Interview avec Jean-Patrice DAKO (JPD)

Interview avec Jean-Patrice DAKO (JPD)

BL : Bonjour Monsieur Jean-Patrice DAKO. Nos lecteurs seraient contents d’en savoir un peu plus sur vous. Date et lieu de naissance, cursus académique.

JPD : Merci de l’honneur et de l’intérêt que vous m’accordez. Me concernant, il n’y a vraiment pas grand-chose à dire. J’ai grandi à Cotonou où je suis né en 1991. J’ai passé mon adolescence au Togo, Kpémè où j’obtins mon BEPC, ensuite mon Baccalauréat en 2010. Trois années après, j’obtins une licence de Lettres modernes à l’Université d’Abomey-Calavi du Bénin ou j’étais aussi un petit journaliste à la presse universitaire « Le Révélateur« . En 2014, j’ai obtenu mon Brevet National de Secourisme. Actuellement, je suis doctorant en littérature générale et comparée en France.

BL : Vous venez de commettre un roman « Les rescapés de l’indifférence ». Quelle en est la genèse? Et pourquoi ce titre?

JPD : Ce roman est le fruit des faits et réalités dramatiques glanés de part et d’autre en Afrique comme l’indiquent les différents récits du livre. J’écrivais depuis l’âge de douze ans. Écrire, pour moi, serait aussi sans nul doute non seulement un désir de combler un manque, mais aussi et surtout un important canal de dénonciation et de militantisme pour un appel à l’humanité, à la bonne gouvernance en Afrique. Et ce titre me semble bien approprié au contenu du roman.

BL : Le livre reste dominé par le souffle du dolorisme. Et quand on sait que l’histoire de votre roman se déroule en terre africaine, on est tenté de vous demander si l’Afrique n’est que misère, sang et deuil.

JPD : Oui c’est exact, les récits semblent ne peindre que les points infernaux de l’Afrique. Mais ce n’est aucunement mon intention de corroborer les idées négatives et les préjugés dont l’Afrique a toujours été victime. Ce premier livre est le début d’une trilogie romanesque qui d’ailleurs est déjà fini et dont les deux tomes restants sont actuellement en relecture. Ce premier tome publié se permet de faire l’état des lieux des tares de l’Afrique et représente un appel, sinon un rappel aux sociétés africaines en particulier aux pouvoirs politiques subsahariens. L’Afrique n’est pas que sang, misère ou deuil. Ce livre appelle surtout au changement, à l’espoir de voir une Afrique fière, triomphale qui ne laissera plus jamais ses braves fils mourir en méditerranée, qui ne laissera plus ses gamins orphelins à cause des guerres, qui ne laissera plus ses hôpitaux dans des états si catastrophiques. Oui, ce livre lance un appel aux dirigeants africains corrompus qui vivent comme des milliardaires grâce au sang, à la sueur de leurs peuples démunis. Ces récits du roman Les rescapés de l’indifférence  symbolisent l’indignation des peuples assoiffés de vie et de liberté en Afrique !

BL : Dans le livre, le ton est assez acerbe et résolument accusateur. Pensez-vous qu’il suffit de dénoncer les tares politiques chez nous pour que les choses changent?

JPD : Non, dénoncer ne résout pas les problèmes du continent encore qu’il reste une grande population qui, bien qu’étant très ingénieuse et déterminée, ne sait pas lire. Mais s’indigner ainsi à travers ces récits, c’est aussi une manière, un premier pas vers des actions de changement.

BL : Toute l’histoire tient en 21 souffles. Et si vous creusiez davantage pour nous ces deux notions : »le chiffre 21″ et la notion « du « souffle »?

JPD : (sourire)… La symbolique du chiffre 21 est liée à l’œuf de la poule qui vient a priori à l’éclosion le vingt-et-unième jour. Et cette même symbolique est à son tour liée à une autre qu’est la parole. Dans plusieurs mythologies africaines comme celle du Dahomey (Bénin), la parole représente un trésor très précieux et fragile autant que l’œuf qu’il faut garder jalousement de peur de le casser ou de le faire tomber. L’œuf d’une poule porte en lui une vie, il en est de même pour la parole, par qui le destin des hommes voit le jour. Cela peut-être une adversité mais aussi un bonheur. La puissance de la parole lui confère aussi le statut d’un créateur, voire d’une divinité dans les croyances ancestrales africaines. Et cette symbiose philosophique et religieuse de la parole et l’œuf s’étend d’ailleurs hors du continent africain. Comme c’est le cas dans le Christianisme ou le Seigneur Jésus Christ est Lumière de vie, Parole, et Dieu. Le vocable « souffle ou soupir » s’allie aux malheurs et souffrances dont sont victimes les personnages du livre. Tout cela représente l’épuisement, le désespoir des hommes face à leurs malheurs qui semblent être fatals.

BL : A la page 182 de votre roman, on lit ceci : « La plus belle manière de se venger de son ennemi est de lui pardonner. (…) Car la haine est une auto-flagellation et une autodestruction. » Une redécouverte de la lutte à la Martin Luther KING? A la Mandela?

JPD : Oui, j’aime bien les personnalités et les luttes de Martin Luther King ou encore de Nelson Mandela que j’ai d’ailleurs cité dans mes dédicaces. Grâce à leurs luttes pacifiques, leur sagesse, ces deux grandes figures ou héros qui ont lutté pour la justice et les libertés humaines, incarnent et inspirent plusieurs générations comme la mienne.

BL : Et pourtant, à y voir de près, on peut lire en filigrane des pensées va-t-en-guerre à la Malcom X. Comment l’expliquez-vous?

JPD : Je ne vais pas me permettre d’opposer Malxom X aux deux grandes précédentes figures, car à mon humble avis, ils avaient tous un objectif commun : la liberté, l’égalité des hommes et la justice pour tous. Certains comme Malcom X semblent user d’idéologies ou actions plus virulentes que d’autres, mais essayons de comprendre aussi que ces diversités, voire oppositions idéologiques ont permis une bonne convergence des luttes. Aussi, nous devrions notifier que ces grands hommes n’ont pas les mêmes influences idéologiques, religieuses, voire éducationnelles ou encore politiques. Nous pouvons comprendre ainsi que, pour qu’une lutte soit aboutie, il faudra s’inspirer de ces diverses de pensées. Et, me semble-t-il, les pouvoirs tyranniques et corrompus de notre continent adorent le pacifisme de leurs peuples brimés, et assoiffés de libertés.

BL : Dans le personnage de Madame Louise, au-delà de l’espoir qu’elle incarne, ne peut-on pas voir cet assistanat perpétuel de l’Europe alors que l’Afrique peut elle-même panser ses propres blessures? Le salut de l’homme noir ne vient-il que de l’Occident?

JPD : C’est une question très pertinente qui induit plusieurs autres réflexions. Mais très brièvement, nous pouvons voir Madame Louise comme l’Européenne qui vient encore une fois sauver, tirer l’Afrique de ses ténèbres. Mais nous pouvons aussi voir cette dame comme un être humain porteur d’espérances, un être humain sans frontière, et surtout une mère qui ne peut et ne veux rester indifférente aux souffrances des enfants orphelins comme c’est le cas dans les récits du roman.

L’Afrique n’a pas besoin d’être sauvée, elle n’a pas non plus besoin d’aide ou un je-ne-sais-quoi d’une ONG, les peuples et nations africains ont le droit au respect. Mais pour acquérir tout droit, il faut un devoir ! Et avant de dire quoi que ce soit, comprenons que le respect ne se donne pas, c’est l’Afrique qui a donc le devoir de se faire respecter ! Et pour se faire respecter, il faut éduquer les jeunes générations en particulier, révolutionner les esprits, s’aimer soi-même et surtout travailler ! Je sais que ce que je dis ne plaira pas à tout le monde en particulier aux pseudos panafricains qui parfois ne savent pas démêler la haine de la lutte anticapitaliste occidentale de la vraie lutte panafricaine de Thomas Sankara, mais je prends le risque d’affirmer à la suite de Khalil Gibran : « Il faut toujours connaître la vérité et parfois la dire ». Vous savez, l’enfer n’est pas souvent les autres pour faire allusion à J. P Sartre. Je ne cesse de le répéter, l’Afrique n’a d’ennemi premier à chercher qu’elle-même ! J’insiste bien sur le groupe de mots « ennemi premier », car je reconnais que l’Afrique est encore sous l’influence de certaines puissances hégémoniques étrangères. C’est évident que ce n’est pas si simple. Mais « quand on refuse on dit ‘’non’’ » disait Ahmadou Kourouma. Et pour s’opposer il faut s’armer intellectuellement, militairement, économiquement et surtout culturellement. Nous pouvons prendre les exemples des pays comme la Chine, la Malaisie, l’Inde, la Thaïlande et bien d’autres nations qui autrefois étaient aussi dans notre déplorable situation, mais qui aujourd’hui sont des pays de référence mondiale. Comment en sont-ils arrivés à ce sommet ? Ce n’est aucunement par la magie, ce n’est pas les interminables prières dans les lieux de cultes qui poussent comme des champignons en Afrique, ce n’est non plus par l’assistanat perpétuel de l’Occident ou des ONG, c’est grâce à un seul facteur déclencheur qu’est la volonté. Oui la volonté de changement, de révolution, la volonté de manifester son amour pour sa nation, pour son continent comme le font d’autres. Je ne me permettrai pas de dire que les Africains ne travaillent pas, c’est plutôt le contraire, nos mères, nos pères, nos jeunes frères sont très vaillants et déterminés au travail. Mais malheureusement, ils ne profitent pas du fruit de leur travail car les vautours, les autocrates et politiques s’en accaparent à cœur joie ! Voilà le vrai nœud des problèmes de l’Afrique, l’absence de volonté ou disons l’ineptie de certains dirigeants hostiles au changement. Car le changement ne leur permettra plus d’avoir des milliards dans leurs comptes dans les banques suisses ou ailleurs, leurs familles ne pourront plus vivre comme des milliardaires en Europe. Les dirigeants africains et leurs entourages ne pourront plus sacrifier des milliers d’âmes désespérées dans la Méditerranée ! Leurs familles n’auront plus la chance de se faire soigner dans les hôpitaux de renommée internationale, elles n’auront plus l’opportunité d’avoir des postes de responsabilité sans aucun mérite…. Et vous le savez comme moi, je ne raconte pas des canulars ce sont des faits réels, vous le savez bien.

Certes l’esclavage, la colonisation, voire le néo-colonialisme nous font du mal mais si nos peuples et surtout nos dirigeants veulent vraiment couper ses cordes de sujétion étrangère, ce sera possible. Cela prendra du temps, mais ce sera fait et l’Afrique bénéficiera de ses richesses comme il se doit. Surtout ses richesses humaines et culturelles, ce sont elles qui sont fondatrices de tout changement. Elle pourra avoir le mérite d’avoir des coopérations respectables et égalitaires avec les entreprises occidentales, chinoises, américaines, et avec toutes les autres firmes capitalistes implantées en Afrique. Nous ne pouvons pas prétendre épuiser cette question relative à l’Afrique, l’éternelle assistée, mais nous devons comprendre que le salut de l’Homme Noir ne viendra jamais de l’assistanat de l’Occident, sinon depuis des décennies les pays africains seraient des Nations de pouvoir, des grandes puissances économiques. Grâce à la valorisation de nos cultures, nos us et coutumes, nos religions, nos langues nationales ; grâce à la promotion de nos talents, de la diaspora, du mérite de nos travailleurs et surtout de l’éducation de nos jeunes et enfants, nous ferons un grand saut vers un réel changement. L’Afrique a tout ce qu’il faut pour son essor et son pouvoir à l’échelle mondiale : les hommes et les institutions qu’il faut, mais malheureusement il y a un manque de volonté de changement de la part de certains de ces politiques mal élus.

BL : Quels sont les liens que vous établissez entre votre roman et celui d’Ahmadou Kourouma « Allah n’est pas obligé », entre Bouraïma et votre narrateur?

JPD : Ah non, Ahmadou Kourouma c’est un grand écrivain, un des pères de littérature noire africaine ; je ne me permettrai pas de faire une comparaison entre lui et moi. Il m’a beaucoup inspiré à travers ces œuvres lors de mes formations en lettres modernes et même actuellement lors de mes études doctorales. Il est très talentueux car bien qu’il nous parle aussi des affres de la guerre dans son roman Allah n’est pas obligé, il a su nous faire rire à travers ces personnages et surtout à travers les récits du narrateur Bouraïma qui, semble-t-il, manifeste aussi un affront aux codes préétablis de la narration et de la syntaxe française avec ses différents dictionnaires et définitions de mots. Peut-être que cet affront semble converger aux discours pamphlétaires du narrateur Digbé dans mon roman Les rescapés de l’indifférence.

BL : Vous avez une vision négative et pessimiste de l’homme. En témoigne cette citation de votre livre : « Ne cherchez jamais le diable en enfer, ni sur la terre, ni dans la mer. Cherchez le diable en vous et vous le trouverez. » (Jean-Patrice DAKO, «Les rescapés de l’indifférence», Editions Plurielles, Cotonou, 2018, P 184, comment l’expliquez-vous?

JPD : Non, absolument pas, je crois en l’Homme. Je crois fortement en la bonté humaine, mais cela revient un peu à ce que je disais plus haut. Nous n’avons pas le droit de chercher inlassablement la cause de nos malheurs en des personnes extérieures à notre vie. Ce n’est pas si simple, je l’admets, mais nous devrons comprendre que nous avons toujours un choix, celui de subir le mal ou celui d’agir pour notre propre bien.

BL : Vos personnages sont pour la plupart des enfants. Est-ce à croire que la guerre ne frappe que les enfants?

JPD : Non, la guerre happe toutes générations, mais mon projet d’écriture est de choquer les esprits, raison pour laquelle j’ai particulièrement donné la parole aux enfants ! Et vous le savez très bien, la vérité, aussi cruelle qu’elle soit, sort souvent de la bouche des enfants. Et ces gamins ne racontent pas que leurs vies, ils sont aussi les porte-parole de leurs parents.

BL : Les forces occultes sont aussi présentes dans le livre et vous en présentez d’ailleurs des aspects positifs. Pensez-vous qu’elles pourraient contribuer au développement de l’Afrique? Si oui, comment expliquez-vous le fait que l’Afrique stagne malgré l’existence de ces forces occultes?

JPD : Je n’en ai pas présenté que les aspects positifs de nos forces occultes. On peut prendre pour exemple le cas du jeune Karimou avec sa mère qui a failli perdre sa vie. Nous avons besoin de toutes les cultures, qu’elles soient africaines ou étrangères. L’essentiel c’est de savoir tirer les bonnes vertus de chaque culture, de chaque religion ou croyance humaine. Me semble-t-il que vous avez répondu à votre propre question, si les forces occultes suffisaient, l’Afrique serait la première puissance économique mondiale à nos jours ! Elle gagnerait toutes les compétitions mondiales, mais ce n’est point le cas ! Donc vous admettez avec moi que c’est par l’éducation, le travail et surtout la volonté réelle d’un changement que nous pouvons aller de l’avant comme je l’expliquais précédemment. Et surtout je reviens sur ce point incontournable de tout développement qu’est la valorisation de nos cultures, car la culture imprime dans les esprits les modèles économiques, politiques et humains ! Il nous suffira simplement de les respecter, ces immenses richesses culturelles.

BL : Sur le blog www.salamin.com, on lit ceci « Ce roman subdivisé en vingt-et-un soupirs (chapitres) est un grenier de plusieurs récits autobiographiques principalement d’enfants subsahariens qui se sont rencontrés dans un camp de réfugiés. » Pensiez-vous vraiment écrire une œuvre autobiographique? Avez-vous fait l’expérience de la guerre et d’Ebola ainsi que de toutes les autres affres énumérées dans le livre?

JPD : Non, heureusement je n’ai pas eu ces vécus difficiles de ces personnages enfants, je rends grâce à Dieu pour tout mon parcours et ma vie. Ce n’est donc pas une œuvre autobiographique à mon avis et tout lecteur a la liberté de faire sa propre analyse.

BL : En définitive, « Les rescapés de l’indifférence », est-ce de l’afro-pessimisme ou du « qui bene amat, bene castigat »?

JPD : Non, ce n’est pas de l’afro-pessimisme, disons simplement que c’est du « qui bene amat, bene castigat ». Et moi, personnellement, je crois en l’Afrique, en nos cultures, en notre jeunesse qui se réveille à grand pas. Les générations futures africaines étonneront le monde plus que jamais, j’en suis sûr ; l’avenir de l’humanité est en Afrique et ce n’est pas juste de l’espoir ou un simple souhait, c’est une conviction !

BL : Dans le livre, on rencontre beaucoup de poèmes. La parole ne suffit donc-t-elle pas pour dire ce que vous pensez et qu’il faille encore avoir recours à la poésie? Au chant? Quelle relation établissez-vous alors entre le XO (parole) et le Han (chant)?

JPD : La parole est fondatrice. Les séquences chantées et les poèmes du roman sont aussi le fruit de la parole, ils sont des formes d’expression humaine. Concernant la relation entre XO et Han, c’est une grande réflexion, nous pouvons oser dire que l’un puise sa source dans l’autre et vice versa.

BL : Quels rôles assignez-vous aux diglossies présentes dans le livre?

JPD : Plusieurs rôles mais particulièrement celui de l’affirmation de mes origines, de mon identité linguistique et culturelle.

BL : Vos projets en littérature

JPD : Beaucoup de projets, des plus réalistes aux plus utopiques en qui je crois fermement d’ailleurs. Des projets littéraires pour les jeunes béninois et africains. Bien évidemment les jeunes talentueux, mais surtout pour les jeunes déterminés et ambitieux car le talent ne suffit pas très souvent. Certains de mes manuscrits de roman, de pièces de théâtres, nouvelles, essais sont actuellement en relecture. Avec le travail, cela prendra le temps qu’il faudra, mais à l’horizon tout sera fait par la grâce de Dieu !

BL : Votre mot de la fin

JPD : Nous devons prendre notre destin en main, en Afrique. Personne ne viendra la changer à notre place comme le disait Tiken Jay Fakoly. Chers jeunes du continent, continuons de croire en nous, le monde sera étonné de nos forces ! Notre modèle de révolution africaine Thomas Sankara disait : «  Un peuple qui n’est pas capable d’assumer sa propre révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son propre sort ». Alors, ce que certains de nos dirigeants africains ne veulent pas faire pour l’essor de nos pays, nous le ferons à leur place !

Merci à vous.

 

1 comment

<>. Disait R. Tagore, poète indien
Jean tu as tout compris par cette pensée. Demain sera meilleur !
Force à toi !

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