« Le Bon Dieu n’a besoin de personne pour faire son œuvre, mais de même qu’Il permet à un habile jardinier d’élever des plantes rares et délicates et qu’Il lui donne pour cela la science nécessaire, se réservant pour Lui-même le soin de féconder, ainsi Jésus veut être aidé dans sa Divine culture des âmes. » Sainte Thérèse de Lisieux
Dès la préface, on se sent embrasé par un feu dévorant, brûlant et réchauffant. La lecture est fluide et agréable, dans un style accessible, cependant raffiné. Bien qu’on ait hâte d’entrer dans le vif du sujet, on est cependant partagé entre deux sentiments, l’empressement de continuer pour découvrir la suite, et la peur de trop vite finir cette lecture si riche et si dense.
Avec sainte Thérèse, on découvre un amour pénétrant qui ne laisse indifférente aucune parcelle de notre être. On réalise également l’indissociabilité de l’amour et de l’humilité. S’il n’y avait que deux mots à retenir de ce qu’elle m’inspire dans cet ouvrage, je ne parlerais que d’amour et de confiance.
Amour pour son créateur, qu’elle lui manifeste avec une profonde humilité. À aucun moment, elle ne prétend mériter l’amour de Dieu par une quelconque bonne action qu’elle aurait pu poser. C’est plutôt la miséricorde divine qui constitue la citadelle dans laquelle elle s’abrite pour croire fermement en l’amour de Dieu. Sa confiance en lui est absolue.
Amour pour sa famille au cœur de laquelle elle nous plonge, nous contant son enfance avec humour et naturel. Rarement par le passé, me suis-je autant émue face à un amour sororal aussi intense.
Amour pour les pauvres âmes qu’elle rencontre et pour qui elle prie avec ferveur. À ses yeux, tout est digne d’être aimé, et elle aime justement d’une façon bouleversante. Profondément et intensément, mais si tendrement.
Contre toute attente, on découvre une femme déterminée en elle. On pourrait être tenté de la prendre pour une féministe. Pourtant il n’en est rien. Sainte Thérèse est une femme qui s’affirme dans sa plénitude, sans comparaison, ni amertume aucune. C’est une femme qui croit que rien ne lui est impossible. Pour elle, le genre ne représente point un frein ni une arme. Elle puise plutôt en sa féminité les ressources nécessaires à la pleine expression de son humanité.
Plusieurs anecdotes ponctuent le récit. Toutes nous donnent à réfléchir. Mais il en est une qui incontestablement nous projette encore plus loin sur notre chemin de foi et d’espérance. Car, en découvrant son parcours pour intégrer le Carmel avant l’âge requis, on est conforté dans la conviction qu’il ne faut jamais abandonner. Jamais ! Une assurance encore plus intime se niche au creux de notre âme, lui murmurant que tout est accompli, et qu’il nous faut maintenant œuvrer pour que la promesse se réalise. La balle est dans notre camp.
Jamais sainte Thérèse n’abandonna. Aucun obstacle ne la fit reculer. Ainsi, du supérieur du couvent, elle alla voir l’évêque, puis saisit l’occasion d’un voyage à Rome pour parler au pape Léon XIII. Son audace paya et elle fit son entrée au Carmel à l’âge de quinze ans plutôt qu’à vingt-et-un comme requis.
Avec une sincérité et une transparence déconcertantes, Sainte Thérèse nous livre les secrets de son âme. On y retrouve sans cesse l’amour, la foi et l’espérance. La fragilité aussi. La tristesse quelques fois. Cette lecture procure un réel bien à l’âme, particulièrement en cette époque où la société a tendance à nous faire occulter la part de fragilités qui nous habitent.
En cette période de carême qui débute, puissions-nous, à l’image de cette grande sainte, docteur de l’Église, reconnaître et accepter nos faiblesses et limites, afin de les soumettre à celui dont sainte Thérèse fut éperdument amoureuse, Jésus.
Annie-Josiane SESSOU