« Un os dans la gorge des dieux » : un roman aux détours fantastiques.

« Un os dans la gorge des dieux » : un roman aux détours fantastiques.

Dans Un os dans la gorge des dieux de Gaston Zossou, les prêtres Shango, pour atteindre leur ennemi, recrutèrent une prostituée dans un village voisin qui conduit le jeune Tadjin à la perdition.

Édité chez Riveneuve éditions en 2012, Un os dans la gorge des dieux est un roman de l’écrivain béninois Gaston Zossou. Ce roman relate des faits aux enjeux religieux. Il part du catholicisme, du protestantisme pour aboutir aux dieux Ogou, le dieu du fer et Shango le dieu du tonnerre et de la foudre. Après la description de chacun de ces dieux, l’auteur aborde des faits liés à leurs différentes manifestations.

Tout débute par la cérémonie de la célébration annuelle du dieu Shango au cours de laquelle un prêtre, l’élégoun Shango, sera choisi par le Shango lui-même pour l’incarner. Cet événement qui constitue la scène d’incarnation du dieu Shango, est fortement chargé de procédés pouvant justifier sa dimension fantastique. Shango prendra son corps et le prêtre perdra sa nature humaine pour avoir ses attributs. Il sera le dieu Shango sur terre en ces moments-là. Mais personne ne sait encore le prêtre qui sera choisi. Tout le monde était alors dans l’attente et dans l’espérance quand un très jeune prêtre se détacha et brandit la hache de Shango au ciel : c’était l’élu du dieu du tonnerre et de la foudre.

Shango s’est manifesté à travers ce jeune prêtre qui parlait d’une voix caverneuse, ce qui suscita la peur et l’étonnement chez les spectateurs. Il se dirige vers les anciens qui se jetèrent à terre. Il se dirige alors vers la foule et tous se prosternèrent sauf un jeune homme qui ne manifestait aucune peur et ne se prosternait pas en guise de reconnaissance de la grandeur du dieu : sacrilège !  Tadjin, de son vrai nom So-Glo, personnage principal de l’intrigue, orphelin de père et de mère depuis le bas âge, est un initié de Shango en pays Yoruba. Revenu dans son pays natal en tant que grand prêtre, il avait voulu intégrer le panthéon en sa qualité d’initié plein. Grande fut sa surprise de se voir rejeter, ignorer et congédier rudement. Il jura dès lors de les faire baver.

Après cet acte insolent de Tadjin envers le dieu Shango, les anciens et dignitaires de Shango se mobilisèrent pour trouver un moyen de faire mourir l’audacieux qui les a défiés. Malheureusement, les idées et les plans retenus ne donnent aucun résultat positif. Le jeune courageux connaissait en avance tous les moyens que peuvent utiliser les prêtres pour lui nuire. Ils firent appel à leurs paires, adeptes de Ogou, dieu du fer. Leurs tentatives d’assassinat se révélèrent également vaines. Tadjin connaît le secret des dieux. Il portait en son sein une ceinture de protection qui le protégeait contre tout type d’attaque.

Cela faisait déjà trois ans que les adeptes de Shango réfléchissaient à comment asséner un bon coup à ce jeune tresseur de corde. Trois ans que cet acte insolent créait de trouble et du chaos dans le cœur des habitants qui se posèrent mille et une questions sur la force de vengeance des dieux. Trois ans également que les dignitaires et anciens du dieu Shango se querellèrent entre eux, se voyaient couvrir par la honte et nourrissaient une haine à perpétuité contre le tresseur de corde.

Ils trouvèrent enfin la solution parfaite : la femme.

Bien qu’étant un personnage, la figure de la femme fatale, figure liée à son parcours, à ses actions et à ses gestes, est dans la littérature fantastique un thème récurrent. Elle est un personnage ambivalent et troublant. Une prédatrice, une femme consciente de son pouvoir, notamment de séduction.

Dans Un os dans la gorge des dieux de Gaston Zossou, les prêtres Shango, pour atteindre leur ennemi, recrutèrent une prostituée dans un village voisin qui conduit le jeune Tadjin à la perdition. Ses forces mystiques qui lui conféraient son orgueil transcendantal ne lui ont prédit le danger à venir ni aidé à avoir une vision des mauvaises intentions qui habitaient la jeune femme venue lui ôter d’une manière très douce ce qui constitue sa protection.

 Tadjin succomba à la tentation. Il eut des rapports sexuels avec la jeune femme et lui remit en toute réjouissance sa ceinture en guise de protection de taille pour son retour et pour toute sa vie. Ainsi, Tadjin se retrouva dépourvu de sa ceinture de protection et fut désormais ouvert à toute attaque mystique. Il lui confia qu’il s’en procurera une nouvelle en allant chercher dans la brousse les ingrédients. Si bien dit, Tadjin ne pourra rien faire avant l’intervention justicière de la foudre, il n’a pas pu atteindre la plage où il devait quérir les ingrédients de fabrication d’une autre protection avant d’être foudroyé par Shango. Tadjin mourut.

Dans ce roman, les thèmes du fantastique les plus abordés sont l’incarnation du dieu Shango, l’occultisme, la femme fatale et la mort.

Chez Gaston Zossou, les descriptions de lieux et des espaces sont morcelées dans le texte suivant les pas des personnages et en fonction de l’évolution de l’intrigue. Chez lui, le temps moment du fantastique est le jour contrairement à ce que pense la plupart des gens qui perçoivent la nuit comme temps moment du fantastique. Les événements fantastiques se sont déroulés en plein jour dans l’intrigue à savoir : la célébration du dieu du tonnerre et de la foudre, l’envoi du serpent à Tadjin par le vieux Shangodara et la mort de Tadjin.

Le début de ce roman est consacré à une description qui ne peut paraître inaperçue. Cette description correspond à une figure : l’hypotypose. Cette figure met en évidence une description réaliste, animée et frappante de la route avec toute son étendue dans l’imaginaire de son lecteur. La route en elle-même et la représentation que l’auteur en fait donnent un aspect fantastique au discours descriptif : étrange, peur, étonnement…

A la page 7, nous trouvons l’ekphrasis qui est une figure consistant à une représentation d’une œuvre d’art dans un texte littéraire. L’auteur nous fait la description de la chapelle de l’église catholique, construite sans grande différence d’avec les chapelles que nous voyons dans la réalité de nos sociétés. En plus de ces figures, nous avons une forte utilisation de la personnification de l’eau, de la métaphore dans le dialogue poétique entre Tadjin et la femme fatale après l’acte sexuel. Le sexe féminin est désigné par une « offrande » faite au fétiche de Tadjin ; fétiche qui représente le sexe masculin.

Houénafa Salomé KOHOUGBLA

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