« Nous ne sommes pas au moyen âge, où les poètes pouvaient se permettre d’écrire à l’oiseau qui passe, à un chien ou à quelque chose d’autre, les problèmes sont grandissant », Djalilou CHIRÉ MACHICKA.
BL : Bonjour Monsieur. Nous sommes heureux de vous recevoir sur notre blog. Voudrez-vous bien vous présenter, s’il vous plait.
DCC: je suis Djalilou CHIRÉ MACHICKA, né à Guéné dans la commune de Malanville, apprenti poète, auteur de livre et slameur. Economiste de formation, titulaire d’une licence en économie et finance internationale, à l’université de Parakou.
BL : Vous êtes Economiste de formation. Comment expliquez-vous votre passion pour les lettres ?
DCC: la passion est tout ce qui nous pousse à émerger là où on nous attend le moins. J’aime la lecture. D’elle, je suis arrivé à l’écriture. Tout s’explique n’est-ce pas ?
BL : Vous êtes auteur du recueil de poèmes Courroux d’un écorché vif. Quelle est votre conception de la poésie ?
DCC: Tout simplement, la poésie est une quête perpétuelle de la beauté.
BL : Quel rôle assignez-vous au poète, en ce siècle où le vacarme mondain étouffe l’écho des lettres, encore moins des vers à faible résonnance ?
DCC: Le poète d’aujourd’hui n’a rien d’autre que d’écrire contre. Il y a assez de thématiques à aborder, assez de problèmes de nos jours à résoudre, le poète a à enseigner surtout l’amour et la culture de la paix. Nous ne sommes pas au moyen âge, où les poètes pouvaient se permettre d’écrire à l’oiseau qui passe, à un chien ou à quelque chose d’autre, les problèmes sont grandissant.
BL : Quel lien faites-vous entre la poésie et la culture ?
DCC: L’art et la culture sont de connivence. La poésie est toujours à l’image de la culture dans la manière de l’écrire. En Afrique, les savants dans l’art de la poésie sont des griots en particulier.
BL : « Courroux d’un écorché vif », le postulat d’écriture du livre se dévoile à travers la vitrine. Toutefois, pourquoi ce titre ?
DCC: ce titre, parce que je n’aurais mieux pour informer du contenu de cette œuvre que par ce titre. Toutes les victimes sont des écorchées vives peu importe de quoi vous êtes victime, vous la vivrez toute votre vie au plus profond de vous, et si un jour il vous arrive de vous exprimer, ce ne sera qu’avec courroux.
BL : Pensez-vous que l’engagement du poète fait de lui vraiment un éveilleur de conscience ?
DCC: Tout poète ou auteur est éveilleur de conscience, juste parce que chaque texte cache un message peu importe le titre, peu importe le contenu je peux aussi dire .
Donc tout poète est engagé, et donc éveilleur de conscience.
BL : Pour résumer votre livre en quelques lignes, que diriez-vous ?
DCC: Ce recueil n’est que le cri de personnes en souffrance, la colère contre le système universitaire, la colère contre le système gouvernemental, la colère contre l’exploitation de notre cher continent etc…..
BL : Aujourd’hui, on remarque que peu s’intéressent à la poésie. Pourriez-vous partager avec nous votre perception par rapport au constat ?
DCC: Peu s’intéresse à la poésie, juste parce que la poésie n’a plus sa valeur d’autrefois. Aujourd’hui le poète est tout sauf riche, il est juste celui qui traine de bibliothèque en bibliothèque pour nourrir son esprit, l’argent prime de nos jours d’où la jeunesse africaine surtout s’intéresse moins.
BL : Que pensez-vous défendre chaque fois que vous dégainez votre plume ? Et à qui pensez-vous écrire ?
DCC: J’écris pour ceux qui lisent aujourd’hui, pour ceux qui ne lisent pas encore mais qui liront demain, je n’écris pas pour tout le monde, car tout le monde ne lit pas , et tout le monde ne pourra pas lire , j’écris en vérité pour ceux qui auront la chance de me lire. Et je ne défends rien d’autre que ce que le lecteur pense que je défends.
BL : Pourquoi confisquer la voix des sans voix ?
Pourquoi couper le sifflement des oiseaux chanteurs ?
DCC :
Je suis le vent,
(…) Je suis le bruit qui dévoile la pudeur
Le tourbillon de la voix du vent qui enrobe tout du palais des rois traîtres
Je suis l’orage »
BL : Quel est l’idéal de votre poésie ?
DCC: Pour cet exercice, toute la force revient à l’opinion du lecteur.
BL : Quels sont ces auteurs qui vous inspirent dans votre projet d’écriture ?
DCC: J’adore les écrits de Alfred de Musset, René Depestre, Léopold Senghor et surtout aimé Césaire et Soyinka
BL : Votre regard sur la littérature africaine en général, et celle béninoise en particulier ?
DCC: Dire que la littérature dans le sens propre de la question ne se porte pas bien est un péché, mais ça reste tout simplement à désirer. La littérature africaine manque de lecteur. Chez les autres la lecture est une culture, chez nous ici, c’est presqu’un totem. On ne lit pas , pour ne pas pénaliser les autres, disons qu’une infime partie lit , nous écrivain avons tendance à écrire aujourd’hui juste par passion, car on se dit qu’à peine quelques un lirons , pas parce le contenu du livre n’est pas aisé, juste parce qu’ils qu’ils n’ont pas carrément le temps de lire . C’est de même pour la littérature béninoise.
BL : Un œil analytique sur la poésie béninoise ? Ses faiblesses et quelques solutions pour la rendre plus vivante.
DCC: Aujourd’hui les rimes font la poésie, selon ce que nous voyons. Moins de fond, plus de forme. Sauf qu’il y a des poètes intéressants, des poètes qui nous guident, à ne pas rebrousser chemin, tels que : Dakpogan , Daté et autres.
Comme solution, il faut écouter, aider et guider ceux qui s’intéressent à la poésie afin qu’ils ne se perdent. A l’état de donner plus de visibilité à ce domaine afin que les gens s’y intéressent abondamment.
BL : Avez-vous connu de difficultés lors du processus de l’édition de votre livre ? Si oui, voudrez-vous bien les partager avec nous ?
DCC: Les difficultés n’en manquent pas comme vous le savez bien. Il y a le manque d’attention de nos aînés dans cet art (dans le sens de nos manuscrits envoyés sans retour), les difficultés sont aussi beaucoup plus financières. Mais l’arme de la passion est toujours plus puissante que celle des obstacles.
Au passage merci à ceux qui croient en nous et qui nous encouragent au mieux qu’ils peuvent, ils n’étaient pas obligé.
BL : Vous avez certainement d’autres projets littéraires en cours. Le lectorat serait heureux de les connaître.
DCC: Un livre sur le développement personnel, un polar, enfin toujours dans le compte de cette année 2021 je suis dans le programme de lancer une exposition de livres à Malanville.
BL : Quelques livres lus et que vous pourriez proposer aux passionnés de lecture.
DCC: Le pendule de Foucault de Umberto ECO
BL : Vos jeux de divertissement
DCC: Le football, le Scrabble, le jeu d’échecs et autres…
BL : Votre plat préféré ?
DCC: La pâte de riz +une bonne sauce de sésame et les autres ingrédients qui y vont avec .
BL : De quelle localité du Bénin est-il ?
DCC: Né à Guéné Commune de Malanville, mais d’origine de Savè
BL : Votre mot de la fin
DCC: Merci sincère à vous, après cet échange, l’avantage n’est que pour moi. Vous n’étiez pas obligé, mais vous m’avez tout de même invité.