INTERVIEW AVEC JORDY HOUNHOUI

INTERVIEW AVEC JORDY HOUNHOUI

BL: Bonjour M. Jordy HONHOUI.  Vous êtes pour nos internautes une nouvelle Richesse littéraire à découvrir. Veuillez vous présenter, s’il vous plait.

JH: Bonjour Biscottes Littéraires, moi c’est Jordy HOUNHOUI. Je suis écrivain, rédacteur web, agronome et entrepreneur.

BL: Il est évident. Vous aimez les lettres. Tracez-nous votre parcours littéraire.

JH: Mon parcours avec le livre… Je ne saurais le décrire sans évoquer mes premières lectures, en dehors bien sûr des « Finagnon », « Mamadou et Bineta » et autres ouvrages scolaires. J’avais entre 6 et 7 ans quand, attiré par la couverture, je me suis lancé dans la lecture de « Vingt Mille Lieues Sous les Mers » de Jules Verne. C’est là que tout a vraiment commencé. J’ai ensuite enchaîné avec tout ce qui me tombait sous la main comme fiction ou essai, et je ne me suis plus jamais arrêté ; à ce jour, je dois avoir épluché plusieurs centaines d’œuvres. En 2015, Plumes Dorées m’a donné l’occasion de faire mes premiers pas dans l’autre facette de l’univers du livre, à travers ma première publication. Puis il y a eu ma publication dans le cadre du « Grand Prix Littéraire Jean Pliya » en 2016.

BL: Vous êtes jeune. La lecture et les livres. Cela ne semble pas être en phase avec votre génération. Vos pairs ne vous regardent-ils pas avec dédain ?

JH: Je ne dirais pas qu’ils me regardent avec dédain.Disons plutôt que je les intrigue parfois. Certains me voient comme étant d’un autre âge.Mais dans le fond, cela ne pose aucun problème.Car la différence, lorsqu’elle est positive, est l’une des caractéristiques des grands hommes.Et j’espère en devenir un.

BL: Vous avez fait des études agronomiques. Le livre et le vert. Quel lien peut-on établir clairement ? Est-ce facile de consacrer du temps à l’un plutôt qu’à l’autre ?

JH: Le vert c’est mon domaine de formation, c’est plus facile d’y consacrer plus de temps car il fait partie de mon quotidien. La littérature, elle, me permet plutôt de m’évader de temps à autre. Mais le plus intéressant est qu’il est parfois possible de faire les deux à la fois.Quand je me trouve au milieu de la nature, il m’est souvent plus aisé de trouver l’inspiration pour mes écrits.

BL: Vos obligations estudiantines et professionnelles n’ont pas émoussé votre ardeur pour le livre. Puisque vous avez participé et avez été honoré à plusieurs concours littéraires. Parlez-nous de ce parcours certainement riche !

JH: Ma première entrée « officielle » dans le monde littéraire, sans compter donc mes lectures depuis le bas âge, remonte à mes années collège, quand je décrochais encore quelques titres au concours ‘’Dictées d’Afrique‘’ ou encore au concours de promotion de la langue française (ProLaF). Ensuite, à une plus grande échelle, mon parcours littéraire s’est poursuivi avec ma sélection parmi les dix lauréats du concours Plumes Dorées 2015. Ce fut alors ma première publication. Ensuite en 2016, j’ai remporté la première édition du Grand prix littéraire Jean PLIYA, qui me permit de publier ma deuxième œuvre, ou du moins, qui me permit de voir pour une deuxième fois une de mes œuvres publiée. En 2017, j’ai à nouveau participé au concours national d’écriture Plumes Dorées, et ai été retenu parmi les présélectionnés à l’issue de la première phase. Mais pour cette fois, je n’ai pas pu aller plus loin et n’ai donc pas fait partie des lauréats.

BL: « Plume en Confession » c’est le titre de la nouvelle qui a vous permis d’être parmi les lauréats du prix Plumes Dorées 2015. C’est le moment de mieux présenter ce texte aux internautes ! Partez de votre inspiration à la chute !

JH: ’Plumes en Confession’’, c’est juste une exploitation d’un mythe très répandu chez nous, celui du stylo magique, ou du stylo « préparé ». J’ai donc construit mon histoire autour d’un stylo qui, au-delà d’aider son propriétaire dans ses études, l’aidait également dans son quotidien en réalisant tout ce que celui-ci demandait. Le propriétaire, un jeune homme, finit par perdre le contrôle et se laisse dominer par un esprit qui habitait le stylo. Né d’une famille chrétienne, il décide alors de se confesser. Par rapport à ce point, j’introduis subtilement une opposition entre les croyances endogènes et les religions exogènes, sans pour autant prendre partie pour les unes ou pour les autres.

BL: À titre personnel, votre mini-roman « Feuilles de mon destin », paru à Star Editions en 2016, se trouve dans les rayons chez les libraires. Mais les internautes voudraient déjà saliver un peu de cette nouvelle à travers ce que vous dites ici. S’agit-il vraiment de VOTRE destin ?

 

 

JH: Certainement pas. ‘’Feuilles de mon destin’’ raconte l’histoire d’une jeune fille. Cela n’a donc absolument rien à voir avec moi. J’aborde juste la thématique des grossesses précoces et de la gestion qu’en font les parents. Alors que certains prennent leurs responsabilités et continuent à s’occuper de leurs filles, d’autres refusent catégoriquement la chose et envoient d’emblée leur fille chez celui qui l’a enceintée, ou la mettent carrément à la rue. C’est dans ce dernier cas que nous nous retrouvons dans ‘’ Feuilles de mon destin’’. Ici également, j’exploite des éléments relevant des pratiques endogènes, et j’y ajoute des éléments de mon domaine de formation, en l’occurrence les plantes. Après avoir été mise à la rue, la jeune fille se retrouve entretenue par un esprit, ce qui débouchera plus tard sur la révélation d’un secret familial en rapport notamment avec sa conception. De la même manière que dans certaines pratiques de chez nous, un secret doit être jalousement gardé car pouvant être fatal s’il est dévoilé; cette révélation aura malheureusement de fort fâcheuses conséquences.

BL: Quel honneur, vous êtes le vainqueur du Grand prix littéraire Jean Pliya en 2016! Que vous inspire cet écrivain béninois ? Quelle marque vous a-t-il laissée ?

JH: Ce que je retiens surtout de Jean PLIYA, en tant qu’homme, c’est la fidélité à ses principes de vie, car pour moi, il est primordial d’avoir des principes et d’y rester attaché. En outre, de l’écrivain qu’il était, je retiens le doigté avec lequel il savait ancrer ses récits dans nos réalités.

BL: Cette victoire vous a apporté quoi de concret dans à votre expérience littéraire ?

JH: En tant que première publication individuelle, ça m’a permis de voir un peu quel regard les lecteurs portaient sur ma plume.

BL: Que pensez-vous des concours littéraires au Bénin ? Font-ils vraiment la lumière sur les nouvelles plumes que sont les jeunes écrivains ?

JH: Dans leur fonctionnement, ils permettent en tout cas d’appeler à la chose littéraire les jeunes qui ont du potentiel pour.Par contre, pour ce qui est de la mise en lumière, je pense qu’elle n’est pas encore optimale, car la communication autour de ces concours présente, je pense, quelques failles.

BL: La chaîne de la littérature béninoise ! Où se trouve selon vous le maillon faible ?

Le maillon faible se trouve au niveau du public, parce que le lectorat est beaucoup plus réduit. Nous avons tendance à accuser les jeunes, mais dans le fond, même les aînés ne sont plus très friands de lecture, alors que sans lectorat, l’écrivain qui veut faire carrière n’est pas grand-chose.

BL: De quoi a-t-elle besoin cette littérature ? Comment comptez-vous apporter votre contribution sur la question ?

JH: Il s’agit d’une question épineuse. Elle a besoin à mon avis que les écrivains osent mieux communiquer, que les éditeurs osent mieux communiquer, et que nous sachions nous adapter aux avancées du numérique. De plus, il faut partir des plus jeunes et essayer de leur inculquer tôt l’amour du  livre. En ce qui me concerne, je ferai déjà l’effort d’appliquer moi-même ces recommandations et puis on verra le résultat.

BL: Le livre peut-il permettre le développement du domaine agricole ? Plusieurs préfèrent aujourd’hui le papier à la terre, et le stylo à la houe.

 

JH: Oui, le livre peut bien permettre le développement du domaine agricole. Il suffit pour cela de mettre à disposition des jeunes entrepreneurs des ouvrages traitant des atouts de l’agriculture pour le développement d’un pays, des techniques de production de telle ou telle autre culture, ou encore des stratégies à adopter pour réussir la mise en place d’une exploitation agricole.

BL: Les livres béninois à portée de main sur les téléphones portables ou dans les librairies ? Que préférez-vous ?

JH: Les deux. Personnellement, par exemple, je considère que rien ne vaut la bonne vielle odeur du papier, cette sensation si agréable que l’on a en dépoussiérant, puis en ouvrant un livre qui vient de passer quelques mois sur une étagère. Mais il faut bien se rendre à l’évidence que de nombreuses personnes préfèrent aujourd’hui pouvoir lire sur leur téléphone,et qu’il est surtout plus facile de transporter 100 livres numériques dans un téléphone, livres pouvant être consultés n’importe quand et n’importe où, que de transporter 10 livres imprimés.

BL: Quels sont vos projets littéraires à court, moyen et long termes ?

JH: A court terme, j’espère pouvoir me distinguer à travers quelques autres concours. A moyen terme, mais au fond presque à court terme aussi, j’envisage la publication de quelques ouvrages en autonome. Et enfin, à long terme, j’espère pouvoir contribuer à faire reconnaître la littérature béninoise comme étant l’une des plus grandes littératures d’Afrique, et pourquoi pas du monde.

BL: Votre coup de cœur et votre coup de gueule dans la littérature béninoise ?

JH: A travers les précédentes questions, je pense avoir déjà donné des éléments de réponses à cette interrogation.Donc je préfère m’abstenir d’indiquer un coup de cœur précis ou un coup de gueule précis.

BL: On vous permet de lancer un appel pour soigner l’image du livre béninois. Cet appel serait fait de quoi et serait adressé à qui ?

JH: J’invite les jeunes auteurs, surtout ceux qui se sont déjà distingués à travers divers concours, à ne pas se contenter de ces seules étincelles, mais à travailler et à faire les efforts qu’il faut pour devenir de véritables acteurs du milieu littéraire béninois. Car s’il est bien une vérité à retenir, c’est que notre littérature ne grandira pas sans nous.

BL: Mot de conclusion !

JH: Merci pour l’honneur que m’a fait Biscottes Littéraires en m’accordant cette interview; je vous souhaite une bonne continuation. A vous et à toute votre équipe, je souhaite des succès toujours plus importants. Et que grandisse, grâce à nous tous, la littérature béninoise.

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Sêmèvo Bonaventure Agbon, la jeunesse est capable de beaucoup de choses si on lui en donne les moyens

Même Si la numérisation du livre facilite le transport des ouvrages, reconnaissons qu’il faudra bien plus que ce que nous faisons déjà pour que revive l’esprit du livre.
Sieur Jordy a dit haut ce que nous avons peur d’affirmer. Si la jeune génération fuit le livre, c’est parce que la transition a été mal faite. Nos parents ont tué le livre juste à l’orée de notre vie. Nous ne les voyons pas lire. De ce fait, nous agissons comme eux, préférant l’écran au livre. Vivement un cataclysme pour rétablir l’ordre.

Belle analyse, Nathan ASSOHOUNKPON. mais la question demeure : « Suffit-il de dire que la transition a été mal faite pour que les choses changent? »

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