» Le calme du Nokoué » de Roland DONOU: Au nom de l’amour…

 » Le calme du Nokoué » de Roland DONOU: Au nom de l’amour…

Mais ce livre est avant tout un « éveilleur de conscience », invitant chaque personne, notamment la couche juvénile, à prendre en mains ses responsabilités et à travailler ardemment.

1- Brève Présentation de l’ouvrage

Nom de l’ouvrage : Le calme du Nokoué

Auteur : Roland DONOU

Editions : Plumes Soleil.

Ville et Année d’édition : Cotonou 2019.

Nombre de pages : 242.

L’amour est un sentiment qui anime chaque être humain et qui trouve son accomplissement avec la présence d’un ou d’une partenaire. Mais quand la distance s’introduit entre deux amoureux, la jalousie ne manque pas son rendez-vous avec son corollaire de manque de confiance. Et cela peut conduire même à la séparation d’un couple. Mais si de façon sincère cet amour avait sa noble place, la reconstitution du couple devient chose possible. C’est ce que nous livre Roland DONOU dans son chef-d’œuvre Le calme du Nokoué publié aux Editions Plumes Soleil à Cotonou en 2019.

2- Résumé de l’ouvrage

Nouvellement affecté dans la commune de Tɔffɔ– une commune du Bénin –, Mahugnon, un jeune instituteur, doit exercer son métier à l’école urbaine de Houègbo. Sa petite famille s’est logée à Sey, un autre village de la même commune. Mais très tôt, le jeune instituteur sera parachuté de nouveau à Avissa, un village de Tɔffɔ, son village natal d’ailleurs où gîtent encore ses géniteurs. Il tombe soudain dans l’embarras de se séparer de ses tendres et studieux apprenants à qui il a su promptement imprimer une émulation intellectuelle horspair. Il faut noter la rigueur ineffable de sa directrice toujours soucieuse du travail bien fait. Bon gré mal gré, le jeune enseignant obéit à cette affectation pour se faire proche de sa petite famille. Pour mieux réussir sa nouvelle mission, il prend l’option de consulter son père Dêgbédji, natif de son nouveau lieu de mission. Malheureusement, de la rencontre avec son père, Mahugnon comprit que sa triste nouvelle comme un rabat-joie était paradoxalement une réelle flopée de joie et allégresse pour son père qui vitdepuis peu le retour de l’enfant prodigue pour servir son village. « Fiston, je ne vais pas tourner autour du pot. Je suis ravi qu’après les peines versées par tes oncles et moi, un de nos enfants assume la fonction d’éducateur qualifié dans cette école d’Avissa. Je suis aux anges »[1]. Saisissant cette aubaine, le vieux Dêgbédji ne ménagea aucun effort à gaver de conseils son fils et lui compter l’historique des infrastructures présentes dans le village, surtout en relevant sa grande partition etson haut engagement dans la construction de ces infrastructures. Il lui montre, pour ce faire, le rôle prépondérant que la jeunesse a à accomplir pour le développement d’une cité : « La jeunesse est la précieuse étape où, un peu éclairés par notre harmonie avec l’évolution du monde, nous avons la force d’écrire notre histoire dans celle du milieu qui nous abrite »[2]. Cette liesse qui électrisait le père coïncidait tout bonnement avec les brûlants aveux du cœur de Sika, la femme de Mahougnon. Comme toute femme, cette joie avait sa raison d’être ; car elle voit enfin son homme revenir totalement à elle vue qu’il ne passera plus des nuits dehors pour des raisons professionnelles. De fait, la distance entre son mari et elle avait engendré la jalousie dans son cœur. Et cette jalousie fera qu’à chaque fois que son mari quitte la maison, elle pense qu’il serait allé ailleurs qu’au boulot. Sa curiosité l’incita un jour à aller là où son mari travaille. Et là, par pur concours de circonstances, les deux furent arrêtés comme des suspects et furent jetés injustement en prison. Mais comme l’innocence sauve toujours, ils furent par la suite libérés. Mais, ce beau couple va se séparer à cause de cela suite à la décision de la belle-mère de Mahugnon qui n’a pas su digérer cette arrestation qu’elle considérait comme une ignominie vis-à-vis de la grande famille : « Ma fille rentrera avec moi ce soir. S’il faut se marier avec un jeune qui se cherche et être humiliée de la sorte, mieux vaut vivre avec ses parents. »[3] Mais comme l’amour était encore et toujours dans le cœur de chacun des partenaires, cet amour qui rend possible toute chose fit que le couple se réforma une fois de bon. C’est une nouvelle aventure, car cet amour comme le lac Nokoué, calme à la surface, brûlait au fond de chacun de leurs cœurs.

3- Approche critique

Ce livre se veut être comme un cours de morale à cause des nombreuses orientations, des conduites de vie qui s’y trouvent. C’est également un livre montrant la puissance, la force de l’amour. L’amour rend droit les liens brisés. Et les couples trouveront à travers cet ouvrage l’une des anicroches de leur vie conjugale : la distance entre mariés. Ils pourront donc la combattre. Par ailleurs, l’auteur fait montre des situations conflictuelles auxquelles nos familles africaines en général et béninoises en particulier sont confrontées : la mécompréhension, la séparation charnelle due à des raisons professionnelles et bien d’autres encore ; l’ingérence des parents dans les problèmes de couple. Cette ingérence a tendance à rompre parfois les relations car l’obéissance étant de mise dans les milieux familiaux, les partenaires ne peuvent faire que ce que leurs parents leur conseillent. C’est justement de cette obéissance qu’a fait montre Sika quand sa mère a décidé qu’elle ne retournera plus chez Mahugnon.

Mais ce livre est avant tout un « éveilleur de conscience », invitant chaque personne, notamment la couche juvénile, à prendre en mains ses responsabilités et à travailler ardemment. Enfin, c’est une étude transversale sur la gouvernance de notre pays, les problèmes qui minent le développement de notre cher patrimoine commun le Bénin, les défis qu’il faudrait relever pour l’épanouissement de chaque citoyen. Cette étude a commencé avec l’analyse de la manière dont le régime défunt a tenu les rênes du pays. L’actuel gouvernement, celui de la Rupture, n’a pas manqué d’être un objet d’analyse. C’est donc un appel dirigé vers l’État pour une meilleure gestion de la « Res publica ».

À l’épilogue de ce parcours littéraire avec Roland DONOU, il sied d’affirmer l’originalité de cette œuvre de 242 pages qui nous est présentée dans un registre soutenu, permettant au lecteur d’enrichir plus ou moins son vocabulaire. Il faut louer l’effort de la clarté observée dans son raisonnement où il associe morale, sentiments et politique sans ignorer la rectitude de sa pensée. Son sens critique sur la politique, notamment sa facilité à décrire les réalités palpables de la politique béninoise est à féliciter. Cependant, il faudrait souligner la présence par endroit dans le texte des erreurs de frappe.


[1] R. DONOU, Le calme du Nokoué, Editions Plumes Soleil, Cotonou 2019, p.84.

[2]Ibidem, p.85.

[3]Ibidem, p.183.

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