« Un peu de feu » de Kouassi Claude OBOE: Pour une conscientisation des moeurs

« Un peu de feu » de Kouassi Claude OBOE: Pour une conscientisation des moeurs

L’auteur du livre, je veux parler de Claude Kouassi Oboé, se fait unique en son genre. S’il nous a fait voyager sur le continent en partant du Bénin pour la Guinée Conakry, indices textuels facilement reconnaissables, il ne faut pas oublier sa manière de souligner les nombreux faits qui acculent la société. Une légère digression avant d’en venir au fait. On perçoit comme une certaine continuité enfouie dans ces différentes nouvelles.

Claude Kouassi OBOE : vous le connaissez sûrement en tant qu’enseignant dans les collèges et lycées du Bénin et plus loin en tant qu’auteur du recueil de nouvelles intitulé : Pour une histoire de virgule & La femme minée. Si vous avez été fasciné par cette œuvre, cela ne restera pas inchangé avec le nouveau bijou qu’il vient de nous offrir. Un bijou qui, comparativement au diamant qui est taillé pour refléter sa beauté, est quant à lui poli au plus profond des entrailles de l’Afrique pour nous décrire le vieux continent et ses tares, ses vices et même nous faire part de son état quelconque. C’est vrai qu’à la maison vous avez certainement du feu qui peut-être vous suffit, mais un peu de feu en plus, un Un peu de feu fascinant, qui vous tient en haleine du début jusqu’à la fin en vous faisant côtoyer toute sorte de sensation et d’émotion, qui vous fait voyager entre différents mondes, différentes réalités, différentes valeurs et civilisations, différents faits, ne sera pas de mal dans votre maison, dans vos mains.

UN PEU DE FEU est un recueil de nouvelles composé de neuf nouvelles qui s’étalent sur 165 pages. Neuf nouvelles que sont : AMOUR A TOUTE EPREUVE, DONDON KLILI, LA FOIRE AUX MIRACLES, LES PETITS DEMONS DE ROBERT, MORSURE PROFONDE, FACE AU DESTIN, LE COFFI DE MA MERE, NADINE, et UN PEU DE FEU.

Nous allons commencer avec la nouvelle éponyme du recueil, Un peu de feu. Pourquoi un peu de feu ? Que nous réserve-t-elle ? Eh bien, allons découvrir ce que nous cache cette nouvelle.

Dans cette nouvelle, d’une part, l’auteur dépeint les conditions de travail et de vie des enseignants dans nos sociétés : mal rémunérés et indignés. Et pour se faire écouter, avec l’espoir de peut-être obtenir gain de cause contre des autorités pourries et perfides faisant la sourde oreille, leur arme était la grève. Un domaine qui n’est pas assez porté à sa juste valeur.

D’autre part, on voit ce que c’est que la cigarette dans ce pays. La place qu’elle occupe. Elle à une allure de déesse avec des habitants dépendants. Une eau de vie comme je le pense pour eux. Ainsi, note-t-on une différence entre les mœurs de certains pays. Des réalités différentes. 

Dans Amour à toute épreuve, on se retrouve avec un héros puissant entre deux jeunes gens (Vigblé et Ayélé) évoluant dans un monde d’opposition.

Vigblé tellement épris de Ayélé ne laissait personne dire du mal d’elle et quelle que soit la personne. Celui qui osait en payait le prix fort. Mais cet amour n’était pas du goût de tous et surtout pour les parents de Ayélé qui n’aimaient pas Vigblé à cause de son exécrable comportement et sa laide réputation. Ayélé avait beau subir des admonitions de ses parents, mais rien à faire, elle suivait toujours Vigblé. On est tous d’accord que c’est un amour véritable et aussi frénétique, qui est parti pour résister à toutes les épreuves.

Si on s’aperçoit très bien de l’amour inconditionnel qu’entretiennent Vigblé et Ayélé nonobstant le refus des parents de cette dernière qui se sont ravisés finalement, on ne peut pas passer à côté du contraste qu’il y a entre jeunesse et tradition puis entre modernité et vieillesse. Deux mondes opposés, une opposition marquée par Vigblé, un prototype. Et comme l’auteur le fait savoir à travers le personnage thématique Makou, il faut puiser le meilleur des traditions pour évoluer dans le présent et plus loin se projeter dans le futur. Il ne faut pas dormir dans tout ce qui est désuet et prier pour que les choses changent. Et la jeunesse doit s’y prendre différemment. On ne peut pas finir sans mentionner un élément intéressant qu’à aborder l’auteur. L’occultisme. Nous sommes en Afrique, et cet aspect n’est pas le moindre. Et pour nous imprégner de la force qu’elle exerce sur ce vieux continent, l’auteur se fait exquis dans la continuité en nous présentant Dondon Klili.

Ah ! Dondon Klili. Organisation d’un tournoi pour resserrer et renforcer les liens fraternels existants entre habitants du village où la finale se joue lors du Zangbéxwé devant tous les quartiers du village. Belle initiative sans doute.

Plusieurs équipes sont en lice, mais cette année la compétition à une saveur plus particulière car les cadors comme le Fc Gabada du quartier Hanta furent éliminés. Les seules équipes présentes en finale sont des novices, ayant subi de nombreuses humiliations sur le terrain. Il s’agit des Scorpions Méchants d’Ahanoukɔpé et les Cobras Blessés de Waba. Des finalistes surprises. Des deux côtés, tout allait de bon point. Mais comme ce vieux continent ne peut être sans sa puissance avérée : les forces occultes, les vieux d’Ahanoukɔpé sollicitèrent les services d’un puissant sorcier, le vieux Takanon, réputé pour son expertise dans le domaine. Mais il déclina l’offre au profit de Waba, car il s’entichait d’une femme de ce village. Il se mit au travail et prépara tout pour les joueurs de Waba. Pendant qu’au même moment, il était fourbe avec les joueurs de Ahanoukɔpé, qui, eux, redoublaient d’efforts. Mais leur meilleur joueur, Zota, n’était pas présent à tous les entraînements pour problèmes personnels.

Takanon avait trafiqué le terrain avec un talisman enterré dans le camp adverse. Durant la première partie, rien ne s’était passé comme prévu. A la maison, le vieux Takanon s’employait toujours. En deuxième partie, les joueurs de Ahanoukɔpé mirent la pression notamment avec Zota, mais des offensives sans grands résultats. Takanon sentant l’équipe de Waba en souffrance, porta un coup mystique à Zota qui s’écroula et fut sorti. Pendant ce temps, un vieux de Ahanoukɔpé avait compris ce qui se tramait et s’était entendu avec le coach sur quelques points en demandant cinq minutes pour régler la situation. Etant dominée sur le terrain, l’équipe de Ahanoukɔpé encaissa un but.

Le vieux de Ahanoukɔpé revient avec des feuilles et écorces et arrangea la situation avec Zota qui remonta sur le terrain. Du côté de Takanon, la statuette avait pris feu et tout le lâchait. La pluie s’était invitée, rageuse, déterrant au passage le talisman qui était enterré. Zota avait marqué sur coup franc le but de la victoire. De retour à la maison, les constats frappaient à l’œil : Takanon fut foudroyé et déchiqueté par la foudre. Il était réduit en lambeau. La femme qu’il courtisait présente parmi ceux là qui voulaient se venger de Takanon, se confessa. Les adeptes de Hêviosso vinrent chercher les restes du sorcier. Zota quant à lui était totalement désemparé car il ne savait pas pourquoi à cause d’une femme, « son père » a voulu lui ôter la vie.

Il faut sans doute retenir que la femme est un mystère. Et l’homme amoureux, dans le vrai sens du terme, est capable de tout juste pour avoir cette personne. Sauf qu’en Afrique, le mal se paye et le plus souvent par le mal. Les Africains n’hésitent pas à recourir aux forces occultes pour se tirer de certaines situations ou pour faire du mal. Les dieux comme Hêviosso dans les communautés africaines, occupent une place importante dans le rétablissement de la justice et Takanon a payé les frais de sa fourberie.                                                                                                                                                                                                     

La Foire aux miracles débute par un tour d’horizon sur les différents avis des populations sur l’indépendance du pays. Avis multiformes et surtout véritable étalage de vérités. Digression intéressante car il en ressort beaucoup d’informations relatives aux conditions de vie misérables des populations, inextricablement aggravées par une classe dirigeante totalement pourrie. Je parle ainsi d’une indépendance dépendante doublée d’une vraie plaie à l’occiput du pays. L’auteur nous ramène ensuite sous une des bâches installées sur l’esplanade du stade de l’amitié.

Si tout au long de la nouvelle, l’auteur nous a fait voyager entre polygamie et monogamie à travers Yaovi et le vendeur, il ne faut pas oublier de relever la place octroyée à la femme dans cette opposition. Et enfin, il vient nous déverser sur un fait qui prend de l’ampleur lentement en Afrique : l’homosexualité. Et plus précisément la lesbianité.

 La nouvelle Les petits démons de Robert commence avec un jour de classe pas comme les autres. Un nouveau maître, Podogan, avec une rigueur écrasante. Des élèves totalement tétanisés et apeurés. C’est dans cette situation de peur totale qu’arrive Robert. Robert fut accueilli comme un héros par ses camarades de classe, car il avait résisté aux châtiments corporels qui lui ont été infligés par le maître, déridant au passage ses camarades qui étaient totalement mort de stupeur. Il était celui qui pouvait les défendre contre les griffes de ce maître. Ces passages mettent en relief les châtiments corporels que subissent les enfants à l’école. Des châtiments qui ne se font pas légers.

Voyez, si on se réfère à la position qu’avait Yaovi dans La Foire aux miracles, on peut se rendre bien compte dans la fin de Les petits démons de Robert, que la polygamie n’a vraiment rien d’un plaisir. Cette fin sert de bel exemple à la position de Yaovi. Un mari alcoolique qui se déchaîne sur une femme sans défense. Des coépouses qui n’interviennent que pour faire du mal à cette femme en difficulté. Aucune entente entre ces femmes, ce qui traduit un manque d’alacrité total au sein du foyer, entraînant une aversion perpétuelle qui se termine par la mort. Des enfants qui vont sans doute s’exécrer pour toujours, créant une morsure profonde au sein de cette génération.

La nouvelle qui suit à pour titre Morsure profonde. Alors je vous propose de l’attaquer pour mesurer à quel point la morsure se fait réellement profonde.

Madodé sortit de la maison tout irrité à cause de sa femme qui n’avait pas fait la cuisine pour le midi malgré qu’elle ait reçu l’argent de popote. Cette partie du texte intervient comme un exemple à la position du vendeur dans La Foire aux miracles qui soulignait ces comportements des femmes, qui conduisent leur homme à voir dehors.

Madodé marchait et finit par se retrouver devant une église, où il entra pour se confier à Dieu, apaisant ainsi au passage sa colère. En sortant de l’église, il croisa Azetɔton avec qui, ils partirent pour Vossa, un quartier de Cotonou, pour se dégourdir la gorge avec du sodabi. En chemin, Madodé informa son ami de la situation. Une fois sur les lieux, ils rencontrèrent leurs amis de vieille date avec lesquels ils familiarisaient rapidement. Le sodabi circulait.

Madodé exhalait. Il disait ce qu’il pensait de sa femme qu’il trouvait distante et inattentionnée. Au même moment, il refusait toutes les avances que lui faisait Rachelle, mais progressivement succombait au charme de cette dernière qui ne laissait personne indifférent.

Vous verrez que le vendeur avait toujours raison en parlant des femmes qui ne s’impliquent pas dans leur couple. Ce qui entraîne soit le divorce, soit l’infidélité ou même la polygamie.

Madodé déçu par sa femme se consolait dans les bras de Rachelle qui le dorlotait vraiment. Elle s’employait à le rendre béat. Ses amis lui proposèrent l’idée d’inclure Rachelle dans sa vie. Et l’ami de Madodé, Koffi Bokoun est l’exemple parfait de l’homme que décrit le vendeur dans La Foire aux miracles.

A la maison, l’ambiance était toujours délétère. N’en pouvait plus, Madodé sortit de la maison pour aller chez Rachelle avec laquelle il eut un commerce charnel. A son retour à la maison, Alice sa femme n’était plus là. Il n’avait pas eu de nouvelles la concernant. Plus tard, Alice se présentait avec sa famille et celle de Madodé ainsi que quelques amis. Elle lui présenta ses excuses en lui expliquant les raisons de ses agissements. Elle voulait lui faire une surprise qui n’aurait pas marché si elle l’avait tenu informé, car le connaissant bien, il aurait refusé. Et bien maintenant, ils étaient propriétaire d’une grande maison et pouvaient quitter la location. Madodé abasourdi, un ahurissement corsé par le message qu’il avait laissé à sa femme entre temps. Un message vocal sec et âpre à retrouver à la page 100 du livre. Il tomba en syncope et quand il fut réanimé, Rachelle débarqua pour venir vivre à la maison…

Cette nouvelle vient pour enseigner aux impatients une maîtrise de soi et exhorte une plus grande patience en face de tous les problèmes dans un foyer ou dans la vie. On ne sait pas de quoi est fait l’avenir. Je peux dire également que la manière employée par Alice n’est pas la meilleure car même la patience à ses propres limites et chaque homme diffère. La preuve est qu’il a fini par voir dehors nonobstant sa forte patience et résistance. Pour ainsi dire qu’au sein d’un foyer il y a des obligations à ne pas négliger et dès que l’homme fout son nez dehors, il y a des femmes qui lui tombent dessus.

A présent mettons nous Face au destin. Cette histoire débute dans une salle à l’église Sainte-Plaies du Sauveur de Kutɔnu, où les étudiants se retrouvèrent pour faire cours à cause des pénuries de salle qu’on observe à l’université nationale. Sans doute les problèmes qu’on souligne dans les écoles et universités du pays.

Le prof Mantègnon faisait la correction dans une salle coite. Avec les uns qui baillaient profondément dans un étouffement certain, les autres tentaient de résister à Morphée. Le prof maitrisait la salle et ne tolérait aucune intervention de la part des étudiants et celui qui oserait le faire n’en sera pas déçu. Ce n’est que pour lui qui est vrai et qui passe et rien d’autre. Comme pour nous montrer les allures pédantes et égocentriques qu’ont certains enseignants du supérieur en face des étudiants. Ce sont eux les vrais savants et personne d’autre.

Après la correction, toute la classe était presque tendue sauf quatre filles, sûres d’elles, rescapées des seize filles qui étaient inscrites en lettres modernes il y a deux ans, ainsi que Claver. Claver n’était pas totalement rassuré car avec ce prof on pouvait s’attendre à tout.

Claver savait haut combien ce n’est pas facile d’avoir de fortes notes en lettres modernes malgré les efforts fournis.  Le prof avait commencé par partager les copies et ne manquait pas de critiquer à chaque fois la personne qui recevait une bonne ou mauvaise note. Certes, les belles notes revenaient aux filles et pas des moindres, les filles aux corps envoûtants comme Isabelle, Chantal, Pauline. Leur forme ne laissait personne indifférent sur le campus. Des étudiants aux chefs, tout le monde avait l’eau à la bouche.

Les minables notes étaient pour les garçons excepté Claver Klopin qui avait eu un 14 sur 20, mais qui a vu sa note diminuer au fur et à mesure qu’il essayait de se plaindre pour comprendre le pourquoi. Le prof accordait les notes en fonction du faciès de la personne. Claver vit sa note finale revenir à 10 tout en se faisant dénigrer par le prof. Dépassé par ce qui se passait, Claver fondit en larmes avant de sortir de la salle à la grande surprise de tous.

Tant d’exemples qui montrent à quel point les enseignants du supérieur se foutent des étudiants et de leurs efforts. Ils bâclent les corrections et octroient des notes assez satisfaisantes aux filles avec lesquelles ils ont sûrement eu des relations, sans qu’elles ne s’échinent. Il suffit qu’elles soient belles et adipeuses et c’était fini. Rien à voir avec tout le reste. Et cette assurance que dégageaient les quatre filles au départ prouve qu’elles comptaient sur quelque chose qui s’avère être le sexe. Le prof peut décider de ta réussite ou de ton échec sans que tu ne puisses rien y changer.

Claver commençait par avoir des regrets. Pour la première fois, il regrettait de s’être inscrit en lettres modernes. Mais ce professeur était connu pour ses différents passifs que vous retrouverez à la page 116. Des profs perfides et vicieux.

Claver obtient difficilement sa licence et abandonna l’idée de poursuivre ses études. Mais plus tard, il fit un master en communication d’entreprise avant d’être embauché au ministère de la communication. Comme quoi, il ne faut jamais se décourager, toujours garder la tête haute. Un jour, pendant que Claver et sa mère dinait dans un restaurant de la place, le prof et sa femme vinrent prendre place derrière la table de Claver qui l’avait reconnu et qui se leva pour le saluer et ce dernier fut surpris de voir Claver aussi bien habiller. La mère de Claver était confuse. L’homme que saluait Claver était son bourreau. Celui à cause de qui sa vie était devenue un calvaire. C’est ce prof qui l’avait harcelée sur les bancs à l’université.

Les rêves de nombreuses filles tombent à l’eau à cause de ce genre de professeur. Des professeurs qui harcèlent ces filles qui esseulées n’ont de choix qu’entre abandonner car impossible qu’elles réussissent ou carrément céder au prof pour avoir la chance de passer. Elles en payent les frais avec des grossesses non désirées, un avenir quasiment brisé. Le mal est que leur bourreau s’en sort sans punition conséquente ou majeure. Les filles victimes ne peuvent se plaindre à cause de l’effroi. Il faut aussi retenir que tout mal finit par se faire savoir et se faire punir.             

Avec Le Coffi de ma mère, on est plongé dans le contexte du virus corona. La nouvelle du virus avait fait le tour du monde de la manière qu’elle se propageait. Et pour lutter contre sa propagation, des mesures ont été prises, cordons sanitaires, quarantaine. En apprenant la mise en place effective de ces mesures dès le lundi, le personnage principal de la nouvelle décida de se rendre à Comé pour passer le weekend avec sa mère. Une fois sur les lieux, il expliqua à sa mère les différentes mesures adoptées par le gouvernement pour lutter contre ce virus qu’elle n’arrivait pas à bien prononcer, soit Coffi au lieu de covid. Elle ne comprenait pas pourquoi les Africains devaient vivre les mêmes réalités que ceux qui ont provoqué ce virus. En effet, le vieux continent n’y peut rien comme lui répond son fils. La mère était inquiète par le bouleversement qu’a entrainé cette pandémie.

Le fils à la fin du weekend avait prévu retourner à Cotonou, mais constatant sa mère totalement affligée, décida de rester pendant un mois. Ce fut un mois plein d’enseignement pour lui car auprès de sa mère qu’il accompagnait au champ, il apprit des choses qu’on n’enseignait pas dans les écoles. Et à Comé, les mesures de lutte contre le virus étaient strictement et rigoureusement respectées à sa grande surprise et même après son retour à Cotonou.

Le monde fut en effet vivement secoué par cette pandémie qui a terrassé presque tout sur son passage en bouleversant le cours de la vie. Et l’Afrique comme toujours ne fait que subir. Rien d’elle-même, toujours des autres. Il ne faut pas oublier de témoigner de l’amour pour ses parents et surtout pour une mère loin de ses enfants.

On finit cette analyse avec Nadine qui est sans doute la nouvelle qui expose plus le harcèlement. Elle commence avec la présentation de Hongodé et de la vie là-bas. L’auteur continue en nous imprégnant de l’effervescence qu’on observe souvent à l’annonce des résultats. Ici, le CEP. Angoissés et armés de courage pour écouter les résultats, il y avait toujours à la fin des malheureux qui, une fois à la maison, se faisaient d’abord admonester avant de recevoir de belles bastonnades de la part de leurs mères, qui, esseulées se battent pour subvenir aux besoins de ces derniers et au lieu que ceux-là travaillent pour honorer ce sacrifice de leurs mères, ils s’amusaient pour ainsi finir par échouer. Et il y a aussi des heureux comme Bossou pour qui c’était une alacrité ineffable, partagée en famille.

Quelques années plus tard, il était en classe de troisième, préparant le BEPC. Mais leur collège connut une terrible situation. En effet, leur professeur de SVT, M. Sakabo aurait voulu s’énamourer de Nadine, une de ses élèves. L’information avait circulé telle une trainée de poudre. Les élèves de cette classe eurent la vie dure. C’était un véritable calvaire. Ce calvaire rendu consistant par le surveillant général qui au courant de l’affaire, étant ami et dans le même bateau que Sakabo, avait sévèrement puni toute la classe.

Nadine quant à elle, recevait des menaces et surtout ses notes chutèrent. Les enfants ayant informé leurs parents de la situation, ne la virent pas s’améliorer. Pour les parents, c’était le témoignage de leur indolence. Le collège entier au courant de cette affaire, obligea le directeur à tenir une réunion où chaque partie s’expliqua. Il essaya d’étouffer l’affaire. Nadine n’en pouvait plus et elle implorait ses parents de lui changer d’école mais en vain. Son père refusait. En salle, elle vivait un enfer avec Sakabo. C’était insupportable, alors elle confia à ses amies l’envie d’en finir pour de bon.

De nombreuses filles sont victimes du harcèlement sexuel dans les écoles et universités du pays. Ces auteurs ne sont rien d’autres que des enseignants qui, en cas de refus d’obtempération de la part de la victime, s’amusent à rendre la vie difficile pour cette dernière. Un abysse. Des auteurs couverts souvent par leurs collègues qui se liguent même parfois contre la victime en lui faisant voir de toutes les couleurs. Des chefs tout autant complices car ils essaient de noyer l’affaire pour ne pas attirer une attention particulière sur le collège ou l’université. Et cela reste un vrai terrain de chasse pour ces harceleurs.

Des victimes sont pour la plupart des cas apeurées et inécoutées, avec des parents inconscients et inattentionnés. Les victimes seules, n’ont souvent pas d’autres choix que de se taire et plus loin pour avoir la paix, de mettre fin à leurs jours sur terre. Une vie réduite à néant comme Nadine. Le harcèlement doit cesser en prenant des mesures barbares pour non seulement punir les auteurs, mais aussi les complices. Les parents doivent être plus proches de leurs enfants, être à l’écoute de ces derniers pour ne pas laisser ce genre de situation arriver. Il faut se lever pour éradiquer ce fléau.

L’auteur du livre, je veux parler de Claude Kouassi Oboé, se fait unique en son genre. S’il nous a fait voyager sur le continent en partant du Bénin pour la Guinée Conakry, indices textuels facilement reconnaissables, il ne faut pas oublier sa manière de souligner les nombreux faits qui acculent la société. Une légère digression avant d’en venir au fait. On perçoit comme une certaine continuité enfouie dans ces différentes nouvelles. Un certain rattachement, car certaines nouvelles apparaissent comme un développement et un exemple à d’autres nouvelles. C’est le cas avec Face au destin et Nadine ou encore La foire aux miracles et Les petits démons de Robert. Il dénonce notamment le harcèlement qui brise de nombreuses jeunes filles sur tous les plans. Il aborde également un fait qui prend de plus en plus de l’ampleur en Afrique. Je veux parler de l’homosexualité. Même s’il ne l’a pas révélé de façon flagrante dans le livre. Je n’ai mentionné que ceux-là qui défraient de plus en plus les chroniques, mais sans pour autant oublier les autres thématiques abordées, qui sont également remarquables.

Je nous invite alors, à faire de cette œuvre non pas une lecture simplement plaisante, mais plutôt une lecture appropriée pour en ressortir les différentes ressources qu’elle contient. Un véritable modèle de dénonciation et de conscientisation.    

Nandi Kimbata Nali

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