Bonjour les amis. Nous recevons pour vous, un prêtre écrivain, Ulrich Tchicaya: « Je pense qu’en ces temps qui sont les nôtres, l’écrivain africain devrait davantage tenir compte des réalités de la société actuelle, et s’engager pour une littérature des propositions en vue d’un monde meilleur ».
BL : Bonjour Monsieur. Nous sommes heureux de vous recevoir sur Biscottes Littéraires. Vous voudrez bien nous dire un mot en guise de présentation, s’il vous plait ?
UT : Bonjour, monsieur le journaliste. Merci pour cette interview presque à l’échelle internationale. Je suis père Ulrich TCHICAYA, prêtre de l’Archidiocèse de Pointe-Noire, en République du Congo (Brazzaville), ordonné exactement le 26 juin 2016 à la place mariale de la Cathédrale Saint-Pierre apôtre. Ancien formateur au petit Séminaire Notre-Dame de Loango (dans mon Diocèse) où j’ai enseigné le Français en même temps que j’enseignais à l’école sacré-coeur des Religieuses Missionnaires de Nazareth, à Mpita (Pointe-Noire) de 2014 à 2020; ancien Cérémoniaire diocésain et ancien Responsable de la Commission diocésaine de pastorale liturgique et sacramentelle de mon Diocèse ; j’ai aussi travaillé dans la pastorale de la Famille avec les Foyers Chrétiens de la Paroisse Notre-Dame de l’Assomption, toujours dans mon Diocèse. A ce titre, j’ai vraiment été en plein dans la préparation au mariage et l’accompagnement des couples dans toutes les paroisses de mon Diocèse où j’ai exercé comme prêtre, vicaire ou curé. Je suis actuellement en Mission d’études à l’Institut Catholique de Paris où je cherche à me spécialiser en Théologie de la Liturgie et des Sacrements. Je suis auteur d’une Biographie sur Mgr Godefroy Emile MPWATI, premier évêque diocésain de Pointe-Noire issu du Clergé local, une œuvre publiée aux éditions l’Harmattan ici Paris en 2015, et auteur du Roman « Notre Fraternité était pourtant belle… » publié aux éditions Vérone toujours ici à Paris en 2020. Voilà ce que je peux dire de moi en quelques mots.
BL : On le sait, a priori, un prêtre, c’est un homme de Dieu, mais aussi de lettres. Toutefois, il y a en qui sont scientifiques de formation avant leur entrée au séminaire. Dans votre cas, comment expliquez-vous votre zèle pour la littérature ?
UT : J’ai eu la chance de rencontrer des enseignants qui m’ont positivement marqué en Littérature à l’école primaire, au Collège et au petit Séminaire Notre-Dame de Loango où je suis passé moi-même avant d’y retourner comme formateur et enseignant. Ces enseignants nous avaient l’air de bien maîtriser leurs disciplines et de vivre eux-mêmes ce qu’ils nous enseignaient, à tel point qu’ils ont suscité en moi l’amour de certaines grandes figures de l’Histoire du monde, d’Afrique, du Congo tant en politique qu’en littérature ; mais surtout en littératures française et africaine d’expression française. J’ai ainsi été charmé par des auteurs comme Voltaire, Diderot, Montesquieu, Rousseau, Sartre, Senghor, Césaire, Mongo-Beti, Sembène Ousmane, Tchicaya U Tam’si, Taty-Loutard, Sony Labou Tansi, Henri Lopez, Olympe Bhêly-Quenum, Jean-Marie Adiaffi, etc. J’aspirais donc à écrire comme eux. J’avais certes une autre passion, la Philosophie, mais l’amour de la Littérature était plus fort. Entre-temps, Dieu me séduisait sous le charme de Monseigneur Godefroy Emile Mpwati, un champion des vocations religieuses et presbytérales chez les enfants et les jeunes, par qui il m’adressa son appel au Sacerdoce ministériel, appel confirmé plus tard par Mgr Miguel Angel Olaverri. Mon zèle pour la littérature vient donc essentiellement de mes enseignants et du contenu de leurs enseignements exprimés non seulement par leurs discours, mais aussi par leur façon d’être.
BL : À quoi est due votre venue à l’écriture ? Un rêve d’enfance ? L’effet de la lecture régulière ? La pensée de devoir écrire un jour des homélies ?
UT : Quand je finis mes études au Grand Séminaire interdiocésain Cardinal Emile Biayenda de Brazzaville, mon évêque, me nomme comme enseignant au petit Séminaire de Loango avec résidence à la Paroisse Sainte-Bernadette. Dans la répartition des cours, avec la bénédiction des abbés Raphaël Nzaou et Fabrice N’semi, respectivement Directeur et Préfet des Etudes du petit Séminaire, je prends les cours d’Introduction à la Bible et de Français, que j’avais déjà dispensés durant mon stage pastoral intercycle à la Paroisse Saint Joseph Ouvrier de Djambala où le Curé de l’époque, l’abbé Maurice Edoula, m’avait confié comme missions, non seulement la pastorale paroissiale ordinaire, mais aussi l’enseignement du Français et de la Culture Religieuse au Collège Sainte-Geneviève tenue par les Sœurs de la Sainte Famille d’Amiens. Mais un mois plus tard, réajustant les nominations des prêtres, mon évêque me détache de la paroisse sainte Bernadette et me nomme à temps plein comme formateur résident au petit Séminaire. Le cadre se prêtait déjà bien à de grandes réflexions à coucher par écrit. En cette même année, l’évêque avait décrété l’année Jubilaire dédiée à son prédécesseur Mgr Godefroy Emile Mpwati. Dans cette percée, et en toute fidélité aux instructions du père évêque, l’abbé Alain Loemba-Makosso, Vicaire Général et Coordonnateur des activités de cette Année jubilaire, lança l’appel à « tous les sachants » (c’est son expression), pour la publication des livres et autres documents en hommage à notre premier évêque diocésain de Pointe-Noire issu du Clergé local. Le boulevard était donc ouvert pour moi, et l’occasion n’était pas à rater. C’est ainsi que je pris le risque d’écrire la Biographie de cet évêque, non pas parce que j’avais plus de ressources historiques que les anciens et aînés prêtres du Diocèse, mais simplement pour faire mon entrée en Littérature par une œuvre rendant hommage à un évêque qui sut marquer son passage parmi les hommes. Surtout que dans cette période où j’enseigne le Français au Séminaire, donc la Littérature, deux auteurs contemporains me charment à n’en point finir : Fatou Diome et Alain Mabanckou. J’aime tellement leur veine littéraire. Je devrais écrire comme eux. Ainsi, par cette Biographie, je commençais à réaliser mon rêve d’enfance : écrire un jour comme tous ces auteurs que je venais de vous citer.
BL : Quel rôle assignez-vous à l’écrivain africain en cette ère où la science et la technologie semblent l’emporter sur la littérature et surtout la culture ?
UT : Je pense qu’en ces temps qui sont les nôtres, l’écrivain africain devrait davantage tenir compte des réalités de la société actuelle, et s’engager pour une littérature des propositions en vue d’un monde meilleur ; se libérer du schéma classique de simples critiques sans propositions, d’accusations gratuites des autres et d’éternelle victimisation ; sortir de cette littérature de l’infantilisme pour grandir avec une littérature de la résilience et des propositions suffisamment responsables, sans haine ni rancœur ; une littérature dans laquelle le recours à la culture ancestrale serait non plus pour se plaindre simplement d’un passé trop loin de nous, mais pour se ressourcer en vue d’un monde meilleur. C’est ce qui attirerait plus les nouvelles générations et beaucoup de lecteurs aujourd’hui.
BL : Vous êtes l’auteur du livre ‘’ Notre fraternité était pourtant belle…’’. Le titre, au ton mélancolique, fait penser à un sentiment de regret, de déception et de désolation. Votre idéal redoute-t-il la fraternité ‘’apparente’’ dont fait montre le monde d’aujourd’hui ?
UT : Il y a toute une histoire derrière. Souffrez que je vous en parle, s’il-vous-plaît. En effet, après mon premier livre, considérant son succès, surtout qu’il était publié un mois avant mon Ordination diaconale (j’étais ordonné diacre à la place du Centenaire de l’Evangélisation à Loango, le 16 août 2015 à l’occasion de la messe de clôture de l’Année jubilaire dédiée à Monseigneur Godefroy Emile Mpwati), j’avais pris goût et avais commencé un deuxième livre, un roman cette fois-ci. Ma nouvelle nomination pastorale aussi favorisait les choses ; car l’évêque avait décidé de me mettre cette année-là à ses côtés, à l’évêché, avec mission diaconale d’intendance de la maison épiscopale et de secrétariat au Service diocésain du Patrimoine géré par le Vicaire Général du Diocèse. Pour l’insertion pastorale, je partais le week-end à la Paroisse Saint Jean-Marie Vianney de Mpita, à 3 kilomètres de l’évêché. J’avais donc suffisamment de temps pour me mettre à écrire, surtout que j’avais maintenant internet que je n’avais pas au Séminaire de Loango où je ne partais plus que deux fois dans la semaine pour le cours de Français. En dehors de mes missions diaconales à l’évêché et à la Paroisse Saint Jean-Marie Vianney, l’abbé Louis Pambou, Econome Général du Diocèse, Curé de la Paroisse Notre-Dame de l’Assomption, à 1 kilomètre de l’évêché, me demanda un jour de faire la présentation de l’Exhortation Apostolique Amoris Laetitia à ses paroissiens pour leur formation permanente. Par respect pour un aîné que je porte beaucoup et par goût de la réflexion, j’acceptai et fis la présentation de ce document magistériel qui venait de sortir. La Conférence plut à tout le monde et la question de la pastorale de la Famille commençait à m’habiter. Les jours qui suivirent, à la demande des membres du mouvement des foyers chrétiens de sa paroisse, l’abbé Pambou me demanda d’animer cette fois-ci une récollection des foyers chrétiens, un dimanche, sur un thème lié encore à Amoris Laetitia. Ce que je fis avec plaisir. Tous les couples présents aimèrent la conférence et nous commencions à nous lier profondément. Je devins, par concours de circonstance, Aumônier extraordinaire du Mouvement des Foyers chrétiens de la Paroisse Notre-Dame de l’Assomption. C’est ainsi, chemin faisant avec les foyers chrétiens avec lesquels on se réunissait un dimanche par mois, que je vais découvrir beaucoup de situations difficiles que traversent les familles. Alors, le projet d’un Roman sur la Famille voit le jour, mais tout se passait encore dans mon cœur et dans ma tête. Des titres vont défiler dans ma tête et sur du papier : « La Natte qu’on déchire », « Les frères et sœurs de mon père », « L’épouse étrangère de mon oncle », etc. Je vais même hésiter à remettre le manuscrit à l’éditeur au cours de l’été 2018 à Paris, ne me sentant pas encore prêt à le servir au public. Entre-temps le Pape François publie son Encyclique « Fratelli tutti ». Je la lis et elle me pousse à enrichir mon texte. Un autre événement intervient : la pandémie du Coronavirus. Elle me pousse à relire « Laudato si’ », un autre texte du pape François sur l’écologie. Cette Encyclique me dispose également à enrichir mon texte. Et un dernier texte pontifical qui va me conforter dans mon projet, c’est la lettre « Patris corde » du Pape François sur Saint Joseph et l’Année de la Famille. Alors, l’épine dorsale du roman était trouvée : A travers une illustration des textes majeurs du Pape François (Laudato si’, Amoris Laetitia, Fratelli tutti et Patris corde), parler de la Famille comme une Fratrie qui se déchire pour des questions de pouvoir, de gloire, de plaisir mondain et d’avoir, alors qu’avant on ne pouvait pas l’imaginer ; dénoncer l’hypocrisie qui est capable de faire volte-face et de verser dans la destruction du prochain pour des questions de pouvoir, de gloire, de plaisir mondain et d’avoir.
Bref, le titre va être trouvé dans le livre des Psaumes. C’est une paraphrase du Psaume 54,15 où il est dit : « Que notre entente était belle quand nous allions d’un même pas dans la maison de Dieu ». L’alliance biblique universelle a fait d’ailleurs un beau travail d’explication de ce psaume, surtout à propos du verset 15, en ces termes : « Trahi par un ami intime, le psalmiste n’en revient pas. S’attendre à une pareille volte-face ? Jamais ! Entre les deux amis, précédemment, quel dialogue ouvert ! Et quel partage des mêmes valeurs profondes, sur la base d’une pratique religieuse commune ! Se peut-il que l’hypocrisie ait commencé avant aujourd’hui ? En face, tout à l’air encore bien doux, mais sous le masque on sent l’effet cruel des armes offensives. Éternel problème des désillusions affectives ! » On trouve ces mots dans la Bible expliquée de l’Alliance Biblique, à propos du Psaume 55 (54).
Au fond, c’est ce que l’abbé Gervais Yombo, notre ancien Recteur du Grand Séminaire de Théologie, appelle par « le principe Judas » somnolant en chacun de nous, qui est fustigé ici. Et l’imparfait est employé là pour signifier que l’action de ce « principe Judas » est inachevée, et qu’au lieu de passer le temps à se plaindre ou à critiquer tout simplement, nous pouvons encore faire quelque chose de bien pour restaurer notre belle fraternité en proposant des choses afin de la maintenir belle. Ce n’est donc pas un titre stérilement nostalgique et pessimiste, mais un titre plein d’Espérance. Car nous n’avons pas le droit de nous laisser voler notre Espérance. La résilience pourrait venir à notre secours.
BL : Fouti, le héros du livre, vit des moments douloureux après la mort de son père. Le jeune brillant, à l’avenir prometteur, sombre dans une sorte de démence émotionnelle. Sans repères et une main salvatrice, il est obligé de frayer un passage dans un monde rempli de haine, de violence, d’hypocrisie et d’injustice. Quel message désirez-vous véhiculer à travers le statut d’orphelin du jeune Fouti ?
UT : La vie du jeune Fouti est une grande exhortation au courage dans les larmes, à l’Espérance contre toute espérance, à l’honnêteté dans la pauvreté, au refus du bonheur facile, à la résilience et à la grandeur d’esprit en refusant de se venger pour éviter de ressembler au bourreau ou de faire pire que le bourreau. Fouti est animé par un principe évangélique : convertir le mal par le bien ; car la vengeance a une puissance de mort et d’enfer, tandis que le pardon a une puissance de résurrection et de vie paradisiaque. La vengeance c’est pour les faibles ; les forts ne se vengent jamais. Fouti apprend à l’orphelin et au démuni d’aujourd’hui que même lorsqu’on a l’impression d’avoir tout perdu, nous devons toujours nous souvenir que les arbres perdent leurs feuilles chaque année, mais qu’ils restent debout en attendant des jours meilleurs. L’hypocrite, le méchant, se fait donc du mal à lui-même. Car quand un orphelin ou un démuni pleure c’est l’œil de Dieu qui suinte des larmes de douleurs.
BL : La métaphysique est présente dans votre œuvre avec la mort tragique du père de Fouti. Qui dit métaphysique dit philosophie, et qui dit prêtre dit aussi philosophe. Quelle est votre conception de la mort en tant qu’écrivain et serviteur de Dieu ?
UT : La mort n’est jamais la fin de tout ; c’est un changement d’adresse ; on passe de la terre au ciel ; de la vie limitée à une vie illimitée et plus puissante que la vie sur terre. D’ailleurs, Birago Diop, dans son Recueil de Poèmes « Leurres et Lueurs » publié en 1960 aux éditions Présence africaine, notamment dans son Poème intitulé « Le Souffle des ancêtres » dit que « les morts ne sont pas morts ». Et mieux que lui, l’Église toute entière, chantant son action de grâce à Dieu, professe dans la Préface de la Messe des défunts que « pour tous ceux qui croient en toi, Seigneur, la vie n’est pas détruite, elle est transformée ; et lorsque prend fin leur séjour sur la terre, ils ont déjà une demeure éternelle dans les cieux », et de là-bas ils gardent leur regard sur nous et intercèdent en notre faveur auprès de Dieu.
BL : La famille se divise à la mort du père de Fouti. C’est un constat récurent en Afrique où frères et sœurs ou oncles et tantes s’engueulent pour plusieurs raisons notamment d’ordre patrimonial. Que dissimule cet aspect dans votre œuvre ?
UT : Le récit de la vie de Fouti, à ce niveau, veut emmener les gens à savoir régler les questions d’héritage de leur vivant, en tenant compte du Droit et des réalités de nos sociétés, comme le fera Fouti après sa merveilleuse réussite dans la vie. Ce qui éviterait des déchirements inutiles en cas de décès.
BL : Fouti, rêve d’occuper la tête du Gouvernement. Un rêve bien osé. Le manque de repères peut-il conduire l’esprit à côtoyer des ambitions folles et démesurées ?
UT : En fait, quand il le dit, Fouti est encore enfant ; il vient de satisfaire avec brio à l’examen du Certificat d’Études Primaires et Élémentaires (CEPE) avec la plus forte note finale au niveau national. Invité au journal national de 20h, vers la fin de l’émission, le journaliste lui demande ce qu’il voudrait bien faire dans la vie après ses études. Et il répond : « Après mes études, je ferai la rébellion pour être au Gouvernement comme le Premier ministre ». Ce premier ministre, en effet, l’était devenu après une grande rébellion meurtrière dans le pays. Pour cesser le feu, des accords durent être signés entre le Chef de l’Etat et le Chef rebelle. C’est ainsi qu’il devint Premier Ministre. A son âge, voyant cela, Fouti se dit que ce premier ministre issu de la rébellion est un repère pour réussir facilement dans la vie ; il faut juste faire la rébellion comme lui pour entrer au Gouvernement. Et nous savons que les enfants ne copient que ce que font les grands. C’est donc à cause de cette crise de repère que Fouti va avoir ce rêve. Mais il sera vite recadré par son père, bien conseillé par sa grand-mère, et aidé par Monseigneur Bivouatou, évêque du Diocèse de Volte-face. Fouti apprendra donc à ne pas suivre les mauvais exemples et à éviter le bonheur trop facile.
BL : Une épidémie apparaît et trouble la quiétude de la planète. Elle impose un autre mode de vie aux personnages de votre livre. Quelle est votre perception de cette vie de peur, de crainte que mènent aujourd’hui les hommes à cause de ce virus qui secoue le monde actuel ?
UT : Cette épidémie sera vécue comme une parabole ; l’évêque du Diocèse de Volte-face, faisant partie de la Commission municipale de lutte contre la redoutable épidémie, interviendra ponctuellement pour éveiller la conscience des populations et les disposera à un véritable changement de style de vie. Car, si le même style de vie d’avant l’épidémie continuait, le pire se produirait. Cette épidémie, dans le cadre du récit de la vie de Fouti, va être également un des éléments de résolution des problèmes de développement urbain du pays et de la vie trop difficile de Fouti et de sa famille biologique directe ; elle va rouvrir les portes du bonheur confisqué à la famille de Fouti grâce à la charité, l’entraide, la réconciliation, la fraternité. Puisque c’est par rapport à son élan de cœur très charitable en allant au secours des pauvres dans la période de confinement que la fille du Chef de l’Etat va découvrir que sa vraie mère biologique c’est Malila, la mère de Fouti, et qu’elle n’était qu’une enfant trafiquée à l’hôpital, sans que l’épouse du chef de l’Etat elle-même ne s’en aperçoive ; le coup ayant été fait par une sage-femme, amie intime de l’épouse du chef de l’Etat, avant que son époux ne soit élu Président de la République, bien sûr. Cette sage-femme avait remarqué que sa meilleure amie avait mis au monde une fille très laide, alors, d’elle-même, elle décida de remplacer discrètement cette fille par la sœur de Fouti qui venait aussi de naître dans le même hôpital. Je vous épargne les détails ; c’est cette rencontre durant la crise sanitaire qui va entraîner la réconciliation dans la famille divisée de Fouti et qui va lui ouvrir les portes de la présidence de la République, non pas pour entrer facilement au Gouvernement mais pour s’exprimer et se faire remarquer ; car Fouti réussira de ses propres efforts à l’école et de son courage tenace et honorable dans la souffrance. Comme quoi, d’un mal, Dieu peut toujours tirer un bien pour ses enfants. Si nous pouvions aussi tirer beaucoup de bien de cette épidémie qui ne cesse de nous démontrer nos fragilités, nos limites ; que nous en tirions des leçons pour l’avenir.
BL : Si vous deviez résumer Notre fraternité était pourtant belle… que diriez-vous ?
UT : Juste une Phrase : L’avenir est à la Fraternité, à la tendresse, à la maîtrise, au Pardon, au courage dans les larmes, à la Résilience, à la Réconciliation avec Dieu, avec soi-même, avec le prochain et avec la nature ; non pas à la rancune, la rancœur, la vengeance, la haine paralysante, l’hypocrisie, la critique inutile, la nostalgie stérilisante, la calomnie, le commérage, la jalousie ni autres maux.
BL : Hugo pense que « la société est coupable de ne pas donner l’instruction gratis. » Aujourd’hui, beaucoup disent que les jeunes s’intéressent moins à la lecture, signe d’une littérature douteuse dans le futur. Pensez-vous que c’est parce que nous n’offrons pas de livres à ces jeunes ? Ou parce que les NTIC apportent plus de choses intéressantes que les livres ?
UT : Je pense que c’est essentiellement parce que nous ne savons pas faire la promotion de nos écrivains africains ; nous ne voulons consommer que les auteurs d’ailleurs. Il n’y a qu’à entendre nos discours, à lire nos articles, etc., nous ne savons citer que des auteurs non africains, ce qui n’est pas en partie mauvais, mais presque jamais des auteurs de chez nous. Alors que l’Afrique compte beaucoup de sommités intellectuelles, mais qu’on ne valorise pas, si on ne les a pas étouffés ou tués. Mêmes des professeurs d’universités se refusent d’enseigner leurs propres thèses de Doctorat qu’ils ont pourtant eues à soutenir avec brio ; déjà qu’ils sont rares à les publier. Nos programmes scolaires sont remplis de livres d’auteurs non africains, alors que nous avons des auteurs africains qui ont écrit de grandes œuvres. Et quand on se donne un peu la peine d’insérer un auteur africain dans le Programme scolaire, c’est souvent un auteur défunt, alors qu’il y a des vivants qui publient des nouveautés tenant compte des réalités actuelles ; car le monde évolue à tout point de vue. Pendant ce temps les autres valorisent leurs auteurs, valorisent leurs productions intellectuelles. Chez les autres, les cours de beaucoup de professeurs d’universités se font sur leurs thèses de Doctorat ou sur la Thèse de Doctorat des intellectuels de chez eux. Ils sont fiers des leurs et d’eux-mêmes. Nous qui suivons leurs cours dans leurs universités les admirons beaucoup dans leur chauvinisme positif. Pour faire bref, non seulement que les œuvres littéraires doivent refléter la société concrète et proposer des solutions aux problèmes remarqués, mais nous devrions aussi être fiers des œuvres de nos auteurs et les promouvoir.
BL : Vous voudrez bien partager avec le lectorat vos autres projets littéraires en perspective ?
UT : J’ai un autre roman en cours. Mais il reste encore dans le secret de mon cœur et de l’éditeur. Je préfère ne pas en parler maintenant.
BL : Votre nom rappelle un puissant poète de la littérature africaine : l’éternel Tchicaya U’Tamsi. Le père Ulrich serait-il aussi poète dans l’âme ?
UT : Peut-être, pas. Mais j’aime la prose.
BL : Comment peut-on se procurer votre roman ?
UT : Par Amazone et FNAC, en ligne. En librairies, le premier stock est épuisé. Je pense à en commander sous peu.
BL : Quelques conseils à l’endroit des jeunes amoureux de la lecture et de l’écriture ?
UT : Veuillez vous lancer, sans hésiter. Si vous êtes prêtres, n’hésitez pas, car le prêtre est un ministre de la parole, et l’écriture est un des moyens d’expression mis également à la disposition du prêtre pour évangéliser. Mais sachez qu’il ne suffit pas d’avoir une inspiration pour faire un bon livre. Car le livre c’est seulement 5% d’inspiration, et 95% de transpiration. Il faut travailler et retravailler votre inspiration avec ponctuellement les différents avis des amis et connaissances.
BL : Votre mot de la fin
UT : C’est vous remercier de m’avoir contacté pour cette interview de promotion de mon deuxième livre (mon premier roman). Vous êtes rares à le faire, et donc vous n’êtes pas seulement une chance pour l’Afrique, mais à la fois une fierté pour le monde et pour l’Église. Pour paraphraser l’Évangile, allez-y toujours à la recherche des auteurs, et de toutes les nations faites des lecteurs. Enfin, permettez-moi de remercier ici également tous mes soutiens d’hier et d’aujourd’hui.
Une fois de plus, Merci !