« La voix des victimes » est un personnage entier, une voix d’outre-tombe

« La voix des victimes » est un personnage entier, une voix d’outre-tombe

« La voix des victimes » est un pont solide entre la réalité et la fiction car la thématique choisie pour écrire cette œuvre est actuelle, poignante et traverse des générations. Il s’agit de la violence faite aux femmes sous toutes ses formes. Il met à nu ce qu’il y a de plus violent et vrai dans les foyers, les couples et les relations. Il n’y a pas de corrélation avec la victimisation, il y a juste une prise de conscience effective à faire, un écho sonore pour que ce qui se cache soit vu et connu de tous.

Paru aux Éditions E’Stars à Abidjan en 2022, « La voix des victimes » est un roman de 113 pages subdivisés en huit chapitres. L’œuvre est commise par l’écrivaine ivoirienne Evelyne Kobou, auteure précédemment du livre « 12 fausses idées à propos du mariage », et raconte les violences répétées et subies par Eden en se mariant avec Stone. « La voix des victimes » est un personnage entier, un peu comme une voix d’outre-tombe qui crie changement et action. Des femmes décédées sous les coups et les violences de leurs hommes ont été citées. L’auteure, par sa créativité, donne de la voix aux victimes qui parleront tout au long du roman grâce à un dialogue avec Eden, un personnage féminin qui a subi les mêmes atrocités mais qui a réussi à se séparer de son bourreau à temps. Si après la mort, plus rien ne subsiste, des souvenirs restent, des faits sont rappelés et, à vrai dire, la mort n’arrête pas l’amour. Pour avoir vécu l’enfer, ces personnes ont droit à un hommage mais aussi à des actes « impactants » pour que leur mémoire ne se perde. On a vu le tollé médiatique qu’ont déclenché certains décès de victimes des violences conjugales. Puis le temps atténue les ardeurs et on finit par ne plus en parler.  Aujourd’hui, grâce au livre, à la forme romanesque de cette œuvre, Evelyne Kobou fait parler les victimes à travers son roman. En pages 20 et 21, la voix dit :

« Je suis la voix des victimes. Je suis la mémoire des femmes battues, maltraitées, martyrisées et assassinées. Je suis le cri de DHIKRA MOHAMED, chanteuse tunisienne. En 2003, j’ai été froidement abattue par mon époux, l’homme d’affaires Ayman Al-Sowaidi qui s’est ensuite suicidé, au Caire, en Égypte. 

Je suis l’hologramme de… REEVA STEENKAMP, mannequin. En 2013, en Afrique du Sud, j’ai été tuée par mon petit-ami, le coureur paralympique Oscar Pistorius. (…)

Je suis là mémoire de… OSINACHI NWACHUKU, 42 ans. En 2022, je suis morte dans des conditions troublantes. J’ai tenté de camoufler les violences subies par mon époux [Nigeria]. (…)

Tous ces cas énumérés ne sont pas des cas isolés car l’écrivaine nous rappelle dans son roman, « qu’au moins une femme sur trois, dans le monde, a été battue, contrainte d’avoir des rapports sexuels ou soumise à des sévices dans sa vie ; l’auteur des violences étant souvent une personne connue« . C’est dire qu’aucune voix ne sera de trop pour sensibiliser, dénoncer jusqu’à ce qu’il y ait amélioration nette des façons d’agir. Après l’intrigue de l’histoire entre Eden et Stone racontée avec brio, on lit dans ce roman un travail psychologique intense pour donner des pistes de résolution des conflits, une manière d’agir pour ne pas banaliser les victimes. En page 105, le chapitre VIII a été titré « Pour aider toutes ces femmes victimes de violences conjugales« . L’engagement de l’écrivaine ivoirienne Evelyne Kobou est donc claire et objective car écrire laisse des traces, éduque mais change des mentalités pour que le meilleur subsiste. « La voix des victimes » est disponible à 3.000fcfa à la Librairie de France, à la Librairie carrefour à Abidjan. On peut aussi se le faire livrer contactant l’auteure sur sa page Facebook Evelyne Kobou.

Myrtille Akofa HAHO

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