« Je crois dur comme fer en la jeunesse africaine » Bertrand MBOMENI.

« Je crois dur comme fer en la jeunesse africaine » Bertrand MBOMENI.

Bonjour les amis. Biscottes Littéraire reçoit pour vous aujourd’hui, un jeune auteur camerounais:  » Je pense que la femme même n’est pas consciente de sa place dans le sens de la vie. C’est dire combien de fois elle est présente dans ma vie« , Bertrand MBOMENI.

BL : Bonjour Monsieur Bertrand MBOMENI. C’est un honneur pour nous de vous recevoir. Que nous est-il permis de savoir à propos de vous ?

MB : Je suis Bertrand Carlos Mbomeni, Camerounais de nationalité. Je suis un homme culturel polyglotte, avec un sens profond d’admiration et de tendresse pour toute personne qui sert et proclame son identité culturelle. J’aime particulièrement la culture Sawa. Ne me demandez pas pourquoi (rire). Pour le reste, je suis un père de famille avec trois enfants que j’aime tendrement. Enseignant sans y avoir été préparé, je me définis plus comme éducateur qu’instructeur. Même si je m’exprime en français, je me sentirais mieux si je m’exprime en une langue africaine, peu importe.

BL : L’écriture, une vocation ou un hasard de la vie pour vous ?

BM : A y voir de près je pense que c’est une vocation. Je m’y sens à l’aise et si les contraintes sociales ne m’emprisonnaient pas, je crois que faire une carrière exclusive dans l’art : littérature, musique et le tourisme culturel me conviendrait sans problème.

BL : De quoi est-il question dans votre première production, « Le temps des adieux » ? De quoi parle ce recueil ?

BM :  Le temps des adieux, humm ! Cela rime plus avec complainte, rupture et espérance…

BL : « Les Chansons d’ombres », qu’est-ce que cela veut dire ?

BM :  Les Chansons d’ombres : musique élégiaque, exaltation de la spiritualité africaine et passion.

BL : Dans votre second recueil de poèmes, vous dénoncez comme d’autres écrivains camerounais des maux tels quel Boko Haram, Ebola, le tribalisme… Est-ce simplement un cri de désespoir ou vous le faites parce que vous êtes convaincu que la littérature peut changer les choses ?

BM :  J’espère vraiment beaucoup plus pour l’Afrique en général. Car je crois que, à bien voir le contexte du Cameroun où la culture de la bêtise, de la sauvagerie et de toute autre forme de perfidies est consacrée même jusqu’au plus haut lieu, il est impossible d’être optimiste en regardant ici autour.

BL : Dès les premières pages de votre recueil « Les chansons d’ombres », vous versez des larmes de lettre sur la tension anthropophage et budgétivore qui sévit dans les zones anglophones du Cameroun. Avez-vous le sentiment que votre texte a fait bougé les lignes à ce niveau ?

BM :   Non pas du tout.  Ce gouvernement ne comprend rien. Il n’y a qu’à voir les résultats du supposé « Grand Dialogue » qu’il a lui-même organisé. Où en sommes-nous ? Des marcheurs pacifiques sont emprisonnés et des casseurs, délinquants financiers sont promus : sextape, économie en berne, détournements massifs des fonds publics et j’en passe. Mon pays marche sur la tête. C’est triste, c’est aberrant, mais c’est la réalité. Observez la posture sur les plateaux de télévision de la plupart de nos « Dr, Pr, Me », ils ne sont pas pour les jeunes qui les regardent des modèles.

BL : « Elsa », « Ella », « Kelly, mon Soleil d’amour »… Plusieurs titres consacrés aux femmes. Bertrand est-il un tombeur ou un amoureux ?

BM :  J’aime la femme. C’est un être qui inspire et qui régule le sens de mes idées dans ce monde magique où le verbe se consacre au chevet de l’indicible crainte azuréenne qui nous hante à chaque fois que le voyage s’impose à nous. Je me tiens à la porte du vide et j’entends la voix mûre d’une femme me dire avec assurance : avance, je te couvre. Dès lors je me sens rassuré. Je pense que la femme même n’est pas consciente de sa place dans le sens de la vie. C’est dire combien de fois elle est présente dans ma vie.

BL : « Ma mère », « Je suis venu te voir Mère… », « Ma mère est un enfant », « Et pour toi je meurs peu à peu »… Même s’il est vrai que ce mot de mère est quelque fois une métaphore, on aimerait bien connaître la relation que vous entretenez avec votre mère en particulier et avec les femmes en général.

BM :  Ma mère ou mon épouse que j’emploie dans ce texte sont juste des métaphores dont je me sers pour parler de ma patrie, ma terre chérie : Afrique, Cameroun et Bamena (où je souhaite me reposer lors du grand repos, lors de l’ultime repos).

BL : Quels sont vos projets d’écriture à venir ?

BM :  J’ai un recueil déjà prêt et un roman inachevé (je ne compte même pas l’achever  d’aussi tôt). Je souhaite durablement m’investir dans l’entreprise de la littérature notamment la poésie. Collaborer à la création et à la promotion dans les contrées de mon pays en collaboration avec d’autres pays, des laboratoires d’écriture, notamment poétique.

BL : À travers vos écrits, on déduit que vous êtes un fervent croyant…Mais on lit également que vous êtes un homme libre avant tout. Cette dualité nous fait nous demander ce que vous pensez de la liberté de genre ? 

BM :  Liberté des genres ? J’ai peur de ne pas comprendre le sens du mot « genre ».

BL : Croyez-vous en la jeunesse africaine ? Ou vous êtes de ceux qui pensent qu’elle est mal partie ?

BM : : Je crois dur comme fer en la jeunesse africaine. Le courage à toute épreuve en la jeunesse malienne, centrafricaine sénégalaise et même du Burkina Faso opposée à la néocolonisation occidentale, la diaspora africaine qui brille de mille feux. Ça mettra encore un peu de temps, mais c’est inéluctable. Une phrase sert à bien résumer tout cela, celle du poète Maurice Kamto qui dit que « Les heures les plus sombres de la nuit sont les plus proches de l’aurore ». Donc j’y crois.

BL : Pourquoi pas le roman ou le théâtre ? Pourquoi précisément la poésie comme moyen d’expression ?

BM :  Mon avis est que la poésie est le genre littéraire où véritablement s’exprime le regard pur, l’âme humaine qui confesse ou se confesse. L’imagination pure est tellement spontanée et capricieuse qu’il m’est difficile de penser qu’elle peut être juxtaposée ou ordonnancée. Et je trouve que seule la poésie peut mieux l’exprimer. Les autres ne m’inspirent guère.

BL : Votre dernier mot ?

BM :  Je remercie les éditions Elite d’Afrique et toute l’équipe, pour les efforts qu’ils ont faits dans le sens de la promotion de la jeunesse africaine à travers le livre et l’art général. Je remercie surtout Biscottes Littéraires, la caisse de résonnance des auteurs africains.

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