« Noire Venus », Carmen TOUDONOU

« Noire Venus », Carmen TOUDONOU

Février c’est le mois de l’amour. Biscottes Littéraires vous invite à vivre ce mois de façon livresque à travers l’amour des mots. Et c’est Fabroni Bill YOCLOUNON qui nous introduit au cœur de ce mystère qu’est l’amour, avec sa chronique littéraire réalisée sur une oeuvre suave, belle, virile: Noire Venus de Carmen TOUDONOU. Installez-vous confortablement et dégustez ce plat.

 

 

 

 

« La haine tue toujours, l’amour ne meurt jamais. » Gandhi.

Cette phrase résume toute poésie. La poésie est née de ce principe. L’amour est le sentiment qui fait vivre toute œuvre humaine encore plus celle artistique. Carmen TOUDONOU, l’artiste, la poétesse, respire l’amour et l’insuffle à qui lit ce recueil de poèmes, Noire Venus. On ne résume pas une poésie, cela m’est clair et évident. On risque d’écrire une autre poésie à la place. La poésie se vit à travers ses lignes et ses mots ; par le voyage dans les rythmes et les rimes, les sonorités et les figures de style.

Carmen a créé parce que la poésie, par essence et par étymologie, est avant tout création. Avant même d’être sensation ou ressenti, la poésie est création. Intéressons-nous ici  aux questions qui émergent de cette création réalisée par  Carmen TOUDONOU.

  • Qu’est-ce que Carmen a créé ? Elle a créé une poésie qui chante l’amour, une œuvre de l’esprit qui célèbre la femme, une œuvre d’art qui aborde l’éros et qui fait flotter la sexualité à travers les mots.
  • Comment Carmen a-elle créé cela ? Cette poésie est une cavalcade ivre, libre et très libre des mots derrière lesquels se cachent à la fois tous ces thèmes précédemment évoqués – amour, éros, sexualité et femme.
  • Dans quel contexte Carmen a-t-elle créé tout cela ? Ce recueil de poèmes est le fruit de plusieurs observations inspirées par la volonté d’une femme qui se voit interpellée par les affres défavorisant la femme taxée de « sexe faible ». Et Dieu sait que ce n’est pas vrai, car il ne doit peut pas être faible le beau sexe.
  • Dans quel but Carmen a-t-elle créé cette œuvre ? De ma place de lecteur, je vois l’auteure qui est animée par ce désir : « que la femme exprime librement la poésie de son amour ; que la femme vive pleinement sa sexualité à laquelle participe l’éros. »

 

Qu’il est gai de voguer sur l’océan de ces poèmes avec pour navire les sens sculptés et donnés aux mots par Carmen qui, dans le poème « Noire Vénus » ayant donné son nom au recueil, crie sa mâle féminité : »

Il est de sang mon poème

De poigne et de nerf

Les soirées de douleurs

Les absences

Voire les présences

Les prévenances et les méfiances

Les chants des sirènes sur les mers inconnues

Les inconnus

Les flottaisons

Etranges cargaisons d’exhalaisons d’oraisons

De floraison de raisons (…)  » (p 65)

Comment lire ce texte qui se déroule tel un ruban sans penser aux incantations poétiques dont les fermentations au cours de l’histoire font du « Cahier d’un retour au pays natal » un chef d’œuvre réalisée pour immortaliser la douleur et les espérances du verbe noir en quête de sa Vénus que le poète veut « bonheur, indépendance et relèvement de la race noire ». Ici la poétesse veut la femme debout, debout dans la douleur, prête comme une amazone pour conquérir les zones à elle interdite du fait de sa physiologie et de son anatomie. Ecoutons les mots qui rugissent sous sa plume, tel l’ouragan :

« Ne t’attache pas à la vie

Que tu vis quand tu vis

(..)

Ne t’attache jamais

Ni de cœur ni de pierre..;  » (p 26).

Un vrai engagement se lit derrière les mots de Carmen. En effet, au-delà de la lecture faite de ces mots poétiques, il est aisé de conclure que l’auteure s’élance dans un optimisme progressiste qui voit la femme d’un œil bienfaisant en lui reconnaissant sa force, ses qualités de mère de vie – Carmen dédie ce recueil à la porteuse de sa vie, sa mère, Denise Médedji – et bien d’autres.

« Sur les trottoirs dégarnis

Tu croiseras ta féminité

Comme un pouvoir

Un absolu

Un don (…) » (P 79)

Si vous ne tenez pas encore « Noire Venus » entre les mains, vite cherchez-le, trouvez-le et lisez pour découvrir la triade principale du recueil : “Femme-Noire-Venus“. Pour qui connait le mythe qui entoure la déesse Venus, cette triade ne parait pas inaperçue. Mais qu’elle soit noire sous l’encre de Carmen, c’est toute une autre aventure poétique qu’il faut courir. Carmen vient mettre à nu la virilité du sexe féminin à travers vingt-huit (28) poèmes écrits entre 1999 et 2015. Lire ce recueil, c’est parcourir seize (16) ans d’inspiration en peu de temps.  Noire Venus est publié aux  Editions du Flamboyant, Cotonou-Bénin en 2015 comptant 94 pages et ce recueil révèle une originalité de la poésie béninoise. Baudelaire dit de Victor Hugo qu’il « a su exprimer par la poésie le mystère de la vie » et nous, nous dirons de Carmen qu’elle a su exprimer par Noire Venus le mystère poignant qui entoure la femme, la femme noire en particulier, la véritable Venus.

Fabroni Bill YOCLOUNON

5 comments

Je suis assoiffé de boire à long trait cette eau poétique qui, à coup sûr est d’une saveur littéraire à nulle autre pareille.

Salut, Léanaug Constantin DAHOUNSA. Vous serez davantage émerveillé en lisant le recueil. pur régal, croyez-nous.

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