre. Cependant, cela doit aller en droite ligne avec mon environnement, mon éducation, mes us et coutumes. Je suis africain et je le resterai même après cette vie. Par conséquent, il y a des genres de liberté qui ne doivent pas nous être imposés par qui que ce soit. Que ce soit sur le plan biblique, de nos croyances africaines, de nos us et coutumes, ça ne passe pas, peu importe la raison.

BL : Croyez-vous que la littérature puisse participer à résoudre les maux de notre société ?

FB : Oui. La littérature jouera un rôle prépondérant si on incite nos enfants à lire tout en leur montrant l’exemple. Nous sommes les modèles de nos enfants. Si nous leur montrons l’exemple, ils suivront nos pas. En lisant, surtout les textes qui décrivent la société dans laquelle ils se trouvent, ils chercheront ou apporteront des solutions plus concrètes pour les résoudre. Qu’on ne se leurre pas, la littérature a un rôle capital dans cette bataille.

BL : Dites-nous, avez-vous des auteurs camerounais qui vous inspirent particulièrement ?

FB : Les auteurs qui m’inspirent sont les hommes et femmes que je retrouve au quotidien dans la société en général. Ce sont eux ma véritable source d’inspirations. Parlant des auteurs, dans le sens clair du terme, je n’en ai pas. Par contre, j’aime beaucoup les lire parce que je me retrouve dans ce qu’ils disent. C’est le cas de Calixte Beyala, feu Ateba Eyene, Marcel Kemadjou Njanke. Séraphin Ssonguo sonwah avec son roman « Le temps des mutations », François Nkémé avec  Buyam sellam  ou Alphonse Ngang’hi avec Billet retour. Ils sont nombreux mais on ne peut pas tous les citer ici (sourire).

BL : Quels sont vos projets littéraires ?

FB : Je compte procurer d’autres œuvres aux nombreux lecteurs qui se comptent de plus en plus hors du territoire camerounais où je vis. Pour preuve, je travaille déjà sur le prochain et j’ai également proposé à deux amis de bosser sur des projets communs. Je ne sais pas lequel paraîtra avant. En attendant, je mets l’accent sur la commercialisation de L’Erreur de la nuit.

BL : Où et comment se procurer votre roman L’Erreur de la nuit ?

FB : Les commandes se font par Orange Money ou MTN Mobile Money et on s’accorde avec le client pour la livraison. De commun accord avec l’éditeur, nous avons mis la vente de la version numérique en stand-by. On souhaite avoir toutes les garanties de sécurité avant de s’y lancer. Seule la vente physique est faite actuellement. On a distribué au Cameroun, en France, aux Etats-Unis, au Canada et en Autriche. J’en profite pour réitérer mes remerciements aux lecteurs pour leurs retours positifs, les remarques et les critiques constructives qui nous permettent de nous améliorer. Je suis disponible pour toute personne qui souhaite me contacter ; Facebook et LinkedIn : Frank William Batchou ; Twitter et Instagram : @frankywilly. Merci à tous pour le soutien.

BL : Votre mot de fin ?

FB : Je commence par dire merci à Biscottes Littéraires pour cette mise en lumière ; c’est très important pour les auteurs que nous sommes. Merci également à ceux de vos lecteurs qui lisent ces mots. Vive la littérature africaine !

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