« Toute une vie ne suffirait pas pour en parler », Adélaïde FASSINOU

« Toute une vie ne suffirait pas pour en parler », Adélaïde FASSINOU

Au commencement était l’amour. Et il sera aussi à la fin. A menti qui croira et enseignera qu’il finira au tombeau. De toute façon, Adélaïde FASSINOU fait partie de ceux qui croient que toute un’ vie ne suffirait pas pour en parler. Et pour le démontrer, elle sert à ses lecteurs un recueil de nouvelles qu’elle tire de son imaginaire. Elle les veut reflet de l’existence humaine. Elle crée un personnage étrange, Maguy, qui est décidée à en finir avec sa propre vie parce que J.J ne voulait plus d’elle. Voulez-vous savoir la raison? Eh bien, simplement parce qu’elle est devenue trop obèse. A côté de Maguy, se dresse Nina qu’on pourrait définir par : « La jalousie au singulier pluriel« . Sur un autre registre, on pourra s’écrier : Ignorance, quand tu nous tiens.

 

 

L’éducation de l’école est différente de celle de la maison. Attention aux bonnes (domestiques) que nous prenons dans nos maisons, et  à qui les parents confient tout, parfois même l’éducation des enfants. Les conséquences qui en découlent sont terribles, mortelles. C’est ce qui s’observe dans la première nouvelle intitulée « L’hôte indésirable ». Mme Dunian, confie ses enfants Marc Antoine et Simone à la bonne Kaï, porteuse du virus du VIH/SIDA. Mais personne ne le sait. Elle joue avec eux à tous les jeux frisant parfois les interdits et prend en charge l’éducation des enfants. Que va-t-il se passer ? On n’a pas le temps de répondre à cette question puisque la deuxième nouvelle « Le bouton bis » vient fait flamboyer la jalousie à outrance de Nani quine supporte pas la présence ni l’absence de sa coépouse Mdo. Elle le fait savoir à leur mari Kali, peut-être de façon trop drastique. Que faire dans un tel contexte de polygamie quand, époux, on est confronté à une telle jalousie? Ce qui est sûr, personne ne souhaite le malheur ni l’ingratitude. Et pourtant, ils sont nombreux à remercier leur bienfaiteur du revers de la main. Cica l’apprend à ses dépens dans « Celle qui avait tout donné ». Est-ce en effet un crime d’aimer et d’aider les autres ? Comment certaines personnes peuvent-elles se permettre d’en vouloir aux mains qui les nourrissent ? N’est-ce pas une histoire d’éducation, quand on sait aussi que les jeunes d’aujourd’hui sont capables du meilleur comme du pire? Comment comprendre alors qu’on peut être grand-père et grand-mère à l’âge de 29ans et 28 ans ? C’est le nœud de la 4ème nouvelle « De mère en fille ».  Et les mamans alors? Quelle éducation donnent-t-elles à leurs enfants lorsqu’elles se permettent de préférer l’argent au bonheur de leur propre progéniture ?

 

 

Adélaïde FASSINOU, dans la 5ème nouvelle, « La belle-mère du ministre », livre un récit poignant. Sous nos cieux, quand rien ne va, alors, le seul moyen de s’en sortir, c’est d’accéder  à la fonction suprême. Nous savons très  bien ce qui se passe dans nos états aux temps des élections avec les campagnes et leurs mensonges. Celui qui a dit « Les promesses électorales n’engagent que ceux qui les croient » a parfaitement raison. L’auteur y joue avec humour en mettant en action, ce maitre qui voulait devenir président, et qui affirme dans sa campagne que même les vendeuses de pain au bord des voies iront à la retraire s’il était élu. Dans cette 6ème nouvelle  « Je serai président »,  on réalise que même les morts viennent voter le jour des élections. Scandale! Horreur! Certains faits de société nous amènent à nous poser des questions. Tenez : « Comment en étant une femme, on peut se permettre d’aller voler des bijoux et les cacher dans le sexe d’une amie? » Houklouhouu! Un comportement que l’auteur dénonce dans cette 7ème nouvelle « La voleuse ». Quand les parents éduquent mal leurs enfants, on ne peut attendre de ces derniers que des attitudes malsaines. C’est ce qui s’observe dans la dernière nouvelle « Morte pour rien ». Parce qu’on lui reproche d’avoir mal cuisiné, de sortir avec les garçons et de rentrer tard, elle pense qu’on ne l’aime pas. Alors, elle décide le pire… Si au commencement était l’amour, il va de pair avec l’éducation. Education et Amour, voilà les thèmes développés dans « Toute une vie ne suffirait pas pour en parler », avec un style simple et un humour à couper le souffle. A consommer sans modération… L’oeuvre a été édité chez L’Harmattan en 2002 et s’étend sur 193 pages.

 

 

 

Née à Porto-Novo au Bénin, Adélaïde FASSINOU, épouse ALLAGBADA, est une ancienne élève de l’école normale supérieure de ladite ville. Professeur de français dans les collèges et lycées dans son pays, elle est actuellement la Secrétaire Générale adjointe près de l’UNESCO au Bénin. Elle s’investit aussi dans la formation universitaire et celle des enseignants des premier et second degrés de l’éducation au Bénin. Elle est une écrivaine.

 

Claude K. OBOE

 

1 comment

Toute une vie ne suffirait pas pour en parler. Je ne connaissais pas ce recueil de Adélaïde. Merci de me l’avoir fait découvrir. À lire absolument.

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