« ESCLADES », Myrtille AKOFA HAHO

« ESCLADES », Myrtille AKOFA HAHO

« Il pleure dans mon cœur comme il pleut sur la ville ! » Cette exclamation de Paul Verlaine, mutatis mutandis, révèle les malignes et bénignes facettes de la poésie ! Dans le cœur, il peut pleurer d’amertume comme de joie et de douceur. Il peut s’abattre sur la vie de grandes tempêtes comme il peut pleuvoir sur la ville de fines et douces gouttelettes qui adoucissent le temps ! Une même réalité qui laisse vivre différentes émotions. C’est cela la poésie ! Un tronc de mots à deux branches –amertumes-et-douceurs, tristesses-et-joies, pleurs-et-rires, grincements-et-sourires – Y tirent leur sève les tiges des différentes émotions et divers sentiments qui font vibrer et virevolter l’esprit du poète ! Ici, il s’agit de la poétesse, Myrtille AKOFA HAHO avec son recueil de trente titres poétiques rangés sous le titre principal “Escalades“. Publiée chez « Les Editions SAVANE », en 2016 à Cotonou-Bénin, l’œuvre couvre quatre-vingts (80) pages empreintes de cette dualité émotion-sentimentale qui se veut aussi dolorisme-sensualité.

 

D’ailleurs, à la première de couverture déjà, on voit le rose qui exprime la romance, l’amour. Le titre est en bleu et cela fait penser à l’azur et tout ce qui s’y rapporte : joie, pureté et bonheur. En image, il y a une mer aux vagues violentes qui s’abattent sur des monts noirs, tout ceci au-dessous d’un azur bleu. Ces images veulent exprimer la tempête, la violence, le malheur. Plus bas dans le rose, on aperçoit un nœud de pendaison qui fait penser à un obstacle qui surviendrait dans la romance, l’amour ou le bonheur. Le nom de l’auteur, le nom de la maison d’éditions et le nom du genre littéraire du livre sont écrits en blanc. En résumé, la première de couverture nous plonge dans un univers de bonheur heurté et étranglé par un nœud d’obstacles et un univers d’amour noyé ou submergé par de violentes vagues. Les couleurs utilisées pour le dos du livre ne sont pas conformes à celles utilisées à la première de couverture.

 

 

A la quatrième de couverture les feuilles presque fanées inspirent une chute de l’espoir que fait revivre le rose partout présent : espoir-désespoir. En cela, on peut dire que « Escalades » est un écrin où cohabitent la douceur et la violence des mots, l’“Exultet“ de l’amour et le cri de déception, le carpe diem des joies ivres et le requiem occasionné par vicissitudes de la vie : tout un méli-mélo, fait de langueur et spleen, qui exprime les Escalades de la vie de l’Homme et particulièrement de la femme. Dans sa poésie, on perçoit de loin et de très près à la fois, Myrtille, une poétesse seule sur un sentier riche en mots doux d’une part, et tranchants d’autre part. En allant en profondeur, on réalise un bras de fer et on se demande : la violence l’emportera-t-elle  sur la douceur ? Pour le découvrir, il faut escalader chaque poème pour se persuader que la corde est faite de plusieurs nœuds, tout comme l’échelle de plusieurs échelons. Certains échelons sont des bois durs et résistants, d’autres sont des bois rongés par les termites de la douleur, de la souffrance et des vagues violentes. Et il y a toujours cette corde qu’il faut escalader comme un funambule ! La poésie était le meilleur genre littéraire qui pouvait laisser cours libre à toutes ces escalades de la plume de Myrtille ouverte aux flux de l’inspiration. Ici l’esprit s’exprime sur l’amour et sa sœur intime, la douleur, comme le signifierait Carmen TOUDONOU, la préfacière. Si dans “Escalades“ s’enlacent plusieurs thématiques et émotions, la culture à travers les langues s’est aussi conjuguée au pluriel.

 

 

La poétesse est libre, on le sent et le découvre mieux dans sa manière d’écrire ; son style se veut, et j’exagère moins, révolution. Une révolution qui bouscule tout fixisme littéraire bascule vers la nouveauté, la créativité. Les trente poèmes ont été titrés d’une façon originale. En effet, Myrtille offre une escalade en ballades culturelles avec des titres en prénoms Yoruba : « Bamidélé, Fèmi, etc. », Mina « Elonm, Elatio, , etc. » Fon «Houéfa, Dokountché » et même populaires comme Fayivi. Ces prénoms portent un message harmonieux l’un à la suite de l’autre. Ainsi, “Escalades“ suit un rythme et une traversée guidés par les émotions de la plume, une plume ferme par endroits et tremblotante également. La richesse de cette œuvre se trouve aussi bien dans les mots que dans la pluralité de ses couleurs. Le beau attire, les mots de Myrtille accrochent, la virilité féminine de sa plume séduit et excite à la curiosité. Seuls les curieux gagnent. Soyez curieux pour découvrir ceci :

« Je verrais enfin Eros m’offrir l’amour

Tu aveugles mes sens

Tu uses mon cœur à battre pour toi

Je rampe comme l’éclair

Malgré mes deux sexes

Saoule-moi de mal mais libère-moi » Page 45.

 

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