« DIRE LE TCHAD : Réflexion sur un pays embourbé » de Rameau d’Olivier KODIO

« DIRE LE TCHAD : Réflexion sur un pays embourbé » de Rameau d’Olivier KODIO

« DIRE LE TCHAD :Réflexion sur un pays embourbé » de Rameau d’Olivier KODIO est un essai de 156 pages qui traite du problème du sous-développement du Tchad. Le livre est publié chez l’Harmattan en  2019. L’auteur tente dans cet essai de montrer comment se traduit l’embourbement du Tchad dans le Sous-développement et comment sortir ce pays de cet état. Il construit alors son ouvrage autour de 7 chapitres qui traitent de ce que l’auteur croit être les maux qui engluent le Tchad dans le Sous-développement. Il attribue la responsabilité de ces maux aussi bien à la population qu’aux gouvernants. Avant de présenter rapidement les chapitres de ce livre, disons un mot sur l’auteur. Rameau d’Olivier KODIO est juriste de formation. Né en 1991 à N’Djaména au Tchad et passé par l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar au Sénégal où il obtint un diplôme de Master en Droit privé des affaires, il est actuellement doctorant en Droit privé et Sciences criminelles à l’Université de Montpellier en France.

« DIRE LE TCHAD :Réflexion sur un pays embourbé« , en son premier chapitre, traite du problème de la mentalité et des comportements. Rameau d’Olivier KODIO stigmatise le manque d’esprit d’entreprise au sein de la jeunesse, le déficit de citoyenneté, les haines religieuses et raciales, le manque de rationalité au profit de la superstition bien ancrée, la consommation abusive d’alcool et le manque d’engouement des jeunes pour l’instruction. Le constat que dresse l’auteur est que tous ces problèmes (ou la plupart), sont dus à un déficit du système éducatif dans toutes ses dimensions : parentale (au sein de la famille) et étatique (à l’école). Et il appelle à refondre au moins au niveau étatique la manière d’éduquer les enfants par la valorisation du budget des Ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur, la promotion de l’instruction civique comme une matière à haut coefficient, la mise en place d’écoles de commerce et d’ingénieurs et d’écoles d’enseignement technique.

Le deuxième chapitre traite du bricolage dans le domaine des infrastructures. L’auteur constate que, depuis son indépendance, le Tchad n’a pu bitumer que moins de 10% de ses routes dits d’intérêt national. Il trouve donc que, comme la route du développement passe par le développement de la route, tant que les routes d’intérêt national au moins ne seront pas construites, aucun développement ne pourra se constater dans ce pays. Et que tous les discours qui sont construits actuellement sur le développement du Tchad ne sont que des chimères, des façons de se donner bonne conscience. Il en appelle donc à un développement des routes et propose des pistes de financement (peu explorées par l’État pour le moment) pour ce faire : eurobonds, partenariats public-privé, etc.

Le troisième chapitre de « DIRE LE TCHAD :Réflexion sur un pays embourbé » traite de l’agriculture au sens large. Dans ce chapitre, l’auteur constate un manque dans la prise en charge de ce secteur stratégique du développement du Tchad. Se basant sur es théories économiques qui montrent qu’un pays pauvre et agraire doit miser sur l’agriculture pour sortir sa population de la pauvreté, l’auteur constate que c’est parce que l’Etat n’a pas bien pris en compte ce secteur que le pays est sous-développé ; il en appelle donc à un développement de ce secteur par le lancement d’une sorte de Plan Marshall, un investissement massif, pour que le pays puisse se nourrir lui même et dégager des excédents pour attirer des devises.

Le quatrième chapitre traite du manque criant d’établissements industriels. Constatant l’inscription du Tchad seulement dans l’économie primaire à l’image de l’essentiel des autres pays africains, et les conséquences de cet état sur le plan de la balance commerciale et le coût de la vie, alors qu’il regorge de beaucoup de matières premières industrialisables, l’auteur appelle à la mise en place d’un appareil productif efficace et cohérent pour valoriser ses matières premières. C’est aussi dans cette même veine du constat du refus de développement que l’auteur fait le constat dans les chapitre 5 et 6 de la faible financiarisation de l’économie et de la faible densité du secteur privé dans ce pays au mépris de l’empirisme économique.

Le dernier chapitre de « DIRE LE TCHAD :Réflexion sur un pays embourbé » épingle la désastreuse gouvernance. L’auteur montre combien tout ce qui caractérise une gouvernance efficace, c’est-à-dire une gouvernance pouvant mener au développement, est à la limite inexistant dans ce pays : l’inexistence pendant longtemps d’une vision stratégique et la favorisation des plans de développement de court-terme intrinsèquement inefficaces, les dépenses improductives (soit la gabegie financière), le laxisme face au non professionnalisme des fonctionnaires, la corruption et les détournements de fonds publics dans l’administration ayant même donné lieu à des affaires célèbres.

Il tire donc la conclusion qu’au vu de cet état, le Tchad ne peut pas être en voie de développement et qu’il est encore englué dans le sous-développement. Il appelle par conséquent ses fils et filles à le transformer sans délai en « atelier de sueur » pour le hisser.

Djarma NGAMBAYE 

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