« Les Carnets du soleil» Blaise Ahnaï Bay

« Les Carnets du soleil» Blaise Ahnaï Bay

Après son volumineux roman intitulé « Nostalgie de l’Eden », paru en 2014 chez EdiLivre, l’auteur camerounais Blaise Ahnaï Bay, de son vrai nom Samaki Blaise Ahnaï refait surface en 2019 dans l’univers de la production littéraire avec un recueil de neuf nouvelles.  « Les Carnets du soleil » édité par Proximité est une lettre de doléance, d’amour,  de mise en garde, de tristesse et de consternation que le soleil adresse en 97 pages aux Hommes qu’il aime tant. Blaise Ahnaï pose des mots pour dénoncer des maux tels que la prostitution, l’ivrognerie, l’homosexualité, le vol, le meurtre, le terrorisme…

Plus délicieuses et plus profondes les unes que les autres, les différentes nouvelles qui constituent ce recueil, traduisent le besoin de l’auteur de cerner les profondeurs de l’âme humaine pour panser le monde de ses blessures. Blaise a la plume facile, raffinée, poétique ; ses tournures linguistiques et stylistiques sont des plus belles et des plus recherchées. Sa plume crée des images qui font à la fois rêver et se questionner. Il arrive mais avec beaucoup de subtilité et de finesse à aborder même les sujets les plus sensibles tels que l’homosexualité dans son titre « LES SECRETS DU PRESIDENT ». De « Nostalgie de l’Eden » à « Les Carnets du soleil », l’écriture de Blaise Ahnaï est très influencée par la religion chrétienne. Dans la rencontre et l’exploration de ses lettres, on en arrive à penser à une réécriture de la bible avec des titres comme « LE SECOND DELUGE ». Tout au long de la lecture d’Ahnaï, les termes tels que : ange, Dieu, Jésus, jugement dernier, Lucifer, péché d’Adam, Noël… reviennent constamment.

La première et la plus longue nouvelle de ce recueil porte le titre du recueil.  Cette nouvelle est à la fois le début et la fin du recueil ; début en ce sens qu’elle est la première de toute, et la fin parce qu’elle est le témoignage de la suite du recueil, la morale à en tirer, l’appel à la conscience et à l’humanisme. Dans celle-ci, l’auteur donne la parole au soleil qui pose lui aussi des mots. Le soleil a tout d’un homme : il rit, il a peur, il aime, il se sent seul, il s’ennui, il a des vœux, … Le soleil a mal de voir les hommes détruire le monde sans pouvoir piper mot, lui qui a pourtant les moyens de tout arrêter ; mais malheureusement, il ne lèvera pas le petit doigt car lui aussi a été créé et a une mission. Le soleil qui observe et écoute les hommes depuis toujours, avoue ne pas tout savoir même si des hommes le prient à tort. Le soleil qui aime les hommes, souffre de les voir le croire insensible à leur malheur. Le soleil souffre d’être accusé du réchauffement climatique pendant que des hommes s’ingénient à détruire chaque jour la vie à travers des inventions qui passent outre l’écologie. L’astre lumineux a une religion : le christianisme. Il témoigne de l’existence du jardin d’Eden, lui qui est depuis le commencement. La lumière du monde parle de l’enfer, témoigne de son existence et met en garde les hommes du salaire du péché.

Toujours dans sa quête de réponses, Blaise ne manque pas d’imagination et donne la parole à Dieu et au diable qui se disputent pour gagner une âme. Dans cette altercation des « voix du mal et du bien », l’auteur en profite pour sonder les voies du Seigneur pourtant dites insondables. Il questionne la voix du bien sur la nécessité de l’existence du diable. Et quand il est demandé aux voix du bien et mal de se rendre visible pour prouver la véracité de leur dire, Dieu répond : « Je suis ton Dieu, le seul défi que je lance aux hommes est de croire en moi sans me voir. C’est le meilleur moyen que j’ai trouvé de mettre à l’épreuve leur foi et de gagner leurs âmes, gare aux incrédules… ». Particulièrement victime de l’horreur et des ravages du terrorisme qui lui a arraché son amante, l’auteur y consacre deux titres : « MA BELLE » et « LA TOURMENTE ». Dans ces deux titres, l’auteur emploie une tournure lyrique et dramatique, mais pas pour le moins poétique : « Mais je sais que si dans les décombres de l’apocalypse, je n’ai pu trouver ton corps, dans les merveilles de l’empyrée, je retrouverai ton âme ». Le recueil se ferme sur un magnifique texte épique « MON PROPRE TYRAN », dans lequel l’auteur laisse entrevoir son perpétuel questionnement, en s’interrogeant cette fois sur l’existence du destin et de la fatalité.

En dépit des embûches de la vie et de la désolation dans laquelle s’engouffre le monde, l’auteur adopte une posture de prophète, convaincu de la venue du règne de Dieu qui exemptera les élus de toute souffrance.

Kelly Yemdji est une jeune camerounaise, titulaire d’une Licence en Mathématique-informatique spécialité informatique. Elle est avant tout, une écrivaine très passionnée des lettres. Son tout premier roman paraît très bientôt chez Elite d’Afrique Editions.

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